XTC

L'album s'ouvre avec "Making Plan For Nigel" (écrite par le bassiste Colin Moulding) et c'est toute l'Angleterre qui va être sous le choc d'une révolution esthétique: en effet, la musique de XTC ne ressemble à rien de ce qui a été déjà fait.
Détournant la pop pour en faire des petits manèges excentriques, ce groupe flambeur de Swindon aura tout chamboulé. XTC aura réussi en peu de temps à réaliser plusieurs exploits à la fois: remettre au goût du jour le baroque, l'associer aux rythmiques post-punk alors en vogue, insérer des délires tout azimut dans les arrangements, mettre sur orbite ses mélodies inoubliables et totalement originales, tout cela pour fabriquer un des chefs-d'œuvre les plus excentriques jamais écrit.
Tout est rempli à ras bord d'idées complètement folles, de refrains qui tuent, de lignes de guitares acérées qui jamais ne respectent une harmonie trop linéaire et figée, et d'énergie pleine de morgue et de culot. L'apport de la rythmique n'aura jamais été à ce point renouvelé, avec des tempos hérités du post-punk, des dissonances étonnantes et l'utilisation de claviers. Les ambiances sont indescriptibles, perdues quelque part entre rock arty glacé, délires lyriques dignes des soirées dans les pubs anglais ou bien pop à hélium boostée aux amphétamines. Mais au-delà de cette hystérie collective, le talent de Colin Moulding et Andy Partridge, les deux songwriters de génie, aura été de maintenir coûte que coûte le cap sur les mélodies accrocheuses, sans négliger la moindre trouvaille, récupérée au passage.
Le résultat est mythique: chacun des titres est un sommet en soi. Le rebondissant "When You're Near Me I Have Difficulty", le fonceur "Life Begins At The Top", l'hypnotique "Real By Reel" ou encore l'explosion distordue de "Complicate Game", contribueront à rendre cet opus jubilatoire comme l'un des plus important du rock.
En somme, un classique.