Herman Düne

Angers [Le Chabada] - mercredi 01 avril 2009

Le dernier album n'a pas rempli toutes ses promesses. Trop sage, un peu mou du genou. Des chansons charmantes mais la magie a disparu. Maintenant, faut voir ce que ça donne sur scène !

En guise de poisson d'avril, on nous sert une grosse farce : la première partie, Dick Turner. Un énergumène qui va s'évertuer pendant une demi-heure à réciter des textes hilarants sur le son d'une boîte à rythmes, le tout saupoudré de sa trompette. Un show venu d'ailleurs, un vieux dandy bien timbré qui fait l'effet d'un ovni et laisse la plupart des spectateurs perplexes. C'est sûr que moi j'aurais préféré Turner Cody, mais bon, il suffit de jouer le jeu et c'est plutôt rigolo. Et pathétique.

Allez un peu de sérieux, voilà David-Ivar YaYa Herman Düne (comme il aime se présenter) qui débarque sur scène. Les cheveux plus court qu'à l'accoutumée, la barbe soyeuse et la guitare à la main. Il attaque le concert avec quelques chansons solos, ainsi que la très réussi "When The Sun Rose Up This Morning" ce qui n'est pas la meilleure solution pour chauffer un public, mais un bon moyen de nous démontrer ses talents indéniables de compositeur. La magie s'installe et l'amie qui m'accompagne se retourne vers moi avec des yeux pétillants. Moi je regarde David-Ivar en repensant à l'après-midi qu'on a passé ensemble. Ah oui j'ai oublié de vous dire, comme je bosse à la radio étudiante angevine, j'ai pu rencontrer le groupe pour quelques questions. David-Ivar plein de douceur nous a parlé de sa passion pour le dessin, du nouvel album de Turner Cody puis on s'est lancé dans un débat enflammé sur nos albums favoris de Dylan (pour lui, il s'agit de "New Morning" et "John Wesley Harding" si vous voulez tout savoir). Bref je m'égare, mais ce fut un joli moment et ça ne rend que plus savoureux ce concert.

Qui démarre enfin lorsque le chanteur est rejoint par le fidèle Neman à la batterie et par Ben, le nouveau bassiste. C'est pas Julie Doiron, c'est pas Turner Cody, mais il s'en sort très bien, malgré son air taciturne (une tête de bassiste, quoi...). La quasi-totalité de "Next Year in Zion" sera revisité lors du concert, et si certains titres manquent de rythme, d'autres se révélent vraiment savoureux. "Baby Baby You're My Baby" au son d'un ukulélé (dont David-Ivar joue à la vitesse grand V, c'est plutôt impressionnant), "Try To Think About Me" réchauffe le coeur de tout le monde tandis que "Lovers Are Waterproof" est efficace. Si ces trois-là sont de bons musiciens, on peut leur reprocher un manque de pêche. David-Ivar ne semble pas toujours concernés par ses textes, et si il est un guitariste accompli, il a du mal à maintenir son public en éveil lors des chansons les plus monotones ("Someone Knows Better Than Me"). Cela dit, avec une voix aussi belle que la sienne, on peut se le permettre.

Et puis on a quelques anciennes chansons. "Not On Top" également à l'ukulélé était parfaite, le tube "I Wish I Could See You Soon" fait son effet sur le public qui bouge enfin le petit doigt (dur de faire bouger le public angevin), "Your Name/My Game" et "Pure Hearts" sont rondement menés. Et quand la guitare se fait plus aggressif, que la saturation augmente, c'est là qu'on prend son pied. Et que les trois compères s'en donnent à coeur joie. Le son des débuts et un aspect plus crade qui n'est pas pour me déplaire. Parce que le problème de ce concert, c'était l'aspect un peu lisse et consensuel qui ne reflète pas la vraie nature du groupe. Un groupe que j'aime énormément et qui aurait pu donner tellement plus. M'enfin, je vais pas bouder mon plaisir, c'était quand même une soirée délicieuse, il y a eu deux rappels et la fille qui m'accompagnait était jolie.

Herman Düne est devenu efficace, mais un supplément d'âme ne serait pas de trop.


Bon   15/20
par Dylanesque


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