Oasis
Don't Believe The Truth |
Label :
Epic |
||||
Il est des trilogies que l'on aimerait qu'elles n'eussent jamais existé. Il y a des fois où on aimerait vraiment que cela cesse. Oasis est une de ces choses gâtées par la vie.
Avant la sortie de leur dernière saga, je lisais ci et là qu'enfin, ils étaient revenus à leur musique d'antan. Ce son qui leur était si propre au milieu des années 90. Mais comment ces journalistesont-ils pu écrire ça ?
Je suppose qu'ils se sont axés sur des déclarations de Noël, affirmant sans doute Don't Believe The Truth comme l'album du siècle, tout comme il s'autoproclame 'meilleur groupe du monde'. On est tous d'accord sur le fait qu' Oasis ne l'a jamais été, et le sera encore moins dorénavant. Comme de nombreuses personnes, j'étais convaincu par Definitely Maybe et What's The Story (Morning Glory). Puis peu à peu, j'ai perdu leur trace, agacé par leurs personnalités et leur musique de plus en plus déplorable.
Un pote achète le CD, me le prête, et voilà l'épisode VI de la Saga Oasis dans mes enceintes. Oui oui, le groupe existe toujours. Il fallait bien boucler cette triste histoire. Et d'emblée on se dit bien que l'histoire suit son cours.
Dernier acte de cette lamentable trilogie (Standing On The Shoulder Of Giants [IV] et Heathen Chemistry [V]), on se demande encore comment il nous est arrivé d'apprécier ce groupe.
Je remets Definitely Maybe ou même les B-sides figurant sur The Masterplan, et il faut se rendre à l'évidence : Oasis a bel et bien basculé du côté obscur !
Vous avez peut être entendu vaguement que le fils de Ringo Star, Zak Starkey, avait participé à certains morceaux de Don't Believe The Truth ? ...
Coup de pub pour ce groupe affirmant toujours être les seuls successeurs des Beatles (franchement, qui ça intéresse ?).
Sur cette galette d'une fadeur digne d'une patate cuite à l'eau (ou d'une endive, au choix), on pourra néanmoins apprécié le titre "The Importance of Being Idle", qui aurait mérité un autre sort que de se trouver au milieu de ces titres sans saveur. Je réécoute pour essayer d'y trouver un peu de pulpe dans ce jus ... mais rien à faire. Finalement, Oasis est l'équivalent de Police Academy. Au premier, on sourit, au deuxième on commence à connaître la chanson ; et un jour on vous dit qu'il y en a eu six et des dessins animés dérivés.
Pourvu qu'on n'eusse jamais l'occasion de voir Oasis en dessin animé ... Pour nos enfants s'il-vous-plaît, arrêtez les !
Avant la sortie de leur dernière saga, je lisais ci et là qu'enfin, ils étaient revenus à leur musique d'antan. Ce son qui leur était si propre au milieu des années 90. Mais comment ces journalistesont-ils pu écrire ça ?
Je suppose qu'ils se sont axés sur des déclarations de Noël, affirmant sans doute Don't Believe The Truth comme l'album du siècle, tout comme il s'autoproclame 'meilleur groupe du monde'. On est tous d'accord sur le fait qu' Oasis ne l'a jamais été, et le sera encore moins dorénavant. Comme de nombreuses personnes, j'étais convaincu par Definitely Maybe et What's The Story (Morning Glory). Puis peu à peu, j'ai perdu leur trace, agacé par leurs personnalités et leur musique de plus en plus déplorable.
Un pote achète le CD, me le prête, et voilà l'épisode VI de la Saga Oasis dans mes enceintes. Oui oui, le groupe existe toujours. Il fallait bien boucler cette triste histoire. Et d'emblée on se dit bien que l'histoire suit son cours.
Dernier acte de cette lamentable trilogie (Standing On The Shoulder Of Giants [IV] et Heathen Chemistry [V]), on se demande encore comment il nous est arrivé d'apprécier ce groupe.
Je remets Definitely Maybe ou même les B-sides figurant sur The Masterplan, et il faut se rendre à l'évidence : Oasis a bel et bien basculé du côté obscur !
Vous avez peut être entendu vaguement que le fils de Ringo Star, Zak Starkey, avait participé à certains morceaux de Don't Believe The Truth ? ...
Coup de pub pour ce groupe affirmant toujours être les seuls successeurs des Beatles (franchement, qui ça intéresse ?).
Sur cette galette d'une fadeur digne d'une patate cuite à l'eau (ou d'une endive, au choix), on pourra néanmoins apprécié le titre "The Importance of Being Idle", qui aurait mérité un autre sort que de se trouver au milieu de ces titres sans saveur. Je réécoute pour essayer d'y trouver un peu de pulpe dans ce jus ... mais rien à faire. Finalement, Oasis est l'équivalent de Police Academy. Au premier, on sourit, au deuxième on commence à connaître la chanson ; et un jour on vous dit qu'il y en a eu six et des dessins animés dérivés.
Pourvu qu'on n'eusse jamais l'occasion de voir Oasis en dessin animé ... Pour nos enfants s'il-vous-plaît, arrêtez les !
Sans intérêt 8/20 | par Ekkert_svar |
Edition limitée à la sortie augmentée d'un DVD Bonus.
Posté le 09 juin 2005 à 21 h 03 |
Oasis vient de faire le deuil de "Definitely Maybe". Définitivement. Il aura fallu attendre plus de dix ans et peut-être ce putain de DVD anniversaire, pour résumer l'affaire et clore le chapitre une bonne fois pour toutes.
"I live my life in the city and there's no easy way out" clamait en 1994 le jeune Liam Gallagher en survolant l'immense mur de guitares de sa voix morveuse. C'était l'attaque frontale d'une bande de gamins de Manchester, et l'appel à l'évasion par le Rock'n' Roll : sortir de l'ennui, du quotidien pourri et être, au moins pour un soir, une rock'n'roll star.
Onze ans plus tard, des millions de livres sterling en poches et au moins autant d'albums vendus au compteur, Noël Gallagher, désormais citoyen londonien, est en plein questionnement existentiel : "I've found that i've lost my way in this city / I'm having trouble just finding some soul in this town" chante t-il sur "Part Of The Queue", peut-être la chanson la plus insolite du répertoire oasisien. La boucle est donc bouclée : Oasis, groupe prolo de Manchester, s'est retrouvé. Et ne cherche plus à courir après son passé.
Fini l'épisode "Heathen Chemistry", cet album de faux-jeunes qui singeait les hymnes lads de leur période glorieuse. Balayées ces pop-songs moribondes, ces ramades dad-rock d'un Noël Gallagher en panne sèche d'inspiration.
"Don't Believe The Truth", sixième album d'Oasis, est l'oeuvre accomplie d'un groupe, soudé comme un seul homme, qui regarde désormais l'avenir droit dans les yeux. Et qui se lance un défi purement artistique, enfin débarrassé de toutes velléités commerciales. "Definitely Maybe" était un disque de rock méchamment assuré, un album sans failles, direct, balancé avec aplomb par cinq gosses venus du trou du cul de l'Angleterre du Nord, et qui pissaient à la raie du business rock, des médias et du monde en général. Sur ce dernier point, "Don't Believe The Truth" continue le travail de sape. Si vous voulez des suceurs de bites et des artistes maudits, le rock en regorge en ce moment. Pas le trip des Gallagher. Et ce n'est pas près de changer.
Aucune illusion à se faire donc : "Don't Believe The Truth" est un suicide commercial. Aucune concession au son de l'époque, à la mode actuelle : pas de claviers 80's ou de guitares formatées pour allécher la FM, pas de son simili-garage pour s'acheter une crédibilité, pas de rythmiques putassières 120 BPM pour attirer l'indie sur le dancefloor.
Une oeuvre à la "Revolver", un authentique disque de studio d'une cohérence et d'une richesse inouïes, bourré d'idées affolantes mais presque aussi épuré qu'un disque des La's. Un album au son dégraissé, pur, organique, humain, recentré sur les mélodies, privilégiant l'acoustique, instaurant une ambiance d'une rare intensité. Fascinant de constater à quel point, l'album gagne en épaisseur à chaque écoute supplémentaire. On pourrait d'ailleurs réécrire noir sur blanc ce que notait Irvine Welsh en 1995 à propos de "(What's The Story ?) Morning Glory" : <<The lesson which should be learned is not to write off anything by Oasis until you've played it a few times. The music has an insidious charge to it, insinuating itself, building up and getting better all the time.>>
A l'heure du triomphe de l'esbrouffe et de l'effet de manche dans le rock, à l'heure des disques pop avec date limite de consommation, à l'heure de Pro-Tools et des néo-romantiques déguisés en punk, "Don't Believe The Truth" est un disque essentiel, une grande oeuvre de facture classique, une espèce en voie de disparition. Car ce sont peut-être eux, Oasis, les derniers grands classiques du genre, les Clint Eastwood du rock anglais perdus au milieu d'une armée de clones qui font du rock comme les frères Wachowski du cinéma.
Il suffit d'écouter la grandiose "The Importance Of Being Idle", masterpiece définitive du nouvel album, pour comprendre dans quelle tradition s'inscrit Noël Gallagher : celle des grands songwriters à l'anglaise, celle des Ray Davies et des Lee Mavers. Rien de moins. Dégainant sa plus belle mélodie depuis "Don't Look Back In Anger", le kaiser d'Oasis ajoute un nouveau classique à son répertoire, un diamant de british pop taillé dans les pierres les plus précieuses. L'une des plus grandes qualités de Noël Gallagher est précisément cette aisance prodigieuse pour jongler avec l' Histoire, cette étonnante faculté pour jouer et se jouer des idiomes de la pop et en imposer sa propre lecture.
Le second titre, "Mucky Fingers", ressemble d'ailleurs à une pure partie de plaisir, avec un Noel - "An Englishman In New-York" - offrant une relecture anglaise et survoltée des mid-60's new-yorkaises. Une odyssée trépidante, pulsée par une rythmique en avant du temps à la Velvet Underground et l'harmonica flingué de "Like A Rolling Stone" qui vient vriller le beat, joué par un Gem à la limite de l'asphyxie. Bluffant.
Oeuvre de groupe comme jamais dans l'histoire d'Oasis, groupe qui a longtemps vécu sous la dictature de l'aîné, "Don't Believe The Truth", a été enregistré dans la pénombre des studios de L.A. sous la férule du producteur américain Dave Sardy, qu'il faudrait décorer pour service rendu à la nation anglaise. Un nouvel album qui pousse encore plus loin l'expérience collective inaugurée sur "Heathen Chemistry", effort ordinaire qui aura au moins eu le mérite de tester les forces en présence et de servir de terrain d'échauffement au nouveau line-up. Alan White licencié sans ambages, c'est Zak Starkey, "fils de", qui est venu compléter la formation. Et à l'écoute de l'album, le constat est flagrant : Oasis a retrouvé une envie de jouer furieuse et sonne avec une intensité pas entendue depuis 1996. Rock'n' Roll.
Dans ce contexte d'ouverture à la démocratie, Liam sort trois compositions à l'instinct qui feraient chialer d'envie Pete Doherty et qui ont du mettre un sacré coup de pied au cul de son frangin. "Love Like A Bomb", pop-song radieuse, rayonne d'un charme naturel tandis que "Guess God Thinks I'm Abel", à la tonalité plus sombre et atrabilaire comme le Lennon du "White Album", dessine avec une sincérité poignante les rapports fraternels des Gallagher. Plus étonnant encore venant du cadet, "The Meaning Of Soul" est une offensive rock'n'roll brutale au son revêche et méchamment 50's, conduite par une voix belliqueuse qui redonne du nerf à mi-parcours de l'album.
"It sounds like Elvis in the fuckin' Sun Studios !" s'exclame Andy. "But...who the fook is Andy Bell ?" Un putain d'Anglais du Sud qui ne pige rien au football. Au-delà de la vanne de hooligan, Noël Gallagher sait qu'il tient dans son écurie un homme-clé, un musicien à la culture large et transversale. Et il n'a pas fallu plus d'une écoute pour que le chef exige en ouverture d'album le stupéfiant "Turn Up The Sun", l'une des plus belles pièces jamais écrites par l'ex-Ride : une introduction cinématographique à la John Barry qui explose dans un rock en plomb massif joué avec la puissance d'un Black Rebel Motorcycle Club et la patine glam d'un Marc Bolan. Menaçante et rugissante, la voix de Liam y annonce d'entrée la couleur : "I carry a madness, everywhere i go".
Premier fournisseur d'électricité sur ce "Don't Believe The Truth", Andy décadre la trajectoire initiale en deuxième partie d'album avec l'épique "Keep The Dream Alive", un périple psychédélique qui survole les terrains défrichés autrefois par le "Second Coming" des Stone Roses.
Le tapis multicolore est alors déroulé pour le somnambule "A Bell Will Ring" de Gem Archer, qui plonge la tête la première dans les vapeurs euphorisantes du "Revolver" des Beatles, en convoquant les guitares de "She Said, She Said" à son chevet.
A ce stade, il faut l'avouer, on est sacrément destabilisé : il faudrait se pincer pour vérifier qu'on est bien en train d'écouter un album d'Oasis, si la voix familière de Liam Gallagher ne nous servait pas, encore, de dernier point d'accroche.
Exilé en Californie, loin du ciel grisâtre et des fish&chips, le groupe a en effet bousculé en studio ses habitudes et ses réflexes les plus traditionnels. Noël Gallagher, tête dans le guidon, à la recherche du son parfait, renvoie les ultimatums de la maison de disques à la gueule de leurs petits roquets, et s'estime prêt à rejeter l'un des seuls tubes potentiels de l'album : "Bon dieu, ne pourra-t-on jamais sortir un album d'Oasis sans un putain d'hymne ?" ...
On ne remerciera jamais assez Liam et Dave Sardy d'avoir convaincu Noël, toujours responsable du final cut chez Oasis, d'inclure la sensible "Let There Be Love", placée ici en un final éblouissant. Une pop-song simple et limpide à la "Free As A Bird", caressée par les voix des deux frères, qui laisse flotter l'album en apesanteur. Définitivement peut-être ...
"A l'époque de Definitely Maybe, je croyais que j'allais sortir des albums comme ça toute ma vie" avouait récemment Noël Gallagher. L'exemple frappant d'un artiste dépassé par sa propre musique, pris dans un tourbillon créatif qu'il contrôlait à peine. Evidemment, ce sont ces moments de génie pur jaillissant, défiant toute analyse, qui fascinent. C'est Dylan sous amphés faisant gicler "Blonde On Blonde", ou les Smiths en période de tension extrême aboutissant au monumental "The Queen Is Dead". Et le grand défi d'Oasis, depuis dix ans, c'était précisément de survivre à ça. Et c'est la marque des grands artistes que d'y arriver.
Ils l'ont fait en avançant tout droit, avec l'innocence, la naïveté et la rage de vivre de gamins prolos, en se plantant, en se relevant, mais sans jamais se trahir. Un parcours cabossé, jalonné de chansons intemporelles et dont ce sixième album est incontestablement une nouvelle étape majeure, offrant à un groupe de onze ans d'âge, un nouvel avenir.
"Ma grand-mère m'a appris que le bonheur n'était pas au bout de la route, mais que c'était la route elle-même" nous enseigne Bob Dylan dans ses récentes mémoires.
Oasis est toujours sur la route. Et l'aventure continue, avec ou sans vous.
"I live my life in the city and there's no easy way out" clamait en 1994 le jeune Liam Gallagher en survolant l'immense mur de guitares de sa voix morveuse. C'était l'attaque frontale d'une bande de gamins de Manchester, et l'appel à l'évasion par le Rock'n' Roll : sortir de l'ennui, du quotidien pourri et être, au moins pour un soir, une rock'n'roll star.
Onze ans plus tard, des millions de livres sterling en poches et au moins autant d'albums vendus au compteur, Noël Gallagher, désormais citoyen londonien, est en plein questionnement existentiel : "I've found that i've lost my way in this city / I'm having trouble just finding some soul in this town" chante t-il sur "Part Of The Queue", peut-être la chanson la plus insolite du répertoire oasisien. La boucle est donc bouclée : Oasis, groupe prolo de Manchester, s'est retrouvé. Et ne cherche plus à courir après son passé.
Fini l'épisode "Heathen Chemistry", cet album de faux-jeunes qui singeait les hymnes lads de leur période glorieuse. Balayées ces pop-songs moribondes, ces ramades dad-rock d'un Noël Gallagher en panne sèche d'inspiration.
"Don't Believe The Truth", sixième album d'Oasis, est l'oeuvre accomplie d'un groupe, soudé comme un seul homme, qui regarde désormais l'avenir droit dans les yeux. Et qui se lance un défi purement artistique, enfin débarrassé de toutes velléités commerciales. "Definitely Maybe" était un disque de rock méchamment assuré, un album sans failles, direct, balancé avec aplomb par cinq gosses venus du trou du cul de l'Angleterre du Nord, et qui pissaient à la raie du business rock, des médias et du monde en général. Sur ce dernier point, "Don't Believe The Truth" continue le travail de sape. Si vous voulez des suceurs de bites et des artistes maudits, le rock en regorge en ce moment. Pas le trip des Gallagher. Et ce n'est pas près de changer.
Aucune illusion à se faire donc : "Don't Believe The Truth" est un suicide commercial. Aucune concession au son de l'époque, à la mode actuelle : pas de claviers 80's ou de guitares formatées pour allécher la FM, pas de son simili-garage pour s'acheter une crédibilité, pas de rythmiques putassières 120 BPM pour attirer l'indie sur le dancefloor.
Une oeuvre à la "Revolver", un authentique disque de studio d'une cohérence et d'une richesse inouïes, bourré d'idées affolantes mais presque aussi épuré qu'un disque des La's. Un album au son dégraissé, pur, organique, humain, recentré sur les mélodies, privilégiant l'acoustique, instaurant une ambiance d'une rare intensité. Fascinant de constater à quel point, l'album gagne en épaisseur à chaque écoute supplémentaire. On pourrait d'ailleurs réécrire noir sur blanc ce que notait Irvine Welsh en 1995 à propos de "(What's The Story ?) Morning Glory" : <<The lesson which should be learned is not to write off anything by Oasis until you've played it a few times. The music has an insidious charge to it, insinuating itself, building up and getting better all the time.>>
A l'heure du triomphe de l'esbrouffe et de l'effet de manche dans le rock, à l'heure des disques pop avec date limite de consommation, à l'heure de Pro-Tools et des néo-romantiques déguisés en punk, "Don't Believe The Truth" est un disque essentiel, une grande oeuvre de facture classique, une espèce en voie de disparition. Car ce sont peut-être eux, Oasis, les derniers grands classiques du genre, les Clint Eastwood du rock anglais perdus au milieu d'une armée de clones qui font du rock comme les frères Wachowski du cinéma.
Il suffit d'écouter la grandiose "The Importance Of Being Idle", masterpiece définitive du nouvel album, pour comprendre dans quelle tradition s'inscrit Noël Gallagher : celle des grands songwriters à l'anglaise, celle des Ray Davies et des Lee Mavers. Rien de moins. Dégainant sa plus belle mélodie depuis "Don't Look Back In Anger", le kaiser d'Oasis ajoute un nouveau classique à son répertoire, un diamant de british pop taillé dans les pierres les plus précieuses. L'une des plus grandes qualités de Noël Gallagher est précisément cette aisance prodigieuse pour jongler avec l' Histoire, cette étonnante faculté pour jouer et se jouer des idiomes de la pop et en imposer sa propre lecture.
Le second titre, "Mucky Fingers", ressemble d'ailleurs à une pure partie de plaisir, avec un Noel - "An Englishman In New-York" - offrant une relecture anglaise et survoltée des mid-60's new-yorkaises. Une odyssée trépidante, pulsée par une rythmique en avant du temps à la Velvet Underground et l'harmonica flingué de "Like A Rolling Stone" qui vient vriller le beat, joué par un Gem à la limite de l'asphyxie. Bluffant.
Oeuvre de groupe comme jamais dans l'histoire d'Oasis, groupe qui a longtemps vécu sous la dictature de l'aîné, "Don't Believe The Truth", a été enregistré dans la pénombre des studios de L.A. sous la férule du producteur américain Dave Sardy, qu'il faudrait décorer pour service rendu à la nation anglaise. Un nouvel album qui pousse encore plus loin l'expérience collective inaugurée sur "Heathen Chemistry", effort ordinaire qui aura au moins eu le mérite de tester les forces en présence et de servir de terrain d'échauffement au nouveau line-up. Alan White licencié sans ambages, c'est Zak Starkey, "fils de", qui est venu compléter la formation. Et à l'écoute de l'album, le constat est flagrant : Oasis a retrouvé une envie de jouer furieuse et sonne avec une intensité pas entendue depuis 1996. Rock'n' Roll.
Dans ce contexte d'ouverture à la démocratie, Liam sort trois compositions à l'instinct qui feraient chialer d'envie Pete Doherty et qui ont du mettre un sacré coup de pied au cul de son frangin. "Love Like A Bomb", pop-song radieuse, rayonne d'un charme naturel tandis que "Guess God Thinks I'm Abel", à la tonalité plus sombre et atrabilaire comme le Lennon du "White Album", dessine avec une sincérité poignante les rapports fraternels des Gallagher. Plus étonnant encore venant du cadet, "The Meaning Of Soul" est une offensive rock'n'roll brutale au son revêche et méchamment 50's, conduite par une voix belliqueuse qui redonne du nerf à mi-parcours de l'album.
"It sounds like Elvis in the fuckin' Sun Studios !" s'exclame Andy. "But...who the fook is Andy Bell ?" Un putain d'Anglais du Sud qui ne pige rien au football. Au-delà de la vanne de hooligan, Noël Gallagher sait qu'il tient dans son écurie un homme-clé, un musicien à la culture large et transversale. Et il n'a pas fallu plus d'une écoute pour que le chef exige en ouverture d'album le stupéfiant "Turn Up The Sun", l'une des plus belles pièces jamais écrites par l'ex-Ride : une introduction cinématographique à la John Barry qui explose dans un rock en plomb massif joué avec la puissance d'un Black Rebel Motorcycle Club et la patine glam d'un Marc Bolan. Menaçante et rugissante, la voix de Liam y annonce d'entrée la couleur : "I carry a madness, everywhere i go".
Premier fournisseur d'électricité sur ce "Don't Believe The Truth", Andy décadre la trajectoire initiale en deuxième partie d'album avec l'épique "Keep The Dream Alive", un périple psychédélique qui survole les terrains défrichés autrefois par le "Second Coming" des Stone Roses.
Le tapis multicolore est alors déroulé pour le somnambule "A Bell Will Ring" de Gem Archer, qui plonge la tête la première dans les vapeurs euphorisantes du "Revolver" des Beatles, en convoquant les guitares de "She Said, She Said" à son chevet.
A ce stade, il faut l'avouer, on est sacrément destabilisé : il faudrait se pincer pour vérifier qu'on est bien en train d'écouter un album d'Oasis, si la voix familière de Liam Gallagher ne nous servait pas, encore, de dernier point d'accroche.
Exilé en Californie, loin du ciel grisâtre et des fish&chips, le groupe a en effet bousculé en studio ses habitudes et ses réflexes les plus traditionnels. Noël Gallagher, tête dans le guidon, à la recherche du son parfait, renvoie les ultimatums de la maison de disques à la gueule de leurs petits roquets, et s'estime prêt à rejeter l'un des seuls tubes potentiels de l'album : "Bon dieu, ne pourra-t-on jamais sortir un album d'Oasis sans un putain d'hymne ?" ...
On ne remerciera jamais assez Liam et Dave Sardy d'avoir convaincu Noël, toujours responsable du final cut chez Oasis, d'inclure la sensible "Let There Be Love", placée ici en un final éblouissant. Une pop-song simple et limpide à la "Free As A Bird", caressée par les voix des deux frères, qui laisse flotter l'album en apesanteur. Définitivement peut-être ...
"A l'époque de Definitely Maybe, je croyais que j'allais sortir des albums comme ça toute ma vie" avouait récemment Noël Gallagher. L'exemple frappant d'un artiste dépassé par sa propre musique, pris dans un tourbillon créatif qu'il contrôlait à peine. Evidemment, ce sont ces moments de génie pur jaillissant, défiant toute analyse, qui fascinent. C'est Dylan sous amphés faisant gicler "Blonde On Blonde", ou les Smiths en période de tension extrême aboutissant au monumental "The Queen Is Dead". Et le grand défi d'Oasis, depuis dix ans, c'était précisément de survivre à ça. Et c'est la marque des grands artistes que d'y arriver.
Ils l'ont fait en avançant tout droit, avec l'innocence, la naïveté et la rage de vivre de gamins prolos, en se plantant, en se relevant, mais sans jamais se trahir. Un parcours cabossé, jalonné de chansons intemporelles et dont ce sixième album est incontestablement une nouvelle étape majeure, offrant à un groupe de onze ans d'âge, un nouvel avenir.
"Ma grand-mère m'a appris que le bonheur n'était pas au bout de la route, mais que c'était la route elle-même" nous enseigne Bob Dylan dans ses récentes mémoires.
Oasis est toujours sur la route. Et l'aventure continue, avec ou sans vous.
Très bon 16/20
Posté le 11 décembre 2006 à 06 h 05 |
On ne change pas les bonnes habitudes, une très bonne intro "Turn Up The Sun"... Suivie de ma chanson coup de coeur "Mucky Fingers" avec une bonne instru à l'harmonica qui colle parfaitement avec l'ensemble de la chanson.
A la suivante, je l'ai encore sur le bout de la langue, "Hey Lyla !!!", c'est une chanson entraînante qui convient pafaitement lors des concerts !
Alors le chief va t-il nous étonner ? Avec "The Importance Of Being Idle" ?? Oui bien sûr ! On ne peut plus se passer de l'intro musicale !!!
Attention "The Meaning Of Soul" décoiffe tout sur son passage, c'est du bon vieux rock comme on aime.
Si je devrais retenir une chanson ainsi que ses paroles je choisirai "Keep The Dream Alive". Cette chanson est écrite par Andy Bell !
Pour finir l'album rien ne vaut un bon duo ! "Let There Be Love"...
To be continued !
A la suivante, je l'ai encore sur le bout de la langue, "Hey Lyla !!!", c'est une chanson entraînante qui convient pafaitement lors des concerts !
Alors le chief va t-il nous étonner ? Avec "The Importance Of Being Idle" ?? Oui bien sûr ! On ne peut plus se passer de l'intro musicale !!!
Attention "The Meaning Of Soul" décoiffe tout sur son passage, c'est du bon vieux rock comme on aime.
Si je devrais retenir une chanson ainsi que ses paroles je choisirai "Keep The Dream Alive". Cette chanson est écrite par Andy Bell !
Pour finir l'album rien ne vaut un bon duo ! "Let There Be Love"...
To be continued !
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 16 avril 2007 à 19 h 25 |
Pour beaucoup, Oasis est un groupe qui a atteint les sommets dès le début et qui depuis son troisième album fait des choses de qualité très inférieure à ce qu'on a pu entendre dans les deux premiers. Personellement je trouve que cet album sorti 10 ans après ce qui reste l'apogée de leur carrière est tout à fait ce à quoi on pouvait s'attendre. Il faut bien reconnaitre qu'il n'y a pas de quoi s'enthousiasmer outre-mesure, mais cependant je ne vois pas comment ceux qui ont adoré (What's The Story) Morning Glory? ou Definitely Maybe ne peuvent pas au moins apprécier. On en retrouve la plupart des ingrédients, tout en sonnant plus 'années 2000', une évolution dans la continuité, en somme, même si la plupart du temps il manque ce petit rien qui transforme une chanson en un tube, et qui était présent sur la quasi-totalité des chansons de (What's The Story) Morning Glory?. Enfin bon, on ne leur jettera pas la pierre pour autant, c'est toujours mieux d'avoir eu du génie pour deux ou trois albums que de n'en avoir jamais eu et faire des albums toujours d'égale qualité... D'ailleurs, peut-être que si ils n'avaient pas un passé aussi 'lourd' les critiques seraient moins acides.
Au-delà de ces généralités, on peut sortir du lot quelques chansons vraiment réussies sur cet album, comme "The Importance Of Being Idle" ou même la ballade "Let There Be Love" qui au premier abord peut paraitre un peut fade et très formatée FM mais qui n'en reste pas moins efficace. En revanche, "Lyla", single ultra diffusé est loin d'être la meilleure chanson de l'album et représente assez mal ce CD.
Je trouve par ailleurs qu'ils sont très bons pour créer des atmosphères singulières sur des passages instrumentaux comme à la fin de "Turn Up The Sun" ou même pendant une piste quasi entière (la dernière), avec des guitares et des rythmes qui vous emportent et dont on a l'impression qu'ils pourraient continuer des heures.
Au-delà de ces généralités, on peut sortir du lot quelques chansons vraiment réussies sur cet album, comme "The Importance Of Being Idle" ou même la ballade "Let There Be Love" qui au premier abord peut paraitre un peut fade et très formatée FM mais qui n'en reste pas moins efficace. En revanche, "Lyla", single ultra diffusé est loin d'être la meilleure chanson de l'album et représente assez mal ce CD.
Je trouve par ailleurs qu'ils sont très bons pour créer des atmosphères singulières sur des passages instrumentaux comme à la fin de "Turn Up The Sun" ou même pendant une piste quasi entière (la dernière), avec des guitares et des rythmes qui vous emportent et dont on a l'impression qu'ils pourraient continuer des heures.
Pas mal 13/20
Posté le 18 avril 2007 à 21 h 46 |
Les frères Gallagher nous pondent un nouvel album.
De nombreux français sont souvent assez réticents lorsqu'on évoque Oasis, les montrant comme du plagiat de Lennon, des sales gosses, des cons, du rock mièvre, bref, Oasis a son public mais il faut avouer qu'il est assez mineur par rapport à la ferveur britannique... Si vous avez déjà fait un petit tour en Angleterre, vous remarquerez que les frères Gallagher sont adulés.
En effet, pour se plonger dans l'univers Oasis, il faut comprendre l'attitude des frères ennemis. C'est à dire perfectionniste, sombre, méticuleux et arrogant.
Et ce dernier album l'est tout à la fois. C'est une belle réussite.
A la différence des concerts d'Oasis qui peuvent agacer par le comportement galigulesque de Liam et les non mouvements des autres membres du groupe, ce dernier album frappe fort par sa créativité toute anglaise... Kinks, Velvet, Beatles bien sûr, tout fan de brit-pop anglaise ne peut cracher sur cet album qui n'est non pas un hommage mais une bonne digestion des passions multiples du groupe pour cette époque faste de la pop. Alors c'est à ce moment là qu'on savoure chaque morceau, comme des musiciens qui affirment leur amour pour l'être aimé, la musique anglaise des années 60.
Bravo, Oasis est encore là, et le succès de leur compilation best of sortie l'année dernière montre bien qu'ils entament une nouvelle ère pop et sont loin d'être fini et obsolète...
De nombreux français sont souvent assez réticents lorsqu'on évoque Oasis, les montrant comme du plagiat de Lennon, des sales gosses, des cons, du rock mièvre, bref, Oasis a son public mais il faut avouer qu'il est assez mineur par rapport à la ferveur britannique... Si vous avez déjà fait un petit tour en Angleterre, vous remarquerez que les frères Gallagher sont adulés.
En effet, pour se plonger dans l'univers Oasis, il faut comprendre l'attitude des frères ennemis. C'est à dire perfectionniste, sombre, méticuleux et arrogant.
Et ce dernier album l'est tout à la fois. C'est une belle réussite.
A la différence des concerts d'Oasis qui peuvent agacer par le comportement galigulesque de Liam et les non mouvements des autres membres du groupe, ce dernier album frappe fort par sa créativité toute anglaise... Kinks, Velvet, Beatles bien sûr, tout fan de brit-pop anglaise ne peut cracher sur cet album qui n'est non pas un hommage mais une bonne digestion des passions multiples du groupe pour cette époque faste de la pop. Alors c'est à ce moment là qu'on savoure chaque morceau, comme des musiciens qui affirment leur amour pour l'être aimé, la musique anglaise des années 60.
Bravo, Oasis est encore là, et le succès de leur compilation best of sortie l'année dernière montre bien qu'ils entament une nouvelle ère pop et sont loin d'être fini et obsolète...
Bon 15/20
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