The Beatles
Help! |
Label :
Capitol |
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Ça a débuté à peu près comme ça. Moi la musique je n'y connaissais pas grand chose. Je venais de rentrer en 6ème, ignorant à peu près tout des enjeux réels de l'existence. Jamais je n'avais entendu parler de Kurt Cobain ni de la masturbation (ces deux piliers qui aident tout homme pieux à supporter la vie me seraient révélés plus tard, quasi simultanément d'ailleurs, grâce à l'émission de radio Lovin' fun). J'avais certes été pris de spasmes frénétiques en entendant pour la première fois le "méga hit" de la Schtroumpf Party, la fameuse reprise sous hélium du "No Limit" de 2 Unlimited, lors d'une boum d'anniversaire d'un camarade quelconque de ma triste banlieue blanche et pavillonnaire. Le lendemain je courus à l'hypermarché Continent, 110 francs d'économie en poche, me procurer l'album. En réécoutant le titre seul dans ma chambre cependant, je déchantai, l'extase fit place à une déception des plus cruelles et je mis l'accès de délire de la veille sur le compte d'une surdose de Champomy et d'oursons à la guimauve. La musique dès lors me parut un objet futile et trompeur, qui ne valait pas qu'on s'y attarde, surtout au regard des choses qui comptaient vraiment comme le retour de Michael Jordan en NBA ou le triomphe du valeureux Hulk Hogan sur le perfide Yokozuna.
Quelle ne fut donc pas ma surprise lorsqu'un beau matin je tombai, zappant du Jacky Show au Hit Machine entre deux bouchées de Chocos Kellog's, sur un clip d'Oasis. Celui, alternant couleur et noir et blanc, de "Whatever" où le groupe joue dans une absence totale de décor hormis les amplis et l'orchestre à cordes. Je n'avais jamais rien vu de tel : la coupe au bol approximative du chanteur, son haut de survet' improbable et sa sublime dégaine de branleur, la Les Paul et l'allure goguenarde du frangin, le je-m'en-foutisme absolu de l'ensemble et la tranquille arrogance qui s'en dégageait... Bref, je fus conquis sur le champ. Et plus encore que l'attitude ce qui m'éberluait tout à fait c'était ce son : l'entremêlement de la guitare électrique et des cordes sur lequel venait se poser cette mélodie simple et puissante portée par un chant aussi nonchalant que rocailleux. Dans un élan fanatique typique de la pré-adolescence je décidai de consacrer ma vie au groupe. Je me procurais donc non seulement albums et singles mais également les magazines qui mettaient le groupe en une. Les Inrockuptibles, Rock Sound, Rock & Folk, je dévorais tout sans y rien comprendre - à l'exception de deux choses : les mecs avaient l'air de baiser pas mal de groupies (deux concepts encore assez vagues dans mon jeune esprit) et vénéraient religieusement un autre groupe bien plus vieux qu'eux : The Beatles. Une rapide recherche sur le cd-rom d'Encarta m'apprit qu'il s'agissait d'un groupe anglais des années 60 à la popularité et à la discographie tout à fait exceptionnelles. Ma curiosité ainsi aiguisée, j'en demandais plus à mon père. Comme tout le monde il les avait écoutés en boucle plus jeune mais s'était fait barboter tous ses 33 tours par un camarade de chambrée, une sombre histoire de service militaire qui semblait encore l'affecter très profondément. Il m'apprit que le butin dérobé contenait outre les albums phares des Fab Four, quelques Doors et Pink Floyd, cette mésaventure l'avait quoiqu'il en soit rendu amer (je n'ai d'ailleurs jamais réellement compris pourquoi il n'a jamais manifesté l'envie de racheter ces albums au moins en version cd - il faut croire que chaque individu possède sa part d'insondable altérité, comme dit si justement Bernard Henri Lévy ou bien est-ce Marc ? Je ne sais plus vraiment et je m'égare...).
"Enfin, me dit-il, il m'en reste un quand même mais c'est pas le meilleur."
Et voilà comment je me suis retrouvé le vinyle d'Help entre les mains. Peut-être pas "le meilleur" d'accord, mais sans doute celui auquel je suis le plus attaché car il marque le début de ma plus belle et de ma plus longue histoire d'amour en musique. Un amour pur, sans nuage, aux couleurs vives de l'enfance et sans cesse renouvelé, un amour espiègle mais profond, jamais gagné par la routine, la rancune ou la désillusion.
"Help ! I need somebody !" Dès l'entame comment ne pas être sous le charme ? Car tout y est du génie de Lennon, sa voix si singulière où la vigueur le dispute constamment à la mélancolie, sublimée par des harmonies vocales qui cisèlent une mélodie à tomber à la renverse, avec toujours une certaine angoisse en creux (passablement déprimé et déréglé par le succès, Lennon se voyait à l'époque un avenir obèse à la Elvis. Le désespoir naïf qu'il exprime ici est on ne peut plus sincère, ce qui s'en ressent grandement – il aimait d'ailleurs particulièrement cette chanson estimant qu'elle était des plus "réalistes"). S'ensuit une chanson de Paul, "The Night Before" qui par sa bonhomie prend le contrepied du titre éponyme et l'on comprend très vite la raison essentiel du succès du groupe : l'étonnante alchimie entre deux tempéraments très différents, l'un venant sans cesse contrebalancer l'autre, le nourrir et le stimuler. Car si Lennon est presque toujours mélancolique, sarcastique et distancé, McCartney est à l'inverse le plus souvent lumineux et direct dans son expression, même lorsqu'il se laisse aller à la tristesse, il ne prend pas de détour alambiqué : il en est ainsi de "Yesterday" qui clôt le disque "en beauté" comme on dit. La nostalgie y est claire, nette, précise, le sentiment de perte irrémédiable aux accents déchirants qui se dégage du titre et le rend si poignant et universel tient sans doute à cette simplicité qui fait tout son art d'immense songwriter.
Une autre des raisons du succès des Beatles est également leur don d'"innutrition", cette capacité à saisir et absorber les différents courants qui les entoure pour mieux les sublimer. C'est le cas avec "You've Got To Hide Your Love Away", ballade entraînante et fragile qui pastiche Dylan à merveille (sans la voix de canard souffreteux du modèle), là encore si le message est codé (on ne sait si John fait référence à l'homosexualité de Brian Epstein ou à ses propres infidélités) la capacité à communiquer une émotion (qui fait avant toute chose un grand chanteur) est remarquable.
Plus anecdotique en revanche est "I Need You", chanson signée George qui n'a pas encore à l'époque déployé toute l'étendue de son talent (fabuleux il va s'en dire), même s'il est à noter un (timide) début d'expérimentation concernant la partie guitare avec l'utilisation d'une pédale de volume qui permet d'obtenir un gimmick rudimentaire assez obsédant (on est néanmoins encore loin des audaces à venir). Les deux sucreries catchy et enjouées qui suivent, "Another Girl" et "You're Gonna Lose That Girl" correspondent encore à la première période du groupe (celle des quatre garçons dans le vent des early sixities imbibés de rock'n'roll classique), on observe toujours au passage la désarmante sincérité de Paul dans la première, où il confesse sans complexe ses penchants volages et sa tendance à la polygamie.
D'un tout autre niveau est "Ticket To Ride", sans doute une de mes préférées tous albums confondus. Le riff de guitare entêtant accompagné d'une batterie impeccable (l'apport de Ringo est trop souvent sous-estimé selon moi) n'est pas sans évoquer ce que les Kinks pouvaient produire à la même période. Là encore le son guitare cristallin et les harmonies vocales permettent au groupe de tutoyer des sommets, et donnent à penser qu'ils n'avaient que les Beach Boys comme seuls concurrents sérieux d'un point de vue mélodique à l'époque. L'esprit d'ironie de Lennon est toujours à l'œuvre ici, avec des paroles qui reposent sur le double sens du verbe "to ride" évoquant tout à la fois une séparation amoureuse et le souvenir attendri des putes de Hambourg.
Les quatre titres qui suivent forcément déçoivent un peu. Il serait pour autant excessif de parler de ventre mou : si un groupe comme The Coral les signaient en effet aujourd'hui nombre de critiques grimperaient au rideau devant tant d'évidence mélodique. Mis à part la distrayante reprise d'une ode à la lose country par un Ringo clownesque, on retrouve des exercices de style charmants signés respectivement Paul, George et John, avec une mention spéciale pour ce dernier qui signe un titre très accrocheur aux paroles curieusement mièvres ("It's Only Love") qui ne lui ressemblent en aucune façon (il se montrera d'ailleurs très sévère avec celui-ci le reléguant au rang des chansons d'amour dispensables et strictement "alimentaires").
Soudain, un autre petit miracle se produit : un titre absolument génial de Paul (et trop souvent oublié quand on liste ses meilleurs morceaux), d'à peine plus de deux minutes, "I've Just Seen A Face", amusante incursion en territoire country, affûtée et catchy à l'extrême, dont le rythme en "montagnes russes" rend à merveille la sensation du coup de foudre. Une émotion juvénile irrésistible se dégage de cette chansonnette très directe et sans guimauve (un écueil que Macca n'évitera pas toujours par la suite) qui en fait une réussite absolue en contrepoint de laquelle se dresse le monument "Yesterday", déjà évoqué plus haut, chanson de la rupture et de l'innocence perdue, classique instantané et morceau le plus joué en radio du XXème siècle. Tout a été dit sans doute sur ce titre imparable, intitulé initialement "Scrambled Eggs" et dont l'admirable mélodie serait venue en rêve à son auteur. Paul accomplira à nouveau seul à la guitare (mais sans l'orchestre de cordes cette fois) un prodige du même genre, sur le double blanc, avec le fameux "Blackbird", autre sommet d'épure et d'évidence s'il en est, et preuve définitive de son incontestable génie (lui qui est encore trop souvent déprécié en faveur d'un Lennon réputé plus subtil et intellectuel).
Le disque se clôt sur le décapant "Dizzy Miss Lizzy" (dernière reprise réalisée par le groupe), histoire de rappeler d'où ils viennent, leurs racines purement rock'n'roll, exercice dans lequel John brille particulièrement avec toujours ce qu'il faut de hargne et de mordant dans l'interprétation (même s'il n'atteint pas l'intensité de la dantesque reprise de Chuck Berry "Rock'n'Roll Music" présente sur For Sale).
Ainsi loin de se résumer à l'assemblage inégal et foutraque qu'il parait être de prime abord, Help est l'album de la transition qui marque véritablement le moment où l'aimable et pétulante usine à tubes pour teenagers en chaleur des débuts se change en une aventure musicale inouïe, les sommets ici atteints n'étant que les premières inflexions d'une évolution en tout point fantasmabuleuse ; il constitue également selon moi une porte d'entrée idéale qui permet de bien comprendre les pas de géant accomplis par le groupe à partir de Rubber Soul et qui rendent sa discographie à nulle autre pareille.
Quelle ne fut donc pas ma surprise lorsqu'un beau matin je tombai, zappant du Jacky Show au Hit Machine entre deux bouchées de Chocos Kellog's, sur un clip d'Oasis. Celui, alternant couleur et noir et blanc, de "Whatever" où le groupe joue dans une absence totale de décor hormis les amplis et l'orchestre à cordes. Je n'avais jamais rien vu de tel : la coupe au bol approximative du chanteur, son haut de survet' improbable et sa sublime dégaine de branleur, la Les Paul et l'allure goguenarde du frangin, le je-m'en-foutisme absolu de l'ensemble et la tranquille arrogance qui s'en dégageait... Bref, je fus conquis sur le champ. Et plus encore que l'attitude ce qui m'éberluait tout à fait c'était ce son : l'entremêlement de la guitare électrique et des cordes sur lequel venait se poser cette mélodie simple et puissante portée par un chant aussi nonchalant que rocailleux. Dans un élan fanatique typique de la pré-adolescence je décidai de consacrer ma vie au groupe. Je me procurais donc non seulement albums et singles mais également les magazines qui mettaient le groupe en une. Les Inrockuptibles, Rock Sound, Rock & Folk, je dévorais tout sans y rien comprendre - à l'exception de deux choses : les mecs avaient l'air de baiser pas mal de groupies (deux concepts encore assez vagues dans mon jeune esprit) et vénéraient religieusement un autre groupe bien plus vieux qu'eux : The Beatles. Une rapide recherche sur le cd-rom d'Encarta m'apprit qu'il s'agissait d'un groupe anglais des années 60 à la popularité et à la discographie tout à fait exceptionnelles. Ma curiosité ainsi aiguisée, j'en demandais plus à mon père. Comme tout le monde il les avait écoutés en boucle plus jeune mais s'était fait barboter tous ses 33 tours par un camarade de chambrée, une sombre histoire de service militaire qui semblait encore l'affecter très profondément. Il m'apprit que le butin dérobé contenait outre les albums phares des Fab Four, quelques Doors et Pink Floyd, cette mésaventure l'avait quoiqu'il en soit rendu amer (je n'ai d'ailleurs jamais réellement compris pourquoi il n'a jamais manifesté l'envie de racheter ces albums au moins en version cd - il faut croire que chaque individu possède sa part d'insondable altérité, comme dit si justement Bernard Henri Lévy ou bien est-ce Marc ? Je ne sais plus vraiment et je m'égare...).
"Enfin, me dit-il, il m'en reste un quand même mais c'est pas le meilleur."
Et voilà comment je me suis retrouvé le vinyle d'Help entre les mains. Peut-être pas "le meilleur" d'accord, mais sans doute celui auquel je suis le plus attaché car il marque le début de ma plus belle et de ma plus longue histoire d'amour en musique. Un amour pur, sans nuage, aux couleurs vives de l'enfance et sans cesse renouvelé, un amour espiègle mais profond, jamais gagné par la routine, la rancune ou la désillusion.
"Help ! I need somebody !" Dès l'entame comment ne pas être sous le charme ? Car tout y est du génie de Lennon, sa voix si singulière où la vigueur le dispute constamment à la mélancolie, sublimée par des harmonies vocales qui cisèlent une mélodie à tomber à la renverse, avec toujours une certaine angoisse en creux (passablement déprimé et déréglé par le succès, Lennon se voyait à l'époque un avenir obèse à la Elvis. Le désespoir naïf qu'il exprime ici est on ne peut plus sincère, ce qui s'en ressent grandement – il aimait d'ailleurs particulièrement cette chanson estimant qu'elle était des plus "réalistes"). S'ensuit une chanson de Paul, "The Night Before" qui par sa bonhomie prend le contrepied du titre éponyme et l'on comprend très vite la raison essentiel du succès du groupe : l'étonnante alchimie entre deux tempéraments très différents, l'un venant sans cesse contrebalancer l'autre, le nourrir et le stimuler. Car si Lennon est presque toujours mélancolique, sarcastique et distancé, McCartney est à l'inverse le plus souvent lumineux et direct dans son expression, même lorsqu'il se laisse aller à la tristesse, il ne prend pas de détour alambiqué : il en est ainsi de "Yesterday" qui clôt le disque "en beauté" comme on dit. La nostalgie y est claire, nette, précise, le sentiment de perte irrémédiable aux accents déchirants qui se dégage du titre et le rend si poignant et universel tient sans doute à cette simplicité qui fait tout son art d'immense songwriter.
Une autre des raisons du succès des Beatles est également leur don d'"innutrition", cette capacité à saisir et absorber les différents courants qui les entoure pour mieux les sublimer. C'est le cas avec "You've Got To Hide Your Love Away", ballade entraînante et fragile qui pastiche Dylan à merveille (sans la voix de canard souffreteux du modèle), là encore si le message est codé (on ne sait si John fait référence à l'homosexualité de Brian Epstein ou à ses propres infidélités) la capacité à communiquer une émotion (qui fait avant toute chose un grand chanteur) est remarquable.
Plus anecdotique en revanche est "I Need You", chanson signée George qui n'a pas encore à l'époque déployé toute l'étendue de son talent (fabuleux il va s'en dire), même s'il est à noter un (timide) début d'expérimentation concernant la partie guitare avec l'utilisation d'une pédale de volume qui permet d'obtenir un gimmick rudimentaire assez obsédant (on est néanmoins encore loin des audaces à venir). Les deux sucreries catchy et enjouées qui suivent, "Another Girl" et "You're Gonna Lose That Girl" correspondent encore à la première période du groupe (celle des quatre garçons dans le vent des early sixities imbibés de rock'n'roll classique), on observe toujours au passage la désarmante sincérité de Paul dans la première, où il confesse sans complexe ses penchants volages et sa tendance à la polygamie.
D'un tout autre niveau est "Ticket To Ride", sans doute une de mes préférées tous albums confondus. Le riff de guitare entêtant accompagné d'une batterie impeccable (l'apport de Ringo est trop souvent sous-estimé selon moi) n'est pas sans évoquer ce que les Kinks pouvaient produire à la même période. Là encore le son guitare cristallin et les harmonies vocales permettent au groupe de tutoyer des sommets, et donnent à penser qu'ils n'avaient que les Beach Boys comme seuls concurrents sérieux d'un point de vue mélodique à l'époque. L'esprit d'ironie de Lennon est toujours à l'œuvre ici, avec des paroles qui reposent sur le double sens du verbe "to ride" évoquant tout à la fois une séparation amoureuse et le souvenir attendri des putes de Hambourg.
Les quatre titres qui suivent forcément déçoivent un peu. Il serait pour autant excessif de parler de ventre mou : si un groupe comme The Coral les signaient en effet aujourd'hui nombre de critiques grimperaient au rideau devant tant d'évidence mélodique. Mis à part la distrayante reprise d'une ode à la lose country par un Ringo clownesque, on retrouve des exercices de style charmants signés respectivement Paul, George et John, avec une mention spéciale pour ce dernier qui signe un titre très accrocheur aux paroles curieusement mièvres ("It's Only Love") qui ne lui ressemblent en aucune façon (il se montrera d'ailleurs très sévère avec celui-ci le reléguant au rang des chansons d'amour dispensables et strictement "alimentaires").
Soudain, un autre petit miracle se produit : un titre absolument génial de Paul (et trop souvent oublié quand on liste ses meilleurs morceaux), d'à peine plus de deux minutes, "I've Just Seen A Face", amusante incursion en territoire country, affûtée et catchy à l'extrême, dont le rythme en "montagnes russes" rend à merveille la sensation du coup de foudre. Une émotion juvénile irrésistible se dégage de cette chansonnette très directe et sans guimauve (un écueil que Macca n'évitera pas toujours par la suite) qui en fait une réussite absolue en contrepoint de laquelle se dresse le monument "Yesterday", déjà évoqué plus haut, chanson de la rupture et de l'innocence perdue, classique instantané et morceau le plus joué en radio du XXème siècle. Tout a été dit sans doute sur ce titre imparable, intitulé initialement "Scrambled Eggs" et dont l'admirable mélodie serait venue en rêve à son auteur. Paul accomplira à nouveau seul à la guitare (mais sans l'orchestre de cordes cette fois) un prodige du même genre, sur le double blanc, avec le fameux "Blackbird", autre sommet d'épure et d'évidence s'il en est, et preuve définitive de son incontestable génie (lui qui est encore trop souvent déprécié en faveur d'un Lennon réputé plus subtil et intellectuel).
Le disque se clôt sur le décapant "Dizzy Miss Lizzy" (dernière reprise réalisée par le groupe), histoire de rappeler d'où ils viennent, leurs racines purement rock'n'roll, exercice dans lequel John brille particulièrement avec toujours ce qu'il faut de hargne et de mordant dans l'interprétation (même s'il n'atteint pas l'intensité de la dantesque reprise de Chuck Berry "Rock'n'Roll Music" présente sur For Sale).
Ainsi loin de se résumer à l'assemblage inégal et foutraque qu'il parait être de prime abord, Help est l'album de la transition qui marque véritablement le moment où l'aimable et pétulante usine à tubes pour teenagers en chaleur des débuts se change en une aventure musicale inouïe, les sommets ici atteints n'étant que les premières inflexions d'une évolution en tout point fantasmabuleuse ; il constitue également selon moi une porte d'entrée idéale qui permet de bien comprendre les pas de géant accomplis par le groupe à partir de Rubber Soul et qui rendent sa discographie à nulle autre pareille.
Excellent ! 18/20 | par Ismael Jünger |
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