Father John Misty
Fear Fun |
Label :
Sub Pop / Bella Union |
||||
8 albums studios sortis entre 2003 et 2010 auront suffi à lasser J. Tillman (J pour Josh). Entre-temps, il rejoint Fleet Foxes en tant que batteur en 2008 juste après la sortie de leur disque éponyme, enregistre Helplessness Blues en 2011 et décide de quitter le groupe début 2012. Josh cherche à renaître artistiquement, il est en quête d'un intérêt renouvelé et c'est en créant son personnage de Father John Misty qu'il pense pouvoir l'atteindre. Épaulé par son ami, le multi-instrumentiste de talent Jonathan Wilson, il sort son premier disque Fear Fun sous son nouveau pseudonyme. À eux deux ils enregistrent la quasi-totalité de l'album et s'occupent de la production – un nouveau duo est créé.
Premier regard posé sur la pochette réalisée par Dimitri Drjuchin, on change totalement d'univers par rapport à ses anciens projets avec cette sorte de messie aux 4 yeux et ces personnages cartoonesques. Il opère un changement visuel et sonore. Plus que de rechercher à nouveau un intérêt artistique dans la musique, Tillman voulait redevenir lui-même, être vrai – bon il n'est pas faux de dire que choisir un pseudonyme ne va pas dans ce sens, mais c'est là la première blague du Monsieur et loin d'être la dernière. Humour ironique, sarcastique, caustique, Father John Misty sait comment les manier et Fear Fun en est rempli dès son ouverture "Funtimes In Babylon" :
"Funtimes in Babylon
That's what I'm counting on
[...]
Look out Hollywood, here I come"
Quand on entend cette Folk guitare/piano/contrebasse/voix (et quelle voix !) on ne s'attend pas vraiment à ce genre de paroles qui se fout pas mal de la gueule du monde d'en haut, la mandoline pourrait même faire penser que c'est une chanson d'amour et pourtant c'est tout le contraire. La suivante "Nancy From Now On" avec ses percussions dansantes conte ses soirées honteuses de beuveries. La première baffe intervient avec "Hollywood Forever Cemetery Sings", guitare électrique et batterie puissamment reverbée offrant un spectre musical riche et pourtant toujours aussi clair (beau travail sur la production). On est bien loin de ses précédentes œuvres solo, l'acoustique épurée, presque Lo-Fi est mise de côté pour le moment.
"Jesus Christ, girl
What are people going to think?
When I show up to one of several funerals
I've attended for Grandpa this week"
À croire qu'il y en a qui aiment faire çà dans des cimetières. "I'm Writing A Novel" glisse vers la country-folk-rock avec un rythme plus entrainant et un Father bien en voix contant avec un phrasé proche de Bob Dylan son arrivée à Hollywood où il comptait justement écrire un roman et au lieu de ça, il crée Father John Misty et écrit cet album. Son road-trip semble complètement halluciné :
"First house that I saw
I wrote house up on the door
And told the people who lived there they had to get out
'cause my reality is realer than yours"
il devient fou et prétend même rencontrer le Neil Young circa On The Beach. Son influence parentale religieuse ressurgit avec "O I Long To Feel Your Arms Around Me" non dans les paroles, mais dans la musique (échos, chœurs et orgue aidant fortement). "Misty's Nightmares 1 & 2" parle justement de son envie de changer ("Going to take my life back one day"), morceau folk assez classique. Avec "Only Son Of The Ladiesman" le ton devient d'un coup plus sérieux, l'amusement est mis de côté pour un moment :
"Someone must console these lonesome daughters
No written word or ballad will appease them
Cowboy and the cop shot down the ladies' man
The humid nights in LA are now silent"
un beau morceau bien écrit et encore et toujours cette voix emplie d'émotions. La guitare électrique de "This Is Sally Hatchet" rappelle les Beatles, mais c'est tout, cette chanson paraît bien faible par rapport au reste du disque ; l'ensemble de cordes servant de coda est un plus, mais ne sauve pas la piste. "Well, You Can Do It Without Me" a un côté Soul dansant assez surprenant et ne dure malheureusement pas assez, j'aurais bien repris un autre couplet après le passage sifflé. Sur "Now I'm Learning To Love The War" John Misty parle de la création d'un vinyle et de tous ce que ça implique – écriture, enregistrement, pressage, distribution et au final l'héritage :
"Lets just call this what it is
The gentler side of mankind's death wish
When it's my time to go
Gonna leave behind things that won't decompose"
sur un rythme calme, quasi country, survolé de violons apportant de la profondeur au morceau. Pour de la pure country, il fallait attendre l'avant-dernière piste "Tee Pees 1-12", les instruments traditionnels sont en place, ça donne envie de taper des pieds et des mains alors que Josh raconte l'un de ses trips en charmante compagnie. Il finit avec "Everyman Needs A Companion", un texte mi-chanson d'amour (le retour de la mandoline), mi-explication du pourquoi de son nouveau pseudonyme :
"Joseph Campbell and The Rolling Stones
Couldn't give me a myth
So I had to write my own
Like I'm hung up on religion
Though I know it's a waste
I never liked the name Joshua
I got tired of J"
ayant grandi dans un cocon très religieux, il s'en est vite émancipé et aime désormais s'en moquer avec une certaine intelligence – s'appeler Father John Misty étant sa meilleure vanne selon lui.
Father John Misty bénéficie de l'expérience acquise par J. Tillman et son envie d'explorer de nouveaux univers. Avoir pris Jonathan Wilson comme compagnon de route est l'une des meilleures idées qu'il ait eu, ses choix de production touchant la plupart du temps au but, élevant les compositions du Father. Fear Fun est un véritable plaisir à écouter, on sent qu'il y a encore une belle marge d'évolution même si l'on est déjà assez haut. C'est marrant, malin, touchant, prenant, parfois saisissant, mais surtout très encourageant. La seconde vie de Josh Tillman peut démarrer, puisse-t-elle se poursuivre encore bien longtemps.
Premier regard posé sur la pochette réalisée par Dimitri Drjuchin, on change totalement d'univers par rapport à ses anciens projets avec cette sorte de messie aux 4 yeux et ces personnages cartoonesques. Il opère un changement visuel et sonore. Plus que de rechercher à nouveau un intérêt artistique dans la musique, Tillman voulait redevenir lui-même, être vrai – bon il n'est pas faux de dire que choisir un pseudonyme ne va pas dans ce sens, mais c'est là la première blague du Monsieur et loin d'être la dernière. Humour ironique, sarcastique, caustique, Father John Misty sait comment les manier et Fear Fun en est rempli dès son ouverture "Funtimes In Babylon" :
"Funtimes in Babylon
That's what I'm counting on
[...]
Look out Hollywood, here I come"
Quand on entend cette Folk guitare/piano/contrebasse/voix (et quelle voix !) on ne s'attend pas vraiment à ce genre de paroles qui se fout pas mal de la gueule du monde d'en haut, la mandoline pourrait même faire penser que c'est une chanson d'amour et pourtant c'est tout le contraire. La suivante "Nancy From Now On" avec ses percussions dansantes conte ses soirées honteuses de beuveries. La première baffe intervient avec "Hollywood Forever Cemetery Sings", guitare électrique et batterie puissamment reverbée offrant un spectre musical riche et pourtant toujours aussi clair (beau travail sur la production). On est bien loin de ses précédentes œuvres solo, l'acoustique épurée, presque Lo-Fi est mise de côté pour le moment.
"Jesus Christ, girl
What are people going to think?
When I show up to one of several funerals
I've attended for Grandpa this week"
À croire qu'il y en a qui aiment faire çà dans des cimetières. "I'm Writing A Novel" glisse vers la country-folk-rock avec un rythme plus entrainant et un Father bien en voix contant avec un phrasé proche de Bob Dylan son arrivée à Hollywood où il comptait justement écrire un roman et au lieu de ça, il crée Father John Misty et écrit cet album. Son road-trip semble complètement halluciné :
"First house that I saw
I wrote house up on the door
And told the people who lived there they had to get out
'cause my reality is realer than yours"
il devient fou et prétend même rencontrer le Neil Young circa On The Beach. Son influence parentale religieuse ressurgit avec "O I Long To Feel Your Arms Around Me" non dans les paroles, mais dans la musique (échos, chœurs et orgue aidant fortement). "Misty's Nightmares 1 & 2" parle justement de son envie de changer ("Going to take my life back one day"), morceau folk assez classique. Avec "Only Son Of The Ladiesman" le ton devient d'un coup plus sérieux, l'amusement est mis de côté pour un moment :
"Someone must console these lonesome daughters
No written word or ballad will appease them
Cowboy and the cop shot down the ladies' man
The humid nights in LA are now silent"
un beau morceau bien écrit et encore et toujours cette voix emplie d'émotions. La guitare électrique de "This Is Sally Hatchet" rappelle les Beatles, mais c'est tout, cette chanson paraît bien faible par rapport au reste du disque ; l'ensemble de cordes servant de coda est un plus, mais ne sauve pas la piste. "Well, You Can Do It Without Me" a un côté Soul dansant assez surprenant et ne dure malheureusement pas assez, j'aurais bien repris un autre couplet après le passage sifflé. Sur "Now I'm Learning To Love The War" John Misty parle de la création d'un vinyle et de tous ce que ça implique – écriture, enregistrement, pressage, distribution et au final l'héritage :
"Lets just call this what it is
The gentler side of mankind's death wish
When it's my time to go
Gonna leave behind things that won't decompose"
sur un rythme calme, quasi country, survolé de violons apportant de la profondeur au morceau. Pour de la pure country, il fallait attendre l'avant-dernière piste "Tee Pees 1-12", les instruments traditionnels sont en place, ça donne envie de taper des pieds et des mains alors que Josh raconte l'un de ses trips en charmante compagnie. Il finit avec "Everyman Needs A Companion", un texte mi-chanson d'amour (le retour de la mandoline), mi-explication du pourquoi de son nouveau pseudonyme :
"Joseph Campbell and The Rolling Stones
Couldn't give me a myth
So I had to write my own
Like I'm hung up on religion
Though I know it's a waste
I never liked the name Joshua
I got tired of J"
ayant grandi dans un cocon très religieux, il s'en est vite émancipé et aime désormais s'en moquer avec une certaine intelligence – s'appeler Father John Misty étant sa meilleure vanne selon lui.
Father John Misty bénéficie de l'expérience acquise par J. Tillman et son envie d'explorer de nouveaux univers. Avoir pris Jonathan Wilson comme compagnon de route est l'une des meilleures idées qu'il ait eu, ses choix de production touchant la plupart du temps au but, élevant les compositions du Father. Fear Fun est un véritable plaisir à écouter, on sent qu'il y a encore une belle marge d'évolution même si l'on est déjà assez haut. C'est marrant, malin, touchant, prenant, parfois saisissant, mais surtout très encourageant. La seconde vie de Josh Tillman peut démarrer, puisse-t-elle se poursuivre encore bien longtemps.
Parfait 17/20 | par Beckuto |
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