Bob Mould
Workbook |
Label :
Virgin |
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Le premier album solo de Bob Mould post-Hüsker Dü commence par un geste fort : un petit instrumental folkisant en solo que n'auraient pas renié les guitar-heroes des années 70, de Jimmy Page à Steve Hackett. Pas très punk comme attitude pour l'un des ex-piliers du label qui a fait éclore le hardcore californien ? Sans doute, mais le grand Bob a toujours revendiqué le double héritage du punk et du folk-rock halluciné des hippies, ne serait-ce qu'à travers la reprise speedée du "Eight Miles High" des Byrds par son ancien trio.
Du folk-rock, c'est un peu ce qu'on attendrait en regardant la pochette de Workbook sans connaître le bonhomme ni sa musique : une violoncelliste figure en bonne place dans les crédits, et au verso de la pochette, une photo de Bob assis sur une chaise dans une maison qui sent bon l'Amérique rurale. Pour ma part, c'est quand j'ai su que cet album était revendiqué comme influence par ses potes de R.E.M. pour leur sublime Automatic For The People que je me suis jeté dessus comme un mort de faim.
Ce n'est pourtant pas non plus du folk-rock de hippies. L'intention est bien énervée comme il faut, aussi bien dans la voix que dans passages bien rock avec la disto qui va bien. Mais même dans ces moments, les arrangements restent sobres. Il faut dire que le grand Bob s'est entouré d'une fine équipe : outre la violoncelliste Jane Scarpantoni, piquée à... R.E.M. - elle a officié sur Green - la section rythmique se compose d'Anton Fier, batteur passé par quantité de groupes cultes pour la plupart new-yorkais, des Lounge Lizards aux Feelies, et du bassiste Tony Maimone, ancien comparse d'Anton dans Père Ubu. Et Bob Mould aux guitares, électriques et acoustiques, donc.
Vous devez donc avoir déjà compris qu'on ne va pas retrouver sur cet album les bombinettes power-pop immédiates qu'il composera pour Sugar - groupe bien nommé - une paire d'années plus tard. Il doit d'abord purger la frustration accumulées au cours des sept années passées au sein de Hüsker Dü. Et il le fait magnifiquement : outre "See A Little Light", le grand classique de sa carrière solo, au point de servir de titre à sa passionnante autobiographie, on peut citer "Poison Years", et ma préférée, "Brasília Crossed With Trenton", longue complainte acoustique qui transpire de rage et qui aurait pu durer quatre minutes de plus sans que j'arrive à me lasser de l'écouter. Sur cet album, Bob Mould exploite comme jamais les qualités techniques de ses musiciens pour aller chercher des rythmiques et des structures un peu plus tortueuses qu'à l'accoutumée, comme ce "Whichever Way The Wind Blows" qui clôt l'album dans le fracas et la fureur en allant taquiner sur leur terrain - intentionnellement ? - les jeunes pousses de Seattle qui commencent tout juste à éclore.
Bref, un album de transition entre Hüsker Dü et Sugar, mais aussi entre l'aventureux underground américain des années 80 et l'indie-rock plus chiadé des années 90. Et à coup sûr, un album à (re)découvrir.
Du folk-rock, c'est un peu ce qu'on attendrait en regardant la pochette de Workbook sans connaître le bonhomme ni sa musique : une violoncelliste figure en bonne place dans les crédits, et au verso de la pochette, une photo de Bob assis sur une chaise dans une maison qui sent bon l'Amérique rurale. Pour ma part, c'est quand j'ai su que cet album était revendiqué comme influence par ses potes de R.E.M. pour leur sublime Automatic For The People que je me suis jeté dessus comme un mort de faim.
Ce n'est pourtant pas non plus du folk-rock de hippies. L'intention est bien énervée comme il faut, aussi bien dans la voix que dans passages bien rock avec la disto qui va bien. Mais même dans ces moments, les arrangements restent sobres. Il faut dire que le grand Bob s'est entouré d'une fine équipe : outre la violoncelliste Jane Scarpantoni, piquée à... R.E.M. - elle a officié sur Green - la section rythmique se compose d'Anton Fier, batteur passé par quantité de groupes cultes pour la plupart new-yorkais, des Lounge Lizards aux Feelies, et du bassiste Tony Maimone, ancien comparse d'Anton dans Père Ubu. Et Bob Mould aux guitares, électriques et acoustiques, donc.
Vous devez donc avoir déjà compris qu'on ne va pas retrouver sur cet album les bombinettes power-pop immédiates qu'il composera pour Sugar - groupe bien nommé - une paire d'années plus tard. Il doit d'abord purger la frustration accumulées au cours des sept années passées au sein de Hüsker Dü. Et il le fait magnifiquement : outre "See A Little Light", le grand classique de sa carrière solo, au point de servir de titre à sa passionnante autobiographie, on peut citer "Poison Years", et ma préférée, "Brasília Crossed With Trenton", longue complainte acoustique qui transpire de rage et qui aurait pu durer quatre minutes de plus sans que j'arrive à me lasser de l'écouter. Sur cet album, Bob Mould exploite comme jamais les qualités techniques de ses musiciens pour aller chercher des rythmiques et des structures un peu plus tortueuses qu'à l'accoutumée, comme ce "Whichever Way The Wind Blows" qui clôt l'album dans le fracas et la fureur en allant taquiner sur leur terrain - intentionnellement ? - les jeunes pousses de Seattle qui commencent tout juste à éclore.
Bref, un album de transition entre Hüsker Dü et Sugar, mais aussi entre l'aventureux underground américain des années 80 et l'indie-rock plus chiadé des années 90. Et à coup sûr, un album à (re)découvrir.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Myfriendgoo |
NB: la version Workbook 25, sortie en 2014 pour le 25eme anniversaire de l'album, comprend un deuxième CD avec un magnifique live au Cabaret Metro de Chicago (14 mai 1989).
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