The Birthday Party
Hee-Haw |
Label :
Buddah |
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Je me souviens que lorsque Nick Cave a sorti son album No More Shall We Part, j'avais entendu à la radio un journaliste qui disait que cet artiste avait su évoluer, qu'il s'était considérablement apaisé, car ce qu'il avait produit à ses débuts, notamment avec son groupe séminal The Birthday Party, avait de quoi effrayer. Même que selon lui, les Stooges d'Iggy Pop n'étaient pas loin de passer pour de mignons enfants de chœur à côté de ces australiens déjantés. Evidemment, cela n'avait fait qu'exciter ma curiosité. Je me sentais un peu comme un gamin à qui l'on aurait interdit d'ouvrir une trappe située au fond de la cave, sous prétexte qu'elle dissimulerait de méchantes bestioles prêtes à le manger tout cru, et qui du coup aurait eu d'autant plus envie d'explorer cette cachette maudite. Alors, à votre avis, qu'ai-je fait ? Ben j'ai acheté cette galette, impatient de découvrir la face la plus obscure du grand Nick.
Cet album est en réalité une réédition, qui réunit un premier album éponyme et un vieil EP paru uniquement en Australie sous le nom de Hee-Haw, alors que le groupe s'appelait encore The Boys Next Door. Chronologiquement, il s'agit donc du tout début. Et effectivement, ça fout la trouille. Plus sombre que ça, tu meurs. Imaginez une espèce de post-punk gothique, au moins aussi rageur, apocalyptique et déstructuré que du Killing Joke ou du Pere Ubu. Le chant possédé de Nick Cave, entre complaintes de damné, imprécations de psychopathe et hurlements de lycanthrope, est certes impressionnant. Mais ce n'est pas tout. Il y a aussi cette basse menaçante et poisseuse à souhait. Et cette clarinette, et ce saxo, dont le grinçant vent de folie n'est pas sans évoquer le Fun House des Stooges. Mais surtout, il y a ce son de guitare hallucinant, invraisemblable, qui est l'œuvre de Rowland Howard. Ce guitariste australien, qui collaborera plus tard avec Lydia Lunch, se révèle ici un expert dans l'art cruel de la distorsion et du feed-back. Son instrument exhale un grésillement d'outre-tombe, avec des notes éparses qui explosent en giclées brûlantes. Comme si la malheureuse six-cordes subissait le supplice d'être jetée vive dans de l'huile bouillante, et nous laissait entendre sa douloureuse agonie.
Les deux premiers morceaux, les formidables "Mr Clarinet" et "Happy Birthday", nous plongent d'emblée dans une ambiance d'orgie macabre. Un autre titre remarquable est la surprenante reprise de "Catman", de Gene Vincent. Du rockabilly en version psychotique, pas très loin du psychobilly. Difficile de ne pas se laisser entraîner par l'irrésistible dynamique suicidaire de "Waving My Arms" ou de "Riddle House". Et que dire de "A Catholic Skin", aussi morbide et solennel qu'une messe noire célébrée dans une crypte ? Et je n'oublie pas "Faint Heart", trépidant et défaillant, qui avant le "Silver Rocket" de Sonic Youth nous fait déjà le coup du morceau détruit-reconstruit. Avec, en plein milieu, un amusant bruit de piano balancé dans les escaliers...
Que vous soyez ou non fan de Nick Cave, je ne peux que vous conseiller l'écoute de cette terrible galette. Surtout si, de façon générale, vous appréciez le rock sombre. Parce que là, franchement... Vous sortirez comblés de ce voyage au pays du plus profond désespoir, mais aussi épuisés, lessivés. Comme l'aurait dit le regretté Coluche : noir, c'est une couleur, mais plus noir que noir ? Je vois pas !
Cet album est en réalité une réédition, qui réunit un premier album éponyme et un vieil EP paru uniquement en Australie sous le nom de Hee-Haw, alors que le groupe s'appelait encore The Boys Next Door. Chronologiquement, il s'agit donc du tout début. Et effectivement, ça fout la trouille. Plus sombre que ça, tu meurs. Imaginez une espèce de post-punk gothique, au moins aussi rageur, apocalyptique et déstructuré que du Killing Joke ou du Pere Ubu. Le chant possédé de Nick Cave, entre complaintes de damné, imprécations de psychopathe et hurlements de lycanthrope, est certes impressionnant. Mais ce n'est pas tout. Il y a aussi cette basse menaçante et poisseuse à souhait. Et cette clarinette, et ce saxo, dont le grinçant vent de folie n'est pas sans évoquer le Fun House des Stooges. Mais surtout, il y a ce son de guitare hallucinant, invraisemblable, qui est l'œuvre de Rowland Howard. Ce guitariste australien, qui collaborera plus tard avec Lydia Lunch, se révèle ici un expert dans l'art cruel de la distorsion et du feed-back. Son instrument exhale un grésillement d'outre-tombe, avec des notes éparses qui explosent en giclées brûlantes. Comme si la malheureuse six-cordes subissait le supplice d'être jetée vive dans de l'huile bouillante, et nous laissait entendre sa douloureuse agonie.
Les deux premiers morceaux, les formidables "Mr Clarinet" et "Happy Birthday", nous plongent d'emblée dans une ambiance d'orgie macabre. Un autre titre remarquable est la surprenante reprise de "Catman", de Gene Vincent. Du rockabilly en version psychotique, pas très loin du psychobilly. Difficile de ne pas se laisser entraîner par l'irrésistible dynamique suicidaire de "Waving My Arms" ou de "Riddle House". Et que dire de "A Catholic Skin", aussi morbide et solennel qu'une messe noire célébrée dans une crypte ? Et je n'oublie pas "Faint Heart", trépidant et défaillant, qui avant le "Silver Rocket" de Sonic Youth nous fait déjà le coup du morceau détruit-reconstruit. Avec, en plein milieu, un amusant bruit de piano balancé dans les escaliers...
Que vous soyez ou non fan de Nick Cave, je ne peux que vous conseiller l'écoute de cette terrible galette. Surtout si, de façon générale, vous appréciez le rock sombre. Parce que là, franchement... Vous sortirez comblés de ce voyage au pays du plus profond désespoir, mais aussi épuisés, lessivés. Comme l'aurait dit le regretté Coluche : noir, c'est une couleur, mais plus noir que noir ? Je vois pas !
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Oddie |
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