Thomas Dybdahl

Méfiez-vous des apparences car sous ses allures de mauvais garçon (à en juger la pochette) se cache en réalité un homme aussi modeste que tranquille. Influencé par des songwriters comme Bob Dylan ou Bruce Springsteen, Thomas Dybdahl aborde le même registre que celui de ces premiers EP autoproduits en 2000 et 2001 réalisés dans son salon avec les moyens du bord. ...That Great October Sound incarne le même folk aux accents blues, doux et agréablement réfléchi sur lequel l'artiste explore les pentes de l'amour sans jamais s'y perd, parle de désespoir sans jamais s'y noyer. Une grande maturité pour seulement vingt quatre ans.

De "From Grace", introduction instrumentale maligne, au titre éponyme et son petit solo blues, l'enchantement est d'abord musical. Les mélodies alternent arpèges acoustiques, riffs de guitare électrique, steel guitar, quelques nappes d'orgue Hammond saupoudrées par moment d'une ligne d'harmonica ou de violon et réalisent une musique des plus évocatrices et apaisantes. Rien que l'ultime "Outro" suffit à nous transporter dans une alcôve de tranquillité. On entrevoit alors peu à peu la voix du compositeur mais ce n'est que sur des titres comme "Life Here Is Gold" ou "Adelaide" que l'on est véritablement enveloppé par la voix soul chaleureuse semblable par moment à celle d'Antony Hergaty. Car outre ses qualités de composition et d'écriture, un des atouts majeurs du norvégien - voire son principal atout - est son timbre décalé par rapport au répertoire qu'il nous offre ; timbre qui s'accorde aussi très bien sur "John Wayne" (déjà présent sur un EP) un peu country ou "Love's Lost" plus pop.

That Great October Sound, œuvre atypique, démontre que l'on aura jamais fait le tour du folk surtout lorsqu'on le pense comme Thomas Dybdahl. Et dire que c'est le travail d'un seul homme...