The New Pornographers

Whiteout Conditions

Whiteout Conditions

 Label :     Concord 
 Sortie :    vendredi 07 avril 2017 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Depuis le début du siècle, The New Pornographers se sont imposés comme une valeur sûre de la scène indé, sortant six albums gorgés de la plus belle power pop-rock, à grands coups de bijoux euphorisants où les guitares mélodieuses le disputent à d'enivrantes harmonies vocales. Ne ralentissant pas le rythme après la sortie du parfait Brill Bruisers en 2014, voici donc Whiteout Conditions en ce mois d'avril 2017. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le groupe mené par A.C. Newman a toujours la recette pour composer des morceaux immédiatement marquants, puissants, que l'on peut réécouter sans se lasser. En témoigne l'enchaînement "Play Money" - "Whiteout Conditions" - "High Ticket Attractions" - "This Is the World Of The Theater", qui constitue peut-être le début d'album le plus réussi et efficace de l'année que j'ai pu écouter jusqu'ici. En effet, comment résister à la belle ironie de la première, chantée par Neko Case ("I only play for money, honey") ? À la cadence effrénée et à l'harmonieux refrain de la deuxième ? À la puissance tubesque de la troisième ? Et surtout à la perfection absolue de la quatrième, où Neko, de sa voix tellement poignante, fait de nouveau des miracles ? C'est juste impossible, à moins de manquer d'âme et de cœur.

Mais le problème qui se pose avec un début de disque tel que celui-ci, c'est que, inévitablement, on trouve la suite moins emballante. Et c'est un peu ce qui se passe ici. Non pas que les titres suivants soient mauvais, bien au contraire, mais il semble leur manquer ce surplus d'âme, de consistance qui faisait tout le sel et la réussite de leurs devanciers. Plusieurs morceaux sortent néanmoins leur épingle du jeu : "Colosseums" et ses percussions électroniques inattendues, "Clockwise", mais surtout "Avalanche Alley". Avec ce titre final à la cadence débridée, on retrouve l'ampleur et le souffle du début de l'album, ce qui lui permet donc de se clore de très belle façon.

Deux changements importants pour les New Pornographers sont à noter sur ce Whiteout Conditions. Tout d'abord au niveau du son. Gorgé de synthés, de batteries et de percussions électroniques très présentes qui dominent les arrangements et qui assurent souvent une rythmique élevée aux morceaux (Jo Seiders remplaçant par ailleurs Kurt Dahle derrière les futs, pour la première fois absent d'un album du groupe), ce son tranche véritablement avec celui du reste de leur œuvre passée, tout en conservant évidemment ce magistral talent pop pour écrire des mélodies fortes et instantanément mémorisables, ce dosage entre pop et aspirations synthétiques étant en outre parfaitement géré par le groupe, autre aspect positif à retenir de cette cuvée 2017.
L'autre aspect à souligner, moins positif, consiste en l'absence de Dan Bejar, lui aussi manquant à l'appel pour la première fois sur un album des New Pornographers, puisqu'il s'est mis en congé du groupe (sans le quitter définitivement selon Newman) pour travailler sur son projet de longue date, Destroyer. Et il faut bien remarquer que son absence est préjudiciable pour la cohérence générale de ce disque. En effet, Bejar était toujours l'auteur d'au moins trois morceaux sur les albums du collectif, ce qui leur apportait une variété et des couleurs plus subtiles, une profondeur plus affirmée et donc une cohérence plus évidente que dans le cas présent. Ici Newman est l'unique compositeur des morceaux et l'on sent bien que l'apport habituel de son comparse manque au disque, tant au niveau de l'écriture donc, mais aussi au niveau vocal.
Les contributions de Bejar agissaient comme des respirations bienvenues au milieu des compositions de Newman, de par leur tonalité différente, leur contraste délicatement saisissant, tout en s'articulant harmonieusement avec ces dernières, offrant aux productions précédentes un renouveau en leur sein-même, une vraie diversité et un attachement encore plus rapide et profond, tout comme un émerveillement à chaque fois renouvelé lors des écoutes devant tant de talent, de classe, d'élégance et d'inspiration génialement partagée et repartie sur toute la longueur des albums. Et c'est bien ce qui fait défaut ici, à mon grand regret. Mais tout cela n'empêche pas Whiteout Conditions d'être un bon disque, que j'écouterai encore de nombreuses fois, les quelques très bonnes chansons qu'il contient le justifiant largement. Il faut juste espérer que Bejar soit de retour sur le prochain !


Bon   15/20
par Poukram


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