Rien
Il Ne Peut Y Avoir De Prédiction Sans Avenir |
Label :
L'Amicale Underground |
||||
"Avec la liberté de celui que la culture n'a pas complètement englouti, le vagabond de la musique ramasse le morceau de verre qu'il trouve sur la route et le tend vers le soleil pour en faire jaillir milles couleurs. Ce disque c'est l'histoire de ce vagabond." .
Simplement comme ca pour le plaisir et parce qu'on n'est pas au cinéma je peux commencer en citant ce phrase de Theodor Wiesengrund Adorno qui clôture l'album.
Il Ne Peut Y Avoir De Prédiction Sans Avenir. On ne sait ce que nom veut dire, où le groupe veut nous emmener. Il nous livre quelques références dans le titre des chansons: "Cowboys Don't Cry", "This Is Our Grunge" tout en donnant dans un registre post-rock, musique électronique pour le coté collage bidouillage sonore.
Oeuvre unique qui excelle dans le dessin de peinture sonique, vision résolument singulière de la musique, on ne sait vite plus ou donner des oreilles. Enchainant clarté et instants sombres on appréhende dans les premières écoutes ces accumulations de genre, ce mélange des styles, ces petits intermèdes qui peuvent être angoissants, rassurants, déconcertants mais toujours surprenants. Les guitares peuvent se faire acoustiques comme elles peuvent donner dans le riff électrique. "B.A.S.I.C" avec sa petite mélodie à la guitare, son refrain chanté un poil accrocheur et toujours de longs passages complexes et biens foutus synthétise superbement les travaux en restant plus accessible.
10 titres intelligents, innovants et surtout pas grandiloquents. Une bonne grosse claque comme on les aime.
Simplement comme ca pour le plaisir et parce qu'on n'est pas au cinéma je peux commencer en citant ce phrase de Theodor Wiesengrund Adorno qui clôture l'album.
Il Ne Peut Y Avoir De Prédiction Sans Avenir. On ne sait ce que nom veut dire, où le groupe veut nous emmener. Il nous livre quelques références dans le titre des chansons: "Cowboys Don't Cry", "This Is Our Grunge" tout en donnant dans un registre post-rock, musique électronique pour le coté collage bidouillage sonore.
Oeuvre unique qui excelle dans le dessin de peinture sonique, vision résolument singulière de la musique, on ne sait vite plus ou donner des oreilles. Enchainant clarté et instants sombres on appréhende dans les premières écoutes ces accumulations de genre, ce mélange des styles, ces petits intermèdes qui peuvent être angoissants, rassurants, déconcertants mais toujours surprenants. Les guitares peuvent se faire acoustiques comme elles peuvent donner dans le riff électrique. "B.A.S.I.C" avec sa petite mélodie à la guitare, son refrain chanté un poil accrocheur et toujours de longs passages complexes et biens foutus synthétise superbement les travaux en restant plus accessible.
10 titres intelligents, innovants et surtout pas grandiloquents. Une bonne grosse claque comme on les aime.
Bon 15/20 | par Mozz |
L'album n'est pour l'instant pas distribué sur le plan national, l'Amicale Underground n'étant pas à proprement parlé un label mais une association qui aide à la promotion du groupe. Tout est disponible en téléchargement gratuit. Il n'est disponible que par achat en ligne ou chez un disquaire à Grenoble.
Posté le 04 avril 2008 à 23 h 39 |
Voici mon coup de coeur de l'année 2007!
Découvert sur la foi d'une bonne chronique dans les Inrocks (y'en a encore) et grâce au téléchargement gratuit et légal sur leur site Amicale Underground, cet album est le meilleur album de rock instrumental que j'ai entendu en France depuis le "Végétale" d'Ulan Bator. Ce groupe de Grenoble atteint des sommets sur les 10 titres de cette galette. On y trouve de tout: ambiances éthérées et aériennes, crescendos soniques, morceaux de bravoure guitaristiques, bidouillages électroniques et même
quelques accents pop-rock. Les participations diverses (chant, textes poétiques, instruments à vent ou cuivres...) sont à la hauteur des compos, brillantes, diversifiant les ambiances et contribuent ainsi à la richesse du contenu. Ce qui m'a frappé, au delà de quelques influences évidentes (Ulan Bator, Tortoise, le label Constellation ou les titres "This is our Grunge" ou "Cowboys don't cry" en hommages évocateurs), c'est le dynamisme impressionnant des morceaux, jamais figés dans un silence contemplatif (comme trop souvent chez certains groupes estampillés post-rock) et la distance prise avec les stéréotypes du genre (schéma "calme-tempête-calme").
Dès l'entame de "Dieu du Seigneur", entre cliquetis noisy, paroles murmurés et guitares aériennes, on est dans l'ambiance, élégiaque et comtemplative. Jusqu'à ce qu'une guitare stridente vienne sonner la première charge et là on bascule dans un crescendo d'arpèges cristallins qui aboutit à un premier climax jouissif. Un chant de sirène et des cascades de guitares annoncent ensuite l'accalmie. Pas pour longtemps, car voici qu'arrive un morceau de bravoure: "This is our grunge" (clin d'oeil à Silver Mount Zion?) ou un des meilleurs morceaux de rock instrumental depuis longtemps! Les guitares sont brillantes tour à tour mélodieuses, mitraillettes ou minimalistes. Ca va à 100 à l'heure jusqu'à un nouveau crescendo et puis là, l'espace de quelques secondes tout reste en suspens, figé, instant de grâce magique... avant que 4 coups de cymbale ne viennent sonner un furieux rappel pour un final supersonique.
Le morceau titre de l'album "Il Ne Peut Y Avoir De Prédiction Sans Avenir" débute ensuite par un monologue sur fond de guitare acoustique avant de laisser place à un nouveau titre magnifique, véritable rock à tiroirs avec bidouilles électroniques, guitares inspirées (proches d'un Tortoise qui se prendrait pour un lièvre) et mélodiques, sur fond de cliquetis noisy ou de cordes. Un climax avec l'apparition de cuivres achève de convaincre sur le talent du groupe à varier les ambiances sans tomber dans le décoratif. Tout en conservant une tension et une urgence souvent absentes chez bons nombres de groupes rock "contemplatifs". 8 minutes de pur bonheur pour les amateurs de guitares. Les guitaristes du groupe ont d'ailleurs un talent certain, on sent une grande complicité, et la variété de leur jeu est plus qu'impressionnante: aussi à l'aise dans l'aérien que dans le phrasé mélodique, les arpèges cristallins ou les digressions noisy les plus sauvages. La preuve sur "B.A.S.I.C." où le groupe nous sert un vrai "tube" pop-rock superbe tout en guitares dynamiques agrémentés de
quelques bricolages électros. Sur "Cortez", on démarre par un tempo proche des compos des premiers Ulan Bator: rythmique étouffée, voix spectrale, cliquetis métalliques avant que les guitaristes ne viennent éclairer le morceau dans une deuxième partie lumineuse, hymne aux guitares où nos deux compères se livrent un duel grandiose qui se termine dans de superbes déflagrations noisy dignes du label Constellation. "Cowboys Don't Cry" change radicalement l'ambiance et ressemble à une déconnade entre potes autour d'un feu de camp avec les guitares en bois qui crépitent. "L.S.D. Loisirs Sport Detente", sa cavalcade de guitares, ses hurlements offrent ensuite un bon défouloir de 2 minutes. Ces deux derniers titres plus faibles que le reste de l'album sont un répit avant trois nouveaux morceaux exceptionnels. "Humpty Dumpty Was Pushed" (très Ulan Bator période "Végétale") et "Partie De Chasse À Deauville" font la part belle aux chants féminins (beaux à pleurer sur "Partie De Chasse...") et cris divers et à un rock élégiaque et minimaliste traversé de fulgurances noisy. La poésie énigmatique de Jull
accompagne ensuite le lent crescendo de "Se Repulen", dernier titre mais pas le moindre, qui telle une brise tranquille caresse nos oreilles... Avant que soudainement, la dernière tempête ne fasse son oeuvre... dans un dernier climax éreintant comme le combat contre une houle furieuse. Jull égrenne ensuite au son des sirènes les noms des participants à l'album avant de conclure sur cette citation superbe de Théodore Wiesengrund Adorno, et symbole de ce disque : "Avec la liberté de celui que
la culture n'a pas entièrement englouti, le vagabond de la musique ramasse le morceau de verre qu'il trouve sur la route et le tend vers le soleil pour en faire jaillir mille couleurs". Ce disque était l'histoire de ce vagabond."
Bref, du très très bon, pour un groupe plus que confidentiel malheureusement et dans un genre peu exploité en France (surtout
depuis les "dérapages" d'Ulan Bator)... Mais cette chronique modeste a pour vocation de faire connaître ces musiciens plus que doués, et un album français (cocorico!) très bien produit, excellent, et proche du niveau des canadiens de Constellation et bien au-dessus des derniers Mogwaï. A découvrir absolument...
Découvert sur la foi d'une bonne chronique dans les Inrocks (y'en a encore) et grâce au téléchargement gratuit et légal sur leur site Amicale Underground, cet album est le meilleur album de rock instrumental que j'ai entendu en France depuis le "Végétale" d'Ulan Bator. Ce groupe de Grenoble atteint des sommets sur les 10 titres de cette galette. On y trouve de tout: ambiances éthérées et aériennes, crescendos soniques, morceaux de bravoure guitaristiques, bidouillages électroniques et même
quelques accents pop-rock. Les participations diverses (chant, textes poétiques, instruments à vent ou cuivres...) sont à la hauteur des compos, brillantes, diversifiant les ambiances et contribuent ainsi à la richesse du contenu. Ce qui m'a frappé, au delà de quelques influences évidentes (Ulan Bator, Tortoise, le label Constellation ou les titres "This is our Grunge" ou "Cowboys don't cry" en hommages évocateurs), c'est le dynamisme impressionnant des morceaux, jamais figés dans un silence contemplatif (comme trop souvent chez certains groupes estampillés post-rock) et la distance prise avec les stéréotypes du genre (schéma "calme-tempête-calme").
Dès l'entame de "Dieu du Seigneur", entre cliquetis noisy, paroles murmurés et guitares aériennes, on est dans l'ambiance, élégiaque et comtemplative. Jusqu'à ce qu'une guitare stridente vienne sonner la première charge et là on bascule dans un crescendo d'arpèges cristallins qui aboutit à un premier climax jouissif. Un chant de sirène et des cascades de guitares annoncent ensuite l'accalmie. Pas pour longtemps, car voici qu'arrive un morceau de bravoure: "This is our grunge" (clin d'oeil à Silver Mount Zion?) ou un des meilleurs morceaux de rock instrumental depuis longtemps! Les guitares sont brillantes tour à tour mélodieuses, mitraillettes ou minimalistes. Ca va à 100 à l'heure jusqu'à un nouveau crescendo et puis là, l'espace de quelques secondes tout reste en suspens, figé, instant de grâce magique... avant que 4 coups de cymbale ne viennent sonner un furieux rappel pour un final supersonique.
Le morceau titre de l'album "Il Ne Peut Y Avoir De Prédiction Sans Avenir" débute ensuite par un monologue sur fond de guitare acoustique avant de laisser place à un nouveau titre magnifique, véritable rock à tiroirs avec bidouilles électroniques, guitares inspirées (proches d'un Tortoise qui se prendrait pour un lièvre) et mélodiques, sur fond de cliquetis noisy ou de cordes. Un climax avec l'apparition de cuivres achève de convaincre sur le talent du groupe à varier les ambiances sans tomber dans le décoratif. Tout en conservant une tension et une urgence souvent absentes chez bons nombres de groupes rock "contemplatifs". 8 minutes de pur bonheur pour les amateurs de guitares. Les guitaristes du groupe ont d'ailleurs un talent certain, on sent une grande complicité, et la variété de leur jeu est plus qu'impressionnante: aussi à l'aise dans l'aérien que dans le phrasé mélodique, les arpèges cristallins ou les digressions noisy les plus sauvages. La preuve sur "B.A.S.I.C." où le groupe nous sert un vrai "tube" pop-rock superbe tout en guitares dynamiques agrémentés de
quelques bricolages électros. Sur "Cortez", on démarre par un tempo proche des compos des premiers Ulan Bator: rythmique étouffée, voix spectrale, cliquetis métalliques avant que les guitaristes ne viennent éclairer le morceau dans une deuxième partie lumineuse, hymne aux guitares où nos deux compères se livrent un duel grandiose qui se termine dans de superbes déflagrations noisy dignes du label Constellation. "Cowboys Don't Cry" change radicalement l'ambiance et ressemble à une déconnade entre potes autour d'un feu de camp avec les guitares en bois qui crépitent. "L.S.D. Loisirs Sport Detente", sa cavalcade de guitares, ses hurlements offrent ensuite un bon défouloir de 2 minutes. Ces deux derniers titres plus faibles que le reste de l'album sont un répit avant trois nouveaux morceaux exceptionnels. "Humpty Dumpty Was Pushed" (très Ulan Bator période "Végétale") et "Partie De Chasse À Deauville" font la part belle aux chants féminins (beaux à pleurer sur "Partie De Chasse...") et cris divers et à un rock élégiaque et minimaliste traversé de fulgurances noisy. La poésie énigmatique de Jull
accompagne ensuite le lent crescendo de "Se Repulen", dernier titre mais pas le moindre, qui telle une brise tranquille caresse nos oreilles... Avant que soudainement, la dernière tempête ne fasse son oeuvre... dans un dernier climax éreintant comme le combat contre une houle furieuse. Jull égrenne ensuite au son des sirènes les noms des participants à l'album avant de conclure sur cette citation superbe de Théodore Wiesengrund Adorno, et symbole de ce disque : "Avec la liberté de celui que
la culture n'a pas entièrement englouti, le vagabond de la musique ramasse le morceau de verre qu'il trouve sur la route et le tend vers le soleil pour en faire jaillir mille couleurs". Ce disque était l'histoire de ce vagabond."
Bref, du très très bon, pour un groupe plus que confidentiel malheureusement et dans un genre peu exploité en France (surtout
depuis les "dérapages" d'Ulan Bator)... Mais cette chronique modeste a pour vocation de faire connaître ces musiciens plus que doués, et un album français (cocorico!) très bien produit, excellent, et proche du niveau des canadiens de Constellation et bien au-dessus des derniers Mogwaï. A découvrir absolument...
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 24 juin 2008 à 00 h 31 |
C'est la chronique précédente qui m'a donné l'envie d'aller faire un tour sur le site bricolé de l'Amicale Underground pour télécharger gratuitement et légalement ce deuxième album de Rien. Avant tout Sonicdragao, si tu me lis, je tiens à te remercier infiniment pour m'avoir lancé sur la piste de cet album, que je considère aujourd'hui comme un must absolu en matière de rock instrumental. Je vois d'ici des dents grincer "t'as qu'à poster ces remerciements dans un forum, Sam, ici tu est censé écrire une chronique!". J'y viens, j'y viens... A vrai dire, je ne suis pas pressé. Les chroniques sur X-Silence se succèdent sur une seule et même page, elles ne doivent donc pas obligatoirement fonctionner en vase clos, et j'adore le ping-pong. Puisque j'ai entre les mains la petite balle, je la garde un temps pour tenter à mon tour d'en faire jaillir de nouvelles couleurs...
Les premières écoutent furent épuisantes. Je n'ai pas encore une petite balle de ping-pong dans la main. Je suis une balle, ou plutôt une boule. Une boule de flipper propulsée en tous sens. Je me cogne à un mur de guitares malades, à un riff reggae, à des coin-coin synthétiques, une voix d'opéra, des extraits de vieux films, et à tout plein d'autres objets qui ne semblent pas parler le même langage. La tête et les tripes retournées, il est impossible pour moi de me faire un topo raisonnable, une carte pour lire cette musique. Bien sûr, je peux déjà y reconnaître les ombres de la fanfare punk frappée de mélancolie de la constellation canadienne. Bien sûr, la tortue de Chicago m'envoie ses messages codés dans lesquels se dessine un post-jazz sans contraites, et par là-même peu contraignant. Mais passée l'expérience remuante dans laquelle j'avais vaguement discerné les influences les plus évidentes, c'est un nouvel amas d'étoiles qui se dévoilait à mes oreilles en quête de nouveaux signaux extraterrestres. Une véritable orgie sonore, sombre mais parcourue de rayons brûlants, evanescents, enveloppants comme une nuit d'été dont la chaleur me plongerait dans un état second. Rien se présente comme une sorte de secte à l'humour totalement décalé qui nous viendrait du bout du monde (pourtant Grenoble c'est pas si loin) pour nous faire explorer toutes les possibilités que le rock a pû nous offrir depuis la fin des années 60, où le psychédélisme a enfin commencé à signifier quelque chose. D'une technique musicale fulgurante, ce disque évite avec grande souplesse tous les pièges tendus aux musiciens qui le composent, notamment celui de leur tendre un miroir dans lequel ils se contempleraient astiquer leur manche.
Car deux choses prédominent dans ce disque : son incroyable pouvoir évocateur en terme d'images, et la notion de plaisir. Plaisir de découvrir qu'une voix d'opéra sur de violents accords post-rock à la Godspeed pouvait sonner autrement que grandiloquent. Plaisir de mitrailler une première montée de riffs saccadés de guitare faisant du pied aux westerns sanglants de Sam Peckinpah, plaisir de rendre hommage au grand Robert Mitchum en repiquant une scène clé de " La Nuit du Chasseur " pour introduire le morceau titre, véritable déferlante de sensations, de styles, qui finissent par se jeter les uns contres les autres, pour s'équilibrer on ne sait comment. Car oui, au jeu d'équilibristes, les musiciens de Rien battent des reccords. En accumulant les citations, les influences, les textures, le groupe crée un disque-univers qui prend tout son sens pendant l'épilogue d'Adorno... N'aurait il pas été possible de laisser la surprise à l'auditeur plutôt que de le reproduire dans toutes les chroniques que je lis à propos de ce disque? Bref, impossible de revenir en arrière de toute manière.
Le premier album se nommait Requiem Pour Des Baroqueux... Un titre qui résume tout, une audace formelle incroyable (la forme du disque n'est pas rectangulaire et plate comme tous les disques, mais pyramidale!!), tout en gardant une distance, un dérision, voire même un aspect insaisissable qui font de ce deuxième disque, bien plus encore que le premier un monument qui ne peut que provoquer en moi que grande fascination. Le disque se clôt par un long poème en clair-obcur écrit et interprété par Jull, poète à la voix grave et sensuelle, avant que les musiens n'explosent dans un grand moment de rock. Un moment définitif... On ne peut finir un disque mieux.
Oui, ça peut paraître exagéré pour ceux qui n'ont pas écouté, mais ce disque synthétise tout ce que le rock à pû produire de plus inventif, des délires heavy-rock sous acide de Amon Düül II (le terrifiant " Loisirs, Sport, Détente "), des montées orgasmiques du post-rock, et du rock planant proche de Pink Floyd période " Meddle ", parsemé de jazz, de dub, d'electro, de classique... Et probablement des choses qui m'échappent encore... L'accumulation conduit non pas à la surdose ou à la folie furieuse propre à Mr Bungle, mais à un univers qui fait valdinguer les étiquettes, et dévoile un monde qui n'appartient qu'à Rien, d'une grande ouverture et cohérence en tout cas.
Ce disque est une véritable labyrinthe émotionnel qui organise pas à pas sa logique interne : lyrique, sensuelle, cauchemardesque et touchante. Une expérience intense comme on en fait peu à l'heure actuelle. Il sont vraiment fort ces baroqueux, c'est le moins qu'on puisse dire.
Les premières écoutent furent épuisantes. Je n'ai pas encore une petite balle de ping-pong dans la main. Je suis une balle, ou plutôt une boule. Une boule de flipper propulsée en tous sens. Je me cogne à un mur de guitares malades, à un riff reggae, à des coin-coin synthétiques, une voix d'opéra, des extraits de vieux films, et à tout plein d'autres objets qui ne semblent pas parler le même langage. La tête et les tripes retournées, il est impossible pour moi de me faire un topo raisonnable, une carte pour lire cette musique. Bien sûr, je peux déjà y reconnaître les ombres de la fanfare punk frappée de mélancolie de la constellation canadienne. Bien sûr, la tortue de Chicago m'envoie ses messages codés dans lesquels se dessine un post-jazz sans contraites, et par là-même peu contraignant. Mais passée l'expérience remuante dans laquelle j'avais vaguement discerné les influences les plus évidentes, c'est un nouvel amas d'étoiles qui se dévoilait à mes oreilles en quête de nouveaux signaux extraterrestres. Une véritable orgie sonore, sombre mais parcourue de rayons brûlants, evanescents, enveloppants comme une nuit d'été dont la chaleur me plongerait dans un état second. Rien se présente comme une sorte de secte à l'humour totalement décalé qui nous viendrait du bout du monde (pourtant Grenoble c'est pas si loin) pour nous faire explorer toutes les possibilités que le rock a pû nous offrir depuis la fin des années 60, où le psychédélisme a enfin commencé à signifier quelque chose. D'une technique musicale fulgurante, ce disque évite avec grande souplesse tous les pièges tendus aux musiciens qui le composent, notamment celui de leur tendre un miroir dans lequel ils se contempleraient astiquer leur manche.
Car deux choses prédominent dans ce disque : son incroyable pouvoir évocateur en terme d'images, et la notion de plaisir. Plaisir de découvrir qu'une voix d'opéra sur de violents accords post-rock à la Godspeed pouvait sonner autrement que grandiloquent. Plaisir de mitrailler une première montée de riffs saccadés de guitare faisant du pied aux westerns sanglants de Sam Peckinpah, plaisir de rendre hommage au grand Robert Mitchum en repiquant une scène clé de " La Nuit du Chasseur " pour introduire le morceau titre, véritable déferlante de sensations, de styles, qui finissent par se jeter les uns contres les autres, pour s'équilibrer on ne sait comment. Car oui, au jeu d'équilibristes, les musiciens de Rien battent des reccords. En accumulant les citations, les influences, les textures, le groupe crée un disque-univers qui prend tout son sens pendant l'épilogue d'Adorno... N'aurait il pas été possible de laisser la surprise à l'auditeur plutôt que de le reproduire dans toutes les chroniques que je lis à propos de ce disque? Bref, impossible de revenir en arrière de toute manière.
Le premier album se nommait Requiem Pour Des Baroqueux... Un titre qui résume tout, une audace formelle incroyable (la forme du disque n'est pas rectangulaire et plate comme tous les disques, mais pyramidale!!), tout en gardant une distance, un dérision, voire même un aspect insaisissable qui font de ce deuxième disque, bien plus encore que le premier un monument qui ne peut que provoquer en moi que grande fascination. Le disque se clôt par un long poème en clair-obcur écrit et interprété par Jull, poète à la voix grave et sensuelle, avant que les musiens n'explosent dans un grand moment de rock. Un moment définitif... On ne peut finir un disque mieux.
Oui, ça peut paraître exagéré pour ceux qui n'ont pas écouté, mais ce disque synthétise tout ce que le rock à pû produire de plus inventif, des délires heavy-rock sous acide de Amon Düül II (le terrifiant " Loisirs, Sport, Détente "), des montées orgasmiques du post-rock, et du rock planant proche de Pink Floyd période " Meddle ", parsemé de jazz, de dub, d'electro, de classique... Et probablement des choses qui m'échappent encore... L'accumulation conduit non pas à la surdose ou à la folie furieuse propre à Mr Bungle, mais à un univers qui fait valdinguer les étiquettes, et dévoile un monde qui n'appartient qu'à Rien, d'une grande ouverture et cohérence en tout cas.
Ce disque est une véritable labyrinthe émotionnel qui organise pas à pas sa logique interne : lyrique, sensuelle, cauchemardesque et touchante. Une expérience intense comme on en fait peu à l'heure actuelle. Il sont vraiment fort ces baroqueux, c'est le moins qu'on puisse dire.
Exceptionnel ! ! 19/20
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