Devo

Deux ans après la sortie du dernier opus, à savoir Total Devo, Devo rempile et signe son deuxième album pour Enigma Records.
Mark Mothersbaugh et Jerry Casale ayant composé de la musique durant l'automne/hiver 1989, le groupe est prêt a entrer en studio pour enregistrer ce qui deviendra Smooth Noodle Maps en juin 1990.
C'est le huitième album studio de Devo. Total Devo, le dernier album est loin d'être un succès. La tournée 1987/1988 a remis Devo au top de sa forme, le public et les fans étant au rendez-vous. Seulement, il y a un énorme hic. Les nouvelles compositions de Devo commencent à perdre leur identité et la dés-évolution commence petit-à-petit à disparaitre de l'environnement musical des chansons, alors que c'est pourtant l'élément qui définit l'existence même de ce groupe.

Smooth Noodle Maps, l'album, enchaine une dizaine de morceaux peu marquants. Il n'y a pas vraiment de morceau à sortir du lot.
L'ouverture sur "Stuck In A Loop" ("bloqué dans une boucle") n'est pas vraiment entraînante. Le single "Post Post Modern Man" peine a remplir son rôle de single, quoi qu'étant l'un des morceaux les plus up-tempo et joyeux du disque, il reste sympathique à écouter. "When We Do It" et "Spin The Wheel" sonnent comme tout sauf du Devo. "Morning Dew" est une reprise d'un morceau assez connu des années 60, "(Walk Me Out In The) Morning Dew" par Bonnie Dobson. Le morceau est typique des productions synthpop de la fin des années 80 et n'a rien d'intéressant.
"A Change Is Gonna Cum" sonne comme un générique de dessin animé, "The Big Picture" démontre tous les trucs qu'on peut faire avec un clavier numérique (style Korg M1) et "Pink Jazz Trancers" sonne comme une drôle de chanson jazzy/synthpop peu envoutante. "Jimmy" commence par une drôle d'intro a propos d'un certain Jimmy en chaise roulante. Le morceau me fait penser aux productions cheesy de Jerry Harrison (le clavier des Talking Heads) a la fin des années 80. "Devo Has Feelings Too" sonne comme une sorte de rock teenager mid-90's avec des paroles barrées. Je ne sais pas pourquoi, mais le morceau m'évoque la série Malcolm In The Middle... Va savoir...
L'album se termine sur "Dawghaus", comptine synthpop avec percus bien cheesy à l'appui.

Au final, Smooth Noodle Maps se veut comme la prolongation logique de Total Devo. Pourtant, alors que son prédécesseur proposait au moins deux ou trois morceaux à se mettre sous la dent,SNM ne propose même pas une chanson vraiment excitante En fait, c'est un album de synthpop tout à fait classique qui sonne comme tout sauf du Devo. On est bien loin de l'ère Freedom Of Choice ou même Oh No ! It's Devo...

Cet album de 1990 reste a ce jour l'échec le plus marquant de la discographie de Devo, autant au niveau critique que financier. Le crash de la maison de disque quelques mois plus tard n'aidera en rien l'affaire. A mon sens, je ressens SNM comme un album dû a la maison de disque. Le groupe n'ayant plus vraiment l'envie de continuer avec eux, ils sont tout de même obligés de composer, ce qui donnera naissance aux onze pistes chroniquées ici.
En automne 1990, Devo donnera une tournée européenne qui sera vite abandonnée a cause des ventes de tickets trop faibles. Le groupe y signera son dernier passage en France (Lille) avant un certain temps. En 1991, après un dernier concert, le groupe se sépare. A l'ère de la techno et du grunge, Devo devient un dinosaure qui n'intéresse plus personne (sauf les fans hardcore, bien sûr). Mark Mothersbaugh lancera avec son frère Bob Mutato Musika pendant que Jerry Casale commencera sa carrière de réalisateur de clips et de pubs.
Bizarrement, les membres de Devo intègrent une société qu'ils ont toujours rechignés même pas dix ans auparavant. Drôle d'ironie.
Le groupe se reformera en 1996 et continuera dès lors à tourner. Cela mènera t-il a un nouvel album ? Il faudra attendre vingt ans pour le découvrir...