Daniel Johnston
Fear Yourself |
Label :
Gammon |
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Bon, il est vrai que la discographie de l'homme aussi bordélique et large que son mental et sa musique, mais je pensais voir plus d'articles sur ce cher Daniel Johnston. Je lâche donc un instant mes chroniques "faciles" et m'attaque à l'un de mes opus préférés donc, complétant un peu cette discographie injustement incomplète. 15ème album, et pas des moindre, Fear Yourself est un mélange féérique de ce qu'est l'univers de Daniel. Bon en même temps, il ne serait pas faux de dire que la moitié de ses albums sont un meltin' pot musical de son univers... Alors pour ceux qui ont sauté une marche, Johnston est un artiste unique, brillant, étrange, faux, lo-fi, approximatif, touchant. Sa musique est le bébé chien à la sale gueule qu'on aime malgré sa patte cassée et sa queue coupée à 2cm du corps... On en a un peu de peine, un peu de curiosité, mais surtout aucune pitié et beaucoup d'affection.
Il faut sans doute un temps d'adaptation, concevons-le, pour se faire aux fausses notes, au gros bonhomme qui débarque tel un imposteur dans ses concerts, encore la veste sur le dos, la guitare en bandoulière. Mais ouvrez vos yeux et vos oreilles, car je doute que vous puissiez trouver similaire dans le petit monde de la musique actuelle.
Cher Daniel,
Après un classique "Now", d'un lo-fi qui ferait pâlir les Moldy Peaches, votre "Syrup of Tears" est simplement l'une des meilleures musiques qu'il est été donné d'entendre depuis bien des années (non, je ne citerais pas Dylan). Un piano presque variété, des accords surprenant car tellement grands, une voix un peu implorante et puis surtout vos lyrics... Vos lyrics me font à la fois frissonner, sourire, et soupirer dans une même musique. Rien de très innovant dans le fond, mais dans la forme, et dans la manière de la clamer, c'en devient de la poésie. De la vraie. Pas de celle qui se contente de faire rimer des mots comme on résout un puzzle. Votre puzzle à vous ne sera, je le crains, jamais fini mon cher Daniel, mais c'est mieux ainsi. Votre "I love you more than myself" est une phrase en soi banale, mais le ton de sincérité que vous empruntez est simplement un trait de génie. Mon dieu, j'aimerais citer, à vous qui lisez ceci, les paroles tout en entières... Mais je me contenterai, la mort dans l'âme, de cette autre petite phrase, ce petit bout de composition magistral, cette petite envolée lyrique: God, I'll make you a deal: Just let me smile a while – for real. Voilà. Ne changez rien cher Daniel.
Conscient de la tragédie fatale de cette musique, le reste se fera (parfois) plus joyeux. "Mountain Top", la suivant est ce qu'on pourrait appeler un "single", enjoué, composé, le genre de truc qu'on a envie d'écouter au casque toute la journée durant. Toujours un brin grinçant, mais moins. La tête de Daniel est un Rubik's Cube insolvable. Comment parler, décrire ces ballades au piano ("Love Enchanted")... Comment, encore, signifier la joie enfantine qu'on à écouter ses riffs pop-rock?
Insolvable.
Que celui qui arrive à placer le musicien dans un case me prévienne, car il lui en manquera assurément une, de case. Insolvable, dis-je.
Bon, cet album est quand même plus pop en un sens et moins disparate que certains. Rempli de piano qu'on dirait brinqueballant de musiques en musiques, marchant sur de milliers de pattes comme le Coffre de Terry Pratchett; il reste un kaléidoscope assez large de la vision de son auteur.
Je ne connais pas de groupes qui joueraient dans la même gamme de couleurs. On pourrait y retrouver du glorieux Blinking Lights And Others Revelations d'Eels, du Ramones ("Love Not Dead"), et tant d'autres encore, mais les citer seraient vain.
Pop? Folk? Rock? Power pop? Noisy? Lo-Fi? Non, mais vous allez arrêter avec vos classifications? Daniel vous montre que l'essentiel est un cliché. Oui, l'essentiel est ce que l'on a en nous. Appelez ça les tripes, le cœur ou la tête, je pense que quand ça sort de vous, sa provenance nous est bien égale. Ce qu'a Daniel dans sa tête (dépression, maladie, troubles de la personnalité) nous est égale. S'il a un effet, c'est de renforcer l'admiration et le respect pour le bonhomme.
Oubliez deux secondes ce que vous savez sur la qualité d'enregsitrement ou la justesse d'une note. Sachez apprécier les mélodies, les paroles, ou en un seul mot la musique de Daniel Johston, comparable à nul autre. L'unicité est pour beaucoup ce qui caractérise les grands artistes à plébisciter en ce monde. Et bien alors, allez-y. Plébiscitez.
Il faut sans doute un temps d'adaptation, concevons-le, pour se faire aux fausses notes, au gros bonhomme qui débarque tel un imposteur dans ses concerts, encore la veste sur le dos, la guitare en bandoulière. Mais ouvrez vos yeux et vos oreilles, car je doute que vous puissiez trouver similaire dans le petit monde de la musique actuelle.
Cher Daniel,
Après un classique "Now", d'un lo-fi qui ferait pâlir les Moldy Peaches, votre "Syrup of Tears" est simplement l'une des meilleures musiques qu'il est été donné d'entendre depuis bien des années (non, je ne citerais pas Dylan). Un piano presque variété, des accords surprenant car tellement grands, une voix un peu implorante et puis surtout vos lyrics... Vos lyrics me font à la fois frissonner, sourire, et soupirer dans une même musique. Rien de très innovant dans le fond, mais dans la forme, et dans la manière de la clamer, c'en devient de la poésie. De la vraie. Pas de celle qui se contente de faire rimer des mots comme on résout un puzzle. Votre puzzle à vous ne sera, je le crains, jamais fini mon cher Daniel, mais c'est mieux ainsi. Votre "I love you more than myself" est une phrase en soi banale, mais le ton de sincérité que vous empruntez est simplement un trait de génie. Mon dieu, j'aimerais citer, à vous qui lisez ceci, les paroles tout en entières... Mais je me contenterai, la mort dans l'âme, de cette autre petite phrase, ce petit bout de composition magistral, cette petite envolée lyrique: God, I'll make you a deal: Just let me smile a while – for real. Voilà. Ne changez rien cher Daniel.
Conscient de la tragédie fatale de cette musique, le reste se fera (parfois) plus joyeux. "Mountain Top", la suivant est ce qu'on pourrait appeler un "single", enjoué, composé, le genre de truc qu'on a envie d'écouter au casque toute la journée durant. Toujours un brin grinçant, mais moins. La tête de Daniel est un Rubik's Cube insolvable. Comment parler, décrire ces ballades au piano ("Love Enchanted")... Comment, encore, signifier la joie enfantine qu'on à écouter ses riffs pop-rock?
Insolvable.
Que celui qui arrive à placer le musicien dans un case me prévienne, car il lui en manquera assurément une, de case. Insolvable, dis-je.
Bon, cet album est quand même plus pop en un sens et moins disparate que certains. Rempli de piano qu'on dirait brinqueballant de musiques en musiques, marchant sur de milliers de pattes comme le Coffre de Terry Pratchett; il reste un kaléidoscope assez large de la vision de son auteur.
Je ne connais pas de groupes qui joueraient dans la même gamme de couleurs. On pourrait y retrouver du glorieux Blinking Lights And Others Revelations d'Eels, du Ramones ("Love Not Dead"), et tant d'autres encore, mais les citer seraient vain.
Pop? Folk? Rock? Power pop? Noisy? Lo-Fi? Non, mais vous allez arrêter avec vos classifications? Daniel vous montre que l'essentiel est un cliché. Oui, l'essentiel est ce que l'on a en nous. Appelez ça les tripes, le cœur ou la tête, je pense que quand ça sort de vous, sa provenance nous est bien égale. Ce qu'a Daniel dans sa tête (dépression, maladie, troubles de la personnalité) nous est égale. S'il a un effet, c'est de renforcer l'admiration et le respect pour le bonhomme.
Oubliez deux secondes ce que vous savez sur la qualité d'enregsitrement ou la justesse d'une note. Sachez apprécier les mélodies, les paroles, ou en un seul mot la musique de Daniel Johston, comparable à nul autre. L'unicité est pour beaucoup ce qui caractérise les grands artistes à plébisciter en ce monde. Et bien alors, allez-y. Plébiscitez.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par S. |
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