The Necks
Sex |
Label :
Fish Of Milk |
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Je suis tenté de commencer cette chronique par un bon vieux "C'est ici que tout a commencé", sous prétexte que Sex est le premier disque de The Necks, où le trio Australien pose les bases d'une formule qui deviendra progressivement culte à mesure que la légende autour du groupe grandira. Mais ce serait un poil malhonnête, car comme on l'apprendra à mesure de notre périple au long de leur carrière, les Necks sont un groupe de live avant tout et l'aventure avait déjà commencé deux ans avant ce disque, lorsque Lloyd Swanton (grooves et drones divers à la contrebasse), Tony Buck (batterie malléable et percussions atypiques) et Chris Abraham (orfèvrerie minimaliste au piano et claviers de toute sorte, lui n'est d'ailleurs pas Australien mais Néo-Zélandais pour la p'tite histoire) se sont retrouvés en 1987 et ont commencé à improviser ensemble. Pour se rendre compte assez vite qu'ils disposaient d'une alchimie à nulle autre pareille, qui faisait éclater les frontières entre les genres pour laisser émerger une entité nouvelle – et résolument inclassable. The Necks ? Pas vraiment jazz, ni minimalistes, encore moins ambient et certainement pas post-rock. Pourtant selon les moments, il y a un peu de tout cela à la fois. Mais quiconque les aura vus en concert pourra témoigner : impossible de s'arrêter aux genres pour tenter de décrire une expérience... qui est tout à fait indescriptible de toute manière.
Ce n'est donc pas ici que tout a commencé. Simplement, en 1989, le trio infernal décide de se lancer en studio. Sex, joli choix de nom pour une première fois, pour la première petite mort du groupe qui se doit de repenser sa technique pour envisager ce format nouveau. Leur choix : rester prudent. Une seule pièce, longue d'environ une heure à l'image de leurs sets live. Pour planter le décor, pas question de partir du néant, de se remettre en question à chaque nouvelle seconde que Dieu fait. Pas encore. Sex part d'un groove déjà solidement fixé par une batterie et une contrebasse qui ne nous ont pas attendu pour se trouver et se mettre d'accord sur la marche à suivre. Dès lors une dynamique se met en place où Abraham habille ce groove de ses pensées pianistiques (parmi les plus effrontément mélodiques de sa carrière) tandis que Buck & Swanton travaillent leur assise rythmique à la mode Necks, c'est à dire en s'assurant d'être toujours dans des variations infinitésimales à l'évolution quasi imperceptible pour peu qu'on y prête pas sérieusement attention. Ce rapport de forces ne sera que très rarement questionné au sein du morceau, malgré certaines fixations d'Abraham qui se prendra à répéter certains thèmes en boucle, forçant les deux autres larrons à assurer un lead, ainsi que l'apparition récurrente d'un overdub de violon qui s'occupe moins de contribuer au schmilblick mélodique du tout que d'y instaurer une atmosphère – des bruitages divers sont également subtilement ajoutés en post prod pour la même raison.
Et en fin de compte le point faible de Sex, surtout lorsqu'on triche comme moi et qu'on connait déjà l'intégralité de la discographie du groupe, c'est qu'il est trop safe. À ce stade, les Necks ne prennent pas trop de risque, s'appuient sur un groove sûr qu'ils s'efforcent de maintenir pendant une heure ; et si la mise en place de l'atmosphère est une franche réussite, si les trois démontrent déjà un talent fou et une alchimie remarquable, je ne peux m'empêcher de regretter qu'ils s'éloignent si peu de leur base et de leur zone de confort. Là où le groupe m'impressionnera vraiment, c'est lorsqu'il s'aventurera dans l'inconnu et présentera des développement bien plus audacieux et gratifiants – qui justifieront vraiment leur durée. En attendant, Sex demeure une porte d'entrée plutôt tranquille dans la discographie des Australiens, un album très jazz finalement, un jazz fort répétitif quoique riche en nuances, et déjà d'une classe folle. Mais encore trop sage ; et ça les mecs l'ont bien compris car un an plus tard ils lui opposeront un successeur pour le moins atypique. La prochaine étape sera mouvementée...
Ce n'est donc pas ici que tout a commencé. Simplement, en 1989, le trio infernal décide de se lancer en studio. Sex, joli choix de nom pour une première fois, pour la première petite mort du groupe qui se doit de repenser sa technique pour envisager ce format nouveau. Leur choix : rester prudent. Une seule pièce, longue d'environ une heure à l'image de leurs sets live. Pour planter le décor, pas question de partir du néant, de se remettre en question à chaque nouvelle seconde que Dieu fait. Pas encore. Sex part d'un groove déjà solidement fixé par une batterie et une contrebasse qui ne nous ont pas attendu pour se trouver et se mettre d'accord sur la marche à suivre. Dès lors une dynamique se met en place où Abraham habille ce groove de ses pensées pianistiques (parmi les plus effrontément mélodiques de sa carrière) tandis que Buck & Swanton travaillent leur assise rythmique à la mode Necks, c'est à dire en s'assurant d'être toujours dans des variations infinitésimales à l'évolution quasi imperceptible pour peu qu'on y prête pas sérieusement attention. Ce rapport de forces ne sera que très rarement questionné au sein du morceau, malgré certaines fixations d'Abraham qui se prendra à répéter certains thèmes en boucle, forçant les deux autres larrons à assurer un lead, ainsi que l'apparition récurrente d'un overdub de violon qui s'occupe moins de contribuer au schmilblick mélodique du tout que d'y instaurer une atmosphère – des bruitages divers sont également subtilement ajoutés en post prod pour la même raison.
Et en fin de compte le point faible de Sex, surtout lorsqu'on triche comme moi et qu'on connait déjà l'intégralité de la discographie du groupe, c'est qu'il est trop safe. À ce stade, les Necks ne prennent pas trop de risque, s'appuient sur un groove sûr qu'ils s'efforcent de maintenir pendant une heure ; et si la mise en place de l'atmosphère est une franche réussite, si les trois démontrent déjà un talent fou et une alchimie remarquable, je ne peux m'empêcher de regretter qu'ils s'éloignent si peu de leur base et de leur zone de confort. Là où le groupe m'impressionnera vraiment, c'est lorsqu'il s'aventurera dans l'inconnu et présentera des développement bien plus audacieux et gratifiants – qui justifieront vraiment leur durée. En attendant, Sex demeure une porte d'entrée plutôt tranquille dans la discographie des Australiens, un album très jazz finalement, un jazz fort répétitif quoique riche en nuances, et déjà d'une classe folle. Mais encore trop sage ; et ça les mecs l'ont bien compris car un an plus tard ils lui opposeront un successeur pour le moins atypique. La prochaine étape sera mouvementée...
Bon 15/20 | par X_Wazoo |
En écoute : https://thenecksau.bandcamp.com/album/sex
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