XTC

Voici sans doute la perle cachée de la discographie d'XTC, mais aussi leur plus cuisant échec commercial.

Andy Partridge, victimes de douleurs insupportables à l'estomac causées par le stress des tournées, vient d'annoncer que le groupe ne montera plus sur scène. Leur label Virgin ne mise donc plus un kopeck sur eux, et, probablement à cause d'une promotion ratée, le disque ne se vend pas.
Et pourtant, quel petit bijou... Après un English Settlement qui marquait la transition entre le passé punk et la future pop méticuleuse et métisée, disque malheureusement trop long et pas toujours bien produit, Mummer est un disque plus concis qui marque l'affirmation totale d'XTC comme groupe pop de studio. Le son se fait donc plus touffu et varié, libéré de la contrainte d'être un jour transposé sur scène. C'est un disque jouissif, dont le son n'a pas trop vieilli, un réel plaisir d'écoute, où l'on voyage dans la pop à la fois tortueuse et lumineuse des compères Partridge et Moulding, ici diaboliquement inspirés. Partridge laisse mieux s'épanouir des influences totalement disparates dans sa pop hallucinée (d'éléments africains à la musique moyenâgeuse en passant par le dub), tandis que Moulding nous pond des petites perles pop extatiques comme son "Wonderland" et ses gazouillis d'oiseaux.
Et on retrouve toujours ces dispositions incroyables pour balancer des refrains qui tuent, chantés à tue-tête, comme sur l'irrésistible "Great Fire", chanson frénétique, typiquement british, qui tutoie les Beatles dans leur période baroque.

Mummer est un disque à la réalisation chaotique (pas moins de 4 producteurs se sont succédés), réalisé par un groupe dans une mauvaise passe commerciale, mais définitivement pas artistique. Adieu définitif au rock sous amphets des débuts, XTC ouvre grand la porte à un beau son aérien qui ne le quittera plus, toujours parsemé de petites zébrures cinglées.