Bob Mould

Le "This One Is For Me", apose en caractères d'imprimerie discrets a la dernière ligne du livret accompagnant le disque, résume bien la démarche de Bob Mould. Cet album qui porte simplement son nom est le travail d'un seul. Le résultat est intimiste la plupart du temps, sans toutefois délaisser les chansons catchy qui ont fait la réputation de l'homme. La basse sur "Anymore Time Between" commence le disque dans une tristesse pesante, de laquelle nous ne sommes pas exclus mais plutot hapes. La reverberation est colossale et on se sent tomber dans un trou sans fond, comme aspire par la conduite d'un evier, telle une eau impropre dont on doit se debarasser. "I Hate Alternative Rock" renoue avec le passe. Les bons gros riffs lineaires et races du temps de Sugar. "Next Time That You Leave" est d'une sincerite prenante. Bob Mould y deballe sa tristesse sans complexes et nous la fait partager en abordant le theme de la rupture. "Thumbtack" est probablement la plus belle chanson de l'album. Seul avec sa guitare, Mould se fait conteur boulversant chantant avec tout son coeur des paroles superbes. "Hair Stew" la chanson qui fait suite est egalement une reussite. Le charley, la basse profonde et ces grincements agressifs nous font penetrer dans une melancolie genante ou nulle joie ne peut trouver sa place. "Deep Karma Canyon" renoue avec l'optimisme apres ce doubl[e] petrifiant, avec des melodies geniales, des choeurs bien maitrises, des guitares intelligemment menees. Cela rechauffe le coeur et c'est tant mieux. "Art Crisis" a indubitablement inspire le groupe Samiam au niveau du travail melodique et des sonorites de six cordes. "Roll Over And Die" termine l'opus dans une complete ambivalence. En effet, cet album est veritablement biface, se partageant entre melancolie paralysante et sursauts toniques. Sans mievrie, Bob Mould a dit ce qu'il avait sur le coeur, s'est delivre ; et cela pour le meilleur et pour le pire.