Daniel Johnston
Yip/Jump Music |
Label :
Eternal Yip Eye Music |
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Daniel Johnston, comme chacun le sait, est l'initiateur bien involontaire du mouvement lo-fi, ce style musical qui prône le mauvais enregistrement des chansons au profit de la qualité et de l'intégrité des compositions. Mais là ou le lo-fi est une démarche intellectuelle volontairement adoptée pour certains, elle était une contrainte réelle et concrète pour Johnston, qui au début des années 80 n'avait pas d'autre matériel à sa disposition qu'un ou deux instruments et un dictaphone.
Souhaitant devenir aussi populaire que les Beatles (son unique influence), le bonhomme se rendra vite compte que sa voix suraiguë d'enfant hystérique ainsi que la très mauvaise qualité de ses enregistrements ne lui permettront jamais d'obtenir ne serait-ce qu'un dixième de la reconnaissance de ses idoles. Malgré cela, Johnston est encore et toujours pris de pulsions créatrices incontrôlables qui le font dessiner des toiles par milliers, et enregistrer des chansons par centaines.
L'année 1983 se révèle d'ailleurs être l'année la plus prolifique de la carrière de Daniel Johnston, qui enregistre les cassettes The What Of Whom, More Songs Of Pain, Yip/Jump Music (dont les 3/4 de l'album seront écrit pendant le seul mois d'avril), Hi How Are You ? et ce qui constituera les deux volumes des Lost Recordings en moins d'un an. Soit au total 127 chansons. Et oui pas moins.
Malheureusement déporté au Texas chez son frère, Johnston a du même coup perdu, à son grand désespoir, le piano familial sur lequel il avait déjà commencé à composer dans l'indifférence générale quelques unes des plus belles chansons des années 80. Johnston va alors parer ce problème en s'achetant un "chord organ", soit une sorte de mini orgue électrique souvent présenté sous forme de jouet, qui permet de jouer à la fois sur un clavier et sur une série de boutons d'accords. Le musicien peut alors jouer la mélodie de la main droite et s'accompagner avec les accords de la main gauche. Et Dan Johnston tape tellement fort sur les touches qu'il donne l'impression d'être également accompagné par une percussion. En résumé il produit 3 sons d'un coup et invente par la même occasion une nouvelle manière de jouer de cet instrument singulier, dont il va user et abuser dans cet album, souvent pour le meilleur, la chose produisant un son et des mélodies assez sublimes.
Le fait est qu'avec ce chord organ, Daniel s'enferme dans le garage de son frère et chante son désespoir, son amour, sa maladie mentale, ses habituelles fascinations (les Beatles, Dieu, Casper le fantôme et King Kong). Et signe, comme à son habitude, d'inoubliables mélodies, qui ne cessent de nous toucher en plein coeur : que ce soit quand il parle de son blues du Texas ("Chord Organ Blues"), de son amour brisé ("Museum Of Love"), de sa douloureuse mélancolie ("I Remember Painfully"), de sa définition de l'amour ("Love Defined") ou de l'espoir qui le maintient en vie ("Don't Let The Sun Go Down On Your Grievances"), Dan Johnston est d'une sincérité et d'une sensibilité absolument bouleversante (cette dernière étant accentuée par sa maladie, le syndrome maniaco-dépressif ou bipolaire, qui le peut le faire passer en un clin d'œil d'un état euphorique à une déprime très profonde).
Certains de ses futurs classiques sont également présents ici, comme "Speeding Motorcycle" et son insouciance chantée au bord des sanglots, ou "Casper The Friendly Ghost" et sa mélodie tellement évidente qu'on s'étonne que personne ne l'ait trouvée avant.
Ce Yip/Jump Music est en fait une des toutes meilleures cassettes de Johnston (avec "Songs Of Pain", "Hi How Are You", "Continued Story", "Respect" et "Don't Be Scared"), une de celle où les perles sont les plus nombreuses. Car bien sur, comme dans toute cassette de Johnston, il est nécessaire de faire le trie, chacune contenant son lot de chants a capella (on a même le droit à un rap assez pitoyable de Johnston sur "Danny Don't Rapp" !) ou de trucs décidément trop bizarres pour être appréciables. Mais cette rapide sélection en vaut définitivement la peine, tant certaines de ses chansons sont des chefs-d'oeuvre de songwriting aux mélodies merveilleuses de beauté.
L'originalité de Johnston tient dans ce mélange de naïveté enfantine et de tristesse d'adulte déchirante, pour un résultat profondément humain et fragile.
Et comme l'a si bien dit son manager dans le documentaire "The Devil And Daniel Johnston", derrière tout ce bruit, derrière ce lo-fi rebutant, derrière cette voix de dessin animé, on peut entendre les Beatles, on peut entendre la Grande Symphonie de la vie.
Ici au final, on aurait pu se contenter de dire que Johnston ne fait purement et simplement que du Johnston comme on le connait et comme on l'aime. Ce qui aurait été largement suffisant pour décréter que cet album est exceptionnel non ?
Souhaitant devenir aussi populaire que les Beatles (son unique influence), le bonhomme se rendra vite compte que sa voix suraiguë d'enfant hystérique ainsi que la très mauvaise qualité de ses enregistrements ne lui permettront jamais d'obtenir ne serait-ce qu'un dixième de la reconnaissance de ses idoles. Malgré cela, Johnston est encore et toujours pris de pulsions créatrices incontrôlables qui le font dessiner des toiles par milliers, et enregistrer des chansons par centaines.
L'année 1983 se révèle d'ailleurs être l'année la plus prolifique de la carrière de Daniel Johnston, qui enregistre les cassettes The What Of Whom, More Songs Of Pain, Yip/Jump Music (dont les 3/4 de l'album seront écrit pendant le seul mois d'avril), Hi How Are You ? et ce qui constituera les deux volumes des Lost Recordings en moins d'un an. Soit au total 127 chansons. Et oui pas moins.
Malheureusement déporté au Texas chez son frère, Johnston a du même coup perdu, à son grand désespoir, le piano familial sur lequel il avait déjà commencé à composer dans l'indifférence générale quelques unes des plus belles chansons des années 80. Johnston va alors parer ce problème en s'achetant un "chord organ", soit une sorte de mini orgue électrique souvent présenté sous forme de jouet, qui permet de jouer à la fois sur un clavier et sur une série de boutons d'accords. Le musicien peut alors jouer la mélodie de la main droite et s'accompagner avec les accords de la main gauche. Et Dan Johnston tape tellement fort sur les touches qu'il donne l'impression d'être également accompagné par une percussion. En résumé il produit 3 sons d'un coup et invente par la même occasion une nouvelle manière de jouer de cet instrument singulier, dont il va user et abuser dans cet album, souvent pour le meilleur, la chose produisant un son et des mélodies assez sublimes.
Le fait est qu'avec ce chord organ, Daniel s'enferme dans le garage de son frère et chante son désespoir, son amour, sa maladie mentale, ses habituelles fascinations (les Beatles, Dieu, Casper le fantôme et King Kong). Et signe, comme à son habitude, d'inoubliables mélodies, qui ne cessent de nous toucher en plein coeur : que ce soit quand il parle de son blues du Texas ("Chord Organ Blues"), de son amour brisé ("Museum Of Love"), de sa douloureuse mélancolie ("I Remember Painfully"), de sa définition de l'amour ("Love Defined") ou de l'espoir qui le maintient en vie ("Don't Let The Sun Go Down On Your Grievances"), Dan Johnston est d'une sincérité et d'une sensibilité absolument bouleversante (cette dernière étant accentuée par sa maladie, le syndrome maniaco-dépressif ou bipolaire, qui le peut le faire passer en un clin d'œil d'un état euphorique à une déprime très profonde).
Certains de ses futurs classiques sont également présents ici, comme "Speeding Motorcycle" et son insouciance chantée au bord des sanglots, ou "Casper The Friendly Ghost" et sa mélodie tellement évidente qu'on s'étonne que personne ne l'ait trouvée avant.
Ce Yip/Jump Music est en fait une des toutes meilleures cassettes de Johnston (avec "Songs Of Pain", "Hi How Are You", "Continued Story", "Respect" et "Don't Be Scared"), une de celle où les perles sont les plus nombreuses. Car bien sur, comme dans toute cassette de Johnston, il est nécessaire de faire le trie, chacune contenant son lot de chants a capella (on a même le droit à un rap assez pitoyable de Johnston sur "Danny Don't Rapp" !) ou de trucs décidément trop bizarres pour être appréciables. Mais cette rapide sélection en vaut définitivement la peine, tant certaines de ses chansons sont des chefs-d'oeuvre de songwriting aux mélodies merveilleuses de beauté.
L'originalité de Johnston tient dans ce mélange de naïveté enfantine et de tristesse d'adulte déchirante, pour un résultat profondément humain et fragile.
Et comme l'a si bien dit son manager dans le documentaire "The Devil And Daniel Johnston", derrière tout ce bruit, derrière ce lo-fi rebutant, derrière cette voix de dessin animé, on peut entendre les Beatles, on peut entendre la Grande Symphonie de la vie.
Ici au final, on aurait pu se contenter de dire que Johnston ne fait purement et simplement que du Johnston comme on le connait et comme on l'aime. Ce qui aurait été largement suffisant pour décréter que cet album est exceptionnel non ?
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Rafael |
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