Tim Buckley
Honeyman |
Label :
Manifesto |
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Nous sommes en 1973.
L'âge d'or de Tim Buckley est derrière lui. Finis les Goodbye & Hello, Starsailor et autres Happy Sad. La dernière publication en date du troubadour magnifique est un album fade appelé Sefronia. L'inspiration de Buckley semble n'être plus que l'ombre d'elle-même, l'homme même dégringole, comme en témoigne la pochette de Sefronia qui le montre précocement vieilli, le visage marqué par l'alcool et les drogues. Du beau ménestrel talentueux de jadis ne subsiste alors qu'un ersatz funky. Bon remarquez, ça a l'air de lui plaire à lui ; les témoignages de l'époque le décrivent comme systématiquement enjoué par ce qu'il chante et compose. Mais force est de constater que Tim n'est pas fait pour briller dans le funk blanc qui se trouve être sa nouvelle passion. Avec Greetings From L.A., son premier (bon) essai funk, son équipe de musiciens a logiquement changé du tout au tout pour mieux aborder et assumer son virage artistique.
Dans la tracklist du concert, on retrouvera donc les morceaux du tout nouveau Sefronia que Buckley tient à défendre devant ses fans, mais aussi des réminiscences de Goodbye & Hello ("Pleasent Street"), Happy Sad ("Buzzin' Fly") ou du récent Greetings... ("Sweet Surrender", "Get On Top", "Devil Eyes").
Mais surtout, pour ouvrir le bal, le papa Buckley nous offre probablement la plus belle interprétation du disque, une reprise du songwriter américain Fred Neil ; "Dolphins", interprétée sobrement (à l'inverse du reste du concert). Peut-être la seule chanson qui justifie vraiment l'achat du disque.
Bon, je vous laisse présager le pire depuis tout à l'heure, mais c'est loin d'être un désastre en fin de compte. Car si l'inspiration du Monsieur bat sérieusement de l'aile, sa voix est toujours présente, son étendue et sa maîtrise restent impressionnantes, le groupe est bon et la qualité de prise de son est optimale.
Le vrai problème de ce live, c'est bien la dénaturation des primes compositions de Buckley, qui se trouvent ici fusionnées avec le funk-groovy-sexy dont il semble s'est entiché. "Buzzin' Fly", par exemple, qui était à l'origine un morceau léger, insouciant et élégant, est considérablement alourdi par la rythmique du groupe et perd en profondeur ce qu'il gagne en groove. La petite mouche de la chanson vrombit et se déhanche au lieu de doucement taquiner, et c'est bien dommage ! Mais l'exemple le plus frappant est encore "Pleasent Street". A vrai dire, c'est probablement de l'interprétation que fait Buckley de cette chanson que me vient ma dent contre ce live. Le bijou de Goodbye... perd d'un coup tout son lyrisme, son épique, et en définitive toute son émotion. Ce qui était départ une épopée émotionnelle se transforme en exercice technique pour le groupe. Et Buckley de se perdre en logorrhées vocales épuisantes...
En revanche, et pour finir sur les points positifs (quand même !), les chansons de Sefronia et Greetings... s'en tirent avec les honneurs, l'énergie live leur donnant une ampleur qu'ils n'avaient pas forcément sur le disque. "Get On Top" en est le meilleur exemple, où Tim nous délivre une prestation vocale de haute voltige ! Là, je dis oui aux égarements vocaux. C'est sur ce type de chanson que Sexy-Tim peut se livrer à coeur joie à des débordements inhérents aux chanteurs funk. Dans le même esprit, "Devil's Eyes", "Sweet Surrender" et "Honeyman" sont réussis et parviennent malgré tout à nous faire passer un agréable moment.
Buckley ne le sait pas encore, mais la fin est proche pour lui. Son overdose le terrassera dans un peu plus d'un an. Et s'il fera encore bien pire que Sefronia dans son ultime album Look At The Fool, il reste au moins un témoignage live pour nous affirmer que Tim Buckley était encore capable de délivrer une bonne performance.
L'âge d'or de Tim Buckley est derrière lui. Finis les Goodbye & Hello, Starsailor et autres Happy Sad. La dernière publication en date du troubadour magnifique est un album fade appelé Sefronia. L'inspiration de Buckley semble n'être plus que l'ombre d'elle-même, l'homme même dégringole, comme en témoigne la pochette de Sefronia qui le montre précocement vieilli, le visage marqué par l'alcool et les drogues. Du beau ménestrel talentueux de jadis ne subsiste alors qu'un ersatz funky. Bon remarquez, ça a l'air de lui plaire à lui ; les témoignages de l'époque le décrivent comme systématiquement enjoué par ce qu'il chante et compose. Mais force est de constater que Tim n'est pas fait pour briller dans le funk blanc qui se trouve être sa nouvelle passion. Avec Greetings From L.A., son premier (bon) essai funk, son équipe de musiciens a logiquement changé du tout au tout pour mieux aborder et assumer son virage artistique.
Dans la tracklist du concert, on retrouvera donc les morceaux du tout nouveau Sefronia que Buckley tient à défendre devant ses fans, mais aussi des réminiscences de Goodbye & Hello ("Pleasent Street"), Happy Sad ("Buzzin' Fly") ou du récent Greetings... ("Sweet Surrender", "Get On Top", "Devil Eyes").
Mais surtout, pour ouvrir le bal, le papa Buckley nous offre probablement la plus belle interprétation du disque, une reprise du songwriter américain Fred Neil ; "Dolphins", interprétée sobrement (à l'inverse du reste du concert). Peut-être la seule chanson qui justifie vraiment l'achat du disque.
Bon, je vous laisse présager le pire depuis tout à l'heure, mais c'est loin d'être un désastre en fin de compte. Car si l'inspiration du Monsieur bat sérieusement de l'aile, sa voix est toujours présente, son étendue et sa maîtrise restent impressionnantes, le groupe est bon et la qualité de prise de son est optimale.
Le vrai problème de ce live, c'est bien la dénaturation des primes compositions de Buckley, qui se trouvent ici fusionnées avec le funk-groovy-sexy dont il semble s'est entiché. "Buzzin' Fly", par exemple, qui était à l'origine un morceau léger, insouciant et élégant, est considérablement alourdi par la rythmique du groupe et perd en profondeur ce qu'il gagne en groove. La petite mouche de la chanson vrombit et se déhanche au lieu de doucement taquiner, et c'est bien dommage ! Mais l'exemple le plus frappant est encore "Pleasent Street". A vrai dire, c'est probablement de l'interprétation que fait Buckley de cette chanson que me vient ma dent contre ce live. Le bijou de Goodbye... perd d'un coup tout son lyrisme, son épique, et en définitive toute son émotion. Ce qui était départ une épopée émotionnelle se transforme en exercice technique pour le groupe. Et Buckley de se perdre en logorrhées vocales épuisantes...
En revanche, et pour finir sur les points positifs (quand même !), les chansons de Sefronia et Greetings... s'en tirent avec les honneurs, l'énergie live leur donnant une ampleur qu'ils n'avaient pas forcément sur le disque. "Get On Top" en est le meilleur exemple, où Tim nous délivre une prestation vocale de haute voltige ! Là, je dis oui aux égarements vocaux. C'est sur ce type de chanson que Sexy-Tim peut se livrer à coeur joie à des débordements inhérents aux chanteurs funk. Dans le même esprit, "Devil's Eyes", "Sweet Surrender" et "Honeyman" sont réussis et parviennent malgré tout à nous faire passer un agréable moment.
Buckley ne le sait pas encore, mais la fin est proche pour lui. Son overdose le terrassera dans un peu plus d'un an. Et s'il fera encore bien pire que Sefronia dans son ultime album Look At The Fool, il reste au moins un témoignage live pour nous affirmer que Tim Buckley était encore capable de délivrer une bonne performance.
Pas mal 13/20 | par X_Wazoo |
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