Sebadoh

Que peut-on attendre d'un nouvel album de Sebadoh en 2019 ? Leur résurrection de 2012 m'avait laissé un très bon souvenir de concert mais l'EP Secret et l'album Defend Yourself, sans être désagréables, avaient rapidement disparu de mes playlists. Ce nouvel album va-t-il laisser plus de traces ? Difficile de le dire à ce stade.

Premier constat : si on distingue toujours aussi nettement les morceaux de Lou Barlow des morceaux de Jason Loewenstein, on sent que le premier apporte de la richesse mélodique aux morceaux du second, qui en retour apporte de l'agressivité à ceux du premier. Et c'est probablement ce qui leur permet de faire corps et de sortir un album cohérent. Musicalement, les trois collègues semblent s'éclater et trouver leur place, et tout ça respire le rock'n'roll et l'amour des morceaux bien foutus.

Comme le sous-entend le titre de cet album, on n'est pas surpris par son contenu. Et au fil des réécoutes, s'il y a des bouts de riffs et de mélodies très chouettes un peu partout, je ne retiens que trois morceaux susceptibles de tenir la comparaison avec le Sebadoh de la grande époque. A ma grande surprise, deux d'entre eux sont de Jason : "Vacation", nerveux et groovy mais sans un pète de graisse, et "Raging River", qui résume ce que Sebadoh sait faire de mieux en matière de gros son. Le troisième morceau est à mon sens le vrai single de cet album, plus qu'un "Celebrate The Void" qui met du temps à décoller vraiment : il s'agit de "Fool", une belle chanson qu'on pourrait croire écrite par le Belle & Sebastian joyeux de Dear Catastrophe Waitress, mais exécuté avec le son gras et l'enthousiasme power pop caractéristique de nos trois gaillards. Trois excellents morceaux sur les quinze que compte l'album, ce n'est pas énorme, mais beaucoup de groupes aimeraient pouvoir en faire autant après trente-trois de carrière.