The Church
Magician Among The Spirits And Some |
Label :
Cooking Vinyl |
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Magician Among The Spirits And Some eut la tâche difficile de succéder à l'acclamé Priest=Aura, œuvre au noir, album de la maturité et même quasi-chant du cygne des Australiens de The Church, qui existaient depuis déjà une vingtaine d'années. Succéder, pas exactement, car il y eut entretemps l'album Sometime Anywhere, fourre-tout psychédélique et éclectique concocté par la paire Steve Kilbey (chant, basse) et Marty Wilson-Piper (guitares), avec l'aide de nombreux collaborateurs, et d'où était absent l'autre guitariste et membre fondateur, Peter Koppes. Deux guitaristes très différents et complémentaires, le premier extraverti et féru de Rickenbackers et de 12 cordes, d'où il sortait rythmiques riches, phrasés flamboyants et arpèges subtils, le second effacé et féru de Fenders, en tirant des riffs plus rocks. Wilson-Piper, qui tenait au début un rôle plutôt secondaire, avait peu à peu pris une place déterminante au sein du groupe, devenant même un guitar hero du rock indépendant (cf. sa participation aux deux derniers albums de All About Eve). Le batteur, depuis l'album précédent, est Tim Powles, qui ne deviendra un membre permanent qu'avec l'album suivant et jouera plus tard avec Grant McLennan des Go-Betweens.
L'album s'ouvre par le très bon "Welcome", où le chanteur fait des prouesses vocales, appuyé sur la guitare flamboyante de Willson-Piper. Les paroles consistent en une sorte d'énumération à la fois émue, narquoise et désabusée, de noms de personnalités (personnages historiques ou artistes) en guise d'hommage, allant de Scipion l'Africain à Johnny Halliday (sans doute exotique pour un Australien !) en passant par l'archange Gabriel, Henry VII, Al Capone, Harry Belafonte, Brian Wilson ou Johnny Thunder. On imagine que le "We welcome you" scandé par le chanteur est comme une invitation à l'entrée de son Paradis à ses chers disparus (en même temps... Johnny Halliday n'est pas mort, si ?). Le morceau, unique en son genre, avance inexorablement, dans un mélange de tension et d'émotion. Une réussite.
"Comedown", le second morceau, n'est pas en reste. Le rythme est plus enjoué, le ton plus mélodique et un peu plus léger, les guitares omniprésentes, le chant plus juvénile. On se souvient alors que The Church reste depuis plus de 15 ans le plus grand groupe de rock australien depuis le départ en Europe de The Birthday Party (Nick Cave), et aussi un groupe pop au meilleur sens du terme.
Après un tel début, on était en droit de s'attendre à un album d'exception. Hélas, le groupe ne tient pas vraiment ses promesses. Ou du moins, pas complètement. La plupart des compositions, d'un niveau honorable, ne sont toutefois pas dignes du meilleur de The Church – certaines tombant même à plat (comme "Won't Let You Sleep" chantée par le pourtant excellent Willson-Piper). "Grandiose" porte ainsi assez mal son nom.
Avec toutefois quelques notables exceptions, comme "Ladyboy", qui commence de manière assez anodine mais s'emporte pour confiner au sublime, rappelant les meilleurs moments de Priest=Aura. Dans un genre très différent, "Could Be Anyone", lent et presque acoustique, énigmatique, avec des vocaux étranges, de discrètes volutes de violon et un refrain percutant. "Romany Caravan", encore plus acoustique, avec un violon plus présent et des percussions polynésiennes, s'inscrit dans une tradition de The Church consistant à faire figurer un morceau instrumental et envoûtant sur chaque album, depuis Heyday (1985). L'album se clôt sur le sombre "After Image", piano triste et guitare hispanique. Beau à pleurer.
Avec Priest=Aura, The Church, après le semi-échec et donc la déception de l'album précédent, avait su se remettre en question et était entré dans une nouvelle phase de son existence déjà longue. Ce qui aurait pu – dû ? – être un chant du cygne s'avère être un nouveau départ. Dès lors, le groupe se livre à une musique plus mature, plus adulte, mais pas toujours plus excitante, loin s'en faut. Magician Among The Spirits And Some en est le témoin, il constitue une étape dans cette évolution qu'on pourrait interpréter comme une longue agonie qui n'en finit pas, le groupe se refusant à mourir (à l'image du morceau-titre de l'album qui s'étire sur 14 minutes dans une lenteur mortifère), et étant capable de sursauts qui sont d'autant plus surprenants et bouleversants.
L'album s'ouvre par le très bon "Welcome", où le chanteur fait des prouesses vocales, appuyé sur la guitare flamboyante de Willson-Piper. Les paroles consistent en une sorte d'énumération à la fois émue, narquoise et désabusée, de noms de personnalités (personnages historiques ou artistes) en guise d'hommage, allant de Scipion l'Africain à Johnny Halliday (sans doute exotique pour un Australien !) en passant par l'archange Gabriel, Henry VII, Al Capone, Harry Belafonte, Brian Wilson ou Johnny Thunder. On imagine que le "We welcome you" scandé par le chanteur est comme une invitation à l'entrée de son Paradis à ses chers disparus (en même temps... Johnny Halliday n'est pas mort, si ?). Le morceau, unique en son genre, avance inexorablement, dans un mélange de tension et d'émotion. Une réussite.
"Comedown", le second morceau, n'est pas en reste. Le rythme est plus enjoué, le ton plus mélodique et un peu plus léger, les guitares omniprésentes, le chant plus juvénile. On se souvient alors que The Church reste depuis plus de 15 ans le plus grand groupe de rock australien depuis le départ en Europe de The Birthday Party (Nick Cave), et aussi un groupe pop au meilleur sens du terme.
Après un tel début, on était en droit de s'attendre à un album d'exception. Hélas, le groupe ne tient pas vraiment ses promesses. Ou du moins, pas complètement. La plupart des compositions, d'un niveau honorable, ne sont toutefois pas dignes du meilleur de The Church – certaines tombant même à plat (comme "Won't Let You Sleep" chantée par le pourtant excellent Willson-Piper). "Grandiose" porte ainsi assez mal son nom.
Avec toutefois quelques notables exceptions, comme "Ladyboy", qui commence de manière assez anodine mais s'emporte pour confiner au sublime, rappelant les meilleurs moments de Priest=Aura. Dans un genre très différent, "Could Be Anyone", lent et presque acoustique, énigmatique, avec des vocaux étranges, de discrètes volutes de violon et un refrain percutant. "Romany Caravan", encore plus acoustique, avec un violon plus présent et des percussions polynésiennes, s'inscrit dans une tradition de The Church consistant à faire figurer un morceau instrumental et envoûtant sur chaque album, depuis Heyday (1985). L'album se clôt sur le sombre "After Image", piano triste et guitare hispanique. Beau à pleurer.
Avec Priest=Aura, The Church, après le semi-échec et donc la déception de l'album précédent, avait su se remettre en question et était entré dans une nouvelle phase de son existence déjà longue. Ce qui aurait pu – dû ? – être un chant du cygne s'avère être un nouveau départ. Dès lors, le groupe se livre à une musique plus mature, plus adulte, mais pas toujours plus excitante, loin s'en faut. Magician Among The Spirits And Some en est le témoin, il constitue une étape dans cette évolution qu'on pourrait interpréter comme une longue agonie qui n'en finit pas, le groupe se refusant à mourir (à l'image du morceau-titre de l'album qui s'étire sur 14 minutes dans une lenteur mortifère), et étant capable de sursauts qui sont d'autant plus surprenants et bouleversants.
Bon 15/20 | par Gaylord |
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