Nick Drake
Bryter Layter |
Label :
Island |
||||
On ne peut pas dire grand chose de plus que ce que disent ces dix titres. On ne va pas répéter quel génie précoce aura été Nick Drake, quelle perfection il aura su instiller dans cet album. On ne va pas tenter de décrire la texture crayeuse de sa voix, ni s'essayer à qualifier la finesse des arrangements qui font bien plus qu'agrémenter ces folk-songs idéales. On ne va pas non plus citer l'une ou l'autre de ses phrases. Pas plus qu'on ne va décortiquer son jeu de guitare, ses suites d'accords originales sans être forcées.
Enfin, on ne se hasardera pas à mettre l'accent sur tel ou tel titre, sur "Fly" par exemple avec son chant vacillant, ou sur "At The Chime Of A City Clock", aux atmosphères subtilement nuancées.
Non, tout ça a déjà été fait mille fois depuis des lustres.
On va simplement dire que certains disques en imposent plus que d'autres, qu'on sait d'avance qu'ils ne s'useront pas, que - lorsqu'on sera fatigués des préfabriqués ou des autoproclamés, des méchants et des pas beaux - on ira retrouver Nick Drake et quelques autres, dans ce lieu qu'ils n'ont jamais déserté: au fond de nous.
Enfin, on ne se hasardera pas à mettre l'accent sur tel ou tel titre, sur "Fly" par exemple avec son chant vacillant, ou sur "At The Chime Of A City Clock", aux atmosphères subtilement nuancées.
Non, tout ça a déjà été fait mille fois depuis des lustres.
On va simplement dire que certains disques en imposent plus que d'autres, qu'on sait d'avance qu'ils ne s'useront pas, que - lorsqu'on sera fatigués des préfabriqués ou des autoproclamés, des méchants et des pas beaux - on ira retrouver Nick Drake et quelques autres, dans ce lieu qu'ils n'ont jamais déserté: au fond de nous.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Greg |
Posté le 09 avril 2004 à 12 h 27 |
La couverture de l'album représente Nick Drake assis sur une chaise et ses pompes à côté de ses pieds. Elle représente complètement l'album. A côté de ses pompes. Jamais vraiment dans son sujet, Drake délivre un album magnifiquement bancal, très beau mais sans intérêt au vu de ce qui suivra et de ce qui a précédé. En bref il s'agit là d'un album désuet, léger mais sans vraiment de saveur, très bon mais pas intemporel comme peuvent l'être Pink Moon ou Five Leaves Left.
Très bon 16/20
Posté le 16 mars 2006 à 14 h 31 |
Sans nul doute le LP qui m'a le moins captivé; Bryter Layter est une oeuvre particulièrement ensoleillée, bourrée d'accords majeurs, si on la compare avec l'automnal Five Leaves Left et la mélancolie nocture affichée sur Pink Moon. Pour s'en convaincre immédiatement, il suffit d'écouter "Northern Sky" ou "Hazey Jane". Rien que l'introduction étonne par son accent scintillant, tant on était habitué à la tristesse et au désespoir qui caractérisait la personnalité de Nicholas Drake. Certaines pistes sonnent clairement jazz comme "Poor Boy" accompagnée de chants, "One Of This Things" dont l'air de piano est particulièrement sympathique, et "At The Chime Of A City Block" à l'accent déjà nettement plus triste et dans la lignée des deux autres albums." Sunday" tire le rideau majestueusement sur l'oeuvre avec des airs légers d'instruments à vents.
L'album est pas mal, mais ce n'est pas sur ce coloris que Nick Drake sera convainquant. Je reste conquis par un album moins travaillé mais vraiment riche en émotion musicale: Pink Moon.
L'album est pas mal, mais ce n'est pas sur ce coloris que Nick Drake sera convainquant. Je reste conquis par un album moins travaillé mais vraiment riche en émotion musicale: Pink Moon.
Pas mal 13/20
Posté le 09 novembre 2007 à 20 h 46 |
Cet album est probablement le moins adulé de la trilogie de Nick Drake, en voici une interprétation : c'est celui qui colle le plus mal avec son image d'ange solitaire et mélancolique, peut être exagérée par le mythe (pendant l'enregistrement du 1er coup de maître, Five Leaves Left, l'artiste était même apparemment plutôt en forme, la mélancolie était surtout un parti pris, un facette de sa personnalité). Bryter Layter est le disque le moins minimaliste qu'il a créé. Pourtant, à bien y écouter de plus près, c'est dans ce disque que se joue la métamorphose. Alors que les arrangements scintillent de toutes parts, lorgnant beaucoup vers le jazz apaisé, la voix semble vouloir se planquer derrière les instruments. Bien sûr, on l'entend bien, le son est irréprochable, magnifiant comme toujours chaque mot. Cette réflexion vient de la manière de chanter, à aucun moment Nick Drake ne recherche un semblant d'emphase. Cette voix est neutre, fragile, déjà très loin dans l'innacessible. Peut-être que Nick pressentait déjà que malgré ses grands efforts le disque n'allait pas être compris par le public de l'époque... Parfois même, cette voix devient une mince filet prêt à casser sur la fin des mots.
"One Of These Things First" est une mélopée hypnotique où Nick sort de lui-même pour nous dire qu'il aurait pu être une horloge, une statue, ou une flûte, avant de devenir un être humain parachuté dans ce monde (une belle idée de mouvement incessant est donnée par la suite d'arpèges de guitare)
Peut-on croire que chaque élément du monde fasse partie d'un tout, d'une grande âme, comme les bouddhistes ? C'est à mon avis, la question que cette magnifique chanson soulève. Elle donne envie d'y croire en tout cas.
Et puis, il y a "Nothern Sky". C'est beau à pleurer, rien d'autre.
La musique de Nick Drake ne vieillira jamais. Déjà peu en phase avec son époque, elle restera à jamais la bande-son d'une quête d'absolu qui fait mal, tant elle est difficile à communiquer...
"One Of These Things First" est une mélopée hypnotique où Nick sort de lui-même pour nous dire qu'il aurait pu être une horloge, une statue, ou une flûte, avant de devenir un être humain parachuté dans ce monde (une belle idée de mouvement incessant est donnée par la suite d'arpèges de guitare)
Peut-on croire que chaque élément du monde fasse partie d'un tout, d'une grande âme, comme les bouddhistes ? C'est à mon avis, la question que cette magnifique chanson soulève. Elle donne envie d'y croire en tout cas.
Et puis, il y a "Nothern Sky". C'est beau à pleurer, rien d'autre.
La musique de Nick Drake ne vieillira jamais. Déjà peu en phase avec son époque, elle restera à jamais la bande-son d'une quête d'absolu qui fait mal, tant elle est difficile à communiquer...
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 13 mars 2009 à 10 h 53 |
L'exercice semble périlleux ! Chroniquer le second chef-d'œuvre de l'ange Drake comme un lycéen de 1ère L composerait sur un poème de Rimbaud. C'est à ce modeste niveau que je me situe puisque malgré l'admiration que je porte à l'œuvre de Nick Drake, aucun mot ne suffira jamais à décrire sa musique.
Elle revêt des émotions différentes suivant les moments, elle change de forme au grès des heures, elle se modifie au rythme des saisons. Comme une matière vivante cette musique de l'âme et du corps tout à tour vous grise, vous déchire, vous apaise. En constante évolution, elle s'immisce dans votre quotidien et devient proprement indispensable à tout amateur de beauté céleste.
Les trois disques de Nick Drake sont tous intemporels. Outre la qualité musicale et poétique évidente de ces œuvres, c'est le sentiment irrationnel d'absolu qui demeure... longtemps... après chaque écoute. Le mélomane sait instinctivement, sans pouvoir parfois le formuler, qu'il se trouve devant une représentation de l'Art. L'intimité que Drake instaure, l'éclat parfait des compositions et l'absence totale de maniérisme font de cette œuvre une sorte de toison d'or pour tout nouveau jeune songwriter. Bien plus que des folksongs, la musique de Nick Drake reste à mon sens une définition du "Beau".
Après les pépites baroques de Five Leaves Left, Nick Drake semble sur ce second opus, se tourner vers une musique plus éthérée, plus lumineuse. Le premier titre, instrumental, introduit un son proche du premier album. Pourtant la suite se révèle bien différente, étonnante même.
"Hazey Jane II", "Poor Boy" ou encore "One Of These Things First" restent à ce titre des exemples d'originalité et de surprise dans la discographie du chanteur. Plus rythmés, ils lorgnent vers des aspirations folk-jazz (proches de Tim buckley et Van Morrison) et dans lesquels les guitares de Richard Thompson sont plus présentes. C'est surtout Nick Drake lui-même qui semble plus apaisé, on perçoit même une esquisse de sourire dans sa voix ainsi qu'un second degré saisissant : "Oh poor boy So sorry for himself" ! C'est dire...
A mi-chemin entre les arrangements de Robert Kirby caractéristiques de Five Leaves Left et l'aspect jazzy évoqué à l'instant se trouve un titre étonnant, magnifique et surtout indispensable : "At the chime of the city clock" qui nous offre la transition parfaite avec le premier album.
Cependant, c'est lorsque le jeune paladin retrouve son souffle mélancolique et intimiste que les cimes côtoyées sur son premier album chères à notre âme réapparaissent. Sachez que "Bryter Layter" renferme parmi les plus beaux trésors du compositeur. A commencer par "Hazey Jane I" et ses cordes somptueuses. Ici Nick Drake trouve un équilibre parfait entre arrangements flamboyants et mélodie délicate. Le morceau "Fly" évoque lui une fugue de Bach. John Cale y assure les parties de clavecin et de violon : on frôle la perfection. On retrouve des envolées exquises sur les instrumentaux "Bryter Layter" et "Sunday" grâce aux arrangements de Kirby et à une ensorcelante flûte.
Et enfin "Northern sky" ! LA chanson parfaite, celle qui vous accompagne tout au long d'une vie, dans les moments les plus heureux comme dans les plus sinistres. Ce morceau céleste, avec l'orgue de Cale, est d'une pureté absolue, il possède quelque chose de sacré.
Ce second disque de Nick Drake est donc un nouveau chef d'œuvre! Différent, autre et pourtant si personnel, il recèle de joyaux, de chansons magnifiques et hors du temps.
Indispensable et immortel.
"I never felt magic crazy as this [...]"
Elle revêt des émotions différentes suivant les moments, elle change de forme au grès des heures, elle se modifie au rythme des saisons. Comme une matière vivante cette musique de l'âme et du corps tout à tour vous grise, vous déchire, vous apaise. En constante évolution, elle s'immisce dans votre quotidien et devient proprement indispensable à tout amateur de beauté céleste.
Les trois disques de Nick Drake sont tous intemporels. Outre la qualité musicale et poétique évidente de ces œuvres, c'est le sentiment irrationnel d'absolu qui demeure... longtemps... après chaque écoute. Le mélomane sait instinctivement, sans pouvoir parfois le formuler, qu'il se trouve devant une représentation de l'Art. L'intimité que Drake instaure, l'éclat parfait des compositions et l'absence totale de maniérisme font de cette œuvre une sorte de toison d'or pour tout nouveau jeune songwriter. Bien plus que des folksongs, la musique de Nick Drake reste à mon sens une définition du "Beau".
Après les pépites baroques de Five Leaves Left, Nick Drake semble sur ce second opus, se tourner vers une musique plus éthérée, plus lumineuse. Le premier titre, instrumental, introduit un son proche du premier album. Pourtant la suite se révèle bien différente, étonnante même.
"Hazey Jane II", "Poor Boy" ou encore "One Of These Things First" restent à ce titre des exemples d'originalité et de surprise dans la discographie du chanteur. Plus rythmés, ils lorgnent vers des aspirations folk-jazz (proches de Tim buckley et Van Morrison) et dans lesquels les guitares de Richard Thompson sont plus présentes. C'est surtout Nick Drake lui-même qui semble plus apaisé, on perçoit même une esquisse de sourire dans sa voix ainsi qu'un second degré saisissant : "Oh poor boy So sorry for himself" ! C'est dire...
A mi-chemin entre les arrangements de Robert Kirby caractéristiques de Five Leaves Left et l'aspect jazzy évoqué à l'instant se trouve un titre étonnant, magnifique et surtout indispensable : "At the chime of the city clock" qui nous offre la transition parfaite avec le premier album.
Cependant, c'est lorsque le jeune paladin retrouve son souffle mélancolique et intimiste que les cimes côtoyées sur son premier album chères à notre âme réapparaissent. Sachez que "Bryter Layter" renferme parmi les plus beaux trésors du compositeur. A commencer par "Hazey Jane I" et ses cordes somptueuses. Ici Nick Drake trouve un équilibre parfait entre arrangements flamboyants et mélodie délicate. Le morceau "Fly" évoque lui une fugue de Bach. John Cale y assure les parties de clavecin et de violon : on frôle la perfection. On retrouve des envolées exquises sur les instrumentaux "Bryter Layter" et "Sunday" grâce aux arrangements de Kirby et à une ensorcelante flûte.
Et enfin "Northern sky" ! LA chanson parfaite, celle qui vous accompagne tout au long d'une vie, dans les moments les plus heureux comme dans les plus sinistres. Ce morceau céleste, avec l'orgue de Cale, est d'une pureté absolue, il possède quelque chose de sacré.
Ce second disque de Nick Drake est donc un nouveau chef d'œuvre! Différent, autre et pourtant si personnel, il recèle de joyaux, de chansons magnifiques et hors du temps.
Indispensable et immortel.
"I never felt magic crazy as this [...]"
Intemporel ! ! ! 20/20
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