Father John Misty
I Love You, Honeybear |
Label :
Sub Pop / Bella Union |
||||
Father John Misty ne sort pas autant d'albums que lorsqu'il signait J. Tillman, mais c'est surtout parce que désormais il a plus d'ambition que d'être simplement un "Artiste obscur faisant de la Folk" (c'est lui qui le dit) et par conséquent soigne mieux son œuvre ; 3 ans après sa renaissance, voilà son second souffle : I Love You, Honeybear, un album-concept (selon ses propres termes) sur lui-même, ses engagements et sa relation avec sa femme, la photographe Emma Elizabeth Tillman. À la production on retrouve toujours Josh Tillman lui-même & son ami Jonathan Wilson.
La pochette est cette fois-ci réalisée par l'Artiste Américaine Stacey Rozich, où l'on peut y voir à l'avant et à l'arrière (l'œuvre est unie) un Father John Misty bébé dans les bras de Marie, elle le tenant d'une main par les fesses et soulevant son pied gauche de l'autre, petit doigt relevé et lui, lui tenant le sein gauche nu des deux mains en regardant dans notre direction, un loup à longue crinière grise tenant un serpent entre ses crocs, une chèvre à ses côtés voulant elle aussi goûter au repas, une chouette blanche à 8 yeux se tenant sur une bête monstrueuse, 2 diablotins, l'un se tenant au-dessus d'une petite chapelle (?), l'autre à l'arrière avec un smartphone en main, 2 êtres tout de noir vêtu avec des sacs sur la tête, des chauds lapins en plein slow, le mâle agrippant la fesse gauche de la femelle au regard blasé, 2 Mariachis à tête de léopard et 1 avec un masque représentatif du jour des morts au Mexique, la Bête en basket gobant la Belle en talons aiguilles et sûrement porte-jarretelles et pour terminer en beauté, une sorte de renard amaigri dévorant un bébé blond bouclé, le tout avec des confettis partout au sol et un fond rose... tout va bien, c'est un album qui parlera d'amour qu'il a dit le Josh.
Et il nous le prouve dès l'ouverture éponyme, sauf que bien évidemment et il fallait s'y attendre, ça ne peut pas être qu'un simple disque romantique, oh l'instrumentation l'est, l'éternel combo piano/guitare acoustique/basse/batterie reverbée est là, les violons et les chœurs aussi, mais ce qui contraste le plus c'est les mots prononcés avec cette magnifique voix, à la fois cru, sans retenue et poétique ; I Love You, Honeybear est un disque d'amour empli d'humour digne du Father (ironique, sarcastique, cynique voire absurde) et de satire.
"You're bent over the altar
And the neighbors are complaining
That the misanthropes next door
Are probably conceiving a Damien
Don't they see the darkness rising?
Good luck fingering oblivion
We're getting out now while we can"
Madame Tillman a dû donner son accord pour qu'il en parle. Avec "Chateau Lobby #4 (in C for Two Virgins)" où Josh fait entrer le groupe de Mariachis en studio (d'où la référence sur l'Artwork), on a l'histoire des débuts de leur relation, des premières balades dans LA et d'ô combien de temps elle l'a fait languir avant de l'autoriser dans son lit. Le mix Mariachis et Folk-Pop est réussi – ce n'est pas nouveau, Josh et Jonathan Wilson à la production, ça fait des merveilles, l'aspect fête foraine est évité, tout le monde trouve sa place sans se marcher dessus. Petite surprise avec "True Affection", Father John Misty est capable de toucher à l'Électro-Pop et d'y apporter sa patte.
"When can we talk
With the face
Instead of using all these strange devices?
Seems like
You & I
Need to have a crazy conversation"
Critique évidente de la technologie et de l'éloignement qui peut en résoudre. "The Night Josh Tillman Came To Our Apartment" surtout embelli par des notes de xylophone, de guitare électrique discrète et de basse a eu le droit à son clip vidéo où, pour faire vite, Josh Tillman rencontre Father John Misty (ou l'inverse) dans un bar et se le tape dans la soirée. Cette chanson aux allures innocentes rappelle pas mal "Sunday Morning" du Velvet Underground & Nico sans la copier. "When You're Smiling And Astride Me" avec ses chœurs, l'orgue Hammond et les quelques notes de guitare électrique amène un peu de Soul au son. Rien de spécial à l'horizon, Josh déclare sa flamme à sa femme. La Country revient grâce "Nothing Good Ever Happens At The Goddamn Thirsty Crow" accompagnée du romantisme d'un beau jeu de mandoline. John Misty ose s'avancer sur une corde sensible et prend le parti d'imager le conflit qu'il peut y avoir entre les hommes qui respectent les femmes pour leur fort intérieur, ceux qui désirent seulement l'aspect extérieur et les faux-culs affirmant être du 1er cas alors qu'ils sont dans le 2è :
"My baby, she does something way more impressive than the Georgia Crawl
She blackens pages like a Russian romantic
Gets down more often than a blowup doll"
combo compliment/insulte, transposé à sa propre relation. "Strange Encounter" est un titre assez classique, surtout plaisant sur son refrain avec un Father passionné. "The Ideal Husband" est bien plus rythmé et électrique, l'ambiance y est plus pesante, comme si le principal intéressé se tapait dessus en s'insultant pour les choses qu'il a fait à ses ex, ses amis et sa famille avant de rencontrer sa femme (qui semble l'avoir bien calmé et remis sur le droit chemin). Un bon coup de poing et on revient au calme, "Bored In The USA" premier single sorti, est comme son titre de référence, une chanson pour la classe moyenne Américaine.
"Now, I've got all morning to obsessively accrue
A small nation of meaningful objects
And they've got to represent me too
By this afternoon, I'll live in debt
By tomorrow, be replaced by children"
Piano/voix, on est pris dès la première seconde, un titre fort et immédiat, un classique instantané.
"Oh, they gave me a useless education
And a subprime loan
On a craftsman home
Keep my prescriptions filled
And now I can't get off
But I can kind of deal
Oh, with being bored in the USA
Oh, just a little bored in the USA
Save me, President Jesus
I'm bored in the USA
How did it happen?"
et tout çà avec des rires et applaudissements pré-enregistrés dignes des sitcoms. L'avant-dernière chanson a été écrite le jour de son mariage et porte le doux nom de "Holy Shit", guitare/piano/voix pour la première partie du morceau, puis la batterie et les violons interviennent pour la seconde, amenant un beau contraste entre le questionnement et la libération de sa décision.
"Oh, & love is just an institution
Based on human frailty
What's your paradise gotta do with Adam and Eve?
Maybe love is just an economy
Based on resource scarcity
What I fail to see is what that's gotta do
With you and me"
Quoi de mieux que de finir son œuvre avec le début d'une autre ? "I Went To The Store One Day" raconte sa rencontre avec Emma sur le parking du Laurel Canyon Country Store de Los Angeles. Guitare/voix comme sur ses "vieux" albums avec un peu de violon et une intro/outro de mandoline – c'est un album romantique on a dit. Le passé est donc évoqué, mais aussi le présent et le futur, de la naissance de probables enfants jusqu'à sa propre mort :
"Don't let me die in a hospital, I'll save the big one for the last time we make love
Insert here a sentiment re: our golden years
All cause I went to the store one day
'Seen you around, what's your name?' "
I Love You, Honeybear est un album plus personnel, empli d'amour, d'un peu d'humour et de contradictions. Un peu moins grandiloquent que son prédécesseur, mais tout aussi riche, musicalement et lyriquement. Father John Misty n'est peut-être pas le plus grand romantique au monde, il semble être assez maladroit à quelques occasions, mais est-ce vraiment la confession de Josh Tillman ou est-ce que le masque Father John Misty et tout ce que ce personnage peut dégager a pris un peu plus le dessus ?
La pochette est cette fois-ci réalisée par l'Artiste Américaine Stacey Rozich, où l'on peut y voir à l'avant et à l'arrière (l'œuvre est unie) un Father John Misty bébé dans les bras de Marie, elle le tenant d'une main par les fesses et soulevant son pied gauche de l'autre, petit doigt relevé et lui, lui tenant le sein gauche nu des deux mains en regardant dans notre direction, un loup à longue crinière grise tenant un serpent entre ses crocs, une chèvre à ses côtés voulant elle aussi goûter au repas, une chouette blanche à 8 yeux se tenant sur une bête monstrueuse, 2 diablotins, l'un se tenant au-dessus d'une petite chapelle (?), l'autre à l'arrière avec un smartphone en main, 2 êtres tout de noir vêtu avec des sacs sur la tête, des chauds lapins en plein slow, le mâle agrippant la fesse gauche de la femelle au regard blasé, 2 Mariachis à tête de léopard et 1 avec un masque représentatif du jour des morts au Mexique, la Bête en basket gobant la Belle en talons aiguilles et sûrement porte-jarretelles et pour terminer en beauté, une sorte de renard amaigri dévorant un bébé blond bouclé, le tout avec des confettis partout au sol et un fond rose... tout va bien, c'est un album qui parlera d'amour qu'il a dit le Josh.
Et il nous le prouve dès l'ouverture éponyme, sauf que bien évidemment et il fallait s'y attendre, ça ne peut pas être qu'un simple disque romantique, oh l'instrumentation l'est, l'éternel combo piano/guitare acoustique/basse/batterie reverbée est là, les violons et les chœurs aussi, mais ce qui contraste le plus c'est les mots prononcés avec cette magnifique voix, à la fois cru, sans retenue et poétique ; I Love You, Honeybear est un disque d'amour empli d'humour digne du Father (ironique, sarcastique, cynique voire absurde) et de satire.
"You're bent over the altar
And the neighbors are complaining
That the misanthropes next door
Are probably conceiving a Damien
Don't they see the darkness rising?
Good luck fingering oblivion
We're getting out now while we can"
Madame Tillman a dû donner son accord pour qu'il en parle. Avec "Chateau Lobby #4 (in C for Two Virgins)" où Josh fait entrer le groupe de Mariachis en studio (d'où la référence sur l'Artwork), on a l'histoire des débuts de leur relation, des premières balades dans LA et d'ô combien de temps elle l'a fait languir avant de l'autoriser dans son lit. Le mix Mariachis et Folk-Pop est réussi – ce n'est pas nouveau, Josh et Jonathan Wilson à la production, ça fait des merveilles, l'aspect fête foraine est évité, tout le monde trouve sa place sans se marcher dessus. Petite surprise avec "True Affection", Father John Misty est capable de toucher à l'Électro-Pop et d'y apporter sa patte.
"When can we talk
With the face
Instead of using all these strange devices?
Seems like
You & I
Need to have a crazy conversation"
Critique évidente de la technologie et de l'éloignement qui peut en résoudre. "The Night Josh Tillman Came To Our Apartment" surtout embelli par des notes de xylophone, de guitare électrique discrète et de basse a eu le droit à son clip vidéo où, pour faire vite, Josh Tillman rencontre Father John Misty (ou l'inverse) dans un bar et se le tape dans la soirée. Cette chanson aux allures innocentes rappelle pas mal "Sunday Morning" du Velvet Underground & Nico sans la copier. "When You're Smiling And Astride Me" avec ses chœurs, l'orgue Hammond et les quelques notes de guitare électrique amène un peu de Soul au son. Rien de spécial à l'horizon, Josh déclare sa flamme à sa femme. La Country revient grâce "Nothing Good Ever Happens At The Goddamn Thirsty Crow" accompagnée du romantisme d'un beau jeu de mandoline. John Misty ose s'avancer sur une corde sensible et prend le parti d'imager le conflit qu'il peut y avoir entre les hommes qui respectent les femmes pour leur fort intérieur, ceux qui désirent seulement l'aspect extérieur et les faux-culs affirmant être du 1er cas alors qu'ils sont dans le 2è :
"My baby, she does something way more impressive than the Georgia Crawl
She blackens pages like a Russian romantic
Gets down more often than a blowup doll"
combo compliment/insulte, transposé à sa propre relation. "Strange Encounter" est un titre assez classique, surtout plaisant sur son refrain avec un Father passionné. "The Ideal Husband" est bien plus rythmé et électrique, l'ambiance y est plus pesante, comme si le principal intéressé se tapait dessus en s'insultant pour les choses qu'il a fait à ses ex, ses amis et sa famille avant de rencontrer sa femme (qui semble l'avoir bien calmé et remis sur le droit chemin). Un bon coup de poing et on revient au calme, "Bored In The USA" premier single sorti, est comme son titre de référence, une chanson pour la classe moyenne Américaine.
"Now, I've got all morning to obsessively accrue
A small nation of meaningful objects
And they've got to represent me too
By this afternoon, I'll live in debt
By tomorrow, be replaced by children"
Piano/voix, on est pris dès la première seconde, un titre fort et immédiat, un classique instantané.
"Oh, they gave me a useless education
And a subprime loan
On a craftsman home
Keep my prescriptions filled
And now I can't get off
But I can kind of deal
Oh, with being bored in the USA
Oh, just a little bored in the USA
Save me, President Jesus
I'm bored in the USA
How did it happen?"
et tout çà avec des rires et applaudissements pré-enregistrés dignes des sitcoms. L'avant-dernière chanson a été écrite le jour de son mariage et porte le doux nom de "Holy Shit", guitare/piano/voix pour la première partie du morceau, puis la batterie et les violons interviennent pour la seconde, amenant un beau contraste entre le questionnement et la libération de sa décision.
"Oh, & love is just an institution
Based on human frailty
What's your paradise gotta do with Adam and Eve?
Maybe love is just an economy
Based on resource scarcity
What I fail to see is what that's gotta do
With you and me"
Quoi de mieux que de finir son œuvre avec le début d'une autre ? "I Went To The Store One Day" raconte sa rencontre avec Emma sur le parking du Laurel Canyon Country Store de Los Angeles. Guitare/voix comme sur ses "vieux" albums avec un peu de violon et une intro/outro de mandoline – c'est un album romantique on a dit. Le passé est donc évoqué, mais aussi le présent et le futur, de la naissance de probables enfants jusqu'à sa propre mort :
"Don't let me die in a hospital, I'll save the big one for the last time we make love
Insert here a sentiment re: our golden years
All cause I went to the store one day
'Seen you around, what's your name?' "
I Love You, Honeybear est un album plus personnel, empli d'amour, d'un peu d'humour et de contradictions. Un peu moins grandiloquent que son prédécesseur, mais tout aussi riche, musicalement et lyriquement. Father John Misty n'est peut-être pas le plus grand romantique au monde, il semble être assez maladroit à quelques occasions, mais est-ce vraiment la confession de Josh Tillman ou est-ce que le masque Father John Misty et tout ce que ce personnage peut dégager a pris un peu plus le dessus ?
Parfait 17/20 | par Beckuto |
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