Thee, Stranded Horse

Toulouse [Médiatheque Associative "les Musicophages"] - samedi 25 février 2006

Aller voir Thee Stranded Horse, telle est la question... Partagé entre l'attrait de voir Yann Tambour en personne, la peur d'être déçu par un projet ''folk accompagné à la kora'', l'appréhension d'entendre chanter quelqu'un qui jusqu'alors marmonait si bien, le côté ''allez j'vais l'voir quand même, j'ai raté Encre la dernière fois''... Un concert plein d'à priori quoi ...

Arrivé dans la salle, une médiathèque de passionés, on déstresse déjà doucement: l'ambiance est on ne peut plus détendue, le lieu intimiste au possible. Au détour d'une bière, brève discussion avec Mr Tambour (qui croît me reconnaître, j'ai pas fait mon ''groupie''...): impossible de croire que c'est bien l'homme qui passe pour un démiurge ombrageux, tant on le decouvre avenant et simple.
Une fois terminée la tres agréable première partie; Eddy Cramps, chanteur local ''un peu folk'' et homme orchestre lo-fi (grelots sur les chaussures, samples de sifflotements et accordéon playskool), les doutes sont déjà bien moins nombreux...
Assis sur le parquet, devant une assistance d'un silence monacal, on se laisse immediatement prendre par la kora: les sonorités de l'instrument sont tout à la fois proches de la mandoline ou de la guitare dans les aigus que des cordes frappées d'un piano dans les graves. Les arpèges délicats sont entrecoupés de lourds silences, et l'on reconnaît alors là le goût de Tambour pour la syncope, la rupture. Guitare et kora chacune sur un chevalet, Thee Stranded Horse s'emballe, les mains gallopant chacune de leur côté. La course est aussi jolie à l'oreille que bluffante techniquement ... Cet aspect technique ne se dementira pas de tout le set, tant sur les morceaux de guitare que de kora, prouvant si besoin était que Yann Tambour sait évoluer au dehors des tubes à essais et bec bunsen du laboratoire sonore Encre.
La voix est particulière, nasillarde, rappellant un Tom Waits après une cure de pastille pour la gorge... L'accent est indéfinissable, mais le ton appuyé donne au chant un côté très lande écossaise ou bayou de Louisiane, paysages de solitude moites... C'est sûrement là que réside tout l'attrait de ce set envoûtant, dans ce mariage des sonorités ensolleillées de la kora et d'une voix qu'on verrait bien apartenir à un homme qui regarde tomber la pluie à sa fenêtre... L'herbe est encore humide, les nuages sont bas, mais on aperçoit l'éclaircie.

Traditionnellement, la kora est l'instrument des griots: encore merci pour cette belle histoire.


Parfait   17/20
par William bla(k)e


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