Kevin Coyne
Matching Head And Feet |
Label :
Virgin |
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C'est sur un grand classique de Kevin Coyne que s'ouvre Matching Head And Feet. De ceux qui en font oublier toutes les autres plages du disque et passer à côté de bons morceaux... Un motif obstiné comme pour marteler la fatalité, des paroles à tue-tête véritablement aliénantes, et le gros grain de folie de la voix étranglée de l'anglais, vomissant une colère acide. Le pourtant linéaire "Saviour" est une page marquante du répertoire de Coyne.
- "Frère Kevin, ne vois-tu rien venir ?"
- "Bah j'me démène pour trouver le Christ, mais dès qu'il apparaît vous voulez lui coller une bastos, bande de cons..."
C'est à peu près le message que sous-entend le titre, badigeonné des excentricités guitaristiques de l'ami Summers, le Andy du The Police à venir. Même si on est bien loin du modernisme radiophonique de Sting, le petit bonhomme est déjà abonné aux grosses couches d'effets, de reverb et de chorus, et sa patte est vraiment imposante aux côtés du patron. C'est de la bonne musique de vioc' des années 70, avec du blues et du rock dans la gamelle, et l'élément qu'y apporte Summers donne une saveur ambigüe ; un futurisme aujourd'hui devenu kitsch. En ce sens, des parties de l'album peuvent assez mal passer, comme les slow blues "Sunday Morning Sunrise" ou "Tulip", assez longs, et dont le traitement de guitare propulsé dans les années 80 peut faire tomber l'association d'idée de l'auditeur directement chez Scorpion... Si le premier titre cité est pour le moins classique, il serait malgré tout dommage de passer à côté de l'humeur changeante de "Tulip", réussi malgré tout.
L'excellence de Matching Head And Feet est plus à découvrir dans ces moments d'énergie et de fièvre. Et notamment après "Marlene", mais avant "Roxanne", c'est ici "Lucy" qui passe à la casserole. À feu vif sur un riff zeppelinien propulsant de petits refrains rockabilly qui feraient danser le rock acrobatique aux plus coincés du calebute. Un territoire rock'n roll qu'emprunte souvent Coyne, avec les sacro-saintes syncopes bluesy du shuffle, ici de nouveau à toutes les sauces. "Lonely Lovers" et sa clarinette est une version guillerette du magnifique "House On The Hill" de Marjory Razorblade, le blues matrimonial "Mrs Hooley Go Home" déborde encore sur Led Zep, le rigolo "It's Not Me" est une réjouisante régression cuivrée dans le classique... Mais le plus stimulant est probablement ce qu'on pourrait nommer "l'inédit" dans l'univers de Coyne. Dans un premier temps, c'est à coup sûr "Rock'n Roll Hymn" qui s'empare de l'album, et même davantage que "Saviour" pour peu qu'on préfère la joie au cynisme. Même si les mots sont tout aussi amers, la stature motown classieuse du titre, armé d'une section de cordes imposante, est une petite tornade d'air frais sur l'album. Il n'y aura guère que le final pénard "One Fine Day" et sa basse hyperactive pour rivaliser...
Quant au tordu "Turpentine", il résume en trois minutes trente toute l'essence de l'album et l'étincelle de Coyne : un titre chaotique brûlant, auquel un riff de hit single met le feu, attisé par un délire de piano, faisant de l'édifice un bordel fascinant... Kevin Coyne est un grand brûlé.
- "Frère Kevin, ne vois-tu rien venir ?"
- "Bah j'me démène pour trouver le Christ, mais dès qu'il apparaît vous voulez lui coller une bastos, bande de cons..."
C'est à peu près le message que sous-entend le titre, badigeonné des excentricités guitaristiques de l'ami Summers, le Andy du The Police à venir. Même si on est bien loin du modernisme radiophonique de Sting, le petit bonhomme est déjà abonné aux grosses couches d'effets, de reverb et de chorus, et sa patte est vraiment imposante aux côtés du patron. C'est de la bonne musique de vioc' des années 70, avec du blues et du rock dans la gamelle, et l'élément qu'y apporte Summers donne une saveur ambigüe ; un futurisme aujourd'hui devenu kitsch. En ce sens, des parties de l'album peuvent assez mal passer, comme les slow blues "Sunday Morning Sunrise" ou "Tulip", assez longs, et dont le traitement de guitare propulsé dans les années 80 peut faire tomber l'association d'idée de l'auditeur directement chez Scorpion... Si le premier titre cité est pour le moins classique, il serait malgré tout dommage de passer à côté de l'humeur changeante de "Tulip", réussi malgré tout.
L'excellence de Matching Head And Feet est plus à découvrir dans ces moments d'énergie et de fièvre. Et notamment après "Marlene", mais avant "Roxanne", c'est ici "Lucy" qui passe à la casserole. À feu vif sur un riff zeppelinien propulsant de petits refrains rockabilly qui feraient danser le rock acrobatique aux plus coincés du calebute. Un territoire rock'n roll qu'emprunte souvent Coyne, avec les sacro-saintes syncopes bluesy du shuffle, ici de nouveau à toutes les sauces. "Lonely Lovers" et sa clarinette est une version guillerette du magnifique "House On The Hill" de Marjory Razorblade, le blues matrimonial "Mrs Hooley Go Home" déborde encore sur Led Zep, le rigolo "It's Not Me" est une réjouisante régression cuivrée dans le classique... Mais le plus stimulant est probablement ce qu'on pourrait nommer "l'inédit" dans l'univers de Coyne. Dans un premier temps, c'est à coup sûr "Rock'n Roll Hymn" qui s'empare de l'album, et même davantage que "Saviour" pour peu qu'on préfère la joie au cynisme. Même si les mots sont tout aussi amers, la stature motown classieuse du titre, armé d'une section de cordes imposante, est une petite tornade d'air frais sur l'album. Il n'y aura guère que le final pénard "One Fine Day" et sa basse hyperactive pour rivaliser...
Quant au tordu "Turpentine", il résume en trois minutes trente toute l'essence de l'album et l'étincelle de Coyne : un titre chaotique brûlant, auquel un riff de hit single met le feu, attisé par un délire de piano, faisant de l'édifice un bordel fascinant... Kevin Coyne est un grand brûlé.
Bon 15/20 | par X_YoB |
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