Fuck Buttons
Street Horrrsing |
Label :
All Tomorrow's Parties |
||||
"Beautiful noise" : voilà le terme qu'utilisent Andrew Hung et Benjamin Power pour décrire le son de leur groupe Fuck Buttons.
Et effectivement, l'expression s'avère juste. Sans jamais renier le bruit le plus abrasif, ces anglais le repeignent de toutes les couleurs à l'aide de claviers célestes, de rythmiques dansantes et de nappes sonores chatoyantes. Le morceau d'introduction "Sweet love for planet earth" en est la plus parfaite illustration : la chanson débute sur une cascade de sonorités cristallines, rapidement recouvertes par des pulsations de basses bourdonnantes, avant que n'éclatent les cris saturés de John Power secondés par des couches de fuzz venant se superposer au tout, pour un résultat évoquant aussi bien Fujiya & Miyagi que Wolf Eyes.
Sur les morceaux suivants, beaucoup plus durs, le groupe s'adonne à un drone metal digne de Sunn O))) et consorts. Mais là où O'Malley et ses copains donnent dans les vrombissements cthuliens, Fuck Buttons, avec une extrême subtilité, introduisent la mélodie et l'espoir dans ce genre ultra dépressif. Attention, il ne s'agit pas pour autant d'un patchwork reposant entièrement sur la dualité bruit/mélodie, les deux éléments se côtoyant tout en s'évitant : dans Street Horrrsing, le bruit est la mélodie, tout se fond dans une gigantesque saturation contenant en elle des milliers de petites perceptions : si Street Horrrsing ne vous paraîtrait être au début qu'un gros vrombissement d'ampli mal réglé, il suffira de quelques écoutes pour déceler dans ce boucan des centaines de détails réjouissants, et apprécier la beauté sereine qui se dégage de ces 6 joyaux cosmiques.
Et effectivement, l'expression s'avère juste. Sans jamais renier le bruit le plus abrasif, ces anglais le repeignent de toutes les couleurs à l'aide de claviers célestes, de rythmiques dansantes et de nappes sonores chatoyantes. Le morceau d'introduction "Sweet love for planet earth" en est la plus parfaite illustration : la chanson débute sur une cascade de sonorités cristallines, rapidement recouvertes par des pulsations de basses bourdonnantes, avant que n'éclatent les cris saturés de John Power secondés par des couches de fuzz venant se superposer au tout, pour un résultat évoquant aussi bien Fujiya & Miyagi que Wolf Eyes.
Sur les morceaux suivants, beaucoup plus durs, le groupe s'adonne à un drone metal digne de Sunn O))) et consorts. Mais là où O'Malley et ses copains donnent dans les vrombissements cthuliens, Fuck Buttons, avec une extrême subtilité, introduisent la mélodie et l'espoir dans ce genre ultra dépressif. Attention, il ne s'agit pas pour autant d'un patchwork reposant entièrement sur la dualité bruit/mélodie, les deux éléments se côtoyant tout en s'évitant : dans Street Horrrsing, le bruit est la mélodie, tout se fond dans une gigantesque saturation contenant en elle des milliers de petites perceptions : si Street Horrrsing ne vous paraîtrait être au début qu'un gros vrombissement d'ampli mal réglé, il suffira de quelques écoutes pour déceler dans ce boucan des centaines de détails réjouissants, et apprécier la beauté sereine qui se dégage de ces 6 joyaux cosmiques.
Parfait 17/20 | par Cosmicjim |
Posté le 03 août 2008 à 01 h 35 |
"Sweet Love For Planet Earth" : à la campagne, près d'une mer grise, il pleut, nous sommes presque sereins. Mais ils arrivent, on le sent. Puis ils sont là, cassent les fenêtres, hurlent dans un langage incompréhensible, pénètrent dans la maison et c'est le carnage. La fuite s'impose pour les survivants, qui prennent le large sur un bateau de fortune, et se retrouvent finalement perdus en mer, la peur au ventre ("Ribs Out").
A l'approche d'une île, on entend des cris. On aborde. Une menace se fait de plus en plus proche, se pourrait-il qu'ils soient là aussi ? On se rapproche finalement de ce qui s'apparente à un repère : les monstres ont faim, sont nombreux, et semblent élaborer un nouveau plan d'invasion. Ecorchés vifs et cadavres dépecés peuplent la place... Nouvelle fuite :"Okay Let's Talk About Magic" (sic). Repérés, nous sommes suivis par quelques humains (?) blêmes titubants, avides de nos carotides. Ils ne nous auront pas !!
"Race To Your Bedroom/spirit Rise" : épuisés, nous sommes contraints de combattre. Ils développent une force surhumaine, hurlent, hurlent, même quand ils crèvent ils hurlent. On les croit morts mais se réveillent, leur furie décuplée. Nous refuyons, les survivants, désarmés. Mais nous voulons vivre !
Nous courons, courons, l'horizon à perte de vue : "Bright Tomorrow"... Nous sommes une petite dizaine à peine, mais nous courons comme des morts de faim. Les coeurs battent, on ne s'arrête pas. Et c'est quand on a le malheur de tourner la tête qu'on les voit sur nos talons. Des centaines, des milliers, la rage au ventre. On entend d'ici leurs cris inhumains. Que faisons nous ? On court plus vite !!
Ultime combat, perdu d'avance. La même histoire recommence ailleurs, sur un autre point du globe : "Colours Move".
Le pitch du prochain Romero ? Non, le premier album de Fuck Buttons, empli de bruit, de fureur, et d'humanité.
A l'approche d'une île, on entend des cris. On aborde. Une menace se fait de plus en plus proche, se pourrait-il qu'ils soient là aussi ? On se rapproche finalement de ce qui s'apparente à un repère : les monstres ont faim, sont nombreux, et semblent élaborer un nouveau plan d'invasion. Ecorchés vifs et cadavres dépecés peuplent la place... Nouvelle fuite :"Okay Let's Talk About Magic" (sic). Repérés, nous sommes suivis par quelques humains (?) blêmes titubants, avides de nos carotides. Ils ne nous auront pas !!
"Race To Your Bedroom/spirit Rise" : épuisés, nous sommes contraints de combattre. Ils développent une force surhumaine, hurlent, hurlent, même quand ils crèvent ils hurlent. On les croit morts mais se réveillent, leur furie décuplée. Nous refuyons, les survivants, désarmés. Mais nous voulons vivre !
Nous courons, courons, l'horizon à perte de vue : "Bright Tomorrow"... Nous sommes une petite dizaine à peine, mais nous courons comme des morts de faim. Les coeurs battent, on ne s'arrête pas. Et c'est quand on a le malheur de tourner la tête qu'on les voit sur nos talons. Des centaines, des milliers, la rage au ventre. On entend d'ici leurs cris inhumains. Que faisons nous ? On court plus vite !!
Ultime combat, perdu d'avance. La même histoire recommence ailleurs, sur un autre point du globe : "Colours Move".
Le pitch du prochain Romero ? Non, le premier album de Fuck Buttons, empli de bruit, de fureur, et d'humanité.
Excellent ! 18/20
Posté le 23 août 2019 à 01 h 17 |
Il est souvent dit que ceux qui apprécient Street Horrrsing, le premier album des Fuck Buttons n'apprécient pas les 2 suivants. Et vice-versa.
C'était un peu le cas pour ma part, 2008 ayant été à bien des égards une sale année où j'ai loupé certaines choses et réussi d'autres trucs persos. Bref, 2008 ne fut pas l'année de la révélation pour Fuck Buttons que je découvrais bien plus tard avec Tarot Sport.
Dans un souci de curiosité musicale, il me fallait écouter ce premier essai dont tout le monde disait tant de bien. La première écoute fut désastreuse. Aucun des 6 morceaux ne me faisait réellement de l'effet, un peu brusqué par le bourdonnement constant caractéristique et commun de toute cette galette.
Effectivement Fuck Buttons n'a jamais produit un son aussi crade et saturé que sur Street Horrrsing. L'écoute en bagnole est insupportable et il faut plusieurs tentatives pour essayer de dresser ce déferlement de cris, de bruits et de percussions sans interruption. Pourtant toute la formule que reprendra Ben Power à son compte pour son side project Blanck Mass est déjà bien présent ici. La recette est aussi simple qu'ancestrale : noyer des mélodies répétitives mais travaillées sous un mur de son ou bien est-ce plutôt l'inverse ? On ne sait pas, on ne sait plus. Le tout est malgré tout d'une folle cohérence avec ces notes sorties d'une boite à musique en guise d'introduction trompeuse de "Sweet Love For Planet Earth" et que l'on réentendra dans un ultime sursaut à la toute fin de l'album sur "Colours Move".
Entre-temps se seront succédés des morceaux hallucinés mais habités, une sensation quasi hypnotique. Est-ce du bruit ? Du Post Rock instrumental ou simplement une succession de musiques rituelles subliminales et d'échos ?
Une chose est certaine, 2008 n'était pas une si mauvaise année et chaque nouvelle écoute de "Okay, Let's Talk About Magic" me conforte dans cette idée.
C'était un peu le cas pour ma part, 2008 ayant été à bien des égards une sale année où j'ai loupé certaines choses et réussi d'autres trucs persos. Bref, 2008 ne fut pas l'année de la révélation pour Fuck Buttons que je découvrais bien plus tard avec Tarot Sport.
Dans un souci de curiosité musicale, il me fallait écouter ce premier essai dont tout le monde disait tant de bien. La première écoute fut désastreuse. Aucun des 6 morceaux ne me faisait réellement de l'effet, un peu brusqué par le bourdonnement constant caractéristique et commun de toute cette galette.
Effectivement Fuck Buttons n'a jamais produit un son aussi crade et saturé que sur Street Horrrsing. L'écoute en bagnole est insupportable et il faut plusieurs tentatives pour essayer de dresser ce déferlement de cris, de bruits et de percussions sans interruption. Pourtant toute la formule que reprendra Ben Power à son compte pour son side project Blanck Mass est déjà bien présent ici. La recette est aussi simple qu'ancestrale : noyer des mélodies répétitives mais travaillées sous un mur de son ou bien est-ce plutôt l'inverse ? On ne sait pas, on ne sait plus. Le tout est malgré tout d'une folle cohérence avec ces notes sorties d'une boite à musique en guise d'introduction trompeuse de "Sweet Love For Planet Earth" et que l'on réentendra dans un ultime sursaut à la toute fin de l'album sur "Colours Move".
Entre-temps se seront succédés des morceaux hallucinés mais habités, une sensation quasi hypnotique. Est-ce du bruit ? Du Post Rock instrumental ou simplement une succession de musiques rituelles subliminales et d'échos ?
Une chose est certaine, 2008 n'était pas une si mauvaise année et chaque nouvelle écoute de "Okay, Let's Talk About Magic" me conforte dans cette idée.
Très bon 16/20
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