Super Furry Animals
Guerilla |
Label :
Creation |
||||
Il y a toujours eu un côté ludique dans la musique des Super Furry Animals.
Et pour ce troisième album, ils y sont allés franco. Déjà la pochette, un poulpe techno en pâte à modeler, c'est d'un goût exquis.
Quelques années plus tard, ils jouaient sur scène déguisés en Yéti. Ces gallois-là savent rire.
Le problème, c'est qu'ils savent écrire des chansons, et des belles. Des émouvantes, des subtiles, des chef-d'oeuvres.
Donc j'ai du mal à avaler certains titres de cet album, comme "Nightvision", ou "Wherever Lay My Phone", ou le gimmick prend place au travail d'écriture.
Faire cet album en 1999, ça se comprend, et le concept n'est pas mal; faire de l'électro avec des instruments de rock. Faire un album joyeux dans une période de revival coldwave (Mezzanine, et autres albums hilarants d'Arab Strap), c'est plutôt judicieux. Sur le papier.
Attention ! Il y a ici des morceaux rigolos ET réussis : "Nothern Lites" et son style mariachi, ça fonctionne bien.
Il y a aussi des morceaux électro ET émouvants : "Some Things Comme From Nothing" ou comment faire du Boards Of Canada avec guitare-basse-batterie (et un synthé quand même !)
Mais l'ensemble est lourd et plutôt disgracieux.
À mon avis le seul faux pas de la carrière du groupe.
Et pour ce troisième album, ils y sont allés franco. Déjà la pochette, un poulpe techno en pâte à modeler, c'est d'un goût exquis.
Quelques années plus tard, ils jouaient sur scène déguisés en Yéti. Ces gallois-là savent rire.
Le problème, c'est qu'ils savent écrire des chansons, et des belles. Des émouvantes, des subtiles, des chef-d'oeuvres.
Donc j'ai du mal à avaler certains titres de cet album, comme "Nightvision", ou "Wherever Lay My Phone", ou le gimmick prend place au travail d'écriture.
Faire cet album en 1999, ça se comprend, et le concept n'est pas mal; faire de l'électro avec des instruments de rock. Faire un album joyeux dans une période de revival coldwave (Mezzanine, et autres albums hilarants d'Arab Strap), c'est plutôt judicieux. Sur le papier.
Attention ! Il y a ici des morceaux rigolos ET réussis : "Nothern Lites" et son style mariachi, ça fonctionne bien.
Il y a aussi des morceaux électro ET émouvants : "Some Things Comme From Nothing" ou comment faire du Boards Of Canada avec guitare-basse-batterie (et un synthé quand même !)
Mais l'ensemble est lourd et plutôt disgracieux.
À mon avis le seul faux pas de la carrière du groupe.
Correct 12/20 | par Vlapush |
Posté le 11 juin 2011 à 18 h 00 |
"Guerilla" occupe une position très particulière dans la discographie des Super Furry Animals. Il suit un album qui avait de l'ambition sans l'assumer totalement et précède un album assez grandiloquent et profondément maîtrisé. Il se retrouve ainsi en quelque sorte comme l'album de transition entre "Radiator" et "Rings Around The World". Pourtant, Guerilla ne peut simplement être considéré comme un album transitoire. Le contexte de sa rédaction est trop particulier pour cela et ses qualités trop fortes pour pouvoir le considérer comme un simple brouillon. Une étape, bien sûr, mais sûrement pas un brouillon.
La première chose qui frappe à l'écoute de cet album est avant tout le fait que les SFA nous refont le coup de l'album qui possède un certain liant. Plus qu'une collection de chansons pop, c'est bien un tout que nous tenons ici. Et à la différence de "Radiator", cette ambition est ici parfaitement assumée. Si la diversité demeure primordiale, les chansons s'enchaînent très naturellement, parfois à l'aide d'effets sonores bienvenus et l'album possède des interludes et une introduction, tels les "albums de hip-hop" selon Gruff Rhys. Une cohérence qui provient du climat d'empathie totale entre les SFA à l'époque.
Plus ambitieux que les albums précédents, plus cohérent dans sa diversité, "Guerilla" est aujourd'hui l'album préféré de son auteur. Rhys considère que celui-ci est le seul qui aurait vraiment mérité d'atteindre la place de numéro 1 dans les charts, le seul à être un album de pop parfaite pouvant toucher le plus grand nombre. Malheureusement, l'album ne se vendra pas aussi bien que "Radiator" et l'ego de Rhys sera tellement touché qu'il pondra un album bien plus autiste avec "Mwng".
Rétrospectivement, il est cependant aisé de considérer les propos de Rhys comme exagéré. En effet, si "Guerilla" possède de nombreuses qualités, l'album possède néanmoins un côté un peu bancal dans sa construction qui peut expliquer son insuccès relatif auprès du grand public. Très aventureux, plus cohérent que "Radiator", il se rapproche néanmoins toujours un peu du patchwork que de la grande oeuvre classique vers laquelle tendent les SFA. De même, si le son se muscle un peu, notamment sur le morceau caché en pregap qui peut servir de réelle introduction à l'album ou sur "Do or Die", on a parfois l'impression que certains morceaux ne vont pas au bout de leur idée ou de leur délire, comme "The Door To This House Remains Open" ou "Wherever I Lay My Phone".
Cependant, malgré ces quelques menus faux pas, le groupe assume bien plus ses délires, ce qui les rend bien plus attractifs et sympathiques. Revenons un instant sur "Do or Die". La chanson est éminemment débile et rappelle une certaine forme de Surf-punk, avec les effets de "vagues" que l'on peut entendre en arrière plan. Tout comme sur "The Teacher", le débile et le délire sont assumés et l'auditeur se prend au jeu, avec un groupe qui semble avoir retrouvé sa verve dans les morceaux rapides.
Si par ailleurs, la déception vient parfois des morceaux qui tendent bien plus vers la musique électronique que la pop, les utilisations dans les divers morceaux des effets électroniques sont bien plus parcimonieuses et viennent réellement donner un relief énorme à certains morceaux. Pop et électro se marient à merveille sur "Chewing Chewing Gum". Mais une des grandes surprises de l'album vient de "Some Things Come From Nothing" qui vient évoquer un Royksopp d'avant l'heure. Le morceau est purement électronique et vient toucher l'auditeur comme très rarement. En assumant totalement l'électro, Rhys et ses compères pondent ici un morceau enchanteur et qui emmène l'auditeur vers des sphères qu'il n'aurait jamais espéré atteindre avec ce groupe.
Mais là où les SFA tirent leur meilleur atout est à ce moment les morceaux purement pop. Toujours relevé par certains effets électriques, ou électroniques, la majesté de ces morceaux n'a d'égale que la virtuosité de la voix de Gruff sur ceux-ci. Le chanteur est ici à son meilleur niveau. Après avoir démarré timidement mais attendrissant, il devient ici un chanteur protéiforme à la voix malgré tout identifiable qui possède une confiance en soi bien plus développée que deux ans auparavant. Même dans ses singeries de "Northern Lites", Rhys est convaincant. Sa voix vient servir des morceaux parfaitement composés qui viennent servir une esthétique métisse, entre les années 60 de Bacharach, les 70's d'ELO et les 90 de l'électro et la Brit-Pop. Toutes ces influences digérées à merveille, associées à une production parfaite et à la voix de Gruff Rhys donnent ainsi des morceaux intemporels, rapidement identifiables et comptant parmi les grandes oeuvres des années 90 en terme de pop.
Ainsi, "The Turning Tide" est un très beau morceau de pop très 60's, porté par des paroles surréalistes délectables. "Northern Lites" est tout aussi jouissif.
Mais le clou de l'album se révèle être avant tout "Fire In My Heart". Des paroles assez cuculs, une mélodie sucrée et assez niaise, des instrumentations sans trop de virtuosités, une voix qui apparait bien plus fragile que sur les autres morceaux. Et pourtant ... Ca marche ! Ecoutez une fois le morceau, vous serez conquis, une seconde fois, vous serez amoureux. Une troisième et il en est fini de vous, vous ne pourrez plus vous en séparer. Tous les mauvais clichés de la pop, avec les choeurs à la Beach Boys, hantent ce morceau. Mais la mayonnaise fait plus que prendre. Le morceau est parfait et préfigure la majesté de l'album suivant ...
Malgré ses faiblesses, "Guerilla" se révèle bien plus attachant que "Radiator", tout en demeurant moins accrocheur que "Fuzzy Logic". Les SFA se muent en une machine pop parfaite. Plus qu'une étape, après une grève de la pop ...
La première chose qui frappe à l'écoute de cet album est avant tout le fait que les SFA nous refont le coup de l'album qui possède un certain liant. Plus qu'une collection de chansons pop, c'est bien un tout que nous tenons ici. Et à la différence de "Radiator", cette ambition est ici parfaitement assumée. Si la diversité demeure primordiale, les chansons s'enchaînent très naturellement, parfois à l'aide d'effets sonores bienvenus et l'album possède des interludes et une introduction, tels les "albums de hip-hop" selon Gruff Rhys. Une cohérence qui provient du climat d'empathie totale entre les SFA à l'époque.
Plus ambitieux que les albums précédents, plus cohérent dans sa diversité, "Guerilla" est aujourd'hui l'album préféré de son auteur. Rhys considère que celui-ci est le seul qui aurait vraiment mérité d'atteindre la place de numéro 1 dans les charts, le seul à être un album de pop parfaite pouvant toucher le plus grand nombre. Malheureusement, l'album ne se vendra pas aussi bien que "Radiator" et l'ego de Rhys sera tellement touché qu'il pondra un album bien plus autiste avec "Mwng".
Rétrospectivement, il est cependant aisé de considérer les propos de Rhys comme exagéré. En effet, si "Guerilla" possède de nombreuses qualités, l'album possède néanmoins un côté un peu bancal dans sa construction qui peut expliquer son insuccès relatif auprès du grand public. Très aventureux, plus cohérent que "Radiator", il se rapproche néanmoins toujours un peu du patchwork que de la grande oeuvre classique vers laquelle tendent les SFA. De même, si le son se muscle un peu, notamment sur le morceau caché en pregap qui peut servir de réelle introduction à l'album ou sur "Do or Die", on a parfois l'impression que certains morceaux ne vont pas au bout de leur idée ou de leur délire, comme "The Door To This House Remains Open" ou "Wherever I Lay My Phone".
Cependant, malgré ces quelques menus faux pas, le groupe assume bien plus ses délires, ce qui les rend bien plus attractifs et sympathiques. Revenons un instant sur "Do or Die". La chanson est éminemment débile et rappelle une certaine forme de Surf-punk, avec les effets de "vagues" que l'on peut entendre en arrière plan. Tout comme sur "The Teacher", le débile et le délire sont assumés et l'auditeur se prend au jeu, avec un groupe qui semble avoir retrouvé sa verve dans les morceaux rapides.
Si par ailleurs, la déception vient parfois des morceaux qui tendent bien plus vers la musique électronique que la pop, les utilisations dans les divers morceaux des effets électroniques sont bien plus parcimonieuses et viennent réellement donner un relief énorme à certains morceaux. Pop et électro se marient à merveille sur "Chewing Chewing Gum". Mais une des grandes surprises de l'album vient de "Some Things Come From Nothing" qui vient évoquer un Royksopp d'avant l'heure. Le morceau est purement électronique et vient toucher l'auditeur comme très rarement. En assumant totalement l'électro, Rhys et ses compères pondent ici un morceau enchanteur et qui emmène l'auditeur vers des sphères qu'il n'aurait jamais espéré atteindre avec ce groupe.
Mais là où les SFA tirent leur meilleur atout est à ce moment les morceaux purement pop. Toujours relevé par certains effets électriques, ou électroniques, la majesté de ces morceaux n'a d'égale que la virtuosité de la voix de Gruff sur ceux-ci. Le chanteur est ici à son meilleur niveau. Après avoir démarré timidement mais attendrissant, il devient ici un chanteur protéiforme à la voix malgré tout identifiable qui possède une confiance en soi bien plus développée que deux ans auparavant. Même dans ses singeries de "Northern Lites", Rhys est convaincant. Sa voix vient servir des morceaux parfaitement composés qui viennent servir une esthétique métisse, entre les années 60 de Bacharach, les 70's d'ELO et les 90 de l'électro et la Brit-Pop. Toutes ces influences digérées à merveille, associées à une production parfaite et à la voix de Gruff Rhys donnent ainsi des morceaux intemporels, rapidement identifiables et comptant parmi les grandes oeuvres des années 90 en terme de pop.
Ainsi, "The Turning Tide" est un très beau morceau de pop très 60's, porté par des paroles surréalistes délectables. "Northern Lites" est tout aussi jouissif.
Mais le clou de l'album se révèle être avant tout "Fire In My Heart". Des paroles assez cuculs, une mélodie sucrée et assez niaise, des instrumentations sans trop de virtuosités, une voix qui apparait bien plus fragile que sur les autres morceaux. Et pourtant ... Ca marche ! Ecoutez une fois le morceau, vous serez conquis, une seconde fois, vous serez amoureux. Une troisième et il en est fini de vous, vous ne pourrez plus vous en séparer. Tous les mauvais clichés de la pop, avec les choeurs à la Beach Boys, hantent ce morceau. Mais la mayonnaise fait plus que prendre. Le morceau est parfait et préfigure la majesté de l'album suivant ...
Malgré ses faiblesses, "Guerilla" se révèle bien plus attachant que "Radiator", tout en demeurant moins accrocheur que "Fuzzy Logic". Les SFA se muent en une machine pop parfaite. Plus qu'une étape, après une grève de la pop ...
Bon 15/20
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