And Also The Trees

Mais à quoi ai-je donc assisté hier soir ?
Pas à un concert....
A un drame Shakespearien mis en musique ?
A un conte fantastique et lugubre joué sur les planches ?
A une interprétation d'un monde peuplé d'hommes errants vêtus de chiffons, de jeunes hommes au pouls faiblissant dont la peau accueille un feu salvateur, de prairies infectées, des paysages inquiétants.
Quoi que ce soit, l'ambiance est lourde, accentuée par cette contrebasse au timbre grave.
Les acteurs sont impliqués dans leur prestation au point d'en oublier le monde qui les entoure, à savoir nous, pauvres spectateurs noyés dans leur univers.
Il suffit en fin de compte de se laisser emporter, d'éviter toute résistance ce qui s'avère finalement assez facile tant la prestation semble sincère.
Le temps d'un instant, au centre d'une des histoires, un homme semble prendre possession du personnage central qui occupe la scène. Son visage voilé d'un manteau, il se mettra à hurler de sa voix abyssale, habité par cet étranger malvenu.
Son "jeu" finira par se calmer pour finir sur une page plus sereine mais pas moins passionnée.

Fin du premier acte. Entracte, comme au théâtre.

Le deuxième acte sera tout aussi habité mais plus mouvementé. Les longues prairies humides et boudeuses semblent avoir mué en un paysage plus contrasté, plus "venté".
Les comptines sont agitées de soubresauts, d'envolées cinglantes. La tension est là, on ne sait jamais quand et si l'orage va éclater. Sensation sur le fil qui m'est si chère.
La guitare, pupitre qui soutient le livre sur lequel est gravé l'histoire racontée, prends une place prépondérante. L'écriture est fluide, répétitive, jonchée d'envolées salvatrices. Du grand art. Le tout appuyé par cette basse soutenant l'édifice, les drums formant un socle inébranlable.
Je me sens envoûté par ces 5 personnages, emmené par cette pièce qu'ils sont en train de bâtir.

Je ne sais toujours pas ce à quoi j'ai assisté hier.
Ce que je sais c'est qu'il y aura une prochaine fois.