Thurston Moore

Dans cette époque où tout va trop vite pour tout le monde (enfin surtout pour moi), apprendre au débotté, le jour même, que Thurston Moore sortait un nouveau disque me rendit très heureux. Être passé sous le radar de l'annonce de cette sortie me rassura un peu : oui, il est encore possible aujourd'hui de ne pas être au courant de tout. Pas longtemps évidemment, notamment dans le cas présent (merci XSilence). Voilà pour la petite humeur. Car c'est bien sûr le disque objet de cette modeste chronique et son auteur qui m'intéressent (et vous aussi j'imagine), bien plus que mes petites observations existentielles. Le sieur Moore nous offre donc un nouvel album, Rock n Roll Consciousness, toujours épaulé par le Thurston Moore Group (James Sedwards, Deb Googe et Steve Shelley), la même équipe qu'il y a trois ans et l'excellent The Best Day. Et l'on peut dire que ce nouvel album est de la même eau et laisse, plus que son prédécesseur, la part belle aux divagations soniques et aux longs morceaux, qui sont ici au nombre de cinq, dont deux de plus de dix minutes ("Exalted" et "Turn On"). On retrouve ces textures, ces parties de guitares caractéristiques, cette batterie ("Cusp"), cette voix un rien traînante et nonchalante ("Smoke of Dreams"), ces ruptures de ton inattendues et ces crescendos toujours aussi habilement construits, qui nous font immanquablement penser à Sonic Youth, Moore n'ayant peut-être jamais, au cours de sa carrière solo, sonné aussi proche de son légendaire groupe. L'album se tient bien, a une belle unité et est cohérent de bout en bout (et cette pochette magnifique !), même si aucun des titres, naturellement taillés pour la scène, ne sort réellement du lot. On retiendra davantage ces ambiances, ces guitares qui nous ramènent deux décennies (ou plus) en arrière. Et c'est déjà beau. Et ça fait plaisir.