Deus

Le type qui lit l'étiquette collée sur le sixième album de dEUS se réjouira : il est écrit "Le meilleur album depuis The Ideal Crash". Hourra! Au bout de douze années à être resté cloîtré dans le tiercé discographique gagnant à en devenir exaspérant, un espoir surgira en lui tout en le faisant suggérer de garder de la prudence. La première écoute ne réussira pas à le sortir de la bouderie. Oh non! Keep You Close est banal au premier abord. Au deuxième aussi. Ça n'encouragera pas! L'admirateur redeviendra réticent et replongera dans sa nostalgie. Si seulement on pouvait le convaincre, avec un bon coup de pied dans le cul s'il le faut, d'aller voir son groupe belge en concert. Il se bougera pour décoller sur le nerveux "Ghost", lui le malheureux en mal de "Instant Street" (toujours joué sur scène faut-il préciser). Il sera conquis par les lents et brûlants "Twice (We Survive)" et "Easy". "Bien, c'est un bon début!", lui dira-t-on. Le temps fera le reste!

Et le temps arrange bien les choses comme d'apprécier Tom Barman posant une voix de crooner, parlant d'un amour passé entre les refrains et rappelle parfois la sensualité de feu Mark Sandman (le chanteur/bassiste de Morphine) sur le paisible "The End Of Romance", titre soulevé par une belle brise de basse et des arrangements délicats. Une critique extérieure a évoqué la musique de Lalo Schifrin, compositeur dans l'univers du cinéma : la partie tribale de "Dark Sets In" contient des éléments le rapprochant du générique d'ouverture d'un film Malpaso sur un célèbre flic aux méthodes expéditives. Des choses se révèlent. Bien sûr, il y aura toujours des rabat-joie qui reprocheront à dEUS d'être encore statique et manquant de folie à tort ou à raison. On ne conseillerait pour les récalcitrants de prendre le temps avant d'abattre définitivement leur éteignoir sur la flamme. Keep You Close est un grand album? Cela se peut! Il est déjà bon, ce que l'étiquette racoleuse n'a pas fait mentir!