Ride
Today Forever |
Label :
Creation |
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Musique d'écouteurs, musique à mettre dans les oreilles de la personne qu'on aime, musique pour instant de solitude, musique pour faire l'amour, musique pour prendre la voiture et partir, musique pour portrait chinois, musique d'une vie et de toutes ses réincarnations s'ils existaient... le shoegaze de Ride demeure dès la première seconde une évidence, une réponse et une mise en bande-son de tout ce qu'on est, ce qu'on peut ressentir.
Jamais dans l'histoire du rock anglais, habituellement fait de coups d'éclat, de crachat punk et autre saute d'humeurs transpirant la testostérone, de jeunes gamins, d'à peine vingt ans, avaient osé finir toutes ses phrases à se contenter de faire des "aaah aaah aaah" mielleux et béa ("Beneath"). Au pays, c'est la honte immédiate, terreau du 'destroy yourself' et du vomi de Sid Vicious. Les deux enfants de chœur en apparence, Mark Gardener et Andy Bell ne manquèrent d'ailleurs pas d'être conspué et traités de poules mouillées. Mais pourtant c'est avec leur musique, ses arpèges cristallins, ses nuages brouillés en arrière-fond et son rythme incroyable à la batterie, lourd, lent et déterminé, que l'on touche au céleste. Dans le sens où la grâce atteinte (bon sang ces mélodies vocales !) n'a plus rien à voir avec le commun des mortels. Toute matérialité est supprimée, purement et simplement, à l'image de ces déluges de guitares stupéfiantes, qui subjuguent une beauté romantique sans égale ("Unfamiliar").
Le jeu est fort, secouant (la rythmique est ici décoiffant), il n'y a quasiment aucun espace sonore de libre, tout est occupé : les distorsions nombreuses, les coups surpuissants des tambours, de caisses et de cymbales, les voix magiques et légères, les mélodies en plis de drap qui se superposent.
Ça ne s'arrête jamais et pourtant le merveilleux prend toute sa place. Les chansons mélangent fureur et romantisme avec une rare insouciance, déclenchant des frissons de partout. La basse ronronnante et les arpèges célestes sur "Sennen" (une des chansons les plus demandées en concert) font trembler de plaisir, tandis que le dialogue de voix de rêve évoque des réminiscences de féerie toute proche. Sur ce EP, Ride a encore mûrit et prouve que ses chansons peuvent se garnir d'une complexité plus grande sans perdre de son insouciance ou de son pouvoir évocateur.
A l'époque Mark Gardener déclarait : "je pense que ce mur du son n'était qu'un prétexte pour se cacher derrière" et cet aveux résume parfaitement la quintessence de ce style. Elle parle à tous ceux qui désirent tant refaire le monde, ou plus modestement que la personne convoitée éprouve la réciproque dans les sentiments amoureux, mais qui savent bien, cruellement que ce ne sera pas possible. Bouillonnant mais refusant de se mettre en avant (qui on est pour oser prendre la parole ? au non de quoi ? quel statut nous permet d'avoir un avis sur le monde ?), les acteurs du groupe Ride ont donc érigé un écran fumigène et féerique pour faire parler leur passion.
Avec eux, on découvre donc tout un monde magique, irréel, majestueux, combinant puissance et douceur comme jamais. Ride ce n'était pas le chaos : c'était la vie, dans sa définition la plus tumultueuse, qui se mettait en branle, en mouvement, se soulevait pour tout écraser sur son passage. On se sent tellement petit devant la musique de Ride...
Jamais dans l'histoire du rock anglais, habituellement fait de coups d'éclat, de crachat punk et autre saute d'humeurs transpirant la testostérone, de jeunes gamins, d'à peine vingt ans, avaient osé finir toutes ses phrases à se contenter de faire des "aaah aaah aaah" mielleux et béa ("Beneath"). Au pays, c'est la honte immédiate, terreau du 'destroy yourself' et du vomi de Sid Vicious. Les deux enfants de chœur en apparence, Mark Gardener et Andy Bell ne manquèrent d'ailleurs pas d'être conspué et traités de poules mouillées. Mais pourtant c'est avec leur musique, ses arpèges cristallins, ses nuages brouillés en arrière-fond et son rythme incroyable à la batterie, lourd, lent et déterminé, que l'on touche au céleste. Dans le sens où la grâce atteinte (bon sang ces mélodies vocales !) n'a plus rien à voir avec le commun des mortels. Toute matérialité est supprimée, purement et simplement, à l'image de ces déluges de guitares stupéfiantes, qui subjuguent une beauté romantique sans égale ("Unfamiliar").
Le jeu est fort, secouant (la rythmique est ici décoiffant), il n'y a quasiment aucun espace sonore de libre, tout est occupé : les distorsions nombreuses, les coups surpuissants des tambours, de caisses et de cymbales, les voix magiques et légères, les mélodies en plis de drap qui se superposent.
Ça ne s'arrête jamais et pourtant le merveilleux prend toute sa place. Les chansons mélangent fureur et romantisme avec une rare insouciance, déclenchant des frissons de partout. La basse ronronnante et les arpèges célestes sur "Sennen" (une des chansons les plus demandées en concert) font trembler de plaisir, tandis que le dialogue de voix de rêve évoque des réminiscences de féerie toute proche. Sur ce EP, Ride a encore mûrit et prouve que ses chansons peuvent se garnir d'une complexité plus grande sans perdre de son insouciance ou de son pouvoir évocateur.
A l'époque Mark Gardener déclarait : "je pense que ce mur du son n'était qu'un prétexte pour se cacher derrière" et cet aveux résume parfaitement la quintessence de ce style. Elle parle à tous ceux qui désirent tant refaire le monde, ou plus modestement que la personne convoitée éprouve la réciproque dans les sentiments amoureux, mais qui savent bien, cruellement que ce ne sera pas possible. Bouillonnant mais refusant de se mettre en avant (qui on est pour oser prendre la parole ? au non de quoi ? quel statut nous permet d'avoir un avis sur le monde ?), les acteurs du groupe Ride ont donc érigé un écran fumigène et féerique pour faire parler leur passion.
Avec eux, on découvre donc tout un monde magique, irréel, majestueux, combinant puissance et douceur comme jamais. Ride ce n'était pas le chaos : c'était la vie, dans sa définition la plus tumultueuse, qui se mettait en branle, en mouvement, se soulevait pour tout écraser sur son passage. On se sent tellement petit devant la musique de Ride...
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Vic |
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