Silvain Vanot

Sans doute n'aurais-je jamais déçouvert Jean-Roger Caussimon si je ne m'étais pas procuré Il Fait Soleil. Le regard errant dans une campagne de fin d'hiver, le chanteur et compositeur normand livre un disque apaisé. Son cinquième album, succédant à (En Attendant) Tout Brille, débute sereinement par la reprise qui donne son titre donc au disque, une chanson datant de 1975 de l'interprète de "Monsieur William".

Les guitares noisy mises hors tension, les oreilles en manque finissent par accepter avec le temps et l'âge aussi, cette légèreté, ces rayons de soleil naissant qui chassent les derniers tumultes bruitistes dont on peu trop se gaver et viennent balayer, par les fenêtres, les diverses zones d'ombre dans les pièces. Il fait bon ! Il fait beau ! C'est réchauffant ! Il peut bruiner, ça ne pose aucun souci. "Aurore" câline l'âme en cueillant l'auditeur tendrement. "Les Roseaux" transporte dans ses résonances oniriques. Ce disque n'est d'aucun ennui quand on prend le temps de faire halte, ou de se reposer comme l'hirondelle sur un fil ; il semble idéal de se le passer entre les murs d'une bonne maison loin des villes. Les textes de Silvain Vanot se posent comme des plumes sur des orchestrations aérés de ses propres compositions ("J'en Sais Assez (Sur Toi)"), "Aux Heures Vagabondes"). Des chansons dont il n'est pas l'auteur, on notera en plus de "Il Fait Soleil", une belle adaptation folk d'une chanson réunionnaise d'Alain Péters sous le titre de "Rame Le Canot", petite carte postale qui embellit le coin d'un meuble. Les deux derniers morceaux emmènent encore vers d'autres latitudes, l'un d'une tendance bossanova et l'autre dans un doux rythme reggae (et oui, c'est world !).

On est bien. On est heureux et pourtant, ce disque en quelques chansons fait rappeler qu'au-delà de nos quiétudes d'occidentaux tout n'est pas bonheur dans le monde où nous vivons, les journaux ou des fous des rues rencontrés le rappelant bien malgré les ambiances ensoleillées et l'esprit bercé dans des hamacs musicaux.