Rage Against The Machine
Evil Empire |
Label :
Epic |
||||
C'est bien connu, plus on s'attend à un truc énorme, plus nos illusions risquent de voir le jour quand l'heure viendra, et cet album a été fiévreusement attendu !
Quatre années après le coup de théâtre éponyme survenu sous les feux de la rampe de la fusion, comment survivre à son chef-d'oeuvre ? Comment surpasser ses hymnes immédiats ? Et sa pochette brûlante ? L'effet de surprise dissipé, tous mourrait d'envie de s'ankyloser les cervicales avec le gros son du quatuor californien. L'impatience des foules a fait de ce Evil Empire un album décevant ... Et mon cul, c'est du poulet ??
Tous attendaient hymnes sur hymnes jusqu'à régurgitation. A trop attendre l'immédiateté assurée des titres de leur premier album, le jugement sévère est tombé : le soldat s'est blessé, il n'est pas aussi puissant qu'on l'a connu. Que nenni ! Le soldat en question s'est juste fait plus réfléchi et prend du grade. Comme tout bon chevalier Jedi, le côté obscur est le pire ennemi de cette deuxième révolution sonore. Elle ne cède donc pas à la facilité, mature et entière, pour donner le meilleur d'elle-même.
Si la patte des guerriers est toujours la même, elle détient désormais une mise en place implacable. Vous pouviez auparavant headbanger à tout va sur ce rock hybride, ajoutez-y à l'avenir le langage manuel d'un MC, la chorégraphie instinctive d'un teuffeur, et les transes incontrôlables d'un derviche tourneur.
La prod' de Brendan O'Brien en est l'arme fatale de l'unité des 4 fantastiques : un son rond et soudé (cf. la putain de photo du livret), plus grunge lucide que métal monochrome. Cette teinte renforce l'aspect bien plus sombre que nous dévoile la machine, à la fois hip-hop déchiré et rock armaggedon.
Sang et eau pour une section rythmique massive, aussi bien dans les tourneries rock (l'hystérique "Snakecharmer") que dans le beat hip-hop ("Year Of The Boomrang", sur-lourd !). Sang et eau pour un Zack De La Rocha tiré à quatre épingle, un flow hurlant, poing fermé au dessus de la tête, plus rentre-dedans que jamais. Performance inégalée.
Les obsédés du solo couillu avaient trouvé du sang neuf chez le guitar hero instantané que fut Morello dès ses premiers démanchés. Ils attendaient la suite ('garçon !'), comme ils auraient attendu les 2 minutes de pogne obligatoires chez Kirk Hammett sur chaque plages de Metallica. Ils ont été déçus, et ce n'est pas plus mal ... Ici, le guitariste n'a déjà plus rien à prouver : il se métamorphose en habile metteur en scène, manoeuvrant les différentes humeurs d'un même morceau. Crescendos ou accalmies, déboussolements noisy ou convictions brutales ... Au delà du solo se cache le bruit à l'état pur que le génie a chiné, pour servir chaque passage des compos au plus profond (Dès "People Of The Sun", la guitare n'en est plus une ...).
Notons avec amusement le culot de la caricature des parties solos qui, paradoxalement, n'en deviennent que plus mythiques (le légendaire solo de "Bulls On Parade", dédicace à tous les bigots).
Le menu est incontestablement plus riche que le précédent festin : les activistes multiplient les coups de collier sans décrochages foireux, alignent plans sur plans jouissifs, d'autant plus trippants qu'aucun n'a pour intention de s'affranchir des titres. Ces structures millimétrées construisent un morceau blindé, les morceaux, eux, scellant un album homogène à l'épreuve des balles. Un film de propagande dans un abri atomique. Intouchable. Du coup, il ne s'agit plus que de riffs à tout bout de champ (de bataille), mais de grooves solides auxquels Morello s'applique à nous faire vibrer. Les parties jungle enragées de "Tire Me" ou le psychédélisme dansant du refrain de "Without A Face" en maigres exemples, parmi kilomètres d'onomatopées guitaristiques. Le tout est à judicieusement considérer comme la bombe d'un attentat : si vous la forcez à exploser, vous en prenez plein la gueule et le message est bien passé, tellement il n'est pas sans conséquences.
Cet album ultra sous-estimé a effacé le groupe un temps pour mieux l'encenser (à tort ?) à la sortie du Battle Of LA pourtant moins inspiré. [NB : pour exemple, les refrains prévisibles de ce dernier se contentent de citer, un peu trop systématiquement, le titre de son morceau à coup de riff à l'unisson].
Heureusement qu'on ne peut pas éradiquer un disque de Rage Against The Machine aussi facilement ... La majorité a beau jadis s'être trompée, elle aura toujours la possibilité et le choix, de basculer. C'est ça la lutte !
Quatre années après le coup de théâtre éponyme survenu sous les feux de la rampe de la fusion, comment survivre à son chef-d'oeuvre ? Comment surpasser ses hymnes immédiats ? Et sa pochette brûlante ? L'effet de surprise dissipé, tous mourrait d'envie de s'ankyloser les cervicales avec le gros son du quatuor californien. L'impatience des foules a fait de ce Evil Empire un album décevant ... Et mon cul, c'est du poulet ??
Tous attendaient hymnes sur hymnes jusqu'à régurgitation. A trop attendre l'immédiateté assurée des titres de leur premier album, le jugement sévère est tombé : le soldat s'est blessé, il n'est pas aussi puissant qu'on l'a connu. Que nenni ! Le soldat en question s'est juste fait plus réfléchi et prend du grade. Comme tout bon chevalier Jedi, le côté obscur est le pire ennemi de cette deuxième révolution sonore. Elle ne cède donc pas à la facilité, mature et entière, pour donner le meilleur d'elle-même.
Si la patte des guerriers est toujours la même, elle détient désormais une mise en place implacable. Vous pouviez auparavant headbanger à tout va sur ce rock hybride, ajoutez-y à l'avenir le langage manuel d'un MC, la chorégraphie instinctive d'un teuffeur, et les transes incontrôlables d'un derviche tourneur.
La prod' de Brendan O'Brien en est l'arme fatale de l'unité des 4 fantastiques : un son rond et soudé (cf. la putain de photo du livret), plus grunge lucide que métal monochrome. Cette teinte renforce l'aspect bien plus sombre que nous dévoile la machine, à la fois hip-hop déchiré et rock armaggedon.
Sang et eau pour une section rythmique massive, aussi bien dans les tourneries rock (l'hystérique "Snakecharmer") que dans le beat hip-hop ("Year Of The Boomrang", sur-lourd !). Sang et eau pour un Zack De La Rocha tiré à quatre épingle, un flow hurlant, poing fermé au dessus de la tête, plus rentre-dedans que jamais. Performance inégalée.
Les obsédés du solo couillu avaient trouvé du sang neuf chez le guitar hero instantané que fut Morello dès ses premiers démanchés. Ils attendaient la suite ('garçon !'), comme ils auraient attendu les 2 minutes de pogne obligatoires chez Kirk Hammett sur chaque plages de Metallica. Ils ont été déçus, et ce n'est pas plus mal ... Ici, le guitariste n'a déjà plus rien à prouver : il se métamorphose en habile metteur en scène, manoeuvrant les différentes humeurs d'un même morceau. Crescendos ou accalmies, déboussolements noisy ou convictions brutales ... Au delà du solo se cache le bruit à l'état pur que le génie a chiné, pour servir chaque passage des compos au plus profond (Dès "People Of The Sun", la guitare n'en est plus une ...).
Notons avec amusement le culot de la caricature des parties solos qui, paradoxalement, n'en deviennent que plus mythiques (le légendaire solo de "Bulls On Parade", dédicace à tous les bigots).
Le menu est incontestablement plus riche que le précédent festin : les activistes multiplient les coups de collier sans décrochages foireux, alignent plans sur plans jouissifs, d'autant plus trippants qu'aucun n'a pour intention de s'affranchir des titres. Ces structures millimétrées construisent un morceau blindé, les morceaux, eux, scellant un album homogène à l'épreuve des balles. Un film de propagande dans un abri atomique. Intouchable. Du coup, il ne s'agit plus que de riffs à tout bout de champ (de bataille), mais de grooves solides auxquels Morello s'applique à nous faire vibrer. Les parties jungle enragées de "Tire Me" ou le psychédélisme dansant du refrain de "Without A Face" en maigres exemples, parmi kilomètres d'onomatopées guitaristiques. Le tout est à judicieusement considérer comme la bombe d'un attentat : si vous la forcez à exploser, vous en prenez plein la gueule et le message est bien passé, tellement il n'est pas sans conséquences.
Cet album ultra sous-estimé a effacé le groupe un temps pour mieux l'encenser (à tort ?) à la sortie du Battle Of LA pourtant moins inspiré. [NB : pour exemple, les refrains prévisibles de ce dernier se contentent de citer, un peu trop systématiquement, le titre de son morceau à coup de riff à l'unisson].
Heureusement qu'on ne peut pas éradiquer un disque de Rage Against The Machine aussi facilement ... La majorité a beau jadis s'être trompée, elle aura toujours la possibilité et le choix, de basculer. C'est ça la lutte !
Exceptionnel ! ! 19/20 | par X_YoB |
Posté le 19 septembre 2005 à 05 h 31 |
Deuxième et surtout très très attendu album de RATM après leur premier disque qui fut toute une révélation. À quoi s'attendre ? À la même chose que le premier sauf en pire ? Mais non ! C'est Rage Against The Machine, pas Audioslave ! Pour être franc, ce n'est qu'après presque 10 ans plus tard de la sortie de l'album qu'on peut se rendre compte à quel point cette musique est unique et ne meurt pas. Surtout pour ce deuxième album qui est, toujours selon moi, le meilleur album du groupe et un des meilleurs albums rock tout court.
Celui-ci est encore plus violent, plus mordant, plus rock, plus sombre, plus structuré et en fait, plus RATM que le premier. La très célèbre et excellente pièce "Bulls On Parade" représente bien ce qui se retrouve sur le reste de l'album, qui est aussi excellent que cette pièce. La composition des pièces est légèrement plus réfléchie, plus complexe, mais la rage est toujours aussi présente, sinon plus. La voix de De La Rocha semble encore plus colérique et sincère que jamais. Le reste du groupe semble contrôler à merveille les instruments et n'ont pas peur de s'endurcir plutôt que de se ramolir, comme l'a fait presque tous les autres groupes (même Primus... d'accord j'arrête).
Soi disant, ne pas posséder cet album, ou du moins ne pas avoir entendu au moins une fois cet album, c'est comme ne pas avoir... c'est passer à côter de quelque chose d'immense. Imaginez si la cohésion et l'amitié entre De La Rocha et les autres membres était présente... ça aurait été un album tout simplement parfait. This band rocks for sure.
Celui-ci est encore plus violent, plus mordant, plus rock, plus sombre, plus structuré et en fait, plus RATM que le premier. La très célèbre et excellente pièce "Bulls On Parade" représente bien ce qui se retrouve sur le reste de l'album, qui est aussi excellent que cette pièce. La composition des pièces est légèrement plus réfléchie, plus complexe, mais la rage est toujours aussi présente, sinon plus. La voix de De La Rocha semble encore plus colérique et sincère que jamais. Le reste du groupe semble contrôler à merveille les instruments et n'ont pas peur de s'endurcir plutôt que de se ramolir, comme l'a fait presque tous les autres groupes (même Primus... d'accord j'arrête).
Soi disant, ne pas posséder cet album, ou du moins ne pas avoir entendu au moins une fois cet album, c'est comme ne pas avoir... c'est passer à côter de quelque chose d'immense. Imaginez si la cohésion et l'amitié entre De La Rocha et les autres membres était présente... ça aurait été un album tout simplement parfait. This band rocks for sure.
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 11 décembre 2005 à 14 h 44 |
Qu'est ce qui n'a pas été dit sur Rage Against The Machine...
Oui, je regrette que le groupe se soit séparé, d'autant plus que je n'ai pas eu la chance de les voir en concert. Mais ce serait sûrement bien de les remettre un peu à une place qu'ils méritent : raz-le bol des 'ouais, j'écoute RATM, je suis un rebelle moâ'. Et peut-être que comme d'autres groupes, on a trop mis en avant 2-3 titres, certes très réussis, et l'image même de groupe, certes appréciable ... et le reste est complètement passé à la trappe ... Dommage. Car Evil Empire est pour moi (et pour beaucoup), leur meilleur album, et ce pas uniquement pour "People Of The Sun", mais pour le tout, du début à la fin. Je serais tenté de citer des titres, mais en fin de compte tout est bon dans Evil Empire. Et on ne se lasse pas facilement ...
Bref, Rage Against The Machine a été pour moi un groupe extraordinaire. Mais juger ce groupe, fût-ce élogieusement, uniquement au vu de leurs discours engagés et de 2 chansons, relève vraiment du n'importe quoi ... Alors si on pouvait revenir à l'essentiel : la musique ...
Oui, je regrette que le groupe se soit séparé, d'autant plus que je n'ai pas eu la chance de les voir en concert. Mais ce serait sûrement bien de les remettre un peu à une place qu'ils méritent : raz-le bol des 'ouais, j'écoute RATM, je suis un rebelle moâ'. Et peut-être que comme d'autres groupes, on a trop mis en avant 2-3 titres, certes très réussis, et l'image même de groupe, certes appréciable ... et le reste est complètement passé à la trappe ... Dommage. Car Evil Empire est pour moi (et pour beaucoup), leur meilleur album, et ce pas uniquement pour "People Of The Sun", mais pour le tout, du début à la fin. Je serais tenté de citer des titres, mais en fin de compte tout est bon dans Evil Empire. Et on ne se lasse pas facilement ...
Bref, Rage Against The Machine a été pour moi un groupe extraordinaire. Mais juger ce groupe, fût-ce élogieusement, uniquement au vu de leurs discours engagés et de 2 chansons, relève vraiment du n'importe quoi ... Alors si on pouvait revenir à l'essentiel : la musique ...
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 25 mai 2007 à 22 h 46 |
Après un premier album assez sympa, Rage Against The Machine nous laisse découvrir Evil Empire, qui fut pour moi une surprise. Pour très bien démarrer l'album, nous avons "People Of The Sun" et son refrain très fort. Ensuite vient une "Bulls On Parade" remarquable qui pourrait être le meilleur morceau de l'album. Les suivantes "Vietnow" "Revolver" et "Snakecharmer" resteront de très bons morceaux de l'album (on est intrigué par la longue montée de "Revolver" qui laisse paraître une énergie totale et par l'hyperactivité de "Snakecharmer"). On poursuit avec "Tire Me" qui restera toujours un de mes favoris du disque ; là aussi, la montée laisse découvrir un groupe qui se déchaîne violemment. "Down Rodeo" est un morceau étrange dont l'intro pourrait nous faire penser à la guitare d'Alice In Chains mais reste tout aussi bon. "Without A Face" et "Wind Below" quant à elles se feront discrètes pour nous laisser sur une "Roll Right" très 'brouillon' et violente. La très rapide "Year Of Tha Boomerang" termine parfaitement et aussi sec le disque. Evil Empire reste pour moi plus violent et plus travaillé que leur premier album (qui, cela dit, n'était pas mauvais du tout). Oui, avec Evil Empire, Rage Against The Machine déclare une nouvelle guerre.
Très bon 16/20
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