The Mountain Goats
Beat The Champ |
Label :
Merge |
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Si je m'attendais à apprécier ce disque... Faut dire qu'un concept album sur le thème du catch, bon. Y a plus sexy, pour moi. Mais dès lors que le bouton play est pressé, on oublie le décorum, le concept (d'autant plus facilement qu'on est francophone). Ne reste plus alors que monsieur Darnielle et ses couilles posées sur la table. À la vue des parties intimes de l'américain, je suis d'abord resté déconcerté. C'est que nous n'avions pas été présenté vous voyez... Pourtant ce ne sont pas les occasions qui ont manqué, tant John Darnielle - au sein de ses Mountain Goats – fait partie de ces gars trainant derrière lui une discographie prolifique, voire pléthorique. Le genre hyperactif, m'voyez ? Toujours quelque chose à dire, et ce depuis l'aube des années 90 – semble-t-il avec des disques pas toujours écoutables dans ses débuts, du genre enregistrés avec un magnéto 1 piste et demie dans la cave de grand mère (ah non merde, ça c'est Willis Earl Beal). Rien de tel ici en tout cas, le son est propre, la prod punchie et le père Darnielle bien décidé à nous mettre des claques – plutôt des biffles, si vous me suivez toujours.
On se connait à peine, et voilà déjà que le mec s'excite dans le creux de mon oreille, flippe avant d'entrer sur scène, pète un câble sur le ring, pleurniche à propos de ses héros d'enfance avec sa voix de gringalet nasillard... L'ami Johnny vit son truc, comme un gosse nous racontant avec des étoiles dans les yeux son adoration pour ces grandes et massives silhouettes colorées qui se castagnent avec moult acrobaties improbables sous la puissante lumière des projecteurs. Et là où il fait fort, c'est non seulement qu'il se met dans le crâne que ça va intéresser le péquenaud lambda, ses histoires de catch à deux francs, mais en plus qu'il y parvient haut la main. Il faut dire qu'il ne s'y prend pas n'importe comment non plus. Déjà, pour un singer-songwriter officiant dans ce style, le moins qu'on puisse dire c'est que le John a soigné ses instrus. L'écrin est classe, les vents, cuivres et cordes subtils (voire carrément envoûtant, notamment sur le prologue "Southwestern Territory" ou sur l'étonnante deuxième moitié instrumentale de "Heel Turn 2"). Pas forcément de la plus grande originalité, parfois très basique, mais tout est suffisamment léché, poli, de quoi laisser surtout au John tout le loisir de donner de la voix. Alors certes, je le laissais entendre un peu plus haut, le gars n'a pas la plus gracieuse ni la plus puissante des voix ; quand il s'énerve on a l'impression d'entendre Andrew Falkous qui aurait mâchonné Jello Biafra et que ça aurait rendu constipé. Le reste du temps, ça pourrait aussi bien être ton pote indé du coin de la rue qui chante du nez. Mais tout cela compte peu dans la balance lorsqu'on entend le Darnielle donner tout ce qu'il ; le chanteur n'en est pas vraiment un, c'est plutôt un grand comédien qui semble jouer l'histoire de sa vie (le cycle éternel), incarnant personnage après personnage avec une force parfois stupéfiante. Ecoutez-le seulement personnifier le "Werewolf" avec une hargne presque animale, ou se rappeler le môme qu'il était, idolâtrant Chavo Guerrero, allant jusqu'à personnellement haïr ses ennemis, en réglant au passage ses comptes avec son père.
Cette passion, cette fameuse paire de couilles, est bien la première chose qui m'aura vraiment marqué à l'abord de Beat The Champ, et avec un peu de recul c'est bien elle qui l'emporte sur tout le reste. C'est elle que je retiendrai, même avant ces paroles que Darnielle compose pourtant admirablement, entourant ces portraits d'hommes, ces grandes silhouettes branlantes, d'un bel art de storytelling à sa manière ; plantant le contexte avec quelques bons mots, et donnant une valeur toute particulière à des petits détails, des artefacts sortis tout droit de son passé ; un masque qui tombe, la pratique du Hair Match, telle technique culte, telle anecdote risible... Une porte vers l'intime, quoi. Nous n'avions pas été présentés, pourtant j'ai l'impression qu'à sa façon simple et inattendue John fait un peu partie de moi désormais. En tout cas, il s'est niché une belle petite place au sein de mes tympans, au moins pour cette année 2015. Pour un peu, j'aurais presque envie d'aller me mater un combat de catch à la téloche... Presque.
On se connait à peine, et voilà déjà que le mec s'excite dans le creux de mon oreille, flippe avant d'entrer sur scène, pète un câble sur le ring, pleurniche à propos de ses héros d'enfance avec sa voix de gringalet nasillard... L'ami Johnny vit son truc, comme un gosse nous racontant avec des étoiles dans les yeux son adoration pour ces grandes et massives silhouettes colorées qui se castagnent avec moult acrobaties improbables sous la puissante lumière des projecteurs. Et là où il fait fort, c'est non seulement qu'il se met dans le crâne que ça va intéresser le péquenaud lambda, ses histoires de catch à deux francs, mais en plus qu'il y parvient haut la main. Il faut dire qu'il ne s'y prend pas n'importe comment non plus. Déjà, pour un singer-songwriter officiant dans ce style, le moins qu'on puisse dire c'est que le John a soigné ses instrus. L'écrin est classe, les vents, cuivres et cordes subtils (voire carrément envoûtant, notamment sur le prologue "Southwestern Territory" ou sur l'étonnante deuxième moitié instrumentale de "Heel Turn 2"). Pas forcément de la plus grande originalité, parfois très basique, mais tout est suffisamment léché, poli, de quoi laisser surtout au John tout le loisir de donner de la voix. Alors certes, je le laissais entendre un peu plus haut, le gars n'a pas la plus gracieuse ni la plus puissante des voix ; quand il s'énerve on a l'impression d'entendre Andrew Falkous qui aurait mâchonné Jello Biafra et que ça aurait rendu constipé. Le reste du temps, ça pourrait aussi bien être ton pote indé du coin de la rue qui chante du nez. Mais tout cela compte peu dans la balance lorsqu'on entend le Darnielle donner tout ce qu'il ; le chanteur n'en est pas vraiment un, c'est plutôt un grand comédien qui semble jouer l'histoire de sa vie (le cycle éternel), incarnant personnage après personnage avec une force parfois stupéfiante. Ecoutez-le seulement personnifier le "Werewolf" avec une hargne presque animale, ou se rappeler le môme qu'il était, idolâtrant Chavo Guerrero, allant jusqu'à personnellement haïr ses ennemis, en réglant au passage ses comptes avec son père.
Cette passion, cette fameuse paire de couilles, est bien la première chose qui m'aura vraiment marqué à l'abord de Beat The Champ, et avec un peu de recul c'est bien elle qui l'emporte sur tout le reste. C'est elle que je retiendrai, même avant ces paroles que Darnielle compose pourtant admirablement, entourant ces portraits d'hommes, ces grandes silhouettes branlantes, d'un bel art de storytelling à sa manière ; plantant le contexte avec quelques bons mots, et donnant une valeur toute particulière à des petits détails, des artefacts sortis tout droit de son passé ; un masque qui tombe, la pratique du Hair Match, telle technique culte, telle anecdote risible... Une porte vers l'intime, quoi. Nous n'avions pas été présentés, pourtant j'ai l'impression qu'à sa façon simple et inattendue John fait un peu partie de moi désormais. En tout cas, il s'est niché une belle petite place au sein de mes tympans, au moins pour cette année 2015. Pour un peu, j'aurais presque envie d'aller me mater un combat de catch à la téloche... Presque.
Très bon 16/20 | par X_Wazoo |
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