Le Guess Who?
Utrecht - Pays-Bas [Le Guess Who Festival (Tivoli)] - samedi 12 novembre 2016 |
SAMEDI : Si Jherek Bischoff nous avait donné un aperçu de la perfidie dont était capable cette programmation trop pleine de promesse pour être honnête, c'est ce samedi qui nous exposera aux plus grandes déceptions du festival, avec la programmation de Julia Holter qui était pourtant celle qui portait le plus de promesses. Comme quoi en positif comme en négatif le Guess Who est toujours... déroutant. Ça avait pourtant si bien commencé...
Circuit des Yeux (curated by Julia Holter) : Voir Haley Fohr débarquer sur la scène de la Janskerk me ramène un an en arrière, lorsque Circuit des Yeux passaient au De Hellig, salle lointaine d'Utrecht. Cependant les choses ont bien changé depuis. Revenue de l'enfer de la salle pour métalleux elle vient tutoyer les angelots de l'église ; et cette fois elle est toute seule. Avec sa guitare acoustique 12 cordes. Elle s'est débarrassée des deux musiciens qui l'accompagnaient et c'est semble-t-il pour le meilleur ; l'épure de sa musique rend plus honneur à son style, à sa voix glaçante qui sait se faire d'outre-tombe comme perçante lorsqu'elle décide de se lâcher. Ses compos néofolk sont d'une classe folle et son charisme naturel lui permet de les rallonger à l'envi sans lasser son public, jusqu'à ce dernier morceau en climax, dont la longueur et l'intensité pourraient faire pâlir certains post-rockers.
Aine O'Dwyer (curated by Julia Holter) : Même pas besoin de se bouger pour rejoindre le prochain concert ; Aine O'Dwyer prend la suite de Circuit des Yeux dans la Janskerk. Sacrée attente de ma part quand à ce set ; j'ai découvert O'Dwyer grâce à la prog du Guess Who, son album Music For Church Cleaners est superbe – des errances live à l'orgue où l'instrument se superpose aux bruits des visiteurs de l'église. Je doutais cependant qu'O'Dwyer nous joue vraiment de l'orgue (elle fait aussi de l'avant-folk), jusqu'à ce qu'un projecteur rouge se mette à éclairer un orgue surélevé sur la paroi de l'église, révélant un orgue perché sur la pierre, et un miroir courbe nous offre une vue du dessus du clavier. Le silence s'installe, les nuques se tordent, le torticolis ricane dans l'ombre. Pendant la demi-heure qui va suivre Aine fera... l'imbécile sur son orgue. Lorsqu'elle en joue ce n'est que pour tenir de longues notes aigües. Sinon elle fait aussi des vocalises cheloues (dont un chant de gorge tuvan assez impressionnant je dois l'admettre), balance des trucs dans sa cabine qui percutent le bois avec un bruit sourd ; lance ses feuilles de partitions en l'air pour nous laisser contempler leur chute... Il faudra attendre les 10 ou 15 dernières minutes pour avoir droit à un morceau classieux qui rappelle à notre mémoire ce Music for Church Cleaners qui paraît aujourd'hui si loin. Le reste aura été... du troll. Je ne vois pas comment le dire autrement tant Aine aura tout fait pour agacer l'assistance, on aurait cru assister à des expérimentations pures et improvisées, du genre de celles qu'on garde habituellement pour soi au lieu de les proposer à un public. Le "dernier morceau" sauve ce live de la détestation, mais même celui-ci s'accompagne d'un arrière-goût amer. Une de mes plus grosses attentes du festival, ma plus grosse déception. Nice troll, Aine.
Delphine Dora (curated by Julia Holter) : Hébétés par ce troll en bonne et due forme, nous nous engageons d'un pas incertain vers le Theater Kikker pour voir Delphine Dora, pianiste française qui en studio compose de superbes mélodies minimalistes avec grâce. Une étrange appréhension m'agrippe la gorge une fois mes fesses confortablement assises sur le siège ; je viens de me rappeler qu'un an plus tôt presque jour pour jour j'ai pris dans cette même salle la claque de ma vie devant The Necks. Malheureusement pour moi, ce soir ne fera pas honneur aux souvenirs qui hantent le lieu. En effet Delphine, plutôt que d'interpréter une setlist précise, a décidé d'improviser totalement son set. Pour un résultat ma foi très mitigé. La jeune femme m'a donné l'impression de tâtonner pendant 45 minutes, avec des dissonances qui ne menaient pas vers grand chose, des expérimentations vocales vite abandonnées et des percées mélodiques souvent un peu plates. Je suis sévère et c'était tout de même pas mauvais ou honteux, mais par contre c'était laborieux là où ses compos studios étaient si fluides... Bordel il t'arrive quoi Guess Who ?!
Maya Dunietz plays Emahoy Tségué-Mariam Guébrou (curated by Julia Holter) : Peu décidés à se laisser abattre par nos déceptions à l'orgue et au piano, nous poursuivons la tête haute (mais le regard inquiet) notre périple claviériste pour dire bonjour à Maya Dunietz, pianiste blonde au CV impressionnant (John Zorn, Mike Patton, Oren Ambarchi...) qui s'est récemment liée d'amitié avec Emahoy Tségué-Mariam Guébrou, artiste éthiopienne à la biographie passionnante devenue nonne dans un monastère éthiopien après avoir fait de brillantes études en Europe. Maya aide la vieille dame (92 ans s'il vous plait) à rassembler ses notes, à s'organiser afin de faire découvrir ses morceaux au monde. Affiné depuis les années 50, le style d'Emahoy est à nul autre pareil, alternant classique, blues, jazz, ragtime en les mêlant comme seules des âmes rares comme John Fahey en seraient capables ; par un métissage instinctif. De là à parler d'Ethiopian Primitivism il n'y a qu'un pas que j'hésite encore à franchir. Bref, la prestation fut charmante, Maya jouant avec une maîtrise mêlée de maladresse des compositions atypiques, les dernières étant des chansons en anglais et... français (Emahoy parle semble-t-il 5 ou 6 langues). Grâce à mademoiselle Dunietz, je ressors avec une nouvelle artiste à investiguer et la promesse de voir paraître des compilations d'interprétations inédites de morceaux n'ayant pas encore vu le jour hors du monastère. Autant la découvrir tant qu'elle vit encore...
Laaraji... ? : À venir, l'une des plus grosses frustrations de la journée. On arrive à la période charnière du Samedi, où tout le monde joue en même temps, où la moindre minute passée à hésiter est une minute où trois concerts de folie envoient du pâté quelque part dans le Tivoli. Et moi je suis en train de regarder Laraaji accorder ses instruments chelous (smiley perplexe). Grand nom de la musique zen/new-age/ambient, ayant enregistré avec Brian Eno sur le volume 3 de sa série Ambient, un coup d'œil à sa session Boiler Room m'avait convaincu de tenter l'expérience. Sauf que zen, Laraaji l'est un poil trop et 5 min après l'horaire prévue ses accordages et tests ne sont toujours pas finis. Excédé, je pars de la salle pour aller voir les Dwarfs of East Agouza. Je m'en mordrai les doigts.
The Dwarfs of East Agouza : Enflure de rédacteur à la con, cette fois tu m'avais promis du CAN transposé au Moyen Orient, avec Alan Bishop des inénarrables Sun City Girls à la guitare. Et bordel, même l'extrait sur le site te donnait raison, ça allait être de la balle ! Et ce que j'ai eu à la place c'est deux guitaristes qui jouent chacun de leur côté à un volume assourdissant avec un troisième type aux machines qui essaie d'instaurer un beau background psychédélique derrière. Zéro groove. Fatigué de devoir enfoncer toujours plus profondément mes bouchons d'oreille je m'éclipse après 20 minutes. Une déception de plus.
Horse Lords : Juste alors que j'avais perdu foi en cette soirée, et parès avoir passé 10 minutes en compagnie de la techno subtile de Laurel Halo, la salle EKKO va sauver les meubles de ma soirée avec enfin une description alléchante ("si Steve Reich avait viré punk blabla") qui deviendra réalité sur scène. Quatuor instrumental composé de guitare/basse/batterie... et d'un batteur saxophoniste qui alterne l'une ou l'autre des positions au besoin. Et leur musique est parfaitement ce qu'il faut pour stimuler mon amour de la répétition sujette aux subtiles variations tout en remuant mes tripes avec un entrain furieux de gros punks énervés. J'ai été in instant tenté de les présenter comme "math-rock", mais plutôt que de faire virer leurs compos de bord toutes les 10 secondes leur jeu sur les signatures rythmiques est plus subtil, un seul élément bouge à la fois, une batterie qui se déphase, un sax qui va se poser en contrepied... et dès qu'une nouvelle variation est posée le groupe la joue à fond les ballons pendant le temps qu'il faut pour se choper un bon torticolis des familles. J'en ressors épuisé, acouphéné, mais heureux. Enfin.
RP Boo + DJ Nigga Fox : Déambulant dans les couloirs avec dans mon crâne des phases rythmiques qui ricochent, je vais me poser devant la fin du set de RP Boo en Cloud Nine avant d'aller pioncer. Boo verse dans le footwork (de la house sous amphèt avec des samples vocaux hip-hop hystériques). Pas convaincu pour être honnête. Tout ça paraît très paresseux, le beat ne change jamais, les transitions sont d'un cheap absolu... je me casse au début du set de DJ Nigga Fox qui s'annonçait un peu mieux mais pas assez pour me garder éveillé. Il est de toute façon temps de mettre fin à cette journée en demi-teinte et prier pour dimanche.
Circuit des Yeux (curated by Julia Holter) : Voir Haley Fohr débarquer sur la scène de la Janskerk me ramène un an en arrière, lorsque Circuit des Yeux passaient au De Hellig, salle lointaine d'Utrecht. Cependant les choses ont bien changé depuis. Revenue de l'enfer de la salle pour métalleux elle vient tutoyer les angelots de l'église ; et cette fois elle est toute seule. Avec sa guitare acoustique 12 cordes. Elle s'est débarrassée des deux musiciens qui l'accompagnaient et c'est semble-t-il pour le meilleur ; l'épure de sa musique rend plus honneur à son style, à sa voix glaçante qui sait se faire d'outre-tombe comme perçante lorsqu'elle décide de se lâcher. Ses compos néofolk sont d'une classe folle et son charisme naturel lui permet de les rallonger à l'envi sans lasser son public, jusqu'à ce dernier morceau en climax, dont la longueur et l'intensité pourraient faire pâlir certains post-rockers.
Aine O'Dwyer (curated by Julia Holter) : Même pas besoin de se bouger pour rejoindre le prochain concert ; Aine O'Dwyer prend la suite de Circuit des Yeux dans la Janskerk. Sacrée attente de ma part quand à ce set ; j'ai découvert O'Dwyer grâce à la prog du Guess Who, son album Music For Church Cleaners est superbe – des errances live à l'orgue où l'instrument se superpose aux bruits des visiteurs de l'église. Je doutais cependant qu'O'Dwyer nous joue vraiment de l'orgue (elle fait aussi de l'avant-folk), jusqu'à ce qu'un projecteur rouge se mette à éclairer un orgue surélevé sur la paroi de l'église, révélant un orgue perché sur la pierre, et un miroir courbe nous offre une vue du dessus du clavier. Le silence s'installe, les nuques se tordent, le torticolis ricane dans l'ombre. Pendant la demi-heure qui va suivre Aine fera... l'imbécile sur son orgue. Lorsqu'elle en joue ce n'est que pour tenir de longues notes aigües. Sinon elle fait aussi des vocalises cheloues (dont un chant de gorge tuvan assez impressionnant je dois l'admettre), balance des trucs dans sa cabine qui percutent le bois avec un bruit sourd ; lance ses feuilles de partitions en l'air pour nous laisser contempler leur chute... Il faudra attendre les 10 ou 15 dernières minutes pour avoir droit à un morceau classieux qui rappelle à notre mémoire ce Music for Church Cleaners qui paraît aujourd'hui si loin. Le reste aura été... du troll. Je ne vois pas comment le dire autrement tant Aine aura tout fait pour agacer l'assistance, on aurait cru assister à des expérimentations pures et improvisées, du genre de celles qu'on garde habituellement pour soi au lieu de les proposer à un public. Le "dernier morceau" sauve ce live de la détestation, mais même celui-ci s'accompagne d'un arrière-goût amer. Une de mes plus grosses attentes du festival, ma plus grosse déception. Nice troll, Aine.
Delphine Dora (curated by Julia Holter) : Hébétés par ce troll en bonne et due forme, nous nous engageons d'un pas incertain vers le Theater Kikker pour voir Delphine Dora, pianiste française qui en studio compose de superbes mélodies minimalistes avec grâce. Une étrange appréhension m'agrippe la gorge une fois mes fesses confortablement assises sur le siège ; je viens de me rappeler qu'un an plus tôt presque jour pour jour j'ai pris dans cette même salle la claque de ma vie devant The Necks. Malheureusement pour moi, ce soir ne fera pas honneur aux souvenirs qui hantent le lieu. En effet Delphine, plutôt que d'interpréter une setlist précise, a décidé d'improviser totalement son set. Pour un résultat ma foi très mitigé. La jeune femme m'a donné l'impression de tâtonner pendant 45 minutes, avec des dissonances qui ne menaient pas vers grand chose, des expérimentations vocales vite abandonnées et des percées mélodiques souvent un peu plates. Je suis sévère et c'était tout de même pas mauvais ou honteux, mais par contre c'était laborieux là où ses compos studios étaient si fluides... Bordel il t'arrive quoi Guess Who ?!
Maya Dunietz plays Emahoy Tségué-Mariam Guébrou (curated by Julia Holter) : Peu décidés à se laisser abattre par nos déceptions à l'orgue et au piano, nous poursuivons la tête haute (mais le regard inquiet) notre périple claviériste pour dire bonjour à Maya Dunietz, pianiste blonde au CV impressionnant (John Zorn, Mike Patton, Oren Ambarchi...) qui s'est récemment liée d'amitié avec Emahoy Tségué-Mariam Guébrou, artiste éthiopienne à la biographie passionnante devenue nonne dans un monastère éthiopien après avoir fait de brillantes études en Europe. Maya aide la vieille dame (92 ans s'il vous plait) à rassembler ses notes, à s'organiser afin de faire découvrir ses morceaux au monde. Affiné depuis les années 50, le style d'Emahoy est à nul autre pareil, alternant classique, blues, jazz, ragtime en les mêlant comme seules des âmes rares comme John Fahey en seraient capables ; par un métissage instinctif. De là à parler d'Ethiopian Primitivism il n'y a qu'un pas que j'hésite encore à franchir. Bref, la prestation fut charmante, Maya jouant avec une maîtrise mêlée de maladresse des compositions atypiques, les dernières étant des chansons en anglais et... français (Emahoy parle semble-t-il 5 ou 6 langues). Grâce à mademoiselle Dunietz, je ressors avec une nouvelle artiste à investiguer et la promesse de voir paraître des compilations d'interprétations inédites de morceaux n'ayant pas encore vu le jour hors du monastère. Autant la découvrir tant qu'elle vit encore...
Laaraji... ? : À venir, l'une des plus grosses frustrations de la journée. On arrive à la période charnière du Samedi, où tout le monde joue en même temps, où la moindre minute passée à hésiter est une minute où trois concerts de folie envoient du pâté quelque part dans le Tivoli. Et moi je suis en train de regarder Laraaji accorder ses instruments chelous (smiley perplexe). Grand nom de la musique zen/new-age/ambient, ayant enregistré avec Brian Eno sur le volume 3 de sa série Ambient, un coup d'œil à sa session Boiler Room m'avait convaincu de tenter l'expérience. Sauf que zen, Laraaji l'est un poil trop et 5 min après l'horaire prévue ses accordages et tests ne sont toujours pas finis. Excédé, je pars de la salle pour aller voir les Dwarfs of East Agouza. Je m'en mordrai les doigts.
The Dwarfs of East Agouza : Enflure de rédacteur à la con, cette fois tu m'avais promis du CAN transposé au Moyen Orient, avec Alan Bishop des inénarrables Sun City Girls à la guitare. Et bordel, même l'extrait sur le site te donnait raison, ça allait être de la balle ! Et ce que j'ai eu à la place c'est deux guitaristes qui jouent chacun de leur côté à un volume assourdissant avec un troisième type aux machines qui essaie d'instaurer un beau background psychédélique derrière. Zéro groove. Fatigué de devoir enfoncer toujours plus profondément mes bouchons d'oreille je m'éclipse après 20 minutes. Une déception de plus.
Horse Lords : Juste alors que j'avais perdu foi en cette soirée, et parès avoir passé 10 minutes en compagnie de la techno subtile de Laurel Halo, la salle EKKO va sauver les meubles de ma soirée avec enfin une description alléchante ("si Steve Reich avait viré punk blabla") qui deviendra réalité sur scène. Quatuor instrumental composé de guitare/basse/batterie... et d'un batteur saxophoniste qui alterne l'une ou l'autre des positions au besoin. Et leur musique est parfaitement ce qu'il faut pour stimuler mon amour de la répétition sujette aux subtiles variations tout en remuant mes tripes avec un entrain furieux de gros punks énervés. J'ai été in instant tenté de les présenter comme "math-rock", mais plutôt que de faire virer leurs compos de bord toutes les 10 secondes leur jeu sur les signatures rythmiques est plus subtil, un seul élément bouge à la fois, une batterie qui se déphase, un sax qui va se poser en contrepied... et dès qu'une nouvelle variation est posée le groupe la joue à fond les ballons pendant le temps qu'il faut pour se choper un bon torticolis des familles. J'en ressors épuisé, acouphéné, mais heureux. Enfin.
RP Boo + DJ Nigga Fox : Déambulant dans les couloirs avec dans mon crâne des phases rythmiques qui ricochent, je vais me poser devant la fin du set de RP Boo en Cloud Nine avant d'aller pioncer. Boo verse dans le footwork (de la house sous amphèt avec des samples vocaux hip-hop hystériques). Pas convaincu pour être honnête. Tout ça paraît très paresseux, le beat ne change jamais, les transitions sont d'un cheap absolu... je me casse au début du set de DJ Nigga Fox qui s'annonçait un peu mieux mais pas assez pour me garder éveillé. Il est de toute façon temps de mettre fin à cette journée en demi-teinte et prier pour dimanche.
Bon 15/20 | par X_Wazoo |
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