Malcolm Middleton
Waxing Gibbous |
Label :
Full Time Hobby |
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Et la cadence d'enfer continue. Trois albums en trois ans, un cinquième album solo depuis 2002, rien que ça ! Il faut croire, que même en étant compositeur en chef des feux Arab Strap, l'écossais était quelque peu bridé par son complice Moffat...
Pourtant, depuis le superbe Into The Woods (5:14 Fluoxytine Seagull Alcohol John Nicotine restait assez proche de ses productions avec Arab Strap), Malcolm Middelton développe une musique enlevée, une sorte de pop endiablée qui bouffe à tous les râteliers; et cela ne rappelle que de loin ses exploits minimalistes passés.
Préférant donc chanter la mélancolie sur un ton plus positif, le grand roux s'est fait de l'éclectisme une spécialité. Le dernier Sleight Of Heart avait d'ailleurs surpris par sa sobriété toute acoustique et ses deux reprises (Madonna, Jackson C. Frank) apaisées (timides ?).
Aujourd'hui il revient au contraire avec un album presque progressif dans l'âme, tout en gardant un aspect très accessible. Une sorte de pop prog en somme, qui déroute par ses mélodies aussi changeantes que les humeurs du monsieur. Ainsi il est assez difficile de se détacher d'une analyse un peu laborieuse, proche de la setlist, très riche (12 titres assez longs), tant les morceaux sont tenus par une ambiance et un esprit différents.
L'album s'entame dans une ferveur absolument magique, par deux morceaux qui seront sans doute deux futurs classiques: "Red Travelling Socks" et "Kiss At The Station" dispensent une énergie fabuleusement contagieuse, et le romantisme adolescent qui les accompagne est réjouissant.
Mais très vite Waxing Gibbous prend un autre tournant, beaucoup plus apaisé: "Carry Me" est porté par des choeurs superbes, mais c'est curieux, on est déjà nostalgique de la grâce et de la puissance dégagés précédemment. Cependant, on se fera vite à ces harmonies vocales inattendues et somptueuses: les choeurs sont omniprésents sur la première moitié et c'est très réussi (Middleton s'est fait accompagner pour l'occasion par King Creosote & The Pictish Trail).
"Zero", tiré à hue et à dia par son orgue, ses bruitages électroniques cheap et sa rythmique new wave, déconcerte et peine à relancer pleinement la machine, mais reste tout de même sympathique... Heureusement, "Stop Doing Be Good", majestueux et sauvage, scotche au mur, une nouvelle fois sublimé par des choeurs magnifiques.
Mais une nouvelle fois, une chanson un peu plan-plan va faire retomber quelque peu le soufflet: la ballade "Don't Want To Sleep Tonight", malgré ses belles couches instrumentales qui se superposent subtilement, nous laisse un peu tiède.
A ce moment les sentiments sont bizarrement partagés entre une légère frustration et l'intime conviction que Middleton est un artiste à part, sans cesse en mutation. Son sens de l'arrangement (les sons de clavier, de guitare, les choeurs) est à l'évidence admirable, mais on en vient à douter un tout petit peu de son songwriting. D'ailleurs, il faut signaler qu'avec le recul, et malgré sa grande qualité, Sleight Of Heart, de par (à cause de ?) son dépouillement, marquait déjà un tout petit peu le pas.
Waxing Gibbous n'est pas du tout dans le même registre: il regorge d'idées, foisonne d'instruments, de voix (au passage, il est bon de souligner le superbe travail de mixage et de production de Geoff Allan, qui a du s'arracher les cheveux devant tant de parties instrumentales, tant d'ambiances différentes à retranscrire, pour un résultat aussi cohérent). Mais il peine curieusement à garder un niveau d'excellence que tenaient sans mal ses prédécesseurs (c'en était d'ailleurs impressionnant).
Pour autant, la deuxième moitié de l'album est plus régulière (exception faite de "Make Up Your Mind", presque mièvre): ainsi, "Shadows", "Box & Knife", "Subset Of The World" et "Love On The Run" possèdent une pèche et une force mélodique qui ne sont pas sans rappeler Into The Woods et A Brighter Beat. Enfin, "Ballad Of Fuck All" remplit parfaitement le rôle auquel elle prétend, et rassure justement sur les talents d'écriture de Middleton.
Pour conclure, il est étonnant de constater que l'on peut aussi être déçu par un bon disque. C'est dire le niveau auquel nous avait habitué l'écossais depuis 7 ans ! C'est donc sans aucune rancune, et avec une confiance préservée que l'on attendra le prochain opus.
Pourtant, depuis le superbe Into The Woods (5:14 Fluoxytine Seagull Alcohol John Nicotine restait assez proche de ses productions avec Arab Strap), Malcolm Middelton développe une musique enlevée, une sorte de pop endiablée qui bouffe à tous les râteliers; et cela ne rappelle que de loin ses exploits minimalistes passés.
Préférant donc chanter la mélancolie sur un ton plus positif, le grand roux s'est fait de l'éclectisme une spécialité. Le dernier Sleight Of Heart avait d'ailleurs surpris par sa sobriété toute acoustique et ses deux reprises (Madonna, Jackson C. Frank) apaisées (timides ?).
Aujourd'hui il revient au contraire avec un album presque progressif dans l'âme, tout en gardant un aspect très accessible. Une sorte de pop prog en somme, qui déroute par ses mélodies aussi changeantes que les humeurs du monsieur. Ainsi il est assez difficile de se détacher d'une analyse un peu laborieuse, proche de la setlist, très riche (12 titres assez longs), tant les morceaux sont tenus par une ambiance et un esprit différents.
L'album s'entame dans une ferveur absolument magique, par deux morceaux qui seront sans doute deux futurs classiques: "Red Travelling Socks" et "Kiss At The Station" dispensent une énergie fabuleusement contagieuse, et le romantisme adolescent qui les accompagne est réjouissant.
Mais très vite Waxing Gibbous prend un autre tournant, beaucoup plus apaisé: "Carry Me" est porté par des choeurs superbes, mais c'est curieux, on est déjà nostalgique de la grâce et de la puissance dégagés précédemment. Cependant, on se fera vite à ces harmonies vocales inattendues et somptueuses: les choeurs sont omniprésents sur la première moitié et c'est très réussi (Middleton s'est fait accompagner pour l'occasion par King Creosote & The Pictish Trail).
"Zero", tiré à hue et à dia par son orgue, ses bruitages électroniques cheap et sa rythmique new wave, déconcerte et peine à relancer pleinement la machine, mais reste tout de même sympathique... Heureusement, "Stop Doing Be Good", majestueux et sauvage, scotche au mur, une nouvelle fois sublimé par des choeurs magnifiques.
Mais une nouvelle fois, une chanson un peu plan-plan va faire retomber quelque peu le soufflet: la ballade "Don't Want To Sleep Tonight", malgré ses belles couches instrumentales qui se superposent subtilement, nous laisse un peu tiède.
A ce moment les sentiments sont bizarrement partagés entre une légère frustration et l'intime conviction que Middleton est un artiste à part, sans cesse en mutation. Son sens de l'arrangement (les sons de clavier, de guitare, les choeurs) est à l'évidence admirable, mais on en vient à douter un tout petit peu de son songwriting. D'ailleurs, il faut signaler qu'avec le recul, et malgré sa grande qualité, Sleight Of Heart, de par (à cause de ?) son dépouillement, marquait déjà un tout petit peu le pas.
Waxing Gibbous n'est pas du tout dans le même registre: il regorge d'idées, foisonne d'instruments, de voix (au passage, il est bon de souligner le superbe travail de mixage et de production de Geoff Allan, qui a du s'arracher les cheveux devant tant de parties instrumentales, tant d'ambiances différentes à retranscrire, pour un résultat aussi cohérent). Mais il peine curieusement à garder un niveau d'excellence que tenaient sans mal ses prédécesseurs (c'en était d'ailleurs impressionnant).
Pour autant, la deuxième moitié de l'album est plus régulière (exception faite de "Make Up Your Mind", presque mièvre): ainsi, "Shadows", "Box & Knife", "Subset Of The World" et "Love On The Run" possèdent une pèche et une force mélodique qui ne sont pas sans rappeler Into The Woods et A Brighter Beat. Enfin, "Ballad Of Fuck All" remplit parfaitement le rôle auquel elle prétend, et rassure justement sur les talents d'écriture de Middleton.
Pour conclure, il est étonnant de constater que l'on peut aussi être déçu par un bon disque. C'est dire le niveau auquel nous avait habitué l'écossais depuis 7 ans ! C'est donc sans aucune rancune, et avec une confiance préservée que l'on attendra le prochain opus.
Bon 15/20 | par Jekyll |
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