Pale Saints

In Ribbons

In Ribbons

 Label :     4AD 
 Sortie :    mardi 14 avril 1992 
 Format :  Album / CD  K7 Audio   

Un des moyens pour faire planer est de créer un court-circuit neuronique et d'agir sur les fusibles du cerveau. Par ses vertus euphorisantes, la musique y arrive très bien.
Celle de Pale Saints assure un décolage aérien de part ses déstructurations déstabilisantes et l'étrangeté enchanteresse des voix. Réitérant les larsens et autres réverbérations jusqu'à inhibition, multipliant les coupures de rythme destinées à perdre l'auditeur dans ce dédale musical, saturant, par un mur du son gigantesque et très travaillé (Hugh Jones, le producteur, est un expert du genre) l'espace nécessaire à la distinction des composants, In Ribbons est là pour couper tout contact avec la raison, la réflexion, habituels parasites à l'évasion.
Dépouillé et pris de surprise, on devient vulnérable alors à une déferlante de sensations qui nous arrive. Les mélodies prédominantes et hypnotiques, la texture sonore, la finesse dans les arrangements, nous entraînent ailleurs et détruisent tous repères familiers. Le chant de Ian Masters (auquel peut s'ajouter celui de Meriel Barham, transfuge de Lush) rêveur, aspiré, éthéré et plein de grâce, sème le doute: dénué de tout affect, hormis pour sa simple expression, il semble si irréel que l'on voyage dans des royaumes inconnus et merveilleux. Cela ressemble à une voix d'ange ou plutôt à celle d'un fantôme: c'est-à-dire décharné et réduit à sa propre essence. Tout réside alors dans son association avec les guitares saturées, quasi-transcendantales.
La musique de Pale Saints se fait l'expression de la fuite à travers une multitude d'émotions, de couleurs, de chaleurs. On est en état d'apesanteur, agréable et déroutant. D'autant plus déroutant qu'aucune clé n'est livrée, la pop-rock est détournée de sa nature intrinsèque pour une décompression contemplative qui se suffit à elle-même.
Pour beaucoup d'esprits étroits ce détachement et ce radicalisme sont la marque d'un autisme flagrant, voire d'une suffissance éhontée, auquel Pale Saints s'inscrivait au même titre que tout ceux de la vague shoegazing (Slowdive, Chapterhouse, Ride...). Pour certains, par contre, la rencontre avec le génie dérangé qu'était Ian Masters est toujours l'occasion d'explorer des zones à dix-mille années-lumière de tout référentiel aujourd'hui archivé par les astronomes...


Exceptionnel ! !   19/20
par Vic


 Moyenne 18.67/20 

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Posté le 22 avril 2006 à 12 h 35

Il y a des jours comme ça, bénis des Dieux.

Des jours où par le plus grand des hasard, parce qu'on a du temps à tuer, parce qu'on attend après notre ordinateur que cette foutue application veuille bien démarrer... Bref des jours où l'on traîne sur le Net à la recherche d'on ne sait pas trop quoi et qu'on tombe sur des perles.
Moi je suis tombée sur le clip de "Blue Flower" la reprise de Mazzy Star par les Pale Saints. Bien que ce ne soit pas directement leur chanson, ce titre m'a fichu une sacré claque.
Un peu plus tard en cherchant un peu, j'ai trouvé une deuxième chanson "Throwing Back The Apple", hymne shoegaze en diable et drôlement efficace. J'ai pas hésité longtemps à acquérir ce disque que j'ai aujourd'hui entre les mains.
Flirtant avec la pop éthérée de My Bloody Valentine, mais calmant le jeu des expérimentations par des mélodies tout simplement magiques, les Pale Saints livre un album quasi-parfait. Des voix sublimes (surtout celle de Ian Masters) noyées sous des couches de guitares tour à tour noisy, cristallines, rouges, fusionelles. Une basse ronde et mélodieuse qui rappelle parfois celle de Joy Division ou des Stone Roses. C'est un délice, une véritable expérience extatique. Et autant vous prévenir, ce disque ne renferme pas de secret.
Pas de zone d'ombre, pas de morceaux difficiles où il va falloir revenir dessus un nombre de fois incalculable pour bien en capter l'essence. Non. Ici tout nous est offert à la fois.
Dès le premier titre on est pris dans un tourbillon, une magie qui ne s'achèvera qu'avec le dernier morceau. "Ordeal", "Hunted" "Thread Of Light" ou encore le sublime "Hair Shoes" qui rappelle par moment la guitare aérienne de Vini Reilly (The Durutti Column) sont des titres qui vous emmènent très loin. Guidés par la voix de sirène de Meriel Barham, on les suit vers des contrées lumineuses, où les corps défient la loi de la gravité et où le temps s'est arrêté. Tout au long de cet album il règne une atmosphère d'innocence et d'éternité, l'extase sonore atteignant des sommets sur les deux derniers titres (bon sang la guitare de "Featherframe") et surtout l'insurpassable "A Thousand Stars Burst Open", qui clôt magistralement l'album, rafrachissante et salvatrice comme une pluie d'été. Ce disque est sorti il y a de ça presque 15 ans.
Que font aujourd'hui des hommes comme Ian Masters, Kevin Shields,Mark Gardener ou Andy Bell? (oui, Andy Bell on sait... hélas). Je ne sais pas si un jour on reverra ces lascars, mais une chose est sûr, ces hommes ont indéniablement marqué la musique.
Les disques qui sont sortis à une époque, ont le privilège que certains ne peuvent pas s'offrir. Il ne vieillissent pas. Ils sont, comment dit t-on déjà ici ?

Intemporel.
Exceptionnel ! !   19/20



Posté le 22 avril 2013 à 16 h 58

Question,
Mais que devient Ian Masters? C'est pas très sympa de laisser les gens sans nouvelles comme ça. Pale Saints, encore une de ces étoiles filantes 90's, quelques albums ancrés dans leur époque, qui n'en bougeront plus et puis s'en va.

In Ribbons donc,

Alors là, on a affaire à une Masters'piece noisy pop, l'album s'écoute d'une traite, aucune faute de goût n'est à déplorer. Niveau production, les guitares y sont très saturées, on est dans le gros son et pourtant, tout est limpide et détectable, le ressentis général du disque laisse quelque chose de très translucide.
Ça commence avec le trop cool "Throwing Back The Apple", de la power pop magnifiquement ficelée, on y entend les voix de Ian Master et Meriel Barham (ex Lush) se croiser - exquis. Ça continue avec "Ordeal" doté de son intro inquiétante et de sa mélodie en escalier. "Thread Of Light" fait retomber la pression, "Shell" et ses cordes sinueuses, "Hair Shoes" atteint des sommets de froideur incandescente et ce ne sont pas les couplets de "Babymaker" qui arrangerons les choses. "Neverending Night" est peut-être la meilleure chanson de Lush, Meriel Barham donne tout mélodiquement. Les contes de Ian Masters empêchent de fermer l'oeil par peur de rater un passage ("Liquid", "There Is No Day"). L'album se clotûre sous un rayon de soleil se faufilant entre deux nuages, "Featherframe".

In Ribbons est un grand album de pop rêveuse et planante concocté par des melody makers très doués.
Excellent !   18/20







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