Chris Garneau
El Radio |
Label :
Fargo |
||||
Premier titre. Un harmonium, deux accords graves. On entre dans le disque sur la pointe des pieds. Mais ce ne sont plus un violoncelle et quelques instruments épars qui accompagnent le piano et la voix frêle de Chris Garneau, ce sont de grands entrelacs de cordes tragiques, presque comme s'il en pleuvait. Et la voix de Chris Garneau devient à mi-course insistante, comme s'il en pleurait. La déception est de taille : au bout de quelques minutes, le petit ange new-yorkais me casse déjà les pieds. Non pas que mon affection pour Music For Tourists se soit effritée avec le temps, bien au contraire, mais Chris barbotte dans ce qu'il avait si brillamment évité sur son premier album : l'emphase. On reconnaît souvent un grand artiste lorsque la frontière entre le magnifique et le ridicule devient floue. Car ce sont les conceptions du magnifique et du ridicule qui vacillent en nous. L'artiste devient ainsi essentiel, en nous remettant en question de cette manière. Chris, minimaliste, nous chantait ses chansons très noires dans le creux de l'oreille, d'une voix parfois trop affectée, mais rien à faire : je me retrouvai l'oreille battante, le coeur sensible au moindre souffle. Bien sûr, il n'est pas si facile de tenir longtemps sur un fil, à moins d'être un grand funambule... Et là, en 2009, le fil casse.
Toujours sur le même morceau, "Just Go!" larmoie Garneau bien trop près de mon oreille, alors que, bien qu'énervé, je n'ai pas envie de partir (pas encore). Le coeur se soulève d'écoeurement, et dans l'attente du morceau suivant, j'espère que l'éponge sera passée dans un geste plein de grâce, tout en réfrénant cette pensée : "au prochain dérapage, je te louperai pas". "Dirty Night Clows" prend le total contre-pied du cette introduction sombrement pompière, sans pour autant abandonner ces inquiétants arrangements surchargés. Chris Garneau nous la joue Danny Elfman, et ça ne marche pas du tout. Espiègle, volontairement charmeuse, pleine de choeurs, de breaks de cordes et de flûte, cette chanson reste sympathique, mais quelque peu racoleuse. Je me sent embarqué de force dans un univers très balisé. Il n'y a pas assez de place pour placer un petit rêve personnel entre deux accords de piano, puisque de toute façon ils se retrouvent vite couverts par d'autres arrangements faussement originaux, bien tassés dans des compos qui manquent d'air. Malgré un début émouvant, où on retrouve, dans un motif de valse aux accords plaqués, tout le charme subtil des chansons de Chris Garneau, "Raw And Awake" éclate en une procession solennelle. Les trombones boursouflés du Final Cut de Pink Floyd s'incrustent dans la petite chambre d'hôtel du XXIème siècle, l'inondant de leurs larmes. Toujours pas envie de sortir le fusil ou la serpillère, je suis trop tolérant sans doute. Par contre, vite, de l'air, ouvrir la fenêtre!!
Bon, je ne vais pas passer les morceaux un par un pour les démolir consciencieusement, ce serait fastidieux, et inutilement méchant. En plus j'écris des chroniques trop longues. Je vais donc essayer de faire synthétique cette fois (ce qui est déjà raté).
D'ailleurs, la seule chose qu'on pouvait reprocher à Music For Tourists c'était peut-être d'être trop long (dans sa version américaine de 14 titres), compte tenu de son calme homogène. Il est clair que Chris Garneau écourte et diversifie son propos, fait le grand écart entre instants enjoués et instants très sombres, et joue toujours aussi bien du piano. El Radio est un album ambitieux, trop ambitieux, où les chanson démarrent souvent très bien pour être vite rattrapées par des arrangements inexcusables. Parfois, seulement un détail décrédibilise le morceau entier. Que ce soit un trombone, une voix qui en fait trop ou une gamine qui chante avec Chris pendant quelques secondes, sur un "Over And Over" plus niais qu'attendrissant. L'enfance est belle quand on l'évoque, pas quand on la singe grossièrement.
L'utisation d'un boîte à musique esseulée (préparée ?) vers la fin du disque aura relevé un peu ma note, mais pas fait partir une furieuse léthargie à l'écoûte de ce pétard féérique mal trempé. Sans rancune...
Toujours sur le même morceau, "Just Go!" larmoie Garneau bien trop près de mon oreille, alors que, bien qu'énervé, je n'ai pas envie de partir (pas encore). Le coeur se soulève d'écoeurement, et dans l'attente du morceau suivant, j'espère que l'éponge sera passée dans un geste plein de grâce, tout en réfrénant cette pensée : "au prochain dérapage, je te louperai pas". "Dirty Night Clows" prend le total contre-pied du cette introduction sombrement pompière, sans pour autant abandonner ces inquiétants arrangements surchargés. Chris Garneau nous la joue Danny Elfman, et ça ne marche pas du tout. Espiègle, volontairement charmeuse, pleine de choeurs, de breaks de cordes et de flûte, cette chanson reste sympathique, mais quelque peu racoleuse. Je me sent embarqué de force dans un univers très balisé. Il n'y a pas assez de place pour placer un petit rêve personnel entre deux accords de piano, puisque de toute façon ils se retrouvent vite couverts par d'autres arrangements faussement originaux, bien tassés dans des compos qui manquent d'air. Malgré un début émouvant, où on retrouve, dans un motif de valse aux accords plaqués, tout le charme subtil des chansons de Chris Garneau, "Raw And Awake" éclate en une procession solennelle. Les trombones boursouflés du Final Cut de Pink Floyd s'incrustent dans la petite chambre d'hôtel du XXIème siècle, l'inondant de leurs larmes. Toujours pas envie de sortir le fusil ou la serpillère, je suis trop tolérant sans doute. Par contre, vite, de l'air, ouvrir la fenêtre!!
Bon, je ne vais pas passer les morceaux un par un pour les démolir consciencieusement, ce serait fastidieux, et inutilement méchant. En plus j'écris des chroniques trop longues. Je vais donc essayer de faire synthétique cette fois (ce qui est déjà raté).
D'ailleurs, la seule chose qu'on pouvait reprocher à Music For Tourists c'était peut-être d'être trop long (dans sa version américaine de 14 titres), compte tenu de son calme homogène. Il est clair que Chris Garneau écourte et diversifie son propos, fait le grand écart entre instants enjoués et instants très sombres, et joue toujours aussi bien du piano. El Radio est un album ambitieux, trop ambitieux, où les chanson démarrent souvent très bien pour être vite rattrapées par des arrangements inexcusables. Parfois, seulement un détail décrédibilise le morceau entier. Que ce soit un trombone, une voix qui en fait trop ou une gamine qui chante avec Chris pendant quelques secondes, sur un "Over And Over" plus niais qu'attendrissant. L'enfance est belle quand on l'évoque, pas quand on la singe grossièrement.
L'utisation d'un boîte à musique esseulée (préparée ?) vers la fin du disque aura relevé un peu ma note, mais pas fait partir une furieuse léthargie à l'écoûte de ce pétard féérique mal trempé. Sans rancune...
A éviter 6/20 | par Sam lowry |
En écoute : https://chrisgarneau.bandcamp.com/album/el-radio
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