Venus
The Man Who Was Already Dead |
Label :
Sonica |
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Bruxelles, le 27 septembre 2000. Venus sautait sans filet dans un concert unique accompagné de l'Ensemble Musiques Nouvelles, soit un chef d'orchestre et une vingtaine de musiciens. Le résultat est là, gravé sur disque. Rarement il m'a été donné d'entendre un mélange aussi réussi entre rock et musique symphonique. Nous sommes très loin des expériences fumeuses de Metallica, bien heureusement.
Il faut dire que l'arrangeur n'est pas n'importe qui : Renaud Lhoest fait partie du groupe de musique yiddish Abi Gezint, signé le label de John Zorn, Tadzik, label réputé pour faire le grand écart entre musique expérimentale lorgnant vers le free jazz et musiques traditionnelles d'Europe de l'est.
Renaud a donc démoli la structure d'une bonne partie des titres du premier album de Venus pour les remodeler à ce nouveau contexte. L'arrangeur semble avoir saisi l'univers théâtral de Venus, mais la liberté dont il a disposé lui a permis d'exprimer sa sensibilité musicale, aux influences bien éloignées du groupe belge. Et bien que la démarche soit expérimentale et casse-gueule, les morceaux du premier album de Venus prennent une dimension encore plus épique avec l'apport de ces arrangements au cordeau. Car tout en s'en éloignant, le clavecin, la voix féminine, les cordes, les cuivres et les percussions se montrent extrêmement respectueux de la musique du groupe belge. Mieux que ça, ils la subliment.
Environ 14 titres furent joués ce soir là. Le disque est composé seulement de 8 morceaux tous assez longs. On y trouve 6 chansons extraites du premier album Welcome To The Modern Dance Hall, plus deux inédits. On se retrouve plongé dans un univers complètement baroque, souvent sombre et enfiévré. La voix nasale de Marc fait des merveilles. Pourtant, l'interprétation des premiers titres n'est pas parfaite. Le projet a été monté à la hâte, et il s'est posé des problèmes semble t-il de communication entre un groupe instinctif et des musiciens venus d'autres horizons et ayant besoin de partitions pour jouer. Même si on entend quelques sensibles décalages, l'émotion que dégagent ces morceaux n'est pas altérée. L'introduction des morceaux fait généralement la part belle aux inspirations de Renaud, ce n'est qu'après quelques minutes qu'on reconnaît la musique de Venus. On pense à une sorte de grand cabaret tordu où la frontière entre les styles est abolie. "Perfect Lover" et "Ballroom" (Oh la ! Quelle fin colérique et bordélique !!!) se voit liftées de thèmes empruntées à la musique foraine. Du coup on ne peut pas s'empêcher de penser à Nino Rota, compositeur des grandes fresques barrées du cinéaste Federico Fellini.
Les trois derniers morceaux atteignent un véritable paroxysme de beauté. Après "Perfect Lover" et ses paroles sexuellement explicites, "Mingle With The Night" vient relâcher la pression. C'est un des plus beaux titres de Venus, très surprenant de sa part, nonchalant, lumineux, plein de réminiscences au vieux swing. Et "I'm The Ocean" nous achève dans une long mouvement lent, une des plus belles chansons d'amour jamais écrites à mon avis, qui se termine en un flot de cordes et de cuivres lancinants, un raz de marrée au ralenti se déversant sur le public.
Très loin de d'une emphase ridicule, la musique de Venus a peut être trouvé dans cette expérience son écrin le plus puissant. Ce moment semble avoir été inoubliable pour le groupe. Si il ne l'avait été que pour lui! Un seul regret : n'avoir pas été présent à Bruxelles ce soir là.
En mars 2007, Venus donnait son concert d'adieu. Il nous reste à nous replonger dans la discographie d'un groupe qui, notamment à ses débuts, composait une pop théâtrale unique en son genre.
Il faut dire que l'arrangeur n'est pas n'importe qui : Renaud Lhoest fait partie du groupe de musique yiddish Abi Gezint, signé le label de John Zorn, Tadzik, label réputé pour faire le grand écart entre musique expérimentale lorgnant vers le free jazz et musiques traditionnelles d'Europe de l'est.
Renaud a donc démoli la structure d'une bonne partie des titres du premier album de Venus pour les remodeler à ce nouveau contexte. L'arrangeur semble avoir saisi l'univers théâtral de Venus, mais la liberté dont il a disposé lui a permis d'exprimer sa sensibilité musicale, aux influences bien éloignées du groupe belge. Et bien que la démarche soit expérimentale et casse-gueule, les morceaux du premier album de Venus prennent une dimension encore plus épique avec l'apport de ces arrangements au cordeau. Car tout en s'en éloignant, le clavecin, la voix féminine, les cordes, les cuivres et les percussions se montrent extrêmement respectueux de la musique du groupe belge. Mieux que ça, ils la subliment.
Environ 14 titres furent joués ce soir là. Le disque est composé seulement de 8 morceaux tous assez longs. On y trouve 6 chansons extraites du premier album Welcome To The Modern Dance Hall, plus deux inédits. On se retrouve plongé dans un univers complètement baroque, souvent sombre et enfiévré. La voix nasale de Marc fait des merveilles. Pourtant, l'interprétation des premiers titres n'est pas parfaite. Le projet a été monté à la hâte, et il s'est posé des problèmes semble t-il de communication entre un groupe instinctif et des musiciens venus d'autres horizons et ayant besoin de partitions pour jouer. Même si on entend quelques sensibles décalages, l'émotion que dégagent ces morceaux n'est pas altérée. L'introduction des morceaux fait généralement la part belle aux inspirations de Renaud, ce n'est qu'après quelques minutes qu'on reconnaît la musique de Venus. On pense à une sorte de grand cabaret tordu où la frontière entre les styles est abolie. "Perfect Lover" et "Ballroom" (Oh la ! Quelle fin colérique et bordélique !!!) se voit liftées de thèmes empruntées à la musique foraine. Du coup on ne peut pas s'empêcher de penser à Nino Rota, compositeur des grandes fresques barrées du cinéaste Federico Fellini.
Les trois derniers morceaux atteignent un véritable paroxysme de beauté. Après "Perfect Lover" et ses paroles sexuellement explicites, "Mingle With The Night" vient relâcher la pression. C'est un des plus beaux titres de Venus, très surprenant de sa part, nonchalant, lumineux, plein de réminiscences au vieux swing. Et "I'm The Ocean" nous achève dans une long mouvement lent, une des plus belles chansons d'amour jamais écrites à mon avis, qui se termine en un flot de cordes et de cuivres lancinants, un raz de marrée au ralenti se déversant sur le public.
Très loin de d'une emphase ridicule, la musique de Venus a peut être trouvé dans cette expérience son écrin le plus puissant. Ce moment semble avoir été inoubliable pour le groupe. Si il ne l'avait été que pour lui! Un seul regret : n'avoir pas été présent à Bruxelles ce soir là.
En mars 2007, Venus donnait son concert d'adieu. Il nous reste à nous replonger dans la discographie d'un groupe qui, notamment à ses débuts, composait une pop théâtrale unique en son genre.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Sam lowry |
Note du rédacteur : ce disque a été accompagné de la sortie d'un maxi vinyl comprenant les versions live de "Perfect Lover" et "Mingle With The Night".
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