R.E.M.

Un grand groupe ? Oui, certainement. Un chanteur vraiment charismatique, un bassiste qui, non content de ciseler des lignes limpides pour des mélodies magnifiques, accompagne son leader de ses chœurs miaulants, un guitariste qui possède un art du riff forgé entre le marteau Velvet et l'enclume Byrds, ça me suffit pour parler de grand groupe. Et pour arriver à meubler cet immonde hall de gare qu'est Bercy, il fallait bien un groupe de ce calibre.

Une belle endormie ? Un peu quand même. Même si un "Orange Crush" bien juteux en début de set a permis de balayer la gentillette première partie (The Thrills) en leur montrant ce que pouvait vouloir dire "pop-rock", la plupart des morceaux, récents mais aussi certains anciens ("Drive", "Everybody Hurts", ou le bouleversant "Electrolite") révèlent une envie de se poser qui semble suffire à un public docile. Il faut aller chercher des morceaux oubliés ("What's The Frequency Kenneth") pour retrouver le jeu de jambes exceptionnel de Michael Stipe et l'énergie du groupe, accompagné pour l'occasion de pigistes hétéroclites: un barbu déguisé genre ZZ Top à la gratte, un dandy semblant tout droit sorti du revival new wave actuel aux claviers, et un batteur à la tignasse blanche (c'est tout ce que j'en ai vu ...).

Nos trois héros semblent suivre aujourd'hui un chemin qui se respecte : plus expérimental et plus planant, un peu à la Peter Gabriel, avec lequel ils partagent un titre d'album récent ("Up"). Soit. Ca se sent dans leur concert. Normal, je m'y attendais après 3 albums dans cette veine. Mais je préférerais toujours les mélodies pêchues qu'ils ont su écrire et qu'ils savent encore nous asséner à l'occasion.

Pour me consoler, ils ont terminé leur dernier rappel avec "Man On The Moon", à mon avis l'une de leur plus belles chansons. Bon, allez, ça ira pour cette fois...