Pale Saints
The Comfort Of Madness |
Label :
4AD |
||||
A entendre ces détours déchaînés et frapadingues, cette voix distante, éthérée et neurasthénique, ce shoegazing à la fois délicat et cramé, on reste éberlué. Une sorte de lenteur contagieuse finit toujours par rattraper le déferlement de guitares soniques pour le plonger dans une froideur et un détachement saisissant.
Les guitares sont utilisées comme des coups de ciseaux, la basse un câble d'aluminium et la batterie un maillet, mais les martèlements froissent à peine une feuille de papier. Les notes miraculeuses et les arrangements magnifiques sortent d'un fouillis sonore comme par enchantement. Une torpeur s'installe au beau milieu d'explosions, de vacarmes et de déflagrations en tout genre. C'est vraiment étrange.
Ian Matters est un doux dingue, envahi de névroses et de fantômes intérieurs. Il chante comme un ahuri par-dessus une démolition en règle. A partir de pulsions maladroites et maladives, il arrive à faire de sa musique une révélation. A partir d'un acharnement sonore, il la guide vers une lumière brumeuse mais somptueuse dont on ne sait si elle est bonne à contempler.
Sa voix est détachée, les guitares se crispent sans raison et la batterie cogne pour rien, si bien qu'on se demande pourquoi faire tant de bruit pour dire des choses si douces. Ça ressemble à un tir de pistolet dans un oreiller, une sorte de feux d'artifices de plumes. On perd pied. Derrière les mélodies évidentes se cachent des signes de folie, à chaque détour on risque d'être surpris par quelques bruits dadaïstes ou une saturation électrique. Mais ces difficultés (ce premier opus est une des pièces maîtresses du shoegazing, mais pas le plus apaisé du groupe et encore moins le plus accessible) rendent l'ensemble attachant, intriguant et sans conteste très beau. D'après le titre ne serions-nous pas en effet dans un monde où la démence est la loi, la raison passible de sentence ? Celui-là même où habite Ian Matters ?
Sur la corde raide, on marche en équilibriste au beau milieu d'une construction qui se démolit à chaque chanson, un labyrinthe dont le plan se modifie à chaque fois, un palais des glaces dans l'obscurité. La magnificence, la grâce n'ont jamais paru aussi fragiles. Les définitions se brouillent.
Le chant de Ian Matters semble si doux qu'il en devient irréel. Il nous renvoit non pas à ce qu'on recherche dans sa musique -il l'ignore lui-même-, mais sur cette propre recherche. Toutes les interrogations suscitées, la foule d'émotions ressenties devant cette œuvre hors-norme apparaissent comme des trésors. Des trésors de beauté et de finesse.
Car la musique de Pale Saints, aussi étrange qu'elle puisse paraître, est belle et mélodieuse à en pleurer.
Les guitares sont utilisées comme des coups de ciseaux, la basse un câble d'aluminium et la batterie un maillet, mais les martèlements froissent à peine une feuille de papier. Les notes miraculeuses et les arrangements magnifiques sortent d'un fouillis sonore comme par enchantement. Une torpeur s'installe au beau milieu d'explosions, de vacarmes et de déflagrations en tout genre. C'est vraiment étrange.
Ian Matters est un doux dingue, envahi de névroses et de fantômes intérieurs. Il chante comme un ahuri par-dessus une démolition en règle. A partir de pulsions maladroites et maladives, il arrive à faire de sa musique une révélation. A partir d'un acharnement sonore, il la guide vers une lumière brumeuse mais somptueuse dont on ne sait si elle est bonne à contempler.
Sa voix est détachée, les guitares se crispent sans raison et la batterie cogne pour rien, si bien qu'on se demande pourquoi faire tant de bruit pour dire des choses si douces. Ça ressemble à un tir de pistolet dans un oreiller, une sorte de feux d'artifices de plumes. On perd pied. Derrière les mélodies évidentes se cachent des signes de folie, à chaque détour on risque d'être surpris par quelques bruits dadaïstes ou une saturation électrique. Mais ces difficultés (ce premier opus est une des pièces maîtresses du shoegazing, mais pas le plus apaisé du groupe et encore moins le plus accessible) rendent l'ensemble attachant, intriguant et sans conteste très beau. D'après le titre ne serions-nous pas en effet dans un monde où la démence est la loi, la raison passible de sentence ? Celui-là même où habite Ian Matters ?
Sur la corde raide, on marche en équilibriste au beau milieu d'une construction qui se démolit à chaque chanson, un labyrinthe dont le plan se modifie à chaque fois, un palais des glaces dans l'obscurité. La magnificence, la grâce n'ont jamais paru aussi fragiles. Les définitions se brouillent.
Le chant de Ian Matters semble si doux qu'il en devient irréel. Il nous renvoit non pas à ce qu'on recherche dans sa musique -il l'ignore lui-même-, mais sur cette propre recherche. Toutes les interrogations suscitées, la foule d'émotions ressenties devant cette œuvre hors-norme apparaissent comme des trésors. Des trésors de beauté et de finesse.
Car la musique de Pale Saints, aussi étrange qu'elle puisse paraître, est belle et mélodieuse à en pleurer.
Bon 15/20 | par Vic |
Posté le 14 décembre 2007 à 00 h 20 |
En pleine période shoegaze et sur la foi d'un label archiconnu, j'ai donc fait la connaissance de ce groupe particulier : Pale Saints. L'achat de cet album s'est faite aussi grâce à une pochette que j'aimais beaucoup. Quant au contenu, je n'ai pas été déçu... De la pop noisy soyeuse, avec la voix en retrait de Ian Masters, les guitares torturées dans tous les sens, un rythme général en équilibre précaire constant. La première chanson "Way The World Is"est caractéristique de ce climat : batterie déglinguée, guitares aériennes larsenisées, voix peinant à se frayer un passage. La seconde "Sea Of Sound" est de même acabit avec ces ruptures bienvenues. Le changement intervient sur le troisième morceau dans lequel le rythme s'assagit avec des guitares plus cristallines, imposant une douce mélancolie qui sied bien à ce groupe, avant de repartir dans un final bruitiste. La tension revient avec la quatrième chanson au rythme de batterie martial voire funambule. Le sommet du style Pale Saints est sans doute atteint sur "Fell From The Sun" aux guitares débranchées, à l'apparition des percus et à la voix en écho, comme quoi Ian Masters sait faire autre chose que de se cacher derrière le bruit pour atteindre son but. On y sent le personnage rêveur, sensible. "Time Thief" est classique vis-à-vis de l'ambiance générale de l'album mais contient un final déroutant aux guitares plaintives, qui miaulent (d'où la pochette ?). La basse porte le morceau suivant "You Tear The World In Two" qui souffle le chaud et le froid avec un mur de guitare imposant, une voix soutenue par des chœurs flottants comme une neige portée par le vent, et une batterie mis enfin en retrait. Les guitares se font rafales de mitraillette sur "True Coming Dream" qui contraste avec la voix détachée. Des trois derniers morceaux, je retiendrais bien évidemment plutôt "Language Of Flowers" avec sa ligne de basse particulière...17 ans après sa sortie, j'ai toujours autant de plaisir à écouter ce album, car j'y avais trouvé une déclinaison particulière du mouvement shoegaze, un talent évident à l'écriture, à la construction mélodique des chansons, un soin particulier mis à toute l'instrumentalisation de l'ensemble et une inventivité bruitiste intéressante...
Parfait 17/20
Posté le 09 juillet 2008 à 11 h 51 |
S'il y a bien une musique dans laquelle il est souvent bon de se noyer c'est bien celle des Pale Saints.
Un peu le groupe rêvé entre My Bloody Valentine et Ride.
D'eux, on peut dire qu'ils avaient vraiment tout compris !
La musique des Pale Saints ne parle pourtant pas une langue familière.
Vaporeuses, sans cesse troublées, ces lignes de guitares aux contours flous arrivent cependant en permanence à se frayer un chemin vers des zones lumineuses, accessibles à notre compréhension.
Ian Masters, petit page du shoegaze lui-même paraît parfois irréel, déconnecté de ses semblables.
Il chante avec ce timbre indéterminé, nébuleux. On dirait qu'il va s'échapper derrière chaque refrain, pour ne plus réapparaître...
De cette musique spongieuse, comme tournant au ralenti, sortent comme par enchantement des titres inattaquables sur le plan du songwriting.
"The Way The World Is", "Insubstantial", l'incroyablement bon "Language of Flowers", avec cette basse que l'on croirait héritée d'un New Order période Brotherhood, conduit notre âme jusqu'à l'ivresse, grisée par tant de charme et de pureté.
On sent malgré tout quelque chose de bancal, de disloqué tout au long de l'album.
Ça ne tourne pas très rond dans la tête de Ian Masters.
Pourquoi ce frêle jeune homme chante ainsi, sinon pour échapper à ses tourments.
Cet étrange couinement d'animal (on ne sait pas trop à vrai dire) à la toute fin de "Time Thief", singulier tout de même ! Charmante étrangeté...
Les Pale Saints n'auront pas fait long feu, deux albums à dire vrai, sous la houlette de Ian Masters (pilier du groupe), parti vers d'autres horizons après "In Ribbons", laissant le groupe un peu (beaucoup) paumé et orphelin d'un songwriter à qui il était trop difficile de suppléer.
Reste cet album extraordinaire, que l'on peut se procurer sans crainte d'être désillusionné.
La musique des Pale Saints ne déçoit jamais.
Un peu le groupe rêvé entre My Bloody Valentine et Ride.
D'eux, on peut dire qu'ils avaient vraiment tout compris !
La musique des Pale Saints ne parle pourtant pas une langue familière.
Vaporeuses, sans cesse troublées, ces lignes de guitares aux contours flous arrivent cependant en permanence à se frayer un chemin vers des zones lumineuses, accessibles à notre compréhension.
Ian Masters, petit page du shoegaze lui-même paraît parfois irréel, déconnecté de ses semblables.
Il chante avec ce timbre indéterminé, nébuleux. On dirait qu'il va s'échapper derrière chaque refrain, pour ne plus réapparaître...
De cette musique spongieuse, comme tournant au ralenti, sortent comme par enchantement des titres inattaquables sur le plan du songwriting.
"The Way The World Is", "Insubstantial", l'incroyablement bon "Language of Flowers", avec cette basse que l'on croirait héritée d'un New Order période Brotherhood, conduit notre âme jusqu'à l'ivresse, grisée par tant de charme et de pureté.
On sent malgré tout quelque chose de bancal, de disloqué tout au long de l'album.
Ça ne tourne pas très rond dans la tête de Ian Masters.
Pourquoi ce frêle jeune homme chante ainsi, sinon pour échapper à ses tourments.
Cet étrange couinement d'animal (on ne sait pas trop à vrai dire) à la toute fin de "Time Thief", singulier tout de même ! Charmante étrangeté...
Les Pale Saints n'auront pas fait long feu, deux albums à dire vrai, sous la houlette de Ian Masters (pilier du groupe), parti vers d'autres horizons après "In Ribbons", laissant le groupe un peu (beaucoup) paumé et orphelin d'un songwriter à qui il était trop difficile de suppléer.
Reste cet album extraordinaire, que l'on peut se procurer sans crainte d'être désillusionné.
La musique des Pale Saints ne déçoit jamais.
Parfait 17/20
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