Frank Black
Frankblackfrancis |
Label :
Cooking Vinyl |
||||
2004: sortie d'un double album de Frank Black répondant au nom osé de Frankblackfrancis.
CD 1: "Black Francis Demo"; démos acoustiques de Black Francis, seul à la guitare.
CD 2: "Frank Black Francis"; reprise du répertoire des Pixies par Frank Black accompagné par les Two Pale Boys.
L'entreprise laisse sceptique au premier abord, moi le premier en tous les cas (et là, j'ai du mal à être crédible, je le sens...). Bref, gros coup de pub, gros coup de thunes ?... En fin de compte, je n'en suis pas sûr ! Le gros coup de pub et de thunes (si gros coup de pub et de thunes il y a vraiment) se trouve bel et bien dans la reformation des Pixies et pas ailleurs, et dans ce nouvel album de 2005 produit par Tom Waits (est-ce définitivement officiel ?). Ne nous leurrons pas, et gageons maalheureusement, (comme à l'accoutumée même, serais-je tenté de dire) que ce double album finira sûrement lui aussi dans les fins fonds des bacs de disques rejoignant allègrement les invendus mensuels de votre disquaire préféré, alors que celui-ci aimerait pourtant refourguer pour gagner de la place et écouler du stock, car lui aussi pariait évidemment sur le fameux coup de pub si fabuleusement marketé.
Bref... Ce double-album est désormais là, venons en aux faits !
Tout d'abord commençons par le début, le CD 1, intitulé pour l'occasion "Black Francis Demo"; pas bête !
Nous voici donc revenus 17 années en arrière, lorsque Frank Black se faisait tout juste appeler Black Francis. Celui-ci, muni de sa guitare acoustique, nous propose des versions dépouillées, simples, et simplistes des grands titres des Pixies. Une bonne partie de Come On Pilgrim est donc logiquement passée au crible, année d'enregistrement oblige. Aucun titre présent ici n'est inconnu même si les moins fans des Pixies découvriront peut-être "Boom Chickaboom", titre pour le moins dispensable de l'oeuvre des Pixies mais qui parvient néanmoins ici, dans cette interprétation décharnée, à dévoiler quelques charmes.
Tous les morceaux apparaissent donc dans des versions totalement inédites (même s'il était déjà possible de trouver ces mêmes enregistrements de "I'm Amazed" et "Broken Face" sur le coffret 4-vinyls de la compilation Death To The Pixies sortie en 1997). En tous cas, si rien n'est vraiment surprenant, c'est avec un réel plaisir que ces quinze démos se laissent écouter. Dégageant une fraîcheur nouvelle, des compositions comme "The Holiday Song", "Subbacultcha", "Oh My Golly", "Caribou" ou "Break My Body" se montrent définitivement géniales (s'il était encore besoin de le souligner...) et déjà pourvues d'une dynamique et d'un fédéralisme à toute épreuve.
Un album de démos ne sera jamais qu'un recueil de chansons inabouties, mais, dans le cas présent, le charme est bien là, et impose sa présence de manière expansive, et fort agréable.
Et puis s'annonce le deuxième CD. "Frank Black Francis".
Le dépaysement est total. Nos repères s'envolent, les chansons deviennent... "nouvelles", éclairées d'une lumière transformée, resplendissant d'un éclat inédit, que l'on ne soupçonnait même pas. Finies les dynamiques implacables et les accélérations foudroyantes boostées par les coups de butoir de Black Francis, les dissonances de Joey Santiago et la section rythmique implacable tenue par Kim Deal et David Lovering; finis. Place maintenant aux arrangements travaillés et leur beauté limpide, place aux cuivres échauffés, place aux boucles répétées sans fin, place à l'électronique (tout est relatif évidemment, ne vous attendez pas à entendre des morceaux dignes de Autechre !), place à l'étrangeté la plus surprenante ! Tout y passe: des tubesques "Monkey Gone To Heaven" et "Velouria" au surpuissant "Planet Of Sound" en passant par le désormais cultissime "Where Is My Mind ?" ou le joyeux "The Holiday Song", Frank Black n'épargne aucune parcelle de l'oeuvre de ses lutins.
Certains morceaux sont méconnaissables. "Cactus" baigne désormais dans une atmosphère énigmatique, étrange. Frank Black chante tandis que sa voix ne cesse de se répercuter encore et encore... nous plongeant dans un égarement absolu. "Subbacultcha" devient noir et inquiétant, et vient taquiner un folk presque expérimental terriblement insidieux. Et puis il y a ces trompettes (de Andy Diagram) qui nous accueillent sur "Nimrod's Son", ces violons dissonants (tenus par Keith Moliné) qui ont pris la place des riffs rêches de "Into The White". Rien n'est plus pareil, tout se présente à nous sous un angle inédit et terriblement attractif. Ainsi, "Monkey Gone To Heaven" retrouve de nouvelles couleurs, et étincelle de mille feux, enveloppé dans une ambiance vaporeuse, tandis que "Where Is My Mind ?" excelle par le calme qu'il prodigue, cette sérénité exceptionnelle. Qu'importe la version, ce titre sera manifestement toujours splendide !
En guise de contre-pied ultime, Frank Black nous laisse sur un "Planet Of Sound" culminant de près d'un quart d'heure, qui lui aussi va s'encanailler avec un "rock" (est-ce encore le terme qui convient ici ?) plus expérimental se débarrassant de toute contrainte musicale et se complaisant à gagner en intensité et en puissance avant de redescendre... et remonter...
Il fallait oser, Frank Black l'a fait ! Lui seul était capable de tenter un pari aussi risqué que celui-ci ! Rendons à César ce qui appartient à César, et laissons lui au moins l'ingéniosité et le courage de tenter de nouvelles choses, quoiqu'en disent ses détracteurs.
Bien sûr ce double-album ne plaira donc pas à tout le monde ! Mais si, pour une fois, on admettait le fait que l'on puisse reprendre d'anciens morceaux par pure envie de prendre du plaisir et assumer son passé de la plus belle manière qui soit ?
Certains crieront au génie, d'autres au plagiat et au manque d'inspiration (?!?), et bien pour ma part, je pose le genou à terre, et salue un homme pour qui je nourrirai toujours un profond respect. Merci et bravo !
CD 1: "Black Francis Demo"; démos acoustiques de Black Francis, seul à la guitare.
CD 2: "Frank Black Francis"; reprise du répertoire des Pixies par Frank Black accompagné par les Two Pale Boys.
L'entreprise laisse sceptique au premier abord, moi le premier en tous les cas (et là, j'ai du mal à être crédible, je le sens...). Bref, gros coup de pub, gros coup de thunes ?... En fin de compte, je n'en suis pas sûr ! Le gros coup de pub et de thunes (si gros coup de pub et de thunes il y a vraiment) se trouve bel et bien dans la reformation des Pixies et pas ailleurs, et dans ce nouvel album de 2005 produit par Tom Waits (est-ce définitivement officiel ?). Ne nous leurrons pas, et gageons maalheureusement, (comme à l'accoutumée même, serais-je tenté de dire) que ce double album finira sûrement lui aussi dans les fins fonds des bacs de disques rejoignant allègrement les invendus mensuels de votre disquaire préféré, alors que celui-ci aimerait pourtant refourguer pour gagner de la place et écouler du stock, car lui aussi pariait évidemment sur le fameux coup de pub si fabuleusement marketé.
Bref... Ce double-album est désormais là, venons en aux faits !
Tout d'abord commençons par le début, le CD 1, intitulé pour l'occasion "Black Francis Demo"; pas bête !
Nous voici donc revenus 17 années en arrière, lorsque Frank Black se faisait tout juste appeler Black Francis. Celui-ci, muni de sa guitare acoustique, nous propose des versions dépouillées, simples, et simplistes des grands titres des Pixies. Une bonne partie de Come On Pilgrim est donc logiquement passée au crible, année d'enregistrement oblige. Aucun titre présent ici n'est inconnu même si les moins fans des Pixies découvriront peut-être "Boom Chickaboom", titre pour le moins dispensable de l'oeuvre des Pixies mais qui parvient néanmoins ici, dans cette interprétation décharnée, à dévoiler quelques charmes.
Tous les morceaux apparaissent donc dans des versions totalement inédites (même s'il était déjà possible de trouver ces mêmes enregistrements de "I'm Amazed" et "Broken Face" sur le coffret 4-vinyls de la compilation Death To The Pixies sortie en 1997). En tous cas, si rien n'est vraiment surprenant, c'est avec un réel plaisir que ces quinze démos se laissent écouter. Dégageant une fraîcheur nouvelle, des compositions comme "The Holiday Song", "Subbacultcha", "Oh My Golly", "Caribou" ou "Break My Body" se montrent définitivement géniales (s'il était encore besoin de le souligner...) et déjà pourvues d'une dynamique et d'un fédéralisme à toute épreuve.
Un album de démos ne sera jamais qu'un recueil de chansons inabouties, mais, dans le cas présent, le charme est bien là, et impose sa présence de manière expansive, et fort agréable.
Et puis s'annonce le deuxième CD. "Frank Black Francis".
Le dépaysement est total. Nos repères s'envolent, les chansons deviennent... "nouvelles", éclairées d'une lumière transformée, resplendissant d'un éclat inédit, que l'on ne soupçonnait même pas. Finies les dynamiques implacables et les accélérations foudroyantes boostées par les coups de butoir de Black Francis, les dissonances de Joey Santiago et la section rythmique implacable tenue par Kim Deal et David Lovering; finis. Place maintenant aux arrangements travaillés et leur beauté limpide, place aux cuivres échauffés, place aux boucles répétées sans fin, place à l'électronique (tout est relatif évidemment, ne vous attendez pas à entendre des morceaux dignes de Autechre !), place à l'étrangeté la plus surprenante ! Tout y passe: des tubesques "Monkey Gone To Heaven" et "Velouria" au surpuissant "Planet Of Sound" en passant par le désormais cultissime "Where Is My Mind ?" ou le joyeux "The Holiday Song", Frank Black n'épargne aucune parcelle de l'oeuvre de ses lutins.
Certains morceaux sont méconnaissables. "Cactus" baigne désormais dans une atmosphère énigmatique, étrange. Frank Black chante tandis que sa voix ne cesse de se répercuter encore et encore... nous plongeant dans un égarement absolu. "Subbacultcha" devient noir et inquiétant, et vient taquiner un folk presque expérimental terriblement insidieux. Et puis il y a ces trompettes (de Andy Diagram) qui nous accueillent sur "Nimrod's Son", ces violons dissonants (tenus par Keith Moliné) qui ont pris la place des riffs rêches de "Into The White". Rien n'est plus pareil, tout se présente à nous sous un angle inédit et terriblement attractif. Ainsi, "Monkey Gone To Heaven" retrouve de nouvelles couleurs, et étincelle de mille feux, enveloppé dans une ambiance vaporeuse, tandis que "Where Is My Mind ?" excelle par le calme qu'il prodigue, cette sérénité exceptionnelle. Qu'importe la version, ce titre sera manifestement toujours splendide !
En guise de contre-pied ultime, Frank Black nous laisse sur un "Planet Of Sound" culminant de près d'un quart d'heure, qui lui aussi va s'encanailler avec un "rock" (est-ce encore le terme qui convient ici ?) plus expérimental se débarrassant de toute contrainte musicale et se complaisant à gagner en intensité et en puissance avant de redescendre... et remonter...
Il fallait oser, Frank Black l'a fait ! Lui seul était capable de tenter un pari aussi risqué que celui-ci ! Rendons à César ce qui appartient à César, et laissons lui au moins l'ingéniosité et le courage de tenter de nouvelles choses, quoiqu'en disent ses détracteurs.
Bien sûr ce double-album ne plaira donc pas à tout le monde ! Mais si, pour une fois, on admettait le fait que l'on puisse reprendre d'anciens morceaux par pure envie de prendre du plaisir et assumer son passé de la plus belle manière qui soit ?
Certains crieront au génie, d'autres au plagiat et au manque d'inspiration (?!?), et bien pour ma part, je pose le genou à terre, et salue un homme pour qui je nourrirai toujours un profond respect. Merci et bravo !
Excellent ! 18/20 | par X_Jpbowersock |
Bien Que La Sortie Française De Frankblackfrancis Ne Soit Prévue Que Le 22 Novembre, Il Est D'ores Et Déjà Possible De Le Trouver En Import Depuis Le 12 Octobre Dernier Chez SpinARt.
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