The Magnetic Fields

Ça débute par une boite à rythmes fatiguée puis par une guitare pourrie jouant deux-trois accords avant qu'une voix aussi suave qu'essoufflée ne balance un chant reposée et enivrant. Puis ça s'enchaîne avec un morceau de clavecin ridicule introduisant une complainte grave et détachée etc... On surprend des violons, des guitares sèches, des bourdonnements, des synthés pathétiques, pleins de bruits bizarres. Ça n'arrête pas. Impossible de faire la liste exhaustive de tout ce que contient le disque. Chaque nouvelle écoute révèle un nouveau détail. A chaque instant on frise le génie tant l'inventivité de ce groupe lo-fi est débordante.
Pourtant tout semble avoir été enregistré dans le garage du grand-père, à force de collage, de récupération et de système-D. Ce bricolage fait mieux que tenir debout, il élève l'envergure des chansons, tour à tour envolée psychédélique à la vitesse d'un tracteur ou refrain folk contemplatif à la Smog.
"Born On A Train" est poignant de beauté sévère et grave, "I Have The Moon" ressemble à un chant solitaire et désespéré, "Two Caracters In Search Of A Country Song" serait presque lumineux sans cette guitare prêtre à rendre l'âme, "Fear Of Trains" est une sympathique chanson entraînante. C'est mal enregistré, c'est joué avec les moyens du bord, ça fourmille de trouvailles et c'est ce qui rend ces titres si surprenants. On pense à l'effet qu'a pu avoir ce groupe sur Sparkehorse ou Grandaddy.
The Magnetic Fields prend le temps de bidouiller quelques perles de ballades tristounettes, meilleur hommage qu'ils pouvaient rendre à cette Amérique profonde, terre fertile de la country et du rock.