Coil

Musick To Play In The Dark Volume 1

Musick To Play In The Dark Volume 1

 Label :     Chalice 
 Sortie :    août 1999 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Depuis 1983, Coil produit l'une des musiques électroniques les plus innovante et habitée qui soit; et ce n'est pas ce premier volet de compositions placées sous le signe de la lune qui fera exception à la règle. Pour l'occasion, un nouveau musicien qui officiait jusque-là au sein de Spiritualized les a rejoint en la personne de Thighpaulsandra.
On est accueilli dans cette heure de "Moon Musick" par un synthé saturé jouant un air dronesque des plus sinistres qui baigne très vite dans un océan de crépitements digitaux magiques et hypnotiques. Puis, sans crier gare, John Balance déclame son texte d'une voix blanche et solennelle... "Are You Shivering?"... On a réellement l'impression qu'il nous parle au creux de l'oreille. Voilà sans doute ce qui fait toute la différence entre Coil et les groupes des labels Warp ou Mille Plateaux par exemple. C'est un euphémisme de dire que John Balance est un chanteur ordinaire mais, en revanche, c'est un diseur hors paire. Ce faisant, il permet à la musique de Coil de véhiculer une humanité, une chaleur voire une sensualité souvent trop rares dans le domaine des musiques électroniques.
Le morceau suivant "Red Birds Will Fly Out of the East & Destroy Paris In A Night" est un clin d'oeil mi-amusé, mi-sérieux à la célèbre prédiction de Nostradamus relative à la destruction de la capitale française durant l'été de l'an 2000. C'est surtout l'occasion pour le groupe de rendre hommage aux tapis sonores algorithmiques de Tangerine Dream le long d'un morceau de 12 minutes qui évolue sans cesse pour finir dans un chaos de sonorités abrasives rappelant les années où Peter Christopherson avait en charge de mettre en musique les théories hallucinées de Genesis P-Orridge au sein de Throbbing Gristle.
Changement de cap avec un "Red Queen" très lynchien. On n'y est plongé dans une ambiance très élégante et mystérieuse de cabaret jazzy où dialoguent le piano de Thighpaulsandra et une boucle de basse obsédante.
Le 4ème morceau "Broccoli" est exceptionnel puisqu'il est chanté à la fois par Peter Christopherson et John Balance. Le premier opère dans un registre atonal et mélancolique assez proche de celui d'un Robert Wyatt tandis que le second - récitant le même texte à contretemps - ne quitte pas l'emphase et la solennité qui le caractérise. Renforcé par une infrabasse lunaire et un sample très iconoclaste de chanteuse lyrique, l'effet est proprement saisissant et on ne sait trop quelle attitude adopter face à l'extrême gravité de l'ensemble tant le texte illustre à merveille cette sorte d'humour très pince-sans-rire et surréaliste dont le groupe est coutumier: "Wise words from the departed, Eat your greens, Especially broccoli".
Complètement dénué de mélodie, "Strange Birds" est le morceau le moins accessible de l'album. Composé uniquement de samples (dont beaucoup de cris d'oiseaux) et de divers collages sonores, il fascine par son sens du détail et puis se fond de la plus belle façon dans le morceau suivant "The Dreamer Is Still Asleep" où Balance se rappelle à notre bon souvenir en nous susurrant un "Hush... May I Ask You For Silence" très approprié.
Un choeur d'enfants distordu ne fait que renforcer la dramatique et l'impression de beauté irréelle qui domine ce morceau qui met un terme au voyage que constitue cet album tout simplement historique, qui a également le mérite d'être une porte d'entrée idéale pour ceux qui ne connaitraient pas encore ces maîtres de la musique électronique.


Intemporel ! ! !   20/20
par Piezo


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