Eleven
Eleven |
Label :
Hollywood |
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1993. La vague grunge a déjà bien érodé la navigation musicale des nineties, propulsant à nouveau ce bon vieux rock sur le devant de la scène, après quelques années d'errance en mer. Le trio californien met ici cette énergie retrouvée au service de son savoir-faire mélodique. La férocité du riff grinçant de "Crash Today" annonce la couleur sans faire dans la demi-mesure : pour son deuxième album, Eleven fait peau neuve, et lourdement pencher la balance du côté rock. C'est la première constatation ; le son est sec, puissant. Awake In A Dream avait les pieds pris dans les productions 80‘s, celui-ci est d'une sobriété indémodable, de celles qui traversent les années pour faire profiter de son efficacité à l'auditeur quelque soit son époque. On nous dirait que la galette serait sortie la semaine dernière qu'on y verrait que du feu.
Et ce feu, c'est celui de la création... pardon, de la créativité. Eleven s'adapte à merveille à la musculature rock, muant son répertoire soul-pop en hybride grunge. Ses guitares baveuses, de main de maître par Alain Johannes, dégoulinent à grosses gouttes dans nos oreilles, tandis que l'audace de l'orgue de Natasha Shneider se fait moins pop, et brode des ambiances sur les titres, avec de petits écarts ténébreux. Ses compositions, en équilibre entre le single et la recherche harmonique extrême (le curieux "Hieronymus"), font naviguer le groupe dans ces territoires que lui seul connaît, nous guidant uniquement par la facture rock de la production. Ce paysage soul-rock solaire qu'on ne voit pas tous les jours, dont la gaieté est ici légèrement atténuée par plus de sobriété dans les harmonies vocales. Car ici, ses chants soul, d'une fièvre communicatrice, préfèrent la plupart du temps se passer le relais d'une chanson à l'autre, plutôt que de communier... Le costaud "Heavy" remettra heureusement les pendules à l'heure en fin de disque. Le groupe, comme on dit, "reste le même, mais a bien changé", et les mots "étrange" ou "bancal" résonnent tout au long des dix titres. Même la présence de la pépite "Reach Out", dont le refrain entêtant aux allures d'hymne l'a érigé en titre phare du groupe, ne fait pas d'Eleven un album accrocheur à proprement parler. Mystérieux lorsqu'on sait qu'il est souvent cité comme leur meilleur disque... Il est peut être même moins bon que le précédent, qui contenaient des chansons plus attachantes malgré tout ce qu'on peut lui reproché en terme de production et de fantaisies pas très rock'n'roll.
Si bien que de son modeste et différent rock, l'éponyme d'Eleven semble parfois annoncer l'éponyme d'Alice In Chains, deux ans à l'avance. Soit un chef-d'œuvre qui n'en est pas un, comme une belle femme entièrement brûlée au troisième degrés. L'angoissant "Ava Tar" suffit pour convaincre. Et pour souligner davantage l'importance de cet album, à l'écoute de sa puissante production sans âge et de titres comme "Yes, Alright" et son refrain aride, on pourrait se permettre de conclure qu'Eleven a très certainement servi de matrice à la formule de Queens Of The Stone Age. Indice : Led Zep', Nirvana, Screaming Trees, Eleven... Tout ce qui influence le grand rouquemoute fini en studio et sur scène avec lui... Et le couple Johannes-Shneider seront de fidèles abonnés ! Il ne manque pas grand chose pour faire de ce second opus un petit classique oublié...
Et ce feu, c'est celui de la création... pardon, de la créativité. Eleven s'adapte à merveille à la musculature rock, muant son répertoire soul-pop en hybride grunge. Ses guitares baveuses, de main de maître par Alain Johannes, dégoulinent à grosses gouttes dans nos oreilles, tandis que l'audace de l'orgue de Natasha Shneider se fait moins pop, et brode des ambiances sur les titres, avec de petits écarts ténébreux. Ses compositions, en équilibre entre le single et la recherche harmonique extrême (le curieux "Hieronymus"), font naviguer le groupe dans ces territoires que lui seul connaît, nous guidant uniquement par la facture rock de la production. Ce paysage soul-rock solaire qu'on ne voit pas tous les jours, dont la gaieté est ici légèrement atténuée par plus de sobriété dans les harmonies vocales. Car ici, ses chants soul, d'une fièvre communicatrice, préfèrent la plupart du temps se passer le relais d'une chanson à l'autre, plutôt que de communier... Le costaud "Heavy" remettra heureusement les pendules à l'heure en fin de disque. Le groupe, comme on dit, "reste le même, mais a bien changé", et les mots "étrange" ou "bancal" résonnent tout au long des dix titres. Même la présence de la pépite "Reach Out", dont le refrain entêtant aux allures d'hymne l'a érigé en titre phare du groupe, ne fait pas d'Eleven un album accrocheur à proprement parler. Mystérieux lorsqu'on sait qu'il est souvent cité comme leur meilleur disque... Il est peut être même moins bon que le précédent, qui contenaient des chansons plus attachantes malgré tout ce qu'on peut lui reproché en terme de production et de fantaisies pas très rock'n'roll.
Si bien que de son modeste et différent rock, l'éponyme d'Eleven semble parfois annoncer l'éponyme d'Alice In Chains, deux ans à l'avance. Soit un chef-d'œuvre qui n'en est pas un, comme une belle femme entièrement brûlée au troisième degrés. L'angoissant "Ava Tar" suffit pour convaincre. Et pour souligner davantage l'importance de cet album, à l'écoute de sa puissante production sans âge et de titres comme "Yes, Alright" et son refrain aride, on pourrait se permettre de conclure qu'Eleven a très certainement servi de matrice à la formule de Queens Of The Stone Age. Indice : Led Zep', Nirvana, Screaming Trees, Eleven... Tout ce qui influence le grand rouquemoute fini en studio et sur scène avec lui... Et le couple Johannes-Shneider seront de fidèles abonnés ! Il ne manque pas grand chose pour faire de ce second opus un petit classique oublié...
Très bon 16/20 | par X_YoB |
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