The Necks
Silverwater |
Label :
Fish Of Milk Records |
||||
Petite présentation! The Necks est un groupe australien, culte, comprenant trois mecs: un néo-zélandais (Chris Abrahams au piano) et deux australiens (Tony Buck à la batterie et Lloyd Swanton à la contrebasse). Chacun a participé à moult projets, Tony Buck semblant être le plus proche de la galaxie punk/rock au regard de ses collaborations: John Zorn, Tom Cora, The Ex, Kletka Red, Ground Zero,etc,... Et il a même formé le groupe Peril dans les années 90 au Japon avec les maîtres noiseux Otomo Yoshihide et Kato Hideki. Le premier disque de The Necks, Sex, parait en 1989 et pose les bases d'une formule qui ne changera que très peu : trois musiciens issus du jazz déroulent, souvent sur une plage d'à peu près 1h, une impro jazz/ambient faisant souvent intervenir des éléments issus d'autres courants musicaux. Une formule qui à l'écoute sonne très classique, direct descendants minimalistes d'un Henry Cow (groupe jazz rock 70's de Fred Frith) planant. Ce "Silverwater" est dans le même genre que les autres disques de The Necks... Mais il semble que depuis leurs débuts, les influences extérieures au jazz se soient faites de plus en plus fortes. Ici, en réalité, il est même difficile de parler uniquement d'un disque de jazz. Ok, il reste le format impro, les instruments caractéristiques, et quelques passages "typiques"... Mais au fond, si l'on veut ranger ça dans une case, c'est bien plus dans ce qu'on appelle le post-rock.... Oh mon dieu!!! Ça me fait bien mal de qualifier un bon disque de cette appellation galvaudée par des millions de groupes attentistes et suiveurs, depuis que Mogwai a rendu la recette hyper efficace. (et ceci n'est pas une critique de Mogwai pour autant !) Du post-rock donc!?! Merde ce terme renvoie tellement maintenant à une esthétique à zéro créativité, qu'il est difficile de se souvenir des bons disques auxquels il renvoyait d'abord dans les années 90...
Non, ce très très chouette Silverwater renvoie au bon post-rock, voir même à ce que beaucoup considèrent comme l'album fondateur de ce sous-genre sous influence prog' 70's, le Laughing Stock de Talk Talk, album SUBLIME (et improbable vu ce que faisait le groupe quelques années auparavant...) paru en 1991. Bon... On n'en atteint tout de même pas ici les hauteurs vertigineuses, faut pas non plus déconner... Mais on s'en approche parfois. L'unique piste du disque est une lente évolution progressive qui passe par divers stades, bien différents les uns des autres, mais au final l'unité est clairement préservée ! (bah oui 15 ans d'expériences les mecs aussi...)
On débute par un mystère lunaire très impro/musique concrète qui peut en rebuter certains par son minimalisme, mais on pose juste l'ambiance, sans se presser. Personnellement, ça me parait indispensable de poser une base bien profonde pour pouvoir ensuite encaisser un morceau d'une heure... Car si ensuite tu n'es pas dans le truc, tu te fais chier, point barre. Là, au gré d'ambient extra-terrestre, de grincements minéraux et cristallins, de cliquetis insectoïdes et de cloche mystérieuse, quelque chose prend vie, et cette chose est incarnée par les trois musiciens qui amènent ensuite des sonorités plus organiques.
A 13 min, focale sur la bête : elle s'éveille lentement et la batterie a beau répéter son roulement spectaculaire, l'animal semble en fait être une grosse vache peu encline à l'action, au vu de la contrebasse simple, lourde et métronomique. On imagine bien un gros animal lent au regard lourd et mélancolique, une puissance qui se met en route. Mais en fait, tout devient alors plus aérien... (est-ce que la vache est entrain de s'envoler? euhhh... Laissons de côté les métaphores en fait.)
Le morceau continuera d'évoluer dans des sphères planantes jusqu'à la fin. Le jazz est toujours présent, via les instruments, les légères notes de piano, la contrebasse qui lâche des "POMMMMM....." de temps à autres et la batterie quasi absente. Tout cela me renvoie en fait à toute cette électro ambient/cérébrale des années 90, dont les fers de lance ont été Oval, Autechre, ou encore Fennesz. Cette influence me semble vraiment très forte avec même quelques tressautements glitchiens tout du long. La guitare qui arrive à 30 min n'est pas ce que je préfère dans ce disque... Son motif n'est peut-être pas assez pur ? Un poil lourd ? Ou trop simple ? Qu'importe, faut pas exagérer non plus, ça reste excellent et c'est à ce moment que l'on arrive dans une plus pure tradition post-rock, nappée de Brian Eno/Klaus Schulze.
A 40 min, ça s'assombrit (sans doute que la vache qui vole tombe sur un orage hum...). Une grêle de piano suspend le temps et un divin duo contrebasse/batterie chaotique passe et repasse. C'est un de mes passages préférés!! Sacré ambiance! Et quelle intensité !!! Ah et cette guitare planante qui arrive, style coucher de soleil estival si cher à Christian Fennesz... Superbe!!! Un clair obscure très émouvant. A 48mn30, re-temps suspendu! Et là on pourrait très bien être entrain d'écouter une sortie Raster-Noton, label électro minimaliste assez radical. La fin du disque arrive... Et elle sera superbe. Toujours très simplement... Ça met en valeur l'essentiel. Les notes de piano qui closent le disque sont quasi bouleversantes.
On vient de passer plus d'une heure en immersion totale dans un disque-univers envoûtant, excitant, dans lequel tout se fait aventure et exploration. Que d'émotions! Une ode à l'imaginaire. Silverwater de The Necks, ou comment redonner ses lettres de noblesses à un genre (le post-rock) qu'on ne pouvait plus blairer depuis trop longtemps.
Non, ce très très chouette Silverwater renvoie au bon post-rock, voir même à ce que beaucoup considèrent comme l'album fondateur de ce sous-genre sous influence prog' 70's, le Laughing Stock de Talk Talk, album SUBLIME (et improbable vu ce que faisait le groupe quelques années auparavant...) paru en 1991. Bon... On n'en atteint tout de même pas ici les hauteurs vertigineuses, faut pas non plus déconner... Mais on s'en approche parfois. L'unique piste du disque est une lente évolution progressive qui passe par divers stades, bien différents les uns des autres, mais au final l'unité est clairement préservée ! (bah oui 15 ans d'expériences les mecs aussi...)
On débute par un mystère lunaire très impro/musique concrète qui peut en rebuter certains par son minimalisme, mais on pose juste l'ambiance, sans se presser. Personnellement, ça me parait indispensable de poser une base bien profonde pour pouvoir ensuite encaisser un morceau d'une heure... Car si ensuite tu n'es pas dans le truc, tu te fais chier, point barre. Là, au gré d'ambient extra-terrestre, de grincements minéraux et cristallins, de cliquetis insectoïdes et de cloche mystérieuse, quelque chose prend vie, et cette chose est incarnée par les trois musiciens qui amènent ensuite des sonorités plus organiques.
A 13 min, focale sur la bête : elle s'éveille lentement et la batterie a beau répéter son roulement spectaculaire, l'animal semble en fait être une grosse vache peu encline à l'action, au vu de la contrebasse simple, lourde et métronomique. On imagine bien un gros animal lent au regard lourd et mélancolique, une puissance qui se met en route. Mais en fait, tout devient alors plus aérien... (est-ce que la vache est entrain de s'envoler? euhhh... Laissons de côté les métaphores en fait.)
Le morceau continuera d'évoluer dans des sphères planantes jusqu'à la fin. Le jazz est toujours présent, via les instruments, les légères notes de piano, la contrebasse qui lâche des "POMMMMM....." de temps à autres et la batterie quasi absente. Tout cela me renvoie en fait à toute cette électro ambient/cérébrale des années 90, dont les fers de lance ont été Oval, Autechre, ou encore Fennesz. Cette influence me semble vraiment très forte avec même quelques tressautements glitchiens tout du long. La guitare qui arrive à 30 min n'est pas ce que je préfère dans ce disque... Son motif n'est peut-être pas assez pur ? Un poil lourd ? Ou trop simple ? Qu'importe, faut pas exagérer non plus, ça reste excellent et c'est à ce moment que l'on arrive dans une plus pure tradition post-rock, nappée de Brian Eno/Klaus Schulze.
A 40 min, ça s'assombrit (sans doute que la vache qui vole tombe sur un orage hum...). Une grêle de piano suspend le temps et un divin duo contrebasse/batterie chaotique passe et repasse. C'est un de mes passages préférés!! Sacré ambiance! Et quelle intensité !!! Ah et cette guitare planante qui arrive, style coucher de soleil estival si cher à Christian Fennesz... Superbe!!! Un clair obscure très émouvant. A 48mn30, re-temps suspendu! Et là on pourrait très bien être entrain d'écouter une sortie Raster-Noton, label électro minimaliste assez radical. La fin du disque arrive... Et elle sera superbe. Toujours très simplement... Ça met en valeur l'essentiel. Les notes de piano qui closent le disque sont quasi bouleversantes.
On vient de passer plus d'une heure en immersion totale dans un disque-univers envoûtant, excitant, dans lequel tout se fait aventure et exploration. Que d'émotions! Une ode à l'imaginaire. Silverwater de The Necks, ou comment redonner ses lettres de noblesses à un genre (le post-rock) qu'on ne pouvait plus blairer depuis trop longtemps.
Excellent ! 18/20 | par Pab |
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