The Pastels
Up For A Bit With The Pastels |
Label :
Glass |
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Sans The Pastels, les choses auraient été bien différentes. Pourtant leur histoire, oubliée parmi les oubliées, reste l'affaire de resonnance discrète et de réseau parrallèle, dont l'évocation, rempli d'anecdotes, suffit à réveiller la passion chez nombres de priviligiés les ayant connus au travers de leurs premiers albums.
Formés du fameux Stephen Pastel, accompagné de Brian Taylor, Martin Hayward et Bernice Simpson, tous originaires de Glasgow, le groupe portait au nue une pop unique, rempli d'évanescence naïve et de savoir-faire dépouillé et mal dégrossi. Une sorte de grand écard entre l'amateurisme candide et le sublime maniéré.
Up For A Bit With The Pastels, premier LP paru en 1987, est un chef-d'œuvre, que le groupe a pratiquement créé d'un premier jet. Inspirés par leurs illustres aînés écossais, Aztec Camera, Orange Juice, Joseph K, Jesus And Mary Chain, ces jeunes trublions, qui ne voulaient rien révolutionner du tout, furent pourtant d'une influence énorme sur le rock anglais par la suite, au travers de leur "anorak pop" (en référence au climat régional).
Dans le courant des années 80, quelques jeunes groupes indomptables refusaient de rentrer dans le moule et s'acharnaient à pratiquer un rock simple et basique, sans rien renier de son authenticité essentielle. Créatifs et motivés, ils se regroupèrent, isolés qu'ils étaient dans leur contrée écossaise hostile, et sortaient nombre de singles sur des labels indépendant et sans le sous qu'il fallait bien monter pour les besoins de la cause (Rough Trade, Cherry Red ou Domino, devenus des références en matière de rock indé grâce à leur ligne éditoriale irréprochable).
Aujourd'hui une compilation est devenu l'objet d'une dévotion pour tout amateur de musique qui se respecte. En 1986, le célèbre magazine NME décide de regrouper tous les groupes de cette scène locale sur une compilation. Le mouvement C86 (nommé ainsi en raison du format des cassettes vierges employées, C30, C60 ou C90) était né. Avec comme invités, une liste impressionnante où figuraient Shop Assistants, Soup Dragons, The Wolfhounds (dont le chanteur Bill Callahan ira former les étonnants Moonshake), les célèbres The Weeding Present, The Close Lobsters, Primal Scream, Mc Carthy (sa séparation donnera l'occasion à son leader Tim Gane de monter un autre projet avec une jeune étudiante française, Stereolab) ou encore The Mighty Lemon Drops. En fait tous mériteraient qu'on les remette sur les places d'honneur, tant leur étendu tentaculaire marqua la musique anglaise. Ce mouvement C86, magnifique de beauté authentique et entière, est fondamental. Entre légende et réalité ordinaire, la frontière est floue, tant l'addition incroyable de ces individualités atteignait des sommets vertigineux.
Parmi ces icônes sacrées venus d'Ecosse, les plus influents et les plus resplendissants étaient peut-être The Pastels, qui signait sur cette compilation, leur premier single, le célèbre "Breaking lines". On note aussi la présence de Stephen Pastel au sein des Shop Assistants. Son rôle dans ce mouvement ne s'arrête d'ailleurs pas là puisque ce génie à l'esprit adolescent avait ouvert le label 53rd & 3rd Records en 1985 qui abrita entre autres Talulah Gosh, Bmx Bandits et Vaselines (on connait tous l'admiration sans borne de Kurt Cobain pour Vaselines, qui reprendra nombres de chansons, l'élira N°1 de ses groupes préférés et baptisera sa fille du nom de sa chanteuse), des formations qui ne figuraient pas sur la cassette C86 mais qui étaient bien ancrés dans la tradition "anorak pop". L'impact de ce mouvement est gigantesque : Alan Mc Gee, ébloui par la frénésie en cette région ira monter son label Creation Records et se dépecher d'y signer deux groupes écossais : Primal Scream et Teenage Fanclub, avec le succés que l'on sait. Mais cela va plus loin encore puisque c'est carrément tout le Shoegazing et la Brit-Pop qui furent stimulés par le culot de ces groupes. Et de Belle et Sebastien à Franz Ferdinand, nombre d'écossais leur doivent une fière chandelle. Quant à The Pastels, ils furent LA référence pendant longtemps, sans connaître le succés ou tout du moins une carrière stable, si bien que l'histoire réecrite les aura ommis.
Pourtant Up For A Bit With The Pastels est un album parfait, dont l'écoute se réitère cent fois, mille fois, sans jamais lasser, tant le talent de ces pauvres voyous, amateurs des pubs anglais frisaient le génie. Il y a une sorte de magnificence à jouer une pop pareille de manière aussi démente, avec parfois cordes et arrangements, sans toutefois se soucier une seule seconde de sonner classieux. Le groupe cultivait l'art du refrain aquarelle avec une facilité déconcertante.
Loin de l'agitation de la capitale et de ses obligations commerciales, ils faisaient partager leur vision bien particulière de leur pop ligne claire, perverti par leur amour pour les brûlots rock pur et dur.
Leur musique est un mix improbable : parfaite comme nonchalante, lumineuse comme branleuse, miraculeuse comme inventive, éblouissante comme hautaine. Elle conjugue le sublime et le fameux avec une sorte d'irrévérence, d'audace presque impertinente.
Cette mauvaise troupe, cheveux longs en bataille, lunettes noires, blousons en jeans, à qui l'on ne voudrait pas présenter ses enfants, manipulait pourtant les mélodies avec une pureté inimaginable et une candeur gracieuse, belle à se mettre à genoux...
Formés du fameux Stephen Pastel, accompagné de Brian Taylor, Martin Hayward et Bernice Simpson, tous originaires de Glasgow, le groupe portait au nue une pop unique, rempli d'évanescence naïve et de savoir-faire dépouillé et mal dégrossi. Une sorte de grand écard entre l'amateurisme candide et le sublime maniéré.
Up For A Bit With The Pastels, premier LP paru en 1987, est un chef-d'œuvre, que le groupe a pratiquement créé d'un premier jet. Inspirés par leurs illustres aînés écossais, Aztec Camera, Orange Juice, Joseph K, Jesus And Mary Chain, ces jeunes trublions, qui ne voulaient rien révolutionner du tout, furent pourtant d'une influence énorme sur le rock anglais par la suite, au travers de leur "anorak pop" (en référence au climat régional).
Dans le courant des années 80, quelques jeunes groupes indomptables refusaient de rentrer dans le moule et s'acharnaient à pratiquer un rock simple et basique, sans rien renier de son authenticité essentielle. Créatifs et motivés, ils se regroupèrent, isolés qu'ils étaient dans leur contrée écossaise hostile, et sortaient nombre de singles sur des labels indépendant et sans le sous qu'il fallait bien monter pour les besoins de la cause (Rough Trade, Cherry Red ou Domino, devenus des références en matière de rock indé grâce à leur ligne éditoriale irréprochable).
Aujourd'hui une compilation est devenu l'objet d'une dévotion pour tout amateur de musique qui se respecte. En 1986, le célèbre magazine NME décide de regrouper tous les groupes de cette scène locale sur une compilation. Le mouvement C86 (nommé ainsi en raison du format des cassettes vierges employées, C30, C60 ou C90) était né. Avec comme invités, une liste impressionnante où figuraient Shop Assistants, Soup Dragons, The Wolfhounds (dont le chanteur Bill Callahan ira former les étonnants Moonshake), les célèbres The Weeding Present, The Close Lobsters, Primal Scream, Mc Carthy (sa séparation donnera l'occasion à son leader Tim Gane de monter un autre projet avec une jeune étudiante française, Stereolab) ou encore The Mighty Lemon Drops. En fait tous mériteraient qu'on les remette sur les places d'honneur, tant leur étendu tentaculaire marqua la musique anglaise. Ce mouvement C86, magnifique de beauté authentique et entière, est fondamental. Entre légende et réalité ordinaire, la frontière est floue, tant l'addition incroyable de ces individualités atteignait des sommets vertigineux.
Parmi ces icônes sacrées venus d'Ecosse, les plus influents et les plus resplendissants étaient peut-être The Pastels, qui signait sur cette compilation, leur premier single, le célèbre "Breaking lines". On note aussi la présence de Stephen Pastel au sein des Shop Assistants. Son rôle dans ce mouvement ne s'arrête d'ailleurs pas là puisque ce génie à l'esprit adolescent avait ouvert le label 53rd & 3rd Records en 1985 qui abrita entre autres Talulah Gosh, Bmx Bandits et Vaselines (on connait tous l'admiration sans borne de Kurt Cobain pour Vaselines, qui reprendra nombres de chansons, l'élira N°1 de ses groupes préférés et baptisera sa fille du nom de sa chanteuse), des formations qui ne figuraient pas sur la cassette C86 mais qui étaient bien ancrés dans la tradition "anorak pop". L'impact de ce mouvement est gigantesque : Alan Mc Gee, ébloui par la frénésie en cette région ira monter son label Creation Records et se dépecher d'y signer deux groupes écossais : Primal Scream et Teenage Fanclub, avec le succés que l'on sait. Mais cela va plus loin encore puisque c'est carrément tout le Shoegazing et la Brit-Pop qui furent stimulés par le culot de ces groupes. Et de Belle et Sebastien à Franz Ferdinand, nombre d'écossais leur doivent une fière chandelle. Quant à The Pastels, ils furent LA référence pendant longtemps, sans connaître le succés ou tout du moins une carrière stable, si bien que l'histoire réecrite les aura ommis.
Pourtant Up For A Bit With The Pastels est un album parfait, dont l'écoute se réitère cent fois, mille fois, sans jamais lasser, tant le talent de ces pauvres voyous, amateurs des pubs anglais frisaient le génie. Il y a une sorte de magnificence à jouer une pop pareille de manière aussi démente, avec parfois cordes et arrangements, sans toutefois se soucier une seule seconde de sonner classieux. Le groupe cultivait l'art du refrain aquarelle avec une facilité déconcertante.
Loin de l'agitation de la capitale et de ses obligations commerciales, ils faisaient partager leur vision bien particulière de leur pop ligne claire, perverti par leur amour pour les brûlots rock pur et dur.
Leur musique est un mix improbable : parfaite comme nonchalante, lumineuse comme branleuse, miraculeuse comme inventive, éblouissante comme hautaine. Elle conjugue le sublime et le fameux avec une sorte d'irrévérence, d'audace presque impertinente.
Cette mauvaise troupe, cheveux longs en bataille, lunettes noires, blousons en jeans, à qui l'on ne voudrait pas présenter ses enfants, manipulait pourtant les mélodies avec une pureté inimaginable et une candeur gracieuse, belle à se mettre à genoux...
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Vic |
Posté le 08 mai 2009 à 11 h 51 |
L'histoire des Pastels me fiche généralement un cafard monumental.
Je ne comprendrai jamais pourquoi des gens aussi doués manquèrent à ce point le coche. Certes, reconnus et chéris par d'innombrables crève la faim jamais rassasiés de perfection pop, on peut dire que le reste du monde n'en est fichu comme de sa première chemise...
Up For A Bit With The Pastel est un des premiers albums des Pastels, et c'est déjà un grand truc.
Une clé de voûte de l'indie pop sans faute, un phare dans la nuit, un signe de ralliement pour toutes les âmes perdues en quête d'autre chose que la banalité fatigante et le marasme mainstream.
La voix mignonne et couillone de Stephen Pastel qui babille des choses sur l'amour et l'amitié et... sur l'amitié et l'amour.
Un grand garçon qui fait mine de ne pas comprendre qu'il faudra peut-être un jour devenir adulte, parfois changer et y laisser des plumes.
Mais ne jamais céder.
The Pastels, c'est lui ; le cœur pur et les idées en vrac.
À mille lieux de se penser génial, le groupe de Glasgow.
C'est un jeu de gamins. "On pourrait faire semblant d'être un groupe... Toi tu ferais le chanteur et moi le guitariste...". Tout ça n'est pas très sérieux en fait. Et pourtant ça l'est !
Comme le sont tous les jeux d'enfants en fin de compte.
Un titre comme "Address Book" ne peut être que pris au sérieux de toute façon.
Une ballade caoutchouteuse, et patraque. Du sucre plein la bouche et les mains.
Et puis c'est marrant d'y entendre déjà certaines fulgurances Brit pop là-dessus, (Blur).
Une coïncidence, bien entendu... Comme toujours.
Cet album est un rempart molletonné où l'on vient se cogner les rêves et réparer les chagrins. Nous n'avons plus rien à voir avec le monde désormais...
"Crawl Babies" attrape chacun à bras le corps et s'éloigne déjà très haut, au-dessus de toutes considérations.
Ce titre est un moment de grâce.
Ces intérimaires de la pop écossaise bricolent et élaborent la charpente d'une ‘international pop' en sucre d'orge.
Avec des plans et croquis de la vieille bâtisse, glanés et répertoriés au détour d'un amour immodéré pour quelques disques essentiels, ils érigent un Wall of Sound avachi qui tient avec des morceaux de scotch et du carton ; les doigts poisseux, pleins de colle.
L'édifice à ce jour tient toujours parfaitement bien. "Automatically Yours... yeah yeah yeah".
La musique des Pastels est faite pour regarder le ciel se charger de nuages, écouter la pluie tomber, attendre celui qui ne viendra jamais.
"If I Could Tell you". Si seulement je pouvais te dire tout le bien que je pense de toi...
Le disque s'achève.
Qu'avons-nous fait depuis tout ce temps?
Nous avons vieillis...
Il y a quelques minutes encore, les Pastels étaient le monde.
"I'm Alright With You".
Je ne comprendrai jamais pourquoi des gens aussi doués manquèrent à ce point le coche. Certes, reconnus et chéris par d'innombrables crève la faim jamais rassasiés de perfection pop, on peut dire que le reste du monde n'en est fichu comme de sa première chemise...
Up For A Bit With The Pastel est un des premiers albums des Pastels, et c'est déjà un grand truc.
Une clé de voûte de l'indie pop sans faute, un phare dans la nuit, un signe de ralliement pour toutes les âmes perdues en quête d'autre chose que la banalité fatigante et le marasme mainstream.
La voix mignonne et couillone de Stephen Pastel qui babille des choses sur l'amour et l'amitié et... sur l'amitié et l'amour.
Un grand garçon qui fait mine de ne pas comprendre qu'il faudra peut-être un jour devenir adulte, parfois changer et y laisser des plumes.
Mais ne jamais céder.
The Pastels, c'est lui ; le cœur pur et les idées en vrac.
À mille lieux de se penser génial, le groupe de Glasgow.
C'est un jeu de gamins. "On pourrait faire semblant d'être un groupe... Toi tu ferais le chanteur et moi le guitariste...". Tout ça n'est pas très sérieux en fait. Et pourtant ça l'est !
Comme le sont tous les jeux d'enfants en fin de compte.
Un titre comme "Address Book" ne peut être que pris au sérieux de toute façon.
Une ballade caoutchouteuse, et patraque. Du sucre plein la bouche et les mains.
Et puis c'est marrant d'y entendre déjà certaines fulgurances Brit pop là-dessus, (Blur).
Une coïncidence, bien entendu... Comme toujours.
Cet album est un rempart molletonné où l'on vient se cogner les rêves et réparer les chagrins. Nous n'avons plus rien à voir avec le monde désormais...
"Crawl Babies" attrape chacun à bras le corps et s'éloigne déjà très haut, au-dessus de toutes considérations.
Ce titre est un moment de grâce.
Ces intérimaires de la pop écossaise bricolent et élaborent la charpente d'une ‘international pop' en sucre d'orge.
Avec des plans et croquis de la vieille bâtisse, glanés et répertoriés au détour d'un amour immodéré pour quelques disques essentiels, ils érigent un Wall of Sound avachi qui tient avec des morceaux de scotch et du carton ; les doigts poisseux, pleins de colle.
L'édifice à ce jour tient toujours parfaitement bien. "Automatically Yours... yeah yeah yeah".
La musique des Pastels est faite pour regarder le ciel se charger de nuages, écouter la pluie tomber, attendre celui qui ne viendra jamais.
"If I Could Tell you". Si seulement je pouvais te dire tout le bien que je pense de toi...
Le disque s'achève.
Qu'avons-nous fait depuis tout ce temps?
Nous avons vieillis...
Il y a quelques minutes encore, les Pastels étaient le monde.
"I'm Alright With You".
Exceptionnel ! ! 19/20
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