The Church
Seance |
Label :
EMI |
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Seance, le troisième album de The Church, est réputé être le plus sombre - du moins avant que ne sorte Priest=Aura en 1992. La pochette donne un peu la couleur : une femme mi-geisha mi-bonne soeur (un peu comme la signification du nom du groupe The Sisters Of Mercy), une sorte de grande prêtresse gothique. L'Australie n'est pourtant pas la patrie de ce genre musical, très loin de là, et cet album ne constitue pas l'exception à la règle.
Le premier morceau, le bien nommé "Fly", lent, éthéré et énigmatique, confirme cette impression. L'élément qui domine est d'ailleurs une nappe de synthé, alors que les guitares sont beaucoup plus minimalistes que sur l'album précédent, The Blurred Crusade, et que des percussions tiennent lieu et place de batterie. "One Day" est en revanche plus enjoué, plus rapide, plus mélodique, plus joyeux, avec un solo de guitare bien senti. Mais on n'y retrouve pas l'évidence pop sixties et la brillance des guitares entremêlées de l'album précédent. La production de l'album, signée Nick Launay (Midnight Oil) est d'ailleurs bien plus lourde et opaque, avec notamment une batterie avec des effets d'écho, souvent jouée en stacatto, qui a un son presque électronique, des guitares plutôt saturées que cristallines ou flamboyantes, des nappes de synthé (le groupe a loué les services d'un musicien de sessions) omniprésentes, des rythmes rigides. A vrai dire, l'album était déjà produit, par le groupe lui-même, quand Nick Launay est arrivé et a tout remixé, donnant notamment à la batterie ce son si particulier, à tel point qu'elle semble jouée par un robot. Ce traitement de la batterie pourra être interprété comme un grand atout ou un défaut majeur, c'est en tous cas un parti pris bien singulier, unique dans la longue histoire du groupe, voire dans l'histoire du rock. Soulignons les exceptionnels talents vocaux de Steve Kilbey, sans doute le chanteur australien le plus marquant après Nick Cave. Ses paroles sont très personnelles et intrigantes ("It's No Reason" commence ainsi par ‘Crocodile skin water, city shadows wait') mais jamais incongrues. Une des clés pour comprendre cette mutation, c'est le fait que presque toutes les compositions sont signées du chanteur-bassiste Steve Kilbey, alors que les deux guitaristes avaient été beaucoup plus actifs sur l'album précédent. "It's No Reason" est l'un des meilleurs morceaux, marqué par un refrain où l'envolée vocale est portée par un clavier orchestral. "Travel By Thought" laisse présager quelque chose de plutôt étrange et expérimental. C'est effectivement le cas, avec une excellente batterie tribale qui distribue les coups, une ligne de chant enregistrée à l'envers, des larsens de guitare, un clavier qui vient à un moment dessiner le début de la Marseillaise. Le morceau fonctionne pourtant parfaitement. Il avance tout en restant immobile, en tous cas sans décoller, ce qui donne une sensation un peu claustrophobique. Sur "Disappear?", mystérieux mais pas vraiment sombre, mélodies et, surtout, guitares, prennent une place plus importante, l'une d'entre elles part même en solo. Le très bon "Electric Lash", qui débute par une guitare au son de boîte à musique, renoue avec l'esprit de "It's No Reason", auquel il succède comme single, mais à vrai dire il annonce ce que le groupe fera l'année suivante, avec notamment une guitare slide, et malgré sa batterie incroyablement lourde et robotique, qui claque comme un fouet et se fait par moments mitrailleuse. "How I Wonder Why", basé sur le "To Be In Your Eyes" de The Blurred Crusade, se distingue par une basse plus souple, presque mélodique, un harmonica, une atmosphère un peu plus légère, des guitares enfin cristallines. "Dropping Names" est bien plus énergique et dynamique, plus rock, un peu plus classique, avec une mélodie et un refrain assez efficaces. Le rythme décroît avec un "It Doesn't Change" plus aéré et apaisé, où un piano remplace l'une des guitares.
Seance avance avec la beauté et la lenteur majestueuses, mystérieuses et un peu inquiétantes de la femme de la pochette. C'est sans aucun doute l'album le plus difficile d'accès de The Church. Mais, comme toutes les œuvres que l'on met du temps à appréhender, à déchiffrer, à apprécier, il est aussi l'un de ceux dont on ne se lasse pas. Un album bien plus atmosphérique et intimiste que les précédents. En quelques années et trois albums, le groupe avait déjà fait preuve d'une maturité et d'une capacité au renouvellement impressionnantes.
La réédition remasterisée de l'album (très bien faite) de 2002 comprend un second CD avec deux inédits, "Someone Special" (face B de "It's No Reason") et "Autumn Soon" (face B de "Electric Lash"), ainsi que les vidéos des deux singles "It's No Reason" et "Electric Lash" et celle de "Fly" (d'ailleurs un peu superflues puisque les clips du groupe avaient été réunies sur une cassette vidéo qui est ressortie en DVD). Ces deux inédits sont de très bonne facture, assez rock, avec notamment des guitares en jingle jangle pour le premier et un sitar électrique pour le second. Le butin reste quand même maigre, le second CD est sans doute le plus pauvre de toutes les rééditions d'albums de The Church.
Le premier morceau, le bien nommé "Fly", lent, éthéré et énigmatique, confirme cette impression. L'élément qui domine est d'ailleurs une nappe de synthé, alors que les guitares sont beaucoup plus minimalistes que sur l'album précédent, The Blurred Crusade, et que des percussions tiennent lieu et place de batterie. "One Day" est en revanche plus enjoué, plus rapide, plus mélodique, plus joyeux, avec un solo de guitare bien senti. Mais on n'y retrouve pas l'évidence pop sixties et la brillance des guitares entremêlées de l'album précédent. La production de l'album, signée Nick Launay (Midnight Oil) est d'ailleurs bien plus lourde et opaque, avec notamment une batterie avec des effets d'écho, souvent jouée en stacatto, qui a un son presque électronique, des guitares plutôt saturées que cristallines ou flamboyantes, des nappes de synthé (le groupe a loué les services d'un musicien de sessions) omniprésentes, des rythmes rigides. A vrai dire, l'album était déjà produit, par le groupe lui-même, quand Nick Launay est arrivé et a tout remixé, donnant notamment à la batterie ce son si particulier, à tel point qu'elle semble jouée par un robot. Ce traitement de la batterie pourra être interprété comme un grand atout ou un défaut majeur, c'est en tous cas un parti pris bien singulier, unique dans la longue histoire du groupe, voire dans l'histoire du rock. Soulignons les exceptionnels talents vocaux de Steve Kilbey, sans doute le chanteur australien le plus marquant après Nick Cave. Ses paroles sont très personnelles et intrigantes ("It's No Reason" commence ainsi par ‘Crocodile skin water, city shadows wait') mais jamais incongrues. Une des clés pour comprendre cette mutation, c'est le fait que presque toutes les compositions sont signées du chanteur-bassiste Steve Kilbey, alors que les deux guitaristes avaient été beaucoup plus actifs sur l'album précédent. "It's No Reason" est l'un des meilleurs morceaux, marqué par un refrain où l'envolée vocale est portée par un clavier orchestral. "Travel By Thought" laisse présager quelque chose de plutôt étrange et expérimental. C'est effectivement le cas, avec une excellente batterie tribale qui distribue les coups, une ligne de chant enregistrée à l'envers, des larsens de guitare, un clavier qui vient à un moment dessiner le début de la Marseillaise. Le morceau fonctionne pourtant parfaitement. Il avance tout en restant immobile, en tous cas sans décoller, ce qui donne une sensation un peu claustrophobique. Sur "Disappear?", mystérieux mais pas vraiment sombre, mélodies et, surtout, guitares, prennent une place plus importante, l'une d'entre elles part même en solo. Le très bon "Electric Lash", qui débute par une guitare au son de boîte à musique, renoue avec l'esprit de "It's No Reason", auquel il succède comme single, mais à vrai dire il annonce ce que le groupe fera l'année suivante, avec notamment une guitare slide, et malgré sa batterie incroyablement lourde et robotique, qui claque comme un fouet et se fait par moments mitrailleuse. "How I Wonder Why", basé sur le "To Be In Your Eyes" de The Blurred Crusade, se distingue par une basse plus souple, presque mélodique, un harmonica, une atmosphère un peu plus légère, des guitares enfin cristallines. "Dropping Names" est bien plus énergique et dynamique, plus rock, un peu plus classique, avec une mélodie et un refrain assez efficaces. Le rythme décroît avec un "It Doesn't Change" plus aéré et apaisé, où un piano remplace l'une des guitares.
Seance avance avec la beauté et la lenteur majestueuses, mystérieuses et un peu inquiétantes de la femme de la pochette. C'est sans aucun doute l'album le plus difficile d'accès de The Church. Mais, comme toutes les œuvres que l'on met du temps à appréhender, à déchiffrer, à apprécier, il est aussi l'un de ceux dont on ne se lasse pas. Un album bien plus atmosphérique et intimiste que les précédents. En quelques années et trois albums, le groupe avait déjà fait preuve d'une maturité et d'une capacité au renouvellement impressionnantes.
La réédition remasterisée de l'album (très bien faite) de 2002 comprend un second CD avec deux inédits, "Someone Special" (face B de "It's No Reason") et "Autumn Soon" (face B de "Electric Lash"), ainsi que les vidéos des deux singles "It's No Reason" et "Electric Lash" et celle de "Fly" (d'ailleurs un peu superflues puisque les clips du groupe avaient été réunies sur une cassette vidéo qui est ressortie en DVD). Ces deux inédits sont de très bonne facture, assez rock, avec notamment des guitares en jingle jangle pour le premier et un sitar électrique pour le second. Le butin reste quand même maigre, le second CD est sans doute le plus pauvre de toutes les rééditions d'albums de The Church.
Très bon 16/20 | par Gaylord |
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