Herman Düne
Paris [Concert En Appartement] - samedi 15 janvier 2005 |
Souvenirs d'un jour béni où André d' Herman Düne (aka l'un des deux frères Düne, mais aussi AHD, Klaus Bong, John Trawling, Ben Haschich, The Fountain Boats ou encore Ben Dope, soit autant d'identités schizophrènes au service de ses différents projets artistiques) s'est mis dans la tête de jouer des concerts en appartement courant novembre2004/janvier 2005.
Tout a commencé en octobre 2004 par un flyer trouvé au Pop In : 'André Herman Düne joue chez Jean Pierre S.'. Incroyable !!! Tu demandes au serveur de quoi il en retourne, et tu apprends que c'est la dernière lubie d'André : jouer chez les gens.
En l'occurrence, il suffit d'envoyer un mail au dit Jean-Pierre pour s'inscrire. Passé l'étonnement et le sourire amusé, je prends mon courage à deux mains et je demande s'il reste de la place. Réponse positive ! ...Et voilà comment je me retrouve à Saint-Denis avec dix autres personnes (que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam) chez un particulier, à assister au concert plus que privé de mon idole (en comparatif, c'est du niveau de Dylan ou Mick Jagger dans mon échelle de valeur). Tu ramènes ton pack de bière et puis c'est tout : voilà un concept qui me plaît !
Au moment où je me pointe dans le petit studio de JP, AHD roule tranquillement sa clope dans un coin et apparaît beaucoup plus timide que je ne le pensais, au vue des innombrables fois où je les aies vus sur scène. Mais ce type a quelque chose : je ne sais pas si on appelle ça la classe ou le génie, peu importe, mais ça transpire à plein nez. On se serre la pince, mon cœur bat la chamade, je dois sûrement rêver ...
Mais non ... une fois l'ensemble des convives arrivés (soit, comme je l'ai déjà dit, à peine dix personnes), il jouera une heure, seul avec sa guitare folk, et nous, happy few, à écouter religieusement ses chansons (-disponibles sur CD-R-) qui parlent de New York, de ses potes placés en asile psychiatrique, de ses amours déçues et d'un mémorable souvenir de cuite à Barcelone ("Blood And Bile"). Le tout étant toujours placé sur un registre ultrasensible (le côté intimiste étant dans le contexte surdéveloppé), qui te cause d'un truc un peu oublié aujourd'hui : l'humain, avec ses forces et ses (nombreuses) faiblesses.
Le côté folk convient à merveille aux titres d'André, dans toute l'étendue de leur nudité : à titre d'exemple "Only The Shadow Of Myself" est d'une beauté sublimissime, et on ne saura trop recommander son disque de reprise de Dido (ou comment retrouver la beauté originelle de chansons ultra-arrangées à la sauce supermarché), ou encore "Smalltown Boy" des Bronski Beat, qu'il jouera ce soir là à la demande de son hôte.
Je lui demande trois morceaux (mes préférés, avec "I Do The Crabwalk") : "Martin Donovan in Trust", "I'll Come Back When I Come Back" et "Sunny Sunny Cold Cold Day" ... et il les joue. Classe mondiale.
Je ressors de là et je n'en reviens toujours pas, et puis je me dis : pourquoi ne pas faire ça chez moi ? Et voilà comment je me retrouve à envoyer un mail un peu fou où je lui propose de venir jouer à la maison, si le cœur et l'envie lui en disent. Deux mois passent et puis là, miracle, un mail incroyable : 'Si c'est toujours ok, je peux jouer chez toi le 15 janvier ; ça te va ?'.
Et voilà comment AHD est venu jouer chez moi, avec 20 personnes invitées par bouche à oreille (faute de places), dans un salon de 15 m2. Il ne pose comme seule condition qu'une participation de 5 euros pour chaque invité. Arrivée à 20h, pile à l'heure : "Bonjour, je ne suis pas en retard ?'. Il revient de Berlin -où il habite désormais- et reste pour quelques jours à Paris.
Le concert commençant à 21h, ce sera l'occasion de discuter et d'écouter quelques uns de mes disques (quand on y pense, c'est invraisemblable : AHD fouillant dans ma discothèque, et me demandant de passer du Einstürzende Neubauten ...).
Je suis content qu'il apprécie "Breaking Up" des Violent Femmes, qu'apparemment il ne connaissait pas et qui est un des plus beaux morceaux de rock indie que je connaisse, à écouter en version démo. Extraordinaire !
Une fois l'ensemble des invités arrivés, le concert peut commencer. Comme chez Jean-Pierre S., AHD jouera une heure, assis sur la chaise de fortune qui me sert habituellement pour me sustanter. Séquence émotion : je jure que je la regarde différemment aujourd'hui ...
La différence avec les morceaux joués en groupe tient beaucoup au fait qu'il commente les morceaux qu'il va jouer, le tout avec beaucoup d'humour (l'alcoolisme et le super studio du norvégien Saint Thomas avec lequel il venait d'enregistrer à Berlin, ses rêves de retraite en Floride, son poil qui pend du nez et qui le gêne : -'ça ne se voit pas trop ?'-, sa connivence avec les gens qui fument trop, son concert dans un asile psychiatrique où les plus chelous ne sont pas forcément les malades).
André est comme ça : éternellement 'de passage' et en quête de renouvellement ... comme un ami que tu admires, qui fait le tour du monde et qui revient de temps en temps pour te raconter ses histoires, des plus ordinaires aux plus extraordinaires. C'est beatnik, hippie, antifolk ou ce que voulez, mais croyez moi, c'est diablement cool et puis, shit, André est un vrai artiste, authentique et habité : c'est si rare aujourd'hui !
Et puis, mes voisins n'ont pas porté plainte, c'est si rare aussi : comme quoi Herman Düne est peut-être plus consensuel que The Fall.
Bon, voilà : c'était mon souvenir. Tout ça pour dire quoi ? En toute subjectivité : que Mas Cambios est un des plus grands disques de tous les temps (en dépit d'une distribution catastrophique), que Not On Top est selon moi l'album de l'année, qu'il faut les voir sur scène, et puis que Herman Düne est le meilleur groupe du monde qui ne passe pas à la radio (ils ne bénéficient pas du matraquage médiatique à la Devendra Benhart ...).
L'art de jouer de la musique librement, sans frontières et sans préjugés, et de parler au cœur des gens. Tout simplement.
Tout a commencé en octobre 2004 par un flyer trouvé au Pop In : 'André Herman Düne joue chez Jean Pierre S.'. Incroyable !!! Tu demandes au serveur de quoi il en retourne, et tu apprends que c'est la dernière lubie d'André : jouer chez les gens.
En l'occurrence, il suffit d'envoyer un mail au dit Jean-Pierre pour s'inscrire. Passé l'étonnement et le sourire amusé, je prends mon courage à deux mains et je demande s'il reste de la place. Réponse positive ! ...Et voilà comment je me retrouve à Saint-Denis avec dix autres personnes (que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam) chez un particulier, à assister au concert plus que privé de mon idole (en comparatif, c'est du niveau de Dylan ou Mick Jagger dans mon échelle de valeur). Tu ramènes ton pack de bière et puis c'est tout : voilà un concept qui me plaît !
Au moment où je me pointe dans le petit studio de JP, AHD roule tranquillement sa clope dans un coin et apparaît beaucoup plus timide que je ne le pensais, au vue des innombrables fois où je les aies vus sur scène. Mais ce type a quelque chose : je ne sais pas si on appelle ça la classe ou le génie, peu importe, mais ça transpire à plein nez. On se serre la pince, mon cœur bat la chamade, je dois sûrement rêver ...
Mais non ... une fois l'ensemble des convives arrivés (soit, comme je l'ai déjà dit, à peine dix personnes), il jouera une heure, seul avec sa guitare folk, et nous, happy few, à écouter religieusement ses chansons (-disponibles sur CD-R-) qui parlent de New York, de ses potes placés en asile psychiatrique, de ses amours déçues et d'un mémorable souvenir de cuite à Barcelone ("Blood And Bile"). Le tout étant toujours placé sur un registre ultrasensible (le côté intimiste étant dans le contexte surdéveloppé), qui te cause d'un truc un peu oublié aujourd'hui : l'humain, avec ses forces et ses (nombreuses) faiblesses.
Le côté folk convient à merveille aux titres d'André, dans toute l'étendue de leur nudité : à titre d'exemple "Only The Shadow Of Myself" est d'une beauté sublimissime, et on ne saura trop recommander son disque de reprise de Dido (ou comment retrouver la beauté originelle de chansons ultra-arrangées à la sauce supermarché), ou encore "Smalltown Boy" des Bronski Beat, qu'il jouera ce soir là à la demande de son hôte.
Je lui demande trois morceaux (mes préférés, avec "I Do The Crabwalk") : "Martin Donovan in Trust", "I'll Come Back When I Come Back" et "Sunny Sunny Cold Cold Day" ... et il les joue. Classe mondiale.
Je ressors de là et je n'en reviens toujours pas, et puis je me dis : pourquoi ne pas faire ça chez moi ? Et voilà comment je me retrouve à envoyer un mail un peu fou où je lui propose de venir jouer à la maison, si le cœur et l'envie lui en disent. Deux mois passent et puis là, miracle, un mail incroyable : 'Si c'est toujours ok, je peux jouer chez toi le 15 janvier ; ça te va ?'.
Et voilà comment AHD est venu jouer chez moi, avec 20 personnes invitées par bouche à oreille (faute de places), dans un salon de 15 m2. Il ne pose comme seule condition qu'une participation de 5 euros pour chaque invité. Arrivée à 20h, pile à l'heure : "Bonjour, je ne suis pas en retard ?'. Il revient de Berlin -où il habite désormais- et reste pour quelques jours à Paris.
Le concert commençant à 21h, ce sera l'occasion de discuter et d'écouter quelques uns de mes disques (quand on y pense, c'est invraisemblable : AHD fouillant dans ma discothèque, et me demandant de passer du Einstürzende Neubauten ...).
Je suis content qu'il apprécie "Breaking Up" des Violent Femmes, qu'apparemment il ne connaissait pas et qui est un des plus beaux morceaux de rock indie que je connaisse, à écouter en version démo. Extraordinaire !
Une fois l'ensemble des invités arrivés, le concert peut commencer. Comme chez Jean-Pierre S., AHD jouera une heure, assis sur la chaise de fortune qui me sert habituellement pour me sustanter. Séquence émotion : je jure que je la regarde différemment aujourd'hui ...
La différence avec les morceaux joués en groupe tient beaucoup au fait qu'il commente les morceaux qu'il va jouer, le tout avec beaucoup d'humour (l'alcoolisme et le super studio du norvégien Saint Thomas avec lequel il venait d'enregistrer à Berlin, ses rêves de retraite en Floride, son poil qui pend du nez et qui le gêne : -'ça ne se voit pas trop ?'-, sa connivence avec les gens qui fument trop, son concert dans un asile psychiatrique où les plus chelous ne sont pas forcément les malades).
André est comme ça : éternellement 'de passage' et en quête de renouvellement ... comme un ami que tu admires, qui fait le tour du monde et qui revient de temps en temps pour te raconter ses histoires, des plus ordinaires aux plus extraordinaires. C'est beatnik, hippie, antifolk ou ce que voulez, mais croyez moi, c'est diablement cool et puis, shit, André est un vrai artiste, authentique et habité : c'est si rare aujourd'hui !
Et puis, mes voisins n'ont pas porté plainte, c'est si rare aussi : comme quoi Herman Düne est peut-être plus consensuel que The Fall.
Bon, voilà : c'était mon souvenir. Tout ça pour dire quoi ? En toute subjectivité : que Mas Cambios est un des plus grands disques de tous les temps (en dépit d'une distribution catastrophique), que Not On Top est selon moi l'album de l'année, qu'il faut les voir sur scène, et puis que Herman Düne est le meilleur groupe du monde qui ne passe pas à la radio (ils ne bénéficient pas du matraquage médiatique à la Devendra Benhart ...).
L'art de jouer de la musique librement, sans frontières et sans préjugés, et de parler au cœur des gens. Tout simplement.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Wildthing |
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