Earth
Earth 2 Special Low Frequency Version |
Label :
Sub Pop |
||||
La fainéantise de trouver une bonne phrase d'accroche pousse parfois le chroniqueur a de sombres bassesses. Ainsi, celle-ci debutera par une info people de premier ordre, avec laquelle je serai sûr d'attirer 90% du lectorat d'un webzine indé: Qui a fourni l'arme avec laquelle Kurt Cobain s'est suicidé ?
Cet homme n'est autre que Dylan Carlson, leader (voire responsable) de Earth. Meilleur ami du defunt, il n'a pas profité du succès de son camarade et de toute la bande des grungeux de Seattle, et ce pour une bonne et simple raison: la musique de Carlson est arrivée 10 ans trop tôt...
Alors qu'à l'époque toute la ''scène rock'' se pame devant ces jeunes qui jouent un hybride de hard et de punk, Earth prend une toute autre direction. Fan de Black Sabbath comme Cobain, Carlson va lui, continuer dans la voie des musiques extrêmes.
Earth 2, au sous-titre plutôt explicite de "Special Low Frequency Version" (!) est un album qui est au death metal ce que le valium est à la cocaïne. Je m'explique: les musiciens de Earth jouent ici une sorte de death metal, mais ralenti à tel point qu'il en devient presque statique. Là où les musiciens extrémistes du hard jouent la violence rentre-dedans, Earth 2 avance. Lourd. Tranquille. Sûr. Presque imperceptible. Et il vous écrase. Les notes/bruits/cris/textures émergeant de la basse de Dave Harwell et de la guitare de Carlson finissent par vous broyer: cet album est littéralement étouffant. Monolithique, le son de leurs drones, s'il commence par apparaître comme une sorte de mur, dense et infranchissable, finit par vous envelopper. Voire, vous enfermer. Une fois que cet album vous a happé, la densité de cette électricité vrombissante est telle qu'elle vous fait perdre tout repère. On reste là, médusé, hagard, apathique... Là où d'autres groupes s'inspirant de Earth tenteront de faire peur à grand renfort de larsens, Earth 2 se contente de vous vider, de vous épuiser, de vous travailler au corps, patiemment, pendant l'heure que dure son lent travail de sape.
Beaucoup ont decrit le grunge comme emblématique de cette jeunese des nineties, revoltée, mais qui n'a plus l'énergie et l'activisme punk. Ces gens ont mentis. Si un groupe symbolise bien la tragédie des ''slackers'', perdus et désabusés face au chaos quotidien, mais sans assez de convictions pour avoir une emprise sur lui, c'est Earth, et ce véritable manifeste sonique qu'est Earth 2.
Pour clôre cette chronique (sans avoir évoqué Sunn O))), ce qui est un exploît mais c'est une autre histoire...) quiconque veut se faire une idée de ce que propose l'album peut jeter un oeil sur sa pochette. La photo presente une steppe, qu'on entrevoit, à peine, surlignant l'horizon. Au dessus, le ciel. Bleu, énorme, monstrueux. Toute la musique de Earth est là, dans l'agoraphobie provoquée par ce ciel: trop grand, trop vide, trop plein. Infini.
Cet homme n'est autre que Dylan Carlson, leader (voire responsable) de Earth. Meilleur ami du defunt, il n'a pas profité du succès de son camarade et de toute la bande des grungeux de Seattle, et ce pour une bonne et simple raison: la musique de Carlson est arrivée 10 ans trop tôt...
Alors qu'à l'époque toute la ''scène rock'' se pame devant ces jeunes qui jouent un hybride de hard et de punk, Earth prend une toute autre direction. Fan de Black Sabbath comme Cobain, Carlson va lui, continuer dans la voie des musiques extrêmes.
Earth 2, au sous-titre plutôt explicite de "Special Low Frequency Version" (!) est un album qui est au death metal ce que le valium est à la cocaïne. Je m'explique: les musiciens de Earth jouent ici une sorte de death metal, mais ralenti à tel point qu'il en devient presque statique. Là où les musiciens extrémistes du hard jouent la violence rentre-dedans, Earth 2 avance. Lourd. Tranquille. Sûr. Presque imperceptible. Et il vous écrase. Les notes/bruits/cris/textures émergeant de la basse de Dave Harwell et de la guitare de Carlson finissent par vous broyer: cet album est littéralement étouffant. Monolithique, le son de leurs drones, s'il commence par apparaître comme une sorte de mur, dense et infranchissable, finit par vous envelopper. Voire, vous enfermer. Une fois que cet album vous a happé, la densité de cette électricité vrombissante est telle qu'elle vous fait perdre tout repère. On reste là, médusé, hagard, apathique... Là où d'autres groupes s'inspirant de Earth tenteront de faire peur à grand renfort de larsens, Earth 2 se contente de vous vider, de vous épuiser, de vous travailler au corps, patiemment, pendant l'heure que dure son lent travail de sape.
Beaucoup ont decrit le grunge comme emblématique de cette jeunese des nineties, revoltée, mais qui n'a plus l'énergie et l'activisme punk. Ces gens ont mentis. Si un groupe symbolise bien la tragédie des ''slackers'', perdus et désabusés face au chaos quotidien, mais sans assez de convictions pour avoir une emprise sur lui, c'est Earth, et ce véritable manifeste sonique qu'est Earth 2.
Pour clôre cette chronique (sans avoir évoqué Sunn O))), ce qui est un exploît mais c'est une autre histoire...) quiconque veut se faire une idée de ce que propose l'album peut jeter un oeil sur sa pochette. La photo presente une steppe, qu'on entrevoit, à peine, surlignant l'horizon. Au dessus, le ciel. Bleu, énorme, monstrueux. Toute la musique de Earth est là, dans l'agoraphobie provoquée par ce ciel: trop grand, trop vide, trop plein. Infini.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par William bla(k)e |
En ligne
386 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages