Skinny Puppy

Mind : The Perpetual Intercourse

Mind : The Perpetual Intercourse

 Label :     Nettwerk 
 Sortie :    vendredi 05 septembre 1986 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Mind : The Perpetual Intercourse est probablement l'album charnière dans l'évolution artistique de Skinny Puppy. Mais peut-on parler de tournant dès le second album ? Avec nos Canadiens, sans doute. Avec une demo (Back & Forth) et un EP (Remission) en 1984 et un album (Bites) en 1985, Skinny Puppy avait déjà créé son monde, un cauchemar électronique bâti sur du post-punk goth qui allait se plonger dans des expérimentations industrielles... Une noirceur déjà présente, mais pas encore maladive, de celles qui rongent l'âme et font de chaque instant une épreuve. Ce Skinny Puppy paraît pourtant presque inofensif une fois Mind... découvert. Les choses n'ont pourtant fait que suivre leur cours naturel... L'évolution est donc à la fois compréhensible et renversante. Le duo s'est fait trio en accueillant Dwayne Goettel, tandis que Dave Ogilvie est toujours présent à la co-production. La noirceur s'est faite si pesante que le Soleil n'apporte plus aucun réconfort.
Sans abandonner les rythmes dansants, aussi funky que funèbres, sans vraiment verser dans l'EBM mais en y touchant un peu, Skinny Puppy fait monter la tension d'un cran avec Mind, une tension qui n'aura de cesse de grimper jusqu'à l'apothéose/apocalypse que sera Last Rights six ans plus tard. Le premier titre, "One Time One Place", ne laisse aucun doute sur l'évolution du groupe. Les ambitions annoncées dès les débuts sont ici parfaitement atteintes, totalement achevées. cEvin Key et ses deux comparses, Dwayne et Rave, instaurent un climat angoissant, lourd et abrasif, qui ne laisse pas de place à la raison. On est aussitôt emmené dans un asile puant et abandonné, dont on ne sortira jamais vraiment. Ogre nous inflige alors ses simagrées démoniaques. Sa voix semble venir d'un autre monde, où tout n'est qu'horreur. Ce climat éprouvant persistera tout au long de l'album, à peine aéré par la collection de tubes qu'il contient ("Stairs and Flowers", "Antagonism", "Dig It") dont les rythmes aliènent plus qu'ils ne libèrent. "God's Gift (Maggot)" est une agression auditive où les cris d'Ogre communiquent toute leur souffrance. Le seul véritable interlude de l'album survient dès la troisième piste, le très triste "Three Blind Mice", suivi du bel instrumental "Love". L'horreur laisse sa place à une émotion plus supportable, malheureusement pas définitive.


Excellent !   18/20
par Jumbo


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