808 State
Quadrastate |
Label :
Creed |
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Avec la sortie de Newbuild en octobre 1988, les trois mancuniens de 808 State (Gerald Simpson, Graham Massey et Martin Price) se font véritablement connaitre sur la scène électro underground qui naît petit à petit dans le nord de l'Angleterre. Toujours basé au sous-sol de la boutique de disque de Martin (Eastern Bloc), le trio a passé l'année 88 à enregistrer jam et nouveaux titres. Certains de ces titres, notamment les deux mixes de "Let Yourself Go", sa face B "Deepville" et deux titres datant de 1987, "Massagerama" et sa façe B "Sex Mechanic" sont tous deux publiés sur leur label "maison" Creed sous forme de maxis 45T en novembre 1988, le premier sous le nom de 808 State, le second sous l'alias de Lounge Jays, le nom que le groupe se donnait avant de définitivement choisir un patronyme ayant un rapport direct avec l'un des instruments les plus fondamentaux de leur musique : la boite à rythme Roland TR 808. Ils enregistrent également à la même époque deux reprises "acides" de New Order : "Blue Monday" et "Confusion", maxi qui sera considéré comme perdu par Massey jusqu'a ce que Sean Booth, moitié de Autechre retrouve la cassette originale avant de la ressortir officiellement sur vinyle en 2004.
C'est également à l'automne 88 que Gerald Simpson, sous le pseudo de A Guy Called Gerald, sort ses premiers titres solos sur le label Rham, et notamment le très fameux "Voodoo Ray", ses samples et sa rythmique syncopée, véritable premier jalon dans l'histoire de la house music britannique. Fort d'un succès explosif dans les charts club, Simpson songe dés la fin de l'année 88 à quitter 808 State pour voler de ses propres ailes, chose qu'il finira finalement par faire, non sans avoir laissé une ultime contribution au groupe, et quelle contribution...
Avant même que Simpson s'en aille, deux jeunes DJs âgé d'environ 20 ans chacun, nommés Andrew Barker et Darren Partington, commençaient à sérieusement traîner dans le sillage de Eastern Bloc et des membres du groupe. Ayant à eux deux formé "The Spinmaster", un duo de DJs sillonnant ce qu'on pourrait nommer les "MJC" locales, ils cherchent à se professionnaliser et, pourquoi pas, directement faire de la musique. Graham Massey et Martin Price, malgré leur différence d'âge (une bonne dizaine d'année) décident de recruter les deux "new kids on the block". Cet évènement se déroule au tout début de l'année 1989, au même moment ou Gerald Simpson commence à tripatouiller son sampleur avec des bruits de cris d'oiseaux tropicaux.
Il emmène son début de morceau avec lui au sous sol d'Eastern Block, et là commence une jam session pendant laquelle Simpson, Massey et Price donnent naissance à la toute première mouture de leur premier tube, à savoir "Pacific State". Savant mélange d'acid house au rythme syncopé et hypnotique, d'ambient baléarique (inspiré des disques de house italienne et espagnols) aux cordes synthétiques prononcées et de lounge jazz tranquille (la clarinette de Graham Massey), le titre a déjà tout d'un carton. Pourtant, au moment de sa composition, les auteurs sont encore loin du succès et de la notoriété que le titre leur apportera. Les "Spinmasters" récupèrent une cassette du "rough mix" de ce titre, titre qu'ils ne se privent pas de diffuser religieusement à la fin de chacun de leur DJ sets, et notamment ceux qu'ils effectuent toute les semaines au printemps et pendant l'été 1989.
Une fois "Pacific" mixé, Simpson prends la décision de quitter définitivement le groupe. Dans le même temps, le quatuor nouvellement formé (autour de Graham Massey, Martin Price, Andrew Barker et Darren Partington) prends la décision de continuer à composer de la musique sous le nom de 808 State. De novembre 88 à mars 89, le groupe enchaine la composition de nouveaux titres. Objectif : sortir un premier véritable album d'ici la fin de l'année 1989. Privé pour le moment d'un véritable label, le groupe revoit dans un premier temps ses objectifs à la baisse afin de sortir un mini-album avant la fin de l'été.
Dans le même temps, Graham Massey, encore membre de Biting Tongues, son premier groupe signé chez Factory, auteur d'un jazz new-wave assez spécial, enregistre Recharge, l'ultime album du groupe enregistré ici en tandem avec Howard Walmsley. Massey étant à cette époque fasciné par les nouveaux sons house et techno, il fait de cet ultime album de Biting Tongues un disque très influencé par l'electronica, influence qu'il partage lors de l'enregistrement des nouveaux titres de 808 State. D'ailleurs, de manière à économiser sur tous les plans, l'enregistrement de l'album des Tongues se fait en même temps que celui du futur mini-album de 808 State au sein des studios Spirit, à Manchester. Les deux disques partagent donc une certaine unité de son et sont souvent comparés l'un à l'autre par les fans, même si Recharge reste un disque qui a longtemps été introuvable, faute de pressage suffisant jusqu'au début des années 2010.
Les sessions se déroulant bien, le mini album nommé Quadrastate (car principalement enregistré avec le synthétiseur Quadra de chez ARP) comporte donc six pistes (quatre autres titres ont également été enregistrés mais ne seront disponible qu'en 2008 lors de la réédition CD de ce disque) et sort officiellement le 31 juillet 1989 sur le label de Martin Price, Creed. A l'instar de Newbuild, ce disque auto-produit n'est disponible qu'en tout petit nombre, uniquement sur vinyle. Si le mini-album connaît une sortie discrète, il se fait finalement beaucoup remarquer pour être le porteur de ce qui est déjà un atomiseur de dancefloors dans certains clubs undergrounds de Manchester, le Thunderdome en tête, grâce à Andrew et Darren, véritables porte-étendards du groupe. Également animateurs de leur propre émission radio pirate, ils permettent au groupe de se faire véritablement connaître. Très vite, Quadrastate devient la nouvelle sensation du moment, Gary Davies, célèbre DJ de la BBC1 met finalement les mains sur une copie et diffuse "Pacific State" dans son intégralité, ce qui fait définitivement exploser 808 State au Royaume-Uni.
En outre de "Pacific State", le disque dans sa version basique (6 titres) comporte de très beaux moments, comme l'hommage disco à Boney M dans "Disco State" (ça ne s'invente pas), ou bien l'explosif "Fire Cracker" qui laisse le champ libre à Barker et Partington et leurs breakbeats surpuissants. On note également les pistes solo de Graham Massey (l'interlude "106"; le répétitif mais néanmoins hypnotique "State Ritual") avant de terminer le disque sur une note chaleureuse avec "State To State", premier titre entièrement composé par le nouveau quatuor au complet. A l'époque non retenus pour figurer sur le disque, mais rajoutés dans la version de 2008, on note le bizarre "Got It Huh", l'anecdotique "Techclock" et certainement le meilleur morceau ambient que 808 State n'ait jamais enregistré : "In Yolk", une merveille calme et apaisante. On note également l'addition bienvenue des deux mixes du très acid house "Let Yourself Go" et le monumental "Deepville", qui porte l'influence Gerald Simpson de bout en bout, à mi chemin entre la techno pure et un son hypnotique proto-deep house.
A la différence de Newbuild, un disque assez intemporel, Quadrastate porte certainement les stigmates de son époque, que ce soit dans la production, les synthés utilisés ou les influences acid-house et baléariques qui nous font basculer à chaque écoute vers la fin des années 80. Il faudra peut-être s'accrocher pour écouter le disque dans son intégralité, car il faut dire que ce son à globalement beaucoup vieilli, ce qui est donc le principal souci qui colle à la peau de Quadrastate. Cela étant dit, il faut reconnaître que même pour l'époque, et sans renouer complètement avec le côté expérimental abrasif qui caractérisait Newbuild, 808 State parvient à délivrer un mini-album de musique électronique proto-dance, à la frontière entre house, techno et jazz-fusion.
C'est également à l'automne 88 que Gerald Simpson, sous le pseudo de A Guy Called Gerald, sort ses premiers titres solos sur le label Rham, et notamment le très fameux "Voodoo Ray", ses samples et sa rythmique syncopée, véritable premier jalon dans l'histoire de la house music britannique. Fort d'un succès explosif dans les charts club, Simpson songe dés la fin de l'année 88 à quitter 808 State pour voler de ses propres ailes, chose qu'il finira finalement par faire, non sans avoir laissé une ultime contribution au groupe, et quelle contribution...
Avant même que Simpson s'en aille, deux jeunes DJs âgé d'environ 20 ans chacun, nommés Andrew Barker et Darren Partington, commençaient à sérieusement traîner dans le sillage de Eastern Bloc et des membres du groupe. Ayant à eux deux formé "The Spinmaster", un duo de DJs sillonnant ce qu'on pourrait nommer les "MJC" locales, ils cherchent à se professionnaliser et, pourquoi pas, directement faire de la musique. Graham Massey et Martin Price, malgré leur différence d'âge (une bonne dizaine d'année) décident de recruter les deux "new kids on the block". Cet évènement se déroule au tout début de l'année 1989, au même moment ou Gerald Simpson commence à tripatouiller son sampleur avec des bruits de cris d'oiseaux tropicaux.
Il emmène son début de morceau avec lui au sous sol d'Eastern Block, et là commence une jam session pendant laquelle Simpson, Massey et Price donnent naissance à la toute première mouture de leur premier tube, à savoir "Pacific State". Savant mélange d'acid house au rythme syncopé et hypnotique, d'ambient baléarique (inspiré des disques de house italienne et espagnols) aux cordes synthétiques prononcées et de lounge jazz tranquille (la clarinette de Graham Massey), le titre a déjà tout d'un carton. Pourtant, au moment de sa composition, les auteurs sont encore loin du succès et de la notoriété que le titre leur apportera. Les "Spinmasters" récupèrent une cassette du "rough mix" de ce titre, titre qu'ils ne se privent pas de diffuser religieusement à la fin de chacun de leur DJ sets, et notamment ceux qu'ils effectuent toute les semaines au printemps et pendant l'été 1989.
Une fois "Pacific" mixé, Simpson prends la décision de quitter définitivement le groupe. Dans le même temps, le quatuor nouvellement formé (autour de Graham Massey, Martin Price, Andrew Barker et Darren Partington) prends la décision de continuer à composer de la musique sous le nom de 808 State. De novembre 88 à mars 89, le groupe enchaine la composition de nouveaux titres. Objectif : sortir un premier véritable album d'ici la fin de l'année 1989. Privé pour le moment d'un véritable label, le groupe revoit dans un premier temps ses objectifs à la baisse afin de sortir un mini-album avant la fin de l'été.
Dans le même temps, Graham Massey, encore membre de Biting Tongues, son premier groupe signé chez Factory, auteur d'un jazz new-wave assez spécial, enregistre Recharge, l'ultime album du groupe enregistré ici en tandem avec Howard Walmsley. Massey étant à cette époque fasciné par les nouveaux sons house et techno, il fait de cet ultime album de Biting Tongues un disque très influencé par l'electronica, influence qu'il partage lors de l'enregistrement des nouveaux titres de 808 State. D'ailleurs, de manière à économiser sur tous les plans, l'enregistrement de l'album des Tongues se fait en même temps que celui du futur mini-album de 808 State au sein des studios Spirit, à Manchester. Les deux disques partagent donc une certaine unité de son et sont souvent comparés l'un à l'autre par les fans, même si Recharge reste un disque qui a longtemps été introuvable, faute de pressage suffisant jusqu'au début des années 2010.
Les sessions se déroulant bien, le mini album nommé Quadrastate (car principalement enregistré avec le synthétiseur Quadra de chez ARP) comporte donc six pistes (quatre autres titres ont également été enregistrés mais ne seront disponible qu'en 2008 lors de la réédition CD de ce disque) et sort officiellement le 31 juillet 1989 sur le label de Martin Price, Creed. A l'instar de Newbuild, ce disque auto-produit n'est disponible qu'en tout petit nombre, uniquement sur vinyle. Si le mini-album connaît une sortie discrète, il se fait finalement beaucoup remarquer pour être le porteur de ce qui est déjà un atomiseur de dancefloors dans certains clubs undergrounds de Manchester, le Thunderdome en tête, grâce à Andrew et Darren, véritables porte-étendards du groupe. Également animateurs de leur propre émission radio pirate, ils permettent au groupe de se faire véritablement connaître. Très vite, Quadrastate devient la nouvelle sensation du moment, Gary Davies, célèbre DJ de la BBC1 met finalement les mains sur une copie et diffuse "Pacific State" dans son intégralité, ce qui fait définitivement exploser 808 State au Royaume-Uni.
En outre de "Pacific State", le disque dans sa version basique (6 titres) comporte de très beaux moments, comme l'hommage disco à Boney M dans "Disco State" (ça ne s'invente pas), ou bien l'explosif "Fire Cracker" qui laisse le champ libre à Barker et Partington et leurs breakbeats surpuissants. On note également les pistes solo de Graham Massey (l'interlude "106"; le répétitif mais néanmoins hypnotique "State Ritual") avant de terminer le disque sur une note chaleureuse avec "State To State", premier titre entièrement composé par le nouveau quatuor au complet. A l'époque non retenus pour figurer sur le disque, mais rajoutés dans la version de 2008, on note le bizarre "Got It Huh", l'anecdotique "Techclock" et certainement le meilleur morceau ambient que 808 State n'ait jamais enregistré : "In Yolk", une merveille calme et apaisante. On note également l'addition bienvenue des deux mixes du très acid house "Let Yourself Go" et le monumental "Deepville", qui porte l'influence Gerald Simpson de bout en bout, à mi chemin entre la techno pure et un son hypnotique proto-deep house.
A la différence de Newbuild, un disque assez intemporel, Quadrastate porte certainement les stigmates de son époque, que ce soit dans la production, les synthés utilisés ou les influences acid-house et baléariques qui nous font basculer à chaque écoute vers la fin des années 80. Il faudra peut-être s'accrocher pour écouter le disque dans son intégralité, car il faut dire que ce son à globalement beaucoup vieilli, ce qui est donc le principal souci qui colle à la peau de Quadrastate. Cela étant dit, il faut reconnaître que même pour l'époque, et sans renouer complètement avec le côté expérimental abrasif qui caractérisait Newbuild, 808 State parvient à délivrer un mini-album de musique électronique proto-dance, à la frontière entre house, techno et jazz-fusion.
Bon 15/20 | par EmixaM |
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